Le programme STEP se voulait une réponse au plan américain pour la transition énergétique, l'Inflation Reduction Act (IRA). Mais les mesures finalement adoptées peinent à être à la hauteur de la concurrence. Même avec un effet de levier optimal, la plateforme resterait loin des 370 milliards de dollars mis sur la table par les Etats-Unis. « Le fonds de souveraineté promis n’est plus qu’un tripatouillage budgétaire, un saupoudrage archi limité », assène l'eurodéputée Nora Mebarek (S&D, sociaux-démocrates).
Made in Europe
La plateforme STEP doit soutenir l’innovation européenne, en finançant les nouvelles technologies comme l'intelligence artificielle, la 5G et la production de semi-conducteurs, indispensables à la fabrication des smartphones et ordinateurs. Elle dispose d'un financement propre de 1.5 milliard d'euros et s’appuie aussi sur les fonds de programmes déjà existants, comme InvestUE et Horizon Europe. L’objectif est d'atteindre jusqu'à 160 milliards d’investissements. Pour donner confiance aux financeurs, les entreprises bénéficieront d’un label de souveraineté, gage de qualité.
La liberté de la presse en question avec l’extradition de Julian Assange
Le Parlement européen s’est à nouveau emparé du cas de Julian Assange ce mercredi 28 février. Les répercussions de la possible extradition du lanceur d’alerte sur la liberté de la presse étaient au cœur des discussions. « Il y a une véritable menace à la liberté d’expression et au pluralisme. Le silence de l’Union européenne est synonyme d’hypocrisie », a dénoncé l’eurodéputé João Pimenta Lopes (The Left, extrême-gauche).
Julian Assange est poursuivi par les États-Unis pour espionnage. Le fondateur de WikiLeaks encourt 175 ans de prison pour avoir publié sur son site des centaines de milliers de documents confidentiels à partir de 2010. Des informations classifiées qui portent notamment sur des violations des droits humains de l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Incarcéré depuis 2019 dans une prison britannique, Julian Assange risque l’extradition vers les États-Unis et a déposé ce mois-ci son dernier recours devant la justice londonienne.
La Commission européenne, appelée lors du débat à s’opposer à cette extradition, a une fois encore refusé de se prononcer contre et a réaffirmé sa confiance dans la justice britannique. Des eurodéputés se sont indignés de ces déclarations.
Pour Markéta Gregorová (Les Verts, écologistes), Julian Assange est un « véritable David qui s’oppose à des Goliath, malgré les risques encourus ». Elle dénonce le deux poids deux mesures des États membres, qui ont soutenu Alexeï Navalny et ses révélations d'abus de pouvoir en Russie. « Ou bien nous sommes aux côtés de tous les lanceurs d’alerte, ou bien nous n’en soutenons aucun. »
Lucie Campoy
Des ambitions revues à la baisse
« Il manque le plus important, c'est-à-dire l'argent », déplore l’eurodéputée Maria Poptcheva (Renew, libéraux). Alors que la Commission et le Parlement européen demandaient respectivement 10 et 13 milliards d'euros, STEP n’en recevra finalement que 1,5 milliard après négociations avec les États membres. Les conditions ne sont pas réunies pour atteindre l’autonomie voulue, selon les eurodéputés. La plateforme manquerait d’ambition. « Ce qu’on demande, c’est un fonds de solidarité doté en conséquence, avec des ressources propres », précise Henrike Hahn (Les Verts, écologistes).
Face à la montée des régimes autoritaires, des préconisations pour défendre les droits de l’homme en 2024
« La promotion des droits de l’homme n’est pas une option, c’est une obligation juridique inscrite dans les traités de l’Union européenne », rappelle l’eurodéputé Nacho Sanchez Amor (S&D, sociaux-démocrates). Le rapport annuel sur les droits de l’homme et la démocratie a été adopté par les eurodéputés, mercredi 28 février. Produit par le Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères, le texte rappelle le devoir qui incombe à l’UE de défendre les droits de l’homme et la démocratie dans le monde, et alerte sur des tendances inquiétantes.
Au centre des préoccupations, une progression des régimes illibéraux et autoritaires et un recul de plus en plus marqué de la liberté des femmes, victimes de violences systémiques et bridées dans leur quotidien. Les États membres sont aussi exhortés à mieux protéger les journalistes et les défenseurs des droits humains, de plus en plus la cible d’attaques, et à sanctionner fermement toute atteinte aux droits fondamentaux.
Le rapport a été adopté à une large majorité par les eurodéputés. Seule l’extrême droite qui dénonce un texte idéologique s’y est massivement opposée. Les autres groupes partagent malgré tout des désaccords. En plein conflit à Gaza, des membres de The Left et des Verts dénoncent le soutien de l’Union européenne à Israël. « Est-ce que nous allons faire semblant que l’Union s’intéresse vraiment aux droits de l’homme après 4 mois de complicité avec le régime israélien ? », s’est indigné l’eurodéputé Mick Wallace (The Left, extrême-gauche).
Kenza Lalouni
Lors de son discours au Parlement le 28 février, Ioulia Navalnaïa a rendu hommage à son défunt mari, l’opposant russe Alexeï Navalny. © Camille Fraioli
Rentrer dans la course aux nouvelles technologies. C’est l’ambition de l'Union européenne qui s'est mise au pas en créant une plateforme de technologies stratégiques pour l’Europe (STEP). Alors que la pandémie de Covid-19 a révélé sa dépendance technologique par rapport à des pays tiers comme la Chine ou les États-Unis, elle compte sur cette plateforme pour atteindre une autonomie stratégique. Trois domaines sont priorisés : l'innovation deeptech, les technologies numériques propres et économes en ressources et les biotechnologies. Il s’agit d’éviter aux États européens de nouvelles pénuries sur des matériaux stratégiques.
L’Union européenne met en place une gestion plus stricte de l’exportation de ses déchets
Ce mardi 27 février, le Parlement a adopté à une large majorité une réforme des règles européennes en matière d’exportation des déchets. L’Union européenne est un acteur important du commerce mondial d’ordures. En 2020, 32,7 millions de tonnes de détritus ont été exportés vers des pays tiers, ce qui représente 13 milliards d’euros. « La loi révisée apportera aux Européens une plus grande certitude que nos déchets seront gérés de manière appropriée, quel que soit l’endroit où ils sont expédiés », estime la rapporteuse du dossier et eurodéputée Pernille Weiss (EPP, droite).
L’interdiction d’exportation des déchets plastiques en dehors de l’OCDE est la mesure phare de la réforme. Jusqu’ici, les pays européens pouvaient exporter une partie de leurs déchets vers des pays aux normes environnementales moindres, notamment en Asie du Sud-Est, sans avoir à s’inquiéter des conditions de traitement sur place. Avec la mise en place de règles plus strictes, l’Union européenne entend aussi lutter plus efficacement contre le trafic illégal de déchets.
La nouvelle législation concerne également les transferts au sein de l’UE. En 2020, 67 millions de tonnes de déchets ont circulé entre les Etats membres. Une plateforme électronique centralisée va être mise en place pour renforcer la coordination et le suivi. Les déchets destinés au recyclage pourront continuer à être échangés sans entrave dans l’Union, ce qui contribue à alimenter l’économie circulaire. A contrario, des restrictions sont prévues pour le transport des résidus à éliminer : plus question de se débarrasser de ses ordures dans un pays voisin.
Louisa Chausse-Dumont