Renforcer le budget de la défense européenne
Devant le Parlement, Ursula Von der Leyen a invité les États européens à maintenir l’effort budgétaire. Elle demande à chacun de consacrer « au moins 2% de son PIB » au budget militaire. Selon la présidente de la Commission européenne, 18 États membres s'y sont engagés pour fin 2024. Ces dernières années, les budgets nationaux consacrés à la défense sont en hausse partout dans l’UE. D’un total de 240 milliards d’euros en 2022, ils devraient atteindre les 290 milliards par an d’ici 2025.
Ursula Von der Leyen voudrait aller encore plus loin : « Je lance un appel aux États membres de l’Union : l’industrie de la défense européenne a besoin d’un accès aux capitaux. » Une requête saluée par les parlementaires.
Si la position officielle du Parlement est en faveur d’une augmentation du budget de la défense, tous les partis ne sont pas d’accord pour autant. Atteindre la paix par l’économie de guerre est un non-sens pour The Left (extrême-gauche). Cela reviendrait à « exploiter la guerre contre l'Ukraine en vue de programmes de réarmement massifs et de militarisation, ce qui n'entraînera qu’une longue période glaciaire de confrontation internationale », nous a confié l’eurodéputée Özlem Demirel.
Plus à droite, Valérie Hayer (Renew, libéraux) soutient l’idée de « bâtir un vrai marché unique de la défense », permettant d'harmoniser les règles d’exportation d’armes et de faciliter les échanges d’effectifs militaires entre pays membres. « L’économie de guerre, ce ne sont pas des effets de manche, ce sont des commandes », a toutefois averti Arnaud Danjean (PPE, droite). Selon lui, le temps n’est plus à la réflexion, mais à l’action.
Méfiance : et si la supranationalité l’emportait ?
Le défi est de taille. Au-delà du consensus économique, les parlementaires appellent à renforcer la voix de l’UE sur la défense. Pour le moment, ce domaine relève pleinement de la souveraineté nationale. Au Conseil de l’UE, toute décision concernant la défense doit passer par un vote à l’unanimité. L’opposition d’un gouvernement sur 27 suffit à gripper la prise de décisions.
Il faudrait une réforme institutionnelle pour passer à la majorité qualifiée et faciliter le processus politique : une mesure qui divise. Les parlementaires se sont contentés de demander un passage à la majorité qualifiée pour les questions relatives à la politique étrangère et aux droits de l’Homme uniquement. La défense attendra.
Ils proposent néanmoins la création d’un poste de commissaire de la sécurité et de la défense à la Commission européenne, chargé de superviser un budget pour l’Union de la défense. L’idée a déjà séduit Ursula Von der Leyen qui aspire à « réduire la fragmentation et améliorer l'interopérabilité » entre les États membres.
Clara Gross et Sylia Lefevre
L’émotion régnait au Parlement européen le mercredi 28 février. Ioulia Navalnaïa, veuve du principal opposant politique à Vladimir Poutine Alexeï Navalny, a pris la parole en session plénière. Elle a rendu hommage à son mari mort en prison et a appelé l’Union européenne à agir fermement face à la politique du président russe. Être capable de se défendre face aux menaces extérieures devient une urgence vitale pour l’Europe.
La prise de parole de Ioulia Navalnaïa a été un moment suspendu dans une plénière au rythme effréné. A 100 jours des élections européennes, c’était l’adoption de la dernière chance pour les sujets brûlants. Les grands dossiers sont passés au forceps quitte à être vidés de leur substance. Le permis de conduire sera bien harmonisé, mais sans la mesure phare de visite médicale obligatoire. Le budget STEP, qui devait permettre aux entreprises européennes de rivaliser avec les géants américains du numérique, sera finalement 5 fois moins élevé que prévu.
Le crime contre l’environnement a été renforcé dans le droit européen et des mesures de restauration de la nature ont été adoptées, mais les États membres pourront partiellement s’en affranchir. Enfin, la législation visant à protéger les journalistes et les militants des attaques abusives en diffamation a été adoptée, mais elle ne concerne que les cas transfrontaliers.
L’élection est dans tous les esprits, il faut aller vite, à tout prix avancer. Au risque que les décisions, elles, soient bien détricotées.
Arthur Guillamo
Guerre en Ukraine, conflits au Moyen-Orient, menaces chinoises… l’inquiétude grandit dans l’Union européenne. Comment faire face en cas d’attaque ? Mercredi 28 février à Strasbourg, les eurodéputés se sont accordés sur la nécessité de bâtir une Europe de la défense solide et unie.
Son utilisateur pourra utiliser un pseudonyme et demander à supprimer ses données personnelles. Son usage restera optionnel, même si une généralisation du dispositif est attendue.
Elodie Niclass
Renforcement des liens entre l'Union européenne et le Chili
Ce jeudi 29 février, les eurodéputés ont validé un approfondissement des relations politiques et commerciales entre l'Union européenne et le Chili. Il s'agit de moderniser un accord d'association datant de 2002, et qui a fait du Chili le troisième partenaire commercial de l’UE en Amérique latine. Le nouvel accord renforce les relations des partenaires en matière d’obligations environnementales, sociales et de travail. Il introduit un nouveau chapitre sur l'égalité du genre dans le commerce. Il vise également à sécuriser l'accès de l'UE aux matières premières critiques et aux combustibles propres tels que le lithium et le cuivre. « Le Chili a un rôle majeur à jouer dans la transition verte » de l'Europe, s'enthousiasme l'eurodéputée Samira Rafaela (Renew, libéraux).
Même si une majorité d'eurodéputés ont qualifié ce nouvel arrangement de « progressiste », l'hémicycle était agité lors des débats car un point ne fait pas l'unanimité. L’accord UE-Chili prévoit une augmentation des quotas d’importation sans droit de douane pour certains produits comme la viande, les préparations de fruits ou l’huile d’olive. L'extrême-droite et l'extrême-gauche ont fait part de leur mécontentement. L'eurodéputée Manon Aubry (The left, extrême-gauche) en a profité pour souligner « l’hypocrisie » de ses collègues face aux agriculteurs européens. « Expliquez-moi en quoi c’est ambitieux ou durable, d’importer de l’autre bout du monde des produits que l’on sait produire ici, qui profitent de salaires beaucoup plus faibles et qui sont produits avec des OGMs et des pesticides interdits dans l’Union Européenne.» La nouvelle version de l'accord doit désormais être approuvée définitivement par les États membres avant d'entrer en application.
Mélissa Le Roy
Dans ce contexte, les parlementaires invitent l’UE à augmenter les moyens économiques et militaires d’une part, et à faciliter la prise de décision stratégique d’autre part.
Depuis deux ans, les pays européens soutiennent l’Ukraine contre la Russie en octroyant 28 milliards d’euros d’aide militaire et en envoyant des armes. Ils sont soutenus par les États-Unis mais la guerre s’enlise, et les eurodéputés redoutent désormais le retrait de l’engagement américain à l’approche des élections outre-Atlantique. Ils craignent le retour de Donald Trump à la Maison Blanche et la fragilisation de l’OTAN dont font partie 22 pays européens. « Si l’Europe est attaquée, nous ne viendrons pas vous aider », avait lancé à Ursula Von der Leyen en 2020 l’actuel candidat à la présidentielle américaine.
Cernée par les menaces, l’Europe s’alerte
« Qui de mieux que l’Europe pour défendre l’Europe ? » Valérie Hayer, présidente du groupe Renew (libéraux), interpelle les eurodéputés mercredi 28 février au Parlement européen. Les parlementaires veulent renforcer l’actuelle Politique européenne de sécurité et de défense (PESC). Ils soulignent l’urgence pour l’Union européenne (UE) d’être à la hauteur des pressions géopolitiques actuelles et de se tenir prêt à faire face à la guerre.