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Les élections européennes ont vu le poids de l’extrême droite se renforcer. Occuper 25 % de sièges dans l’hémicycle favorise son influence et pousse le PPE à collaborer avec elle. Une situation sur laquelle alertent les sociaux-démocrates et écologistes.

 

Les élections européennes ont vu le poids de l’extrême-droite se renforcer. Aujourd’hui à 25% de sièges dans l’hémicycle, elle favorise son influence et ...

Si cette influence continue de grandir, certains espèrent que les prochaines élections fédérales allemandes changent la donne. "On peut espérer qu’avoir un chancelier CDU calme le PPE et qu’il se dise qu’il ne faut pas faire de coalition avec les droites extrêmes mais une coalition avec le centre, la gauche et les écolos", souhaite l’eurodéputé S&D Raphaël Glucksmann.

Soutien traditionnel des libéraux et des sociaux-démocrates, le PPE est désormais enclin à voter avec les groupes d’extrême droite et à s’approprier certains de leurs thèmes. "Comme ceux-ci sont plus nombreux, ils ont une influence politique et ça déborde. On le voit en Allemagne, l’AfD explose et les partis à côté reprennent les idées", déclare Yves Bertoncini, consultant en affaires étrangères. Cette alliance nouvelle des droites au Parlement européen a permis, en octobre dernier, l’adoption d’une résolution sur le budget demandant à l’UE de financer la construction de murs à ses frontières extérieures pour endiguer l’immigration. "Le PPE c’est le groupe pivot, soit il pivote vers le centre et la gauche, soit vers la droite ou l’extrême-droite", poursuit-il.

Un PPE en position de pivot

Pour Estelle Delaine, maîtresse de conférence en science politique, le cordon sanitaire est remodelé à mesure que l’extrême droite grossit dans l'hémicycle. Un constat établi depuis 2019. "Le système politique européen facilite les échanges avec des groupes d’intérêts [et] pose aussi la question de [se] connecter ou non avec le groupe conservateur ou le PPE", précisait-elle dans un séminaire de l’Ecole Normale Supérieure (ENS) en janvier. Cette situation permet l’accès à des positions clés. En décembre, Sarah Knafo, eurodéputée de Reconquête, est nommée rapporteure d’un texte sur la souveraineté numérique européenne. Un rôle qui questionne : le PPE votera-t-il les conclusions de cette législation, risquant à nouveau de rompre le cordon sanitaire ? "Ce n’est pas l’auteur de la requête qui importe mais le contenu", a justifié le député autrichien Lukas Mandl (PPE) au Parlement.

Une extrême droite qui rebat les cartes

Jade Santerre

Un groupe détonne parmi ceux d’extrême droite, celui des Conservateurs et réformistes européens (ECR). Même si René Repasi, député allemand S&D rappelle que traditionnellement : "ECR est hors du cordon sanitaire", les élections ont vu Fratelli d’Italia, le parti d’extrême droite de Giorgia Meloni, le rejoindre. Une présence qui a fait basculer le groupe du côté d’ENS et du PfE.

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