Le Parlement européen a adopté mercredi 17 mai, une résolution sur les « FinTech » ou « financial technology ». Décryptage.
Qu’est ce qu’une FinTech ?
Les FinTech, de l’acronyme anglais « financial technology », sont des applications qui allient technologie et finance. Elles ont de nombreux usages concrets dans la vie quotidienne : banque en ligne, paiement par mobile ou même financement participatif à moindre coup.
Pour Catalin Sorin Ivan, eurodéputé roumain (S&D, socio-démocrate) qui s’est penché sur le dossier, « les FinTech rendent toutes les opérations plus simples, plus rapides et plus accessibles pour les clients ».
Soucieux de favoriser le développement de ces technologies, les eurodéputés ont adopté, mercredi 17 mai, une résolution demandant à la Commission européenne de proposer un cadre législatif pour réguler leur usage au niveau européen.
Y’a t-il des inquiétudes liées aux FinTech ?
Les eurodéputés ont deux craintes. D’une part, les cyber-attaques dont la dernière en date a eu lieu vendredi 12 mai et a touché 150 pays. Pour prévenir au maximum les risques, les députés demandent à la Commission européenne de faire de la cyber-sécurité la priorité du plan d’action sur les technologies financières.
D’autre part, la protection des données. Les eurodéputés demandent à la Commission de légiférer pour que les données récoltées soient utilisées uniquement dans le cadre des FinTech et ne puissent être utilisées par des tiers.
Pourquoi le Parlement européen veut-il légiférer sur les FinTech ?
Selon l'eurodéputé roumain Catalin Sorin Ivan (S&D, socio-démocrate), « l’Union européenne est en retard sur cette innovation notamment par rapport à la Chine et aux Etats-Unis ». Il estime que le marché est considérable et que l’Union doit se donner les moyens de faire partie des acteurs qui y comptent :« il faut des règles de bases flexibles pour booster l’économie et pas la bloquer avec des lois contraignantes ».
Margaux Tertre
En visite au Parlement européen, mercredi 17 mai, Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations Unies, a rappelé aux députés que la communauté internationale comptait sur l'Union européenne pour mettre fin à la crise des réfugiés.
Antonio Guterres a appelé l'Europe à se mobiliser pour l'accueil des réfugiés. S'adressant au Parlement européen le mercredi 17 mai, le nouveau secrétaire général des Nations unies est largement revenu sur la crise des migrants, qui préoccupe actuellement les États européens. « L'Europe peut accueillir un million de personnes, a-t-il affirmé. C'est 2 % de la population de l'Union européenne. Le Liban fait plus. »
Premier ministre du Portugal de 1995 à 2002, Antonio Guterres connaît bien le problème. Il fut en effet de 2005 à 2017, Haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés. Carlos Zorrinho, eurodéputé (S&D, socio-démocrate) et ancien membre du gouvernement du secrétaire général de l'ONU, le décrit comme « un homme de dialogue, fervent catholique et avec une très haute préoccupation sociale ».
Au Parlement européen, Antonio Guterres a demandé le respect des engagements européens sur l'accueil des migrants. Une allusion au plan de « relocalisation » adopté en 2015 par la Commission européenne pour répartir 160 000 réfugiés au sein de l'Union européenne que beaucoup d'Etats membres ne respectent toujours pas. Antonio Guterres a cependant constaté l'impuissance de l'ONU face à cette situation : « Il aurait fallu que la communauté internationale trouve des solutions aux guerres qui ont provoqué l'afflux de migrants. Aujourd'hui, je ne peux pas dicter à l'Union européenne les mesures à adopter, je dois me contenter de demander que l'accord sur les migrants soit respecté ».
Pablo Guimbretière
Le président ukrainien Petro Porochenko était en visite mercredi 17 mai au Parlement européen, à Strasbourg, pour assister à la signature du règlement visant à exempter les ressortissants ukrainiens de visa pour se rendre dans l'espace Schengen. Le chef d’État ukrainien s'est félicité de cette mesure, allant jusqu'à parler de « jour historique » pour son pays.
Depuis la signature de l'accord d'association avec l'Union européenne en 2014, l'Ukraine avait fait de l'exemption de visa Schengen pour ses ressortissants l'objectif principal de sa diplomatie européenne.
Texte: Robin Dussenne
Photo : Denis Strelkov
Le Parlement européen a adopté mardi 16 mai à une large majorité un rapport visant à lutter contre le gaspillage alimentaire. Les consommateurs et les industriels sont encouragés à limiter le gâchis.
« Il y a de la nourriture pour tout le monde. Mais tout le monde ne mange pas à sa faim », a résumé mardi 16 mai l’eurodéputée Michela Giuffrida (S&D, socio-démocrate) au Parlement européen réuni à Strasbourg. Dans l’Union européenne, 88 millions de tonnes de denrées alimentaires sont jetées chaque année alors que 55 millions d’Européens ne mangent pas à leur faim. Dans un rapport adopté à une large majorité (633 pour, 33 contre, 20 abstentions), les eurodéputés avancent plusieurs propositions pour remédier à cette contradiction et réduire de moitié le gâchis d’ici 2030.
Ce rapport est d’autant plus important que la Commission européenne tarde à lutter contre le gaspillage. Après l’adoption de quatre résolutions entre 2011 et 2016 pour inciter l’exécutif européen à agir dans ce domaine, le Parlement européen veut maintenir la pression politique. Fin novembre 2016, la Commission a lancé une plateforme européenne sur les pertes et le gaspillage, afin de recenser les bonnes pratiques et permettre l’échange d’expériences entre acteurs publics et privés. Une initiative insuffisante aux yeux de la Cour des comptes européenne qui a fustigé en janvier les actions « fragmentées et intermittentes » de l’exécutif européen en la matière. « Les efforts de la Commission n’ont pas été pris en compte », s’est toutefois défendu Vytenis Andriukaitis, le commissaire à la santé et la sécurité alimentaire, devant les eurodéputés.
De l’assiette à la poubelle
Qui sont les responsables du gaspillage ? En amont de la chaîne de vie des aliments, les agriculteurs subissent d'importantes pertes de production et donc de revenus. Outre la promotion des circuits courts et des coopératives, le rapport suggère d'intégrer la question du gaspillage à la prochaine réforme de la Politique agricole commune (Pac) après 2020. Pekka Pesonen, secrétaire général du syndicat agricole européen Copa-Cogeca, n’est pas opposé à ce principe de l’insertion de lutte "anti-gaspi" dans la politique communautaire. « Dans ce contexte de discussions sur la modernisation et la simplification de la Pac, les fermiers européens attendent des mesures qui améliorent la durabilité du secteur. Cela peut inclure la prévention des pertes », confirme-t-il.
Mais l’ensemble des denrées produites ne se retrouvent pas dans l’assiette du consommateur. Des normes européennes de commercialisation (taille, calibrage, aspect des fruits et des légumes) déterminent les produits acceptés sur le marché et ceux qui ne le sont pas. « Les normes de commercialisation qu’utilise la grande distribution ont un effet sur le gaspillage », fait valoir la députée française Angélique Delahaye (PPE, conservateur). C’est notamment le cas de certaines pommes, trop petites qui ne peuvent être commercialisées et sont donc souvent jetées.
Les ménages sont quant à eux responsables de plus de la moitié du gaspillage en Europe. « Nous avons besoin d’une campagne d’éducation pour responsabiliser les consommateurs, notamment pour expliquer l’expiration des produits », explique l’eurodéputée croate Biljana Borzan (S&D, socio-démocrate), rapporteure du texte. Selon elle, les Européens comprennent mal la différence entre les mentions « à consommer de préférence avant » et « à consommer jusqu’au » inscrites sur les produits. Les produits mentionnant « à consommer de préférence avant » partent à la poubelle alors qu'ils peuvent encore être consommés après la date fixée.
Encourager les dons
A l’autre bout de la chaîne, le rapport encourage l’assouplissement des législations nationales en matière de dons. Angélique Delahaye préconise ainsi d’« augmenter la capacité de dons aux associations d’aide alimentaire, concernant les produits frais par exemple ». Actuellement, dans certains pays (Espagne, Suède, Danemark), les donateurs doivent s’acquitter de la TVA, alors que jeter ne leur coûte rien. C’est pourquoi le Parlement européen invite la Commission à autoriser les exonérations fiscales sur les dons de nourriture.
« Les Etats membres doivent adopter des mesures de simplification, des incitations fiscales et financières et des accords volontaires pour promouvoir le don de nourriture ou de produits non alimentaires qui ne peuvent plus être vendus », avance Kinga Timaru-Kast, responsable de la communication d’Eurocommerce, représentant des détaillants et grossistes. Dans ce domaine, la “loi du Bon Samaritain”, adoptée en 2003 par l’Italie, fait figure d’exemple. Cette mesure limite la responsabilité pénale et civile de la grande distribution lorsqu’elle donne ses invendus aux banques alimentaires.
Johan Cherifi et David Henry
Photos : Pierre-Olivier Chaput et Pablo Guimbretière
Le Parlement européen a adopté mercredi 17 mai une résolution sur le cadre européen des certifications de l’apprentissage tout au long de la vie. Les eurodéputés encouragent la Commission européenne à l'adapter aux transformations du monde du travail.
Moderniser le cadre européen des certifications de l'apprentissage (CEC), c'est le sens de la résolution adoptée mercredi 17 mai par le Parlement européen. Depuis 2008, ce cadre vise à aider les Etats membres, les universités et les employeurs à comparer les différents certificats fournis par les systèmes nationaux d'éducation et de formation professionnelle.
Pour les eurodéputés, le cadre a été mis en œuvre de manière trop inégale à travers l'Europe et n'est plus adapté à certaines réalités actuelles du monde du travail. La reconnaissance des qualifications informelles, la prise en compte des nouvelles pratiques professionnelles et l'intégration des ressortissants des pays extra-européens sont selon eux les chantiers prioritaires auxquels le CEC doit désormais s'atteler.
Les divergences sur le fond restent toutefois vives. L'extrême droite, suivie par une partie de la droite souverainiste, dénonce par la voix de l'eurodéputé français Dominique Martin (ENL, extrême-droite) un « nivellement par le bas des systèmes de certification », qui « utilise le prétexte de la mobilité et de l'harmonisation pour faire du dumping social ». A gauche, on considère que la Commission se fourvoie : « il faut changer de priorité. Plutôt que s'interroger sur les qualifications, il faudrait davantage investir pour l’emploi », affirme en séance l'eurodéputée grecque Kostadinka Kuneva (GUE, gauche radicale).
Cette résolution (non-contraignante) désormais adoptée, l'initiative d'une nouvelle réforme du CEC réside entre les mains de la Commission.
Pierre-Olivier Chaput