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En Roumanie, cette spécialité qui assure les soins de base a perdu environ un quart de ses effectifs en dix ans. Rémunération et conditions de travail attirent peu les praticiens. Décryptage et diaporama.

Du crime à la sécurité, le cyber roumain se réinvente

22 mai 2022

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En deux décennies à peine, la Roumanie s'est imposée comme pays en pointe dans le domaine de la cybersécurité. Curieusement, il y a dix ans, le pays faisait surtout la une des journaux ...

À cinq kilomètres du prisé centre-ville de Cluj-Napoca, les collines verdoyantes de Pata Rât abritent l’un des plus vastes bidonvilles du pays. Entre les centaines de cabanons faits de bric et de broc, des tas d’ordures et des détritus parsèment les chemins boueux. Environ 1 600 Roms dont un millier d’enfants vivent à seulement quelques mètres d’une décharge illégale, sans eau courante, ni chauffage. Symbole de la misère sociale d’une minorité discriminée, à Pata Rât les bambins grandissent exclus et franchissent timidement les portes de l’école. Au collège Traian Dârjan, à deux kilomètres d’ici, trois, peut-être quatre élèves viendront assister au cours ce matin-là, sur une classe d’une vingtaine de têtes. La grande majorité habitent le ghetto. Au fil des dernières années, les enfants roumains non issus de la communauté ont déserté l’établissement. « Ils étaient séparés des Roms dans des bâtiments distincts, mais les problèmes de comportement, les bagarres, ont fait fuir les familles », pointe Sergiu, un enseignant. Aujourd’hui, le collège est aussi ségrégué que vide. 

« C’est un combat quotidien pour convaincre les parents d’envoyer leurs enfants en cours », soupire le professeur qui se rend à Pata Rât presque chaque après-midi. « Ils ne considèrent pas que l’école est importante. Il y a une forte tradition d'éducation intra-familiale. » Gamins sous le bras, les femmes sont souvent cantonnées à un rôle de mère de famille. « Je suis née ici et aujourd’hui, j'élève mes huit enfants. Je dors à même le sol, comme un chat », plaisante une femme âgée d’une quarantaine d’années. Son sourire laisse apparaître une bouche édentée. Les mains abîmées, les hommes travaillent pour la plupart dans la décharge, souvent avec l’aide de leur progéniture. « Une grande partie des adultes ne savent ni lire, ni écrire. Cette génération a subi de fortes ségrégations depuis des décennies et ils ont peur pour leurs enfants, peur qu’ils soient maltraités, analyse la sociologue Cristina Raț. La ségrégation sociale et la précarité causent inévitablement une ségrégation scolaire. » 

En Roumanie, la communauté rom reste fortement ségréguée. Dans le bidonville de Pata Rât à Cluj-Napoca, des enseignants et travailleurs sociaux se battent pour pousser les enfants du ghetto à rejoindre, et surtout rester à l’école. Une lutte peu soutenue par les autorités locales. 

Communisme : à Sighet, la longue marche vers le travail de mémoire

22 mai 2022

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Ne surtout pas oublier les morts de la dictature. À Sighetu Marmației, ville symbole des victimes du communisme, on œuvre à garder vivace ce souvenir alors que la nostalgie du régime ...

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L'église orthodoxe roumaine est autocéphale : c'est une institution indépendante avec son propre patriarche. © Rafaël Andraud

Dans la salle d’attente où le papier peint synthétique orné de coquelicots se décolle peu à peu, une mère et son enfant attendent patiemment leur tour. Dans la salle d’à côté, Gheorghe et Elena Dulau, un couple de médecins de famille, enchaînent les consultations et ce, depuis 35 ans. Dévoués pleinement à leur métier, ils exercent à Valea Lungă, commune d’environ 3 000 habitants. Ils ont prévu de prendre leur retraite dans deux ans, or personne ne semble vouloir reprendre le flambeau. En Roumanie, la spécialisation « médecine de famille », qui assure les soins de santé de base, peine à attirer. En dix ans, le pays a perdu 2  500 médecins de famille. Assujetti à un rythme élevé, le couple Dulau suit près de 5 000 patients : une conséquence directe de l’absence de confrères dans les environs. À titre de comparaison, un praticien français suit en moyenne 650 personnes.

À Pata Rât, le chemin sinueux des jeunes Roms vers l'école

22 mai 2022

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En Roumanie, la communauté rom reste très ségréguée socialement mais aussi dans l’institution scolaire. Dans le bidonville de Pata Rât à ...

À Valea Lungă, la médecine de famille dans un état critique

22 mai 2022

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En Roumanie, la médecine de famille a perdu environ 25 % de ses effectifs en dix ans. Mal rémunérés et peu considérés, les praticiens sont peu enclins à se laisser séduire par les conditions d’exercice.

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Livre serré contre la poitrine, t-shirt et baskets noirs, les cheveux ébouriffés, un jeune homme avance solennellement vers le chœur de la cathédrale de la Dormition-de-la-Mère-de-Dieu de Cluj-Napoca. À l’instar des autres qui l’ont précédé, il se signe et embrasse l'icône centrale puis une relique et enfin une image de la Vierge à l’Enfant. Il s’isole ensuite discrètement dans la pénombre, debout et immobile pendant une dizaine de minutes. « Je viens ici pour m’adresser à Dieu et me déconnecter du reste du monde. Ça m'aide à me sentir mieux mentalement, à me détendre », explique Ovidiu, 18 ans. 

Comme 87 % des jeunes Roumains, Ovidiu est chrétien orthodoxe. Avec ses 16 millions de fidèles sur 19 millions d’habitants, l’Église orthodoxe roumaine, dont la juridiction est indépendante, est omniprésente dans la société. « Elle a participé à la construction de la nation roumaine avant et après la période Ceaușescu et est donc fortement liée à l’identité nationale. Ce qui en fait l’un des pays avec le plus de personnes se déclarant religieuses », constate Dani Sandu, sociologue à l’Institut universitaire européen.

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