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« Les forêts de Roumanie sont surtout situées en montagne donc elles n’ont pas subi la même pression de l’agriculture que d’autres pays. La plupart sont établies aux mêmes endroits depuis des centaines d’années, il y a une forte biodiversité et des écosystèmes très stables. En général, elles sont en très bon état. De plus, après la Seconde Guerre mondiale, le choix a été fait d’avoir des forêts denses, avec de grands arbres coupés au bout de 100 ans. Donc les forêts fonctionnent, dans leur très grande majorité, sur la base de la régénération naturelle. 

L’important traitement médiatique et les nombreux signaux d’alarme actuels doivent être interprétés comme une forme de prise de conscience publique sur l’importance de la forêt. On parle beaucoup des coupes illégales alors que ce n’est pas ce qui menace réellement les forêts roumaines. À mes yeux, le réchauffement climatique et la mauvaise gestion des forêts sont des menaces bien plus importantes. En Roumanie, il y a énormément de corruption, de réglementations et de bureaucratie. On ne laisse quasiment pas de marge de manœuvre aux personnes qui gèrent les forêts sur le terrain : elles ne peuvent pas observer, essayer, apprendre de leurs erreurs. Par exemple, si un gestionnaire forestier choisit d’agir pour répondre à un changement brutal dans son bois, il entre dans l’illégalité.

Les accusations sur la mauvaise gestion de la forêt expriment aussi un mécontentement social. Il y a un décalage entre les attentes de la population vis-à-vis de cette ressource et son utilisation actuelle. Elle ne remplit pas bien ses rôles économique, de protection de la biodiversité ou même récréatif, alors qu’elle devrait être gérée en fonction de cela. Pendant des décennies, la politique a consisté à exclure physiquement les gens de la forêt mais ce n’est pas la bonne solution. Je pense que la forêt peut satisfaire tout le monde et répondre à tous nos besoins : nous chauffer, nous protéger, garder une forte biodiversité, produire de l’argent, être un lieu de détente. »

La fin d'un monde ?

À la fin de la période communiste en 1989, les unités de production héritées de la collectivisation disparaissent. Lors de la phase de « rétrocession », les terres sont distribuées à la population sous la forme de micro-exploitations de quelques hectares. Dans le même temps, la crise économique pousse une partie de la population à retourner cultiver son lopin de terre simplement pour subsister. Le retour à l’agriculture traditionnelle a ainsi servi de « tampon social » face aux conséquences économiques de la période post-Ceaușescu.
Mais depuis la période précédant l’entrée dans l’UE en 2007, la tendance marque une baisse des exploitations vivrières. La part des très petites exploitations (moins de 0,1 hectare) est passée de 10 % en 2010 à 4 % en 2020. Dans le même temps, la part de celles supérieures à 10 hectares a doublé. Ce processus vient d’une double volonté, d’abord celle du gouvernement roumain d’orienter les politiques publiques tout comme l’enseignement de l’aménagement de l’espace rural vers l’agro-industrie.
Sur le plan européen, une répartition inégale des subventions directes de la politique agricole commune avantage les « grandes » exploitations, tournées vers la production et l’exportation, notamment parce que les fonds passent dans la modernisation de l’outil de production qui favorise la rentabilité. En Roumanie, moins de 1 % des exploitations agricoles (de plus de 500 hectares) reçoivent 50 % des subventions. Enfin, le vieillissement de la population rurale, l’exode de la main-d’œuvre dans les autres pays, et l’écart de revenus avec les zones urbaines plus riches, expliquent également l’effritement de l’agriculture paysanne.

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Le 10 mai 2022, l'Universitatea Cluj reçoit le FC Hermannstadt pour une place en première division roumaine (défaite 1-2). © Elia Ducoulombier

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À l'ombre des immeubles, les anciens quartiers de travailleurs disposent de nombreuses aires de jeux pour enfants. © Elia Ducoulombier

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Les barres d'immeubles du quartier Mărăști ont été construit dans les années 70. © Elia Ducoulombier

Sa ville n'est plus celle des hackers. D'ailleurs, si on prend l'appellation à la lettre, elle ne l'aurait jamais été : « Il n'y a jamais eu beaucoup de vrais hackers à Hackerville. » Le mot « hacker » a été associé à la va-vite à cette petite délinquance en ligne, une fabrique à arnaques calibrées pour les Occidentaux. Le vrai « hacking », lui, est une discipline complexe qui consiste à pénétrer des systèmes informatiques protégés. « La plupart des criminels du net de l'époque étaient en fait des personnes qui achetaient des bases de données sur le Darkweb puis qui envoyaient des mails d'escroquerie et créaient des fausses pages web. » 

Aujourd'hui, pas de Ferrari en bas des bâtiments : quelques berlines mais, surtout, de « traditionnelles » Dacia roumaines. On s'attend à une ville toute en contrastes, on trouve une cité moyenne, tranquille, avec des parterres fleuris. Un peu trop de bureaux de transferts d'argent Western Union, peut-être. 

Emma Bougerol et Laure Solé 

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Le quartier Buna Ziua a été construit ex nihilo après la chute du régime communiste. © Hadrien Hubert

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Dans le quartier Ostroveni à Vâlcea, on compte plus de bureaux de transfert d'argent Western Union que n'importe quel autre type de commerce. © Laure Solé

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La cathédrale greco-catholique a été construite pour réparer les torts causés par le régime communiste à cette minorité religieuse. © Hadrien Hubert

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