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« Ce budget va définir quelle Europe on va construire les prochaines années, en matière de changement climatique, de politiques régionales, d'agriculture mais aussi comment on va s’adapter aux nouvelles questions comme celles des migrations. Il est impossible de faire plus avec moins de ressources, comme certains le proposent », a déclaré dans l’hémicycle la présidente espagnole du groupe S&D (sociaux-démocrates), Iratxe Garc‎ía Pérez.

La nouvelle stratégie industrielle de l'Union européenne a été présentée en conférence de presse par la Commission. De gauche à droite : Margrethe Vestager, Vladis Dombrovskis et Thierry Breton. © EUROPEAN UNION 2020

« Le Parlement européen ne peut pas accepter une proposition de budget qui va contre l’Europe. » Le député portugais José Manuel Fernandes, membre du PPE (droite), donne le ton. Réunis à Bruxelles mardi 10 mars, les eurodéputés ont durement critiqué la proposition de Charles Michel sur l’enveloppe budgétaire prévue pour la période 2021-2027. Le président du Conseil européen leur avait proposé que chaque État contribue à hauteur de 1,07% du revenu national brut (RNB) des pays de l’Union. Les élus européens réclament pour leur part une participation de 1,3% du RNB. Ils regrettent que la proposition de Charles Michel soit encore inférieure à celle de la Commission en mai 2018, qu’ils jugeaient déjà décevante. 

Pour l'instant également rejetée par les États membres, ce projet conduirait à des coupes dans des domaines essentiels aux yeux des eurodéputés.

 

Source : Parlement européen, février 2020

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Source : Parlement européen, février 2020

Alors que le coronavirus se propage, les institutions européennes cherchent à coordonner leurs forces pour enrayer l’épidémie et éviter la paralysie des économies du Vieux-Continent. 

Mardi 10 mars, à Bruxelles, le coronavirus était sur toutes les lèvres. Le matin, lors de la session plénière du Parlement européen, les groupes politiques se sont montrés unanimes pour appeler les Etats membres à mieux coordonner leurs actions et à faire preuve de plus de solidarité. Quelques heures plus tard, les chefs d'Etat et de gouvernement réunis par visioconférence se sont entendus pour lutter plus efficacement contre le virus et tenter de limiter ses conséquences économiques.

Plus de coordination pour mieux contenir l'épidémie

Jusqu'à présent, les réponses sanitaires ont été disparates. Les Etats membres ont agi dans l'urgence sans coordination. L’Italie a choisi de mettre sa population en quarantaine, alors que la France ou l’Allemagne n’ont pas obligé, à ce stade, les citoyens à se confiner. "La réaction à cette crise n'est pas égale d'un pays à un autre. On peut imaginer que l'Europe de l'Est va avoir beaucoup plus de difficultés que l'Europe du Nord à répondre à l'épidémie", souligne Véronique Trillet-Lenoir, eurodéputée française, médecin et membre du groupe Renew Europe. Elle regrette que la capacité d'action européenne en matière de santé publique soit limitée : "Il faudrait augmenter les compétences de l'Union européenne mais pour cela, il faut que les Etats membres soient capables de consentir à avoir des prérogatives sanitaires plus européennes et moins nationales."

Même si plus de coordination serait souhaitable dans le domaine de la santé publique, l'Europe agit avec ses moyens. En accord avec la Commission, les chefs d'Etat et de gouvernement ont ainsi décidé mardi 10 mars d’acheter ensemble et de constituer des stocks communs de certains équipements, comme les machines respiratoires ou les kits de test. Tous ont convenu d’allouer plus de fonds à la recherche, dans le but de développer un vaccin européen contre le coronavirus. Les ministres de la santé des Vingt-Sept devraient désormais échanger quotidiennement, en présence de la Commission. 

La menace d'une récession économique 

Les pays européens ont également pris conscience du risque économique lié à l'épidémie. Lundi, les prix du pétrole ont chuté et les marchés ont connu un krach boursier. Le coronavirus nuit aux économies de plusieurs Etats membres, à l'image de l'Italie qui tourne au ralenti en raison des mesures de confinement draconiennes déployées par le gouvernement. Parmi les secteurs particulièrement touchés : le tourisme, les transports, l’événementiel, l’hôtellerie, la restauration mais aussi désormais l'industrie et les services.

En France, à Strasbourg, certaines entreprises ressentent déjà les conséquences du coronavirus. Michael Piault, directeur du restaurant le Baeckeoffe d’Alsace, installé dans le quartier de la Petite-France évoque une baisse de fréquentation de 50% en raison du Covid-19. Le restaurateur a dû repousser au mois de mai le recrutement de personnel qu’il avait prévu en mars. “Si la situation continue comme ça, on ferme l'établissement pendant 15 jours’’, explique t-il. Face à cette situation, les Etats membres ont promis de faciliter le recours au chômage partiel et le report du paiement des charges fiscales pour les entreprises.  

25 milliards d'euros débloqués

À Bruxelles, les eurodéputés ont plaidé pour un plan de relance ambitieux. Renew Europe, par le biais de l'eurodéputé roumain Dragos Pislaru, a par exemple demandé à la Banque européenne d'investissement (BEI) de “jouer son rôle et de mettre à disposition des liquidités pour éviter toute destruction d'entreprise”. De son côté, l’italienne Simona Bonafè, vice-présidente du groupe S&D (sociaux-démocrates) a souligné la nécessité de mettre en place des politiques structurelles d’investissements. Même le groupe ID (extrême-droite), habituellement eurosceptique, a demandé à l'Union européenne de “prendre immédiatement des mesures économiques pour aider les entreprises”. 

À la suite de ces appels, la Commission a pris des mesures fortes pour limiter le risque d'une récession européenne. Après la réunion des chefs d’Etat et de gouvernement, 25 milliards d’euros ont en effet été promis pour aider les PME et salariés mis en difficulté par la crise. “Je demanderai au Conseil et au Parlement de débloquer dès cette semaine 7,5 milliards d’euros de liquidités”, a précisé la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Par ailleurs, Charles Michel, le président du Conseil européen, a évoqué des dispositions exceptionnelles : “Une application flexible des règles de l'UE, en particulier en ce qui concerne les aides d'État et le pacte de stabilité et de croissance, sera nécessaire”, a t-il estimé. Des mesures sans précédent : jusqu'ici aucune crise n'avait conduit à une remise en cause, même temporaire, du pacte de stabilité.

Achraf El Barhrassi, Cyrielle Thevenin, Marie Vancaeckenbergh, Alix Woesteland

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La commissaire européenne, Ylva Johansson, débat avec les eurodéputés de la crise migratoire à la frontière greco-turque. © European Union 2020 - Source : EP/Mathieu Cugnot

"L'accord avec la Turquie nous revient comme un boomerang", a quant à lui dénoncé Damien Carême, eurodéputé français du groupe les Verts. Il a exhorté à la mise en place d'une politique d'asile européenne plus ambitieuse. Une position largement partagée au sein des groupes Renew Europe (libéral) et de la GUE (extrême gauche).

Une politique commune d’asile problématique

La crise actuelle à la frontière greco-turque souligne en effet les failles persistantes du système actuel d'asile européen. "Nous devons réformer les accords de Dublin, il nous faut un nouveau pacte pour l'asile et les migrations", a affirmé Roberta Metsola, eurodéputée maltaise du PPE. S'il y a bien une coordination européenne depuis 2003, aucune véritable politique commune en matière d'asile n'existe. Car c’est le premier pays dans lequel arrivent les migrants qui doit prendre en charge le traitement des demandes d'asile.

"Il faut s’entendre sur une véritable politique d'asile commune. La tâche n’est pas facile, mais je suis plus optimiste aujourd’hui. Je prépare des propositions", a assuré Ylva Johansson, la commissaire européenne aux affaires intérieures. Elle espère pouvoir les présenter autour de Pâques. Mais toute nouvelle mesure nécessitera l'approbation à l'unanimité par les 27 Etats membres de l'UE pour être appliquée. Plusieurs pays d'Europe centrale, comme la Hongrie, la Pologne, ou l'Autriche ont d’ores et déjà annoncé leur refus d’un système de répartition des demandeurs d'asile selon des quotas.

Mais pour l'instant, la priorité pour l'UE semble être de renouer le dialogue avec la Turquie. Le 9 mars, le Président turc s'est rendu à Bruxelles pour négocier une révision en profondeur de l'accord de 2016 avec le Président du Conseil européen, Charles Michel, et la Présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen. Aucune solution n'a pour l'instant été trouvée entre les deux parties. Pour tenter de débloquer la situation, la Chancelière allemande Angela Merkel et le Président français Emmanuel Macron ont prévu de se rendre à Istanbul le 17 mars à l'occasion d'un sommet sur les migrants avec Recep Tayyip Erdogan.

Thibault Nadal et Amélie Rigo

En laissant des milliers de réfugiés traverser sa frontière nord avec la Grèce, la Turquie a plongé l'Union européenne dans une nouvelle crise migratoire. Les eurodéputés réunis à Bruxelles, mardi 10 mars, ont appelé la Commission à proposer de nouvelles solutions pour pallier les fragilités persistantes du système d'asile européen.

Depuis le 28 février, plusieurs milliers de migrants, principalement syriens, ont franchi la frontière turque pour rejoindre la Grèce. Une situation qui ravive le souvenir de la crise migratoire de 2015 et dont les eurodéputés ont débattu le 10 mars en session plénière à Bruxelles. Au coeur du problème : la décision du Président turc, Recep Tayyip Erdogan, de dénoncer un accord signé avec l'Union européenne (UE) en 2016. Aux termes de celui-ci, la Turquie s'était engagée à ne plus laisser passer de migrants en échange d'une aide européenne de six milliards d’euros pour la gestion des réfugiés présents sur son sol.

Au Parlement européen les avis sont partagés quant au comportement à adopter par rapport à la Turquie. Pour Manfred Weber, président du groupe parlementaire PPE (droite), il est nécessaire de restaurer le dialogue. "Il faut envisager un nouvel accord", a-t-il ainsi estimé dans l'hémicycle. De son côté, la vice-présidente du groupe S&D (sociaux démocrates), Kati Piri privilégie le rapport de force avec Erdogan. Selon elle, "il est temps de faire respecter l'accord avec Ankara".

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