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© NASA/JPL-Caltech

Bars, restaurants ou encore musées fermés, confinement puis couvre-feu imposé. Pour les étudiants étrangers présents à Strasbourg - plus de 10 000 chaque année en temps normal -, l'idylle d’un séjour en France fait de rencontres et de découvertes est désormais bien loin. Covid oblige, c’est désormais en "visio" que les étudiants Erasmus assistent au cours, par Facebook ou Whatsapp qu’ils se font des amis. Quant aux habituelles soirées dans les bars et boîtes de nuit strasbourgeoises, elles sont remplacées par des après-midi balade et vin chaud. Chacun s’adapte, avec plus ou moins de réussite. Cinq étudiantes témoignent de leur échange international si particulier.

  • Giulia Mubeen, 20 ans, Anglaise, étudie le français : "Jusqu’au dernier moment je ne savais pas si j’allais pouvoir venir."

"Je devais venir au début de l’année scolaire, mais mon premier semestre a été annulé par l’université de Southampton. J’ai finalement eu un accord fin décembre pour faire mon deuxième semestre à Strasbourg, mais jusqu’au dernier moment je ne savais pas si j’allais pouvoir venir. J’ai beaucoup hésité, et j’ai eu de nombreuses discussions avec mes parents et mes amis. Est-ce que je dois y aller ? Est-ce que je dois rester en Angleterre ? Je n’avais jamais vécu à l’étranger, alors en pleine pandémie… Le jour du départ, à la mi-janvier, mon vol a été annulé. J’ai dû en trouver un autre en urgence, et ça m’a fait encore plus douter. Finalement j’ai pu venir à Strasbourg, et même si les premiers jours ont été difficiles, ça se passe plutôt bien."

  • Hiu Lam Nam, 20 ans, Hongkongaise, étudiante en politique et relations internationales : "La plupart de mon temps libre, je reste dans ma chambre étudiante."

"Même si je me doutais que depuis la France je ne pourrais pas voyager dans d’autres pays, j’espérais quand même découvrir la culture française. Mais comme tout est fermé, ça n’a pas beaucoup d’intérêt. On peut aller dans d’autres villes, mais on ne peut pas visiter de musées, ni aller au restaurant ou dans des cafés. À part les magasins, il n’y a pas grand chose à faire. Alors la plupart de mon temps libre, je reste dans ma chambre étudiante. C’est assez triste car en faisant un Erasmus on cherche à connaître de nouvelles expériences et rencontrer de nouvelles personnes, mais c’est particulièrement compliqué en ce moment."

  • Marie Vinogradova, 19 ans, Russe, étudiante à Sciences Po Strasbourg : "On fait des zoom le soir pour bavarder et faire des jeux."

"C’est toujours difficile de se faire des amis dans un pays étranger. Mais avec le couvre-feu, les espaces publics fermés et une partie des cours en visio, ça devient encore plus compliqué. J’ai quand même réussi à rencontrer quelques personnes. À défaut de pouvoir aller dans des bars ou restaurants, on se balade dans Strasbourg pendant la journée, ou on se rejoint sur zoom le soir pour bavarder et faire des jeux, grâce aux étudiants de Sciences Po qui organisent des événements en ligne. Ça aurait été différent sans le Covid, mais comme on dit en Russie : l’histoire ne tolère pas les humeurs subjonctives."

  • Arzu Karimzade, 24 ans, Suédoise, étudiante à Sciences Po Strasbourg : "Quand je suis partie, on ne devait même pas mettre de masque."

"Le plus choquant pour moi, quand je suis arrivé en France, ça a été toutes les restrictions que l’on a pas en Suède : le couvre-feu, le nombre de personnes maximum dans les magasins... Chez nous tout était ouvert. Seules les boîtes de nuit ont fermé le mois dernier. Quand je suis partie, on ne devait même pas porter de masque. Au début, c’était vraiment pas naturel et particulièrement inconfortable de le garder toute la journée. Mais bon, ça ne m’empêche pas de sortir et de voir des gens. En semaine on se retrouve avec d’autres étudiants dans Strasbourg, souvent pour boire du vin chaud près de la cathédrale. Le week-end, on fait des soirées dans des appartements, et je rentre en taxi pour ne pas me faire contrôler."

  • Michalina Zapior, 24 ans, Polonaise, étudiante en droit : "J’ai décidé de rentrer chez moi."

"Mon Erasmus est vraiment différent de ce que j’imaginais. Tous mes cours sont des retransmissions en ligne des amphithéâtres. C’est vraiment difficile. On ne comprend pas toujours le cours comme c’est en français, et on ne peut pas poser de questions directement au professeur ou lui demander de répéter. En plus, ça nous oblige à rester la plupart du temps dans nos chambres étudiantes. Résultat, on ne peut pas découvrir la culture, la nourriture, ou parler la langue. La plus grosse distraction dans la journée c’est d’aller récupérer un colis au point relais… Plusieurs de mes amis sont déjà rentrés dans leur pays, en attendant de revenir si les restrictions deviennent plus légères. J’ai moi-même décidé de rentrer chez moi ce samedi, et si la situation n’évolue pas, je finirai mon Erasmus à distance, en Pologne."

Julien Lecot

À des milliers de kilomètres de chez eux, des étudiants étrangers ont vu leur expérience en France gâchée par la pandémie.

En France aussi on se gargarise, Emmanuel Macron n’a pas tardé à s’enorgueillir de la présence d’équipement français à bord et à louer la coopération franco-américaine. De cela, l’image des États-Unis à l’international en avait bien besoin. C’est un coup de brosse à reluire presque gratuit et forcément bien venu pour Joe Biden, le nouveau locataire de la Maison blanche. Presque, il faut insister : le projet Mars 2020 aura coûté 2,75 milliards de dollars à la Nasa.

Un nom si bien choisi

Si en dehors de la salle de contrôle les jeux politiques suivent leurs cours, à l’intérieur les émotions sont sincères. Persévérance : mettre en œuvre sa volonté, user de patience pour poursuivre une action malgré les difficultés, pour rester ferme dans une résolution, une opinion, une attitude. Un mot à la hauteur de l’héroïne du soir : Swati Mohan qui porte fièrement le bindi, ce traditionnel point rouge sur le front. Elle a émigré d’Inde quand elle avait un an. Sur les réseaux sociaux on admire la persévérance de cette femme émigrée devenue la voix d’un des projets scientifiques les plus chers de l’histoire.

Un nom qui sied aussi parfaitement au projet : le jour du lancement du rover dans l’espace, le 30 juillet dernier, le laboratoire qui prépare la mise à feu est touché par un séisme de magnitude 4,5. Six mois plus tard, c'est dans ce même laboratoire qu’on se congratule mais sans s’embrasser, sans se serrer dans les bras. Car, si persévérance résonne si justement aujourd’hui, c’est qu’il semble être la promesse qu’après l’effort vient le réconfort. L’espace d’une soirée, de sept minutes de descente martienne, la crise sanitaire a semblé pouvoir prendre fin.

 

Guillaume Carlin

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Swati Mohan © Nasa/Bill Ingalls

Jeudi 18 février, 21h56, heure française. La salle de contrôle de la Jet Propulsion Laboratory, à Pasadena en Californie, explose de joie. "Atterrissage réussi. Perseverance est intact et en sécurité sur Mars", annonce d'un calme froid, scientifique, Swati Mohan, celle qui a commenté en direct les dernières étapes de l'arrivée du rover sur Mars. Curiosity, dernière mission américaine de grande envergure sur la planète rouge, n’avait pas profité d’une telle puissance médiatique. Cette fois, la communication autour de l'événement est au moins aussi réussie que l'exploit scientifique lui-même. Le live de la Nasa, lancé une heure et demie avant l’évènement, laudatif à souhait, vante l’ingénierie américaine et les programmes d’éducation de l’agence spatiale. "Voilà ce que la NASA fait. Voilà ce qu’on fait dans notre pays", lâche l'opérateur vidéo quand la première image apparaît sur les moniteurs de la salle de contrôle.

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