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C’est un endroit qu’on ne trouve pas au premier coup d'œil. Située rue Adèle Riton, entre la place de Haguenau et la gare de Strasbourg, la Boîte à musique apparaît à ceux qui aiment lire les petits écriteaux des portes d’entrées… Et osent sonner. Une fois dans l’immeuble, il faut encore descendre quelques marches pour pénétrer dans cette "fabrique de musique", comme aime la nommer Romain Jean, le propriétaire. "Ici, on fait de la répétition musicale, présente-t-il, des musiciens de tout niveau viennent pour jouer parce qu’ils ne peuvent pas faire de bruit chez eux."
Dans ce petit local aux couleurs vives, tout est fait pour les passionnés de musique. "Je dispose de huit salles. Toutes sont équipées de batterie, de sono et d’amplis et trois d'entre elles ont un piano droit", détaille le septuagénaire en ouvrant tour à tour les portes du local pour dévoiler toutes ses pièces. Dans la première, un professeur donne un cours de guitare. La deuxième abrite un jeune d’une vingtaine d’années, plongé dans le noir, car dit-il, "c’est mieux pour se concentrer sur le chant". En salle 5, un petit groupe de trois hommes répète quelques morceaux rock. Tout au fond du couloir, un homme tape frénétiquement sur la caisse claire. L’ensemble pourrait paraître cacophonique. Mais Romain Jean a pensé à tout : "Toutes les pièces sont traitées acoustiquement". Seules quelques portes mal fermées laissent entendre des bruits d’ampli mal réglé et des sons de grosse caisse.
Réglé comme du papier à musique
"Ça se passe très bien, se réjouit le propriétaire, on se fait confiance." Le système est simple : les musiciens achètent un carnet de tickets et viennent jouer quand ils le veulent. Une heure d'entraînement vaut un ticket. Et un ticket, quelques euros. "Les groupes doivent réserver, mais ont la priorité sur les personnes seules. C’est plus difficile pour eux de trouver un endroit où répéter", précise le gérant. Pas de liste d’attente : “En temps normal, on est ouvert tous les jours, même le dimanche, de 8 h 30 jusqu'à minuit, voire plus. Mais avec le couvre-feu, je dois fermer à 18 h." Romain Jean peut tout de même compter sur les habitués pour s’en sortir malgré les restrictions sanitaires. "Je suis connu, j’ai une bonne clientèle. Avant la pandémie, je voyais environ 160 personnes par jour. La porte d’entrée s’ouvre des milliers de fois par semaine, calcule-t-il. Je sais aussi que dès que les conditions seront de nouveau réunies, il y aura du monde. À la fin du premier confinement, j’ai retrouvé tous les passionnés."
Le bon timing
Aficionado de musique, Romain Jean, l’est lui-même : "Plus jeune, j’étais saxophoniste. Puis je me suis mis à la batterie." Il y a dix ans, il est passé du petit siège des percussions à celui du bureau situé à l’entrée des lieux. "Je me rendais ici pour prendre des cours. Un jour, le directeur de l’école a décidé de vendre les locaux", raconte-t-il. Lui travaillait à l’époque comme voyageur représentant placier. "Comme ma retraite arrivait et que je ne voulais pas rester sans rien faire, j’ai décidé de les racheter et de les aménager en lieu de répétition", poursuit-il. Accueillir le bruit des instruments, se rendre aux concerts de ses clients, partager son amour de la musique… Romain Jean a enfin trouvé son violon d’Ingres.
Marie Vancaeckenbergh
Depuis 10 ans, ces studios de répétitions tenus par Romain Jean permettent aux musiciens strasbourgeois de jouer en paix.
Le bâti rural traditionnel Alsacien est-il menacé à long terme ? C’est un cri d’alarme que lancent Jean-Christophe Brua, architecte du patrimoine depuis une quinzaine d’années et l’Association pour la Sauvegarde de la Maison Alsacienne (ASMA). Il alertent sur les mauvaises réparations qui altèrent ces bâtiments, au lieu de les sauvegarder, et proposent tous les mois des tables rondes pour que les propriétaires de ces bâtisses puissent poser leurs questions à des artisans et professionnels de la question.
Les maisons alsaciennes sont-elles menacées ? Jean-Christophe Brua, architecte du patrimoine depuis une quinzaine d’années et l’Association pour la Sauvegarde de la Maison Alsacienne (ASMA) alertent sur les mauvaises réparations qui altèrent ces bâtiments.
D'importantes charges à venir
Chez Terre d'Est aussi, les locaux sont bien calmes. Cette coopérative de tourisme, qui propose des séjours de groupe dans le Grand Est, a perdu 95% de son chiffre d'affaires. "Personne ne veut signer un devis sans savoir si son voyage va pouvoir avoir lieu. On a quelques demandes, car les gens ont envie de voyager, mais rien ne se concrétise", explique Emeline Le Floc'h, assistante commerciale et administrative. L'ordonnance du 25 mars 2020 a permis aux agences de voyage de ne pas rembourser leurs clients mais d'avoir la possibilité de leur fournir des avoirs valables 18 mois, pour les voyages prévus entre le 15 mars et le 15 septembre 2020. "Si on avait dû rembourser, nous n'aurions plus de trésorerie", révèle Emeline Le Floc'h.
Mais l'échéance se rapproche, les premières annulations remontent à bientôt un an. Le chômage partiel, auquel beaucoup d'agences ont recours, est aussi pris en charge à 100% par l'Etat, mais uniquement jusqu'à fin mars. De quoi générer beaucoup de stress pour les professionnels du secteur. Certains se sont regroupés au sein du collectif de défense des métiers du voyage et tentent d'alerter les pouvoirs publics sur leur situation. Sur leur groupe Facebook, ils échangent des conseils et tentent de s'entraider. Audrey Peri essaie également de diversifier son activité, en proposant des produits du Maroc, comme de l'huile d'argan dans son agence. "Je me dis que ça fait voyager autrement. Le problème, c'est que ce n'est pas 10 euros par ci qui vont me permettre de vivre. Clairement, je vais devoir trouver un autre travail à côté le temps que la situation s'améliore", concède-t-elle. Elle envisage aussi de se séparer de son local, une charge dont elle ne peut "plus se permettre" aujourd'hui. La morosité l'emporte peu à peu sur la volonté de rester optimiste.
Cyrielle Thevenin
Pas un appel ne résonne ce jeudi 18 février dans les locaux de l'agence de voyage My Trav'ELS, rue Oberlin, à Strasbourg. La gérante, Audrey Peri, a encore les yeux rougis. Ce matin, elle a appris que ses aides financières étaient revues à la baisse et a encore dû annuler des voyages. "Ça devient très compliqué, soupire-t-elle. Je suis triste parce que cette agence, c'est mon bébé, j'ai bossé jour et nuit pour la lancer. Là, on est vraiment en détresse totale, on ne sait plus comment s'en sortir". La fermeture des frontières hors Union européenne, annoncée le 29 janvier par le Premier ministre, a été un vrai "coup de grâce" pour les agences de voyage, déjà à la peine depuis le premier confinement. My Trav'ELS, qui propose essentiellement des voyages à l'international, a aussi perdu au moins 90% de son chiffre d'affaires, "97% certains mois", détaille la gérante.
Tout le secteur du voyage touristique souffre. Le tourisme mondial a perdu 1300 milliards de dollars en 2020, selon l'OMC. En France, selon le président des entreprises du voyage, 20 milliards d'euros ont été perdus en 2020. À Strasbourg, la plupart des agences travaillent à horaires et effectifs réduits. Et dans les boutiques, il est rare d'y voir encore des clients. Terra Nobilis, agence spécialisée dans le voyage culturel principalement en Europe et en Russie, n'a enregistré aucun départ depuis octobre. Le directeur, Laurent Lanfranchi garde toutefois espoir : "On a la certitude que l'activité va reprendre, mais la question c'est quand. Chez nous, les gens réservent quatre à six mois à l'avance. L'enjeu, c'est de parvenir à anticiper la reprise et là c'est très difficile, car on a aucune visibilité." En attendant, l'agence, dont la clientèle est exclusivement senior, propose des conférences culturelles en ligne. "Elles nous permettent de garder contact avec la clientèle et ça marche plutôt bien", indique Nathalie Wabnitz, agent de voyage, avant de s'interrompre pour répondre à un client qui souhaite tenter l'expérience.