Vous êtes ici

Le module est validé, il peut être inséré dans un article pour être consulté par les internautes.

Triptyque

Télécharger l'original

Par Justine Maurel

Medrick, Alrick et Aimrick sont frères. Ils sont nés le même jour, le 28 juillet 1998. Tous les trois, ils forment le groupe de rap DeenCK et rêvent de vivre de leur musique. Dans leur maison de Cugnaux, située à 15 kilomètres de Toulouse, ils composent, mixent, rappent au moindre moment de libre. Dans ce quotidien rythmé par la musique, chacun tente de trouver sa place au sein du trio.

Jugeant que les entreprises respectent encore trop peu leurs obligations environnementales, les eurodéputés ont proposé une série de mesures pour que les règles existantes soient mieux appliquées.

Jeudi 20 mai, le Parlement européen a approuvé un rapport critique sur le respect des règles environnementales par les entreprises. Les parlementaires ont dénoncé la mauvaise application de la directive sur la responsabilité environnementale, qui date de 2004, et qui vise à responsabiliser les acteurs privés. En guise d’exemple, l’eurodéputée Manon Aubry (GUE-NGL, gauche anti-libérale) a cité le cas de l'industriel français Lactalis. « Sur 70 de ses usines, 38 ont violé le droit environnemental depuis 2010 et pour autant elles n’ont pas été condamnées. Au contraire, elles ont reçu des aides publiques. » 

Pour mettre fin à cette situation, les parlementaires préconisent trois mesures fortes. D’abord, obliger les entreprises à mieux assumer leurs responsabilités. Elles devraient rembourser elles-mêmes les dommages causés sur l’environnement, et ne plus pouvoir se reposer sur les contribuables du pays concerné, en particulier lorsque les réparations sont trop élevées pour les entreprises. Autre interdit, celui de se défausser de leurs responsabilités sur leurs entreprises filiales, y compris lorsque celles-ci sont hors d’Europe. 

Les parlementaires proposent également la création de task forces européennes, dotées de moyens financiers suffisants, qui veilleraient à la bonne application des règles et notamment au respect du principe pollueur-payeur. C’est un point crucial pour Francesca Carlsson, de l'ONG Bureau Environnemental Européen : « La législation actuelle n’est pas mauvaise, mais il n’y a pas assez de personnel pour l’appliquer. Il faut des autorités suffisantes pour pouvoir inspecter, faire des recherches et lancer des poursuites.»

Enfin, les eurodéputés suggèrent de remplacer la directive par un règlement. À la place de règles qui doivent être transposées par chaque État - souvent avec plusieurs années de délai - un règlement doit être appliqué instantanément et intégralement dans toute l’Union Européenne.

En 2022 justement, la Commission européenne doit redéfinir la directive sur la responsabilité environnementale. Mais va-t-elle prendre en compte les recommandations du Parlement ? Pour Antonius Manders (PPE, centre-droit), rapporteur du texte, les dés sont déjà jetés. « Ils m’ont déjà fait savoir que nos propositions ne seraient pas appliquées. Et c’est vraiment une honte, parce que c’est pour protéger notre monde, pour nos petits-enfants.»

Géraud Bouvrot

Le Parlement européen a affiché son soutien au développement d’une filière européenne de l’hydrogène. Une étape nécessaire, selon les eurodéputés, pour assurer la transition écologique du continent.

Ce 19 mai, les eurodéputés ont exprimé leur soutien à la stratégie de la Commission européenne en matière d’hydrogène. Présentée à l’été 2020, celle-ci prévoit trois phases de déploiement de ce gaz peu polluant en Europe entre 2020 et 2050 : d’abord une augmentation des capacités de sa production, puis le développement de son utilisation dans les systèmes énergétiques intégrés, et enfin son déploiement dans tous les secteurs à grande échelle. 

« L’hydrogène, c’est le pétrole du futur ! » s'est enthousiasmé l’eurodéputé néerlandais Bart Groothuis (Renew, libéraux) lors du débat au Parlement européen. Pour lui, l'Union européenne doit investir vite et fort dans cette source d'énergie afin de tenir son objectif de neutralité carbone en 2050. Mais le Vieux Continent part de loin. L’hydrogène ne représente aujourd'hui que 2 % de son bouquet énergétique. Pour les eurodéputés, il faudrait atteindre au moins 20 % d’ici 30 ans et utiliser cette énergie massivement pour les transports et l’industrie. L’avantage de l’hydrogène est qu’il ne rejette que très peu de gaz à effet de serre lors de sa combustion et qu’il constitue un puissant vecteur énergétique.

Déployer une industrie européenneSi les eurodéputés soutiennent globalement les axes proposés par la Commission, ils invitent toutefois cette dernière à proposer, en collaboration avec les Etats, un véritable plan de formation pour disposer d’une main d’œuvre compétente. Ils l'encouragent également à préciser sa classification de l'hydrogène selon ses différents modes de production. On distingue en effet l'hydrogène « vert », produit à partir d’énergies renouvelables (principalement par électrolyse de l’eau), et l'hydrogène « bas carbone », produit quant à lui à partir d'énergies fossiles ou de nucléaire.

La majorité parlementaire souhaite parier sur le « vert », tout en maintenant des investissements dans le « bas carbone » durant une période de transition.

L’hydrogène « bas carbone » contesté

Une partie des eurodéputés s’est opposée à tout soutien à l’hydrogène « bas carbone ». Pour Manuel Bompard, eurodéputé français (GUE/NGL, gauche) : « Le seul hydrogène compatible avec la transition écologique et environnementale c’est l’hydrogène vert ». Pour de nombreuses ONG, la transition ne peut pas passer par un hydrogène carboné.  Camille Maury, chargée de la décarbonisation industrielle chez WWF explique : « La plus grosse critique que l’on puisse faire c’est cette idée qui est toujours là, que les énergies fossiles vont nous aider dans notre transition ».

Lors du débat, la commissaire européenne à l’énergie, Kadri Simson, a assuré avoir pris bonne note des suggestions des eurodéputés et a réitéré son engagement à « faire de l’Europe un espace propre et chef de file des technologies propres ».

Pierre Frasiak

Du bout des doigts jusqu’aux épaules

Abordant une nouvelle fois la question des morts en Méditerranée, les eurodéputés ont dénoncé le manque de coordination des Etats membres en matière de sauvetage en mer des migrants.

« 677 morts. C'est le nombre de personnes qui ont péri cette année en Méditerranée. Combien de débats devons-nous encore réclamer au Parlement ? », s’indigne l'eurodéputée belge Bricmont Saskia (Verts/ALE, écologistes), ce mardi 18 mai, au Parlement européen, dans le cadre d’un échange sur les opérations de sauvetage des migrants.

Des actions européennes inefficaces

Printemps arabes, crise en Syrie, pauvreté. Depuis 2014, des centaines de milliers de réfugiés ont pris la mer, sur des petits canaux gonflables, pour fuir leur pays et atteindre l’Europe. Beaucoup y ont laissé la vie. Selon l’Organisation internationale pour les migrations, plus de 20 000 personnes s’y seraient noyées, ces sept dernières années. Pour les eurodéputés, une meilleure coopération et plus de solidarité entre les Etats membres auraient pu empêcher de nombreux morts.

Face à l'afflux de migrants, les pays du Sud de l'Europe ont souvent dû faire des efforts financiers significatifs pour renforcer leurs capacités d'intervention et de sauvetage en mer. Pour les aider, la Commission a augmenté les moyens de l’agence Frontex, chargée du contrôle et de la gestion des frontières extérieures à l’Union européenne. Mais, cela n'a pas suffit à faire décroître le nombre de morts en mer. L’agence est par ailleurs soupçonnée d’avoir refoulé des migrants avant de les renvoyer en Libye où un grand nombre d’entre eux risquent la torture et la mort en détention.

Une fracture entre les groupes politiques

Dès lors, comment mettre fin aux décès en mer ? D’un côté, la droite, l’extrême droite, le centre-droit et les libéraux proposent de prendre le problème à la racine et d’empêcher le départ des migrants de leur pays d’origine. L’eurodéputée belge Kanko Assita (ECR, conservateurs) affirme : « Attaquons les passeurs, concluons des accords avec nos partenaires, construisons de la stabilité où il y a de la guerre. » D’un autre côté, les groupes des sociaux-démocrates, des écologistes et de la gauche anti-libérale appellent à la création de voies de migrations légales afin de garantir une arrivée sûre des réfugiés en Europe. L’Autrichienne Vollath Bettina (S&D, sociaux-démocrates) ajoute que ces routes « pourraient rendre le travail des trafiquants superflu. »

Ces désaccords freinent les négociations entre le Parlement et les Etats membres sur le nouveau Pacte de migration et d’asile. Un texte, proposé par la Commission, en octobre dernier, qui appelle les Européens à faire preuve de plus de coopération et de solidarité.

Cindel Duquesnois

Pages