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Peut-on donc s’attendre à un filtrage réellement efficace ? Varg Folkman, analyste à l’European Policy Center, est catégorique : "Je ne pense pas que ça aura un énorme impact". Si la nouvelle réglementation prévoit un renforcement du système, elle laisse des failles dans lesquelles les pays tiers peuvent s'engouffrer. Les entreprises étrangères possédant des filiales en Europe, par exemple, passent sous le radar des 27. Car le contrôle en vigueur ne concerne que les placements provenant de pays non européens. Grâce à ce contournement, des entreprises chinoises ou russes ont le champ libre pour investir dans des domaines stratégiques, sous couvert de leurs succursales. "Si ces entreprises ont réussi à contourner les lois européennes une première fois, elles n’auront aucun mal à recommencer", s’inquiète Varg Folman.
Une loi insuffisante
Avec cette proposition de loi, les députés souhaitent que ce genre de situation ne se reproduise plus. Parmi les acteurs consultés sur la réforme se trouve la Fédération européenne des opérateurs portuaires privés (Feport), représentant 2 290 ports privés en Europe, dont certains aux mains de la Chine. Selon Manuel Andrade, son conseiller politique, Feport s’oppose à toute réglementation qui se montrerait "discriminatoire à l’égard des investisseurs étrangers ".
Cette réforme cherche surtout à éviter que les investisseurs étrangers s’accaparent des secteurs clés de l’Europe, tels que la défense ou les transports. D’un pays à l'autre, ces domaines changent. L’un des exemples emblématiques est celui de la Grèce. En 2016, le pays a vendu le port du Pirée à un armateur chinois suite à des pressions financières. Pékin a par la suite accentué son influence en Europe, jusqu’à posséder aujourd’hui des parts dans 14 ports européens, dont les trois plus grands du continent.
Quentin Baraja et Valentine Lécayon
“Que la paix soit avec vous tous !” Ce sont les premiers mots prononcés par Léon XIV, élu pape jeudi 8 mai, à la foule rassemblée place Saint-Pierre. Un appel à la concorde venant d'un Américain, lancé dans un contexte international électrique : l’Ukraine s’enlise, le Proche-Orient s’embrase, et le spectre d’un conflit Inde-Pakistan s’étend sur l’Asie. Tandis que Donald Trump s’impose comme un acteur incontournable sur la scène diplomatique mondiale, l’Union européenne peine à faire entendre sa voix.
Et pourtant, cette semaine, au Parlement européen, les parlementaires ont tenté de dessiner une Europe plus souveraine, plus stratégique. La fin des importations de gaz et de pétrole russes d’ici 2027 en est un exemple ambitieux, tout comme la volonté de mieux contrôler les investissements étrangers dans des secteurs-clés. Le budget 2028-2034 ouvre la voie à un nouvel emprunt pour la défense, et certains eurodéputés veulent croire que ReArmUE peut permettre une autonomie stratégique face à l'adversité venue de Washington.
Mais à trop composer avec les groupes d’intérêt et les vents nationaux, le cap se brouille. Le recul sur les normes d’émission de CO₂ dans l’industrie automobile, ou l’attentisme vis-à-vis de la Turquie nourrissent l’idée d’une Europe frileuse, plus soucieuse de compromis que de cohérence. Or, c’est dans les tempêtes que l’Union s’illustre.
L’Union européenne ne pourra pas peser dans le nouvel ordre mondial en multipliant les demi-mesures. Léon XIV a appelé les peuples à l’espérance : à l’Union de transformer la sienne en volonté.
Celia Moebs
Des secteurs à risque
À travers les nouvelles mesures, les eurodéputés souhaitent rendre le filtrage obligatoire pour tous les Etats membres. Jusqu’ici non contraignante, la loi permettait à certains d’entre eux, comme la Bulgarie et Chypre, de ne pas en faire usage, créant ainsi une fenêtre d'entrée évidente pour les investisseurs étrangers. Pour améliorer la surveillance, le texte réclame également à chaque pays un rapport annuel de ses activités en la matière.
Depuis 2020, un mécanisme est mis en place pour mieux surveiller les acquisitions d’actifs financiers dans l’UE par des sociétés de pays tiers. Les États membres sont également tenus d’inspecter les investissements étrangers sur leur territoire. Cette surveillance est coordonnée par un système d’alerte commun, qui leur permet d'échanger des informations et de signaler les potentiels risques. Avec ce nouveau texte, Glucksmann veut être plus strict sur ce contrôle.