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Au sommet sur l'IA de Paris ce mardi 12 février, Ursula von der Leyen et J.D. Vance ont évoqué le sujet des droits de douane. © Ian Langsdon / AFP

Augustin Brillatz et Thomas Dagnas

Plus de gaz américain pour l’Europe : une idée soutenue en novembre dernier par la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen. Elle a rencontré mardi soir le vice-président américain J.D. Vance à Paris. "L’Europe compte beaucoup pour nous. Nous voyons beaucoup de relations économiques à construire avec le continent", a rassuré le numéro deux des États-Unis.

Chez les conservateurs, les positions sont plus mesurées. Pour le Parti Populaire Européen (PPE, droite), difficile de s’engager dans une guerre commerciale. L’eurodéputé polonais Michał Szczerba (PPE, droite) rappelle ainsi que les filières acier et aluminium représentaient plus de 300 000 emplois directs à l’échelle européenne. À l’extrême-droite, les Conservateurs et Réformistes européens (ECR) assument leur proximité avec Donald Trump et réclament l’achat massif d’armement américain, et l’augmentation des importations de Gaz naturel liquéfié (GNL) pour contenter les Etats-Unis.

Augustin Brillatz

Au Parlement, plusieurs groupes politiques, notamment Les Verts (gauche) et Sociaux & Démocrates (S&D, gauche), réclament des mesures fermes pour faire face à l’éventualité d’une guerre commerciale avec les États-Unis. Raphaël Glucksmann (S&D, gauche) propose d’utiliser le Digital Service Act [loi régulant les contenus publiés sur les plateformes numériques, ndlr] pour pénaliser financièrement les grandes entreprises américaines de la tech, qui soutiennent Donald Trump. "C’est un chemin dangereux de politiser ces instruments pour répondre à des menaces économiques", estime Varg Folkman, analyste économique au think tank European Policy Centre.

Mais pour d’autres eurodéputés, cette absence ne passe pas. Avant l’ouverture de la session plénière, la présidente du groupe S&D (sociaux-démocrates) Iratxe Garcia Perez dénonçait « un manque de respect de la Commission vis-à-vis du Parlement européen ». En conférence de presse, l’eurodéputée espagnole a réitéré ces propos et a espéré qu’il y aurait « l’occasion d’échanger avec elle lors de la prochaine plénière ». Le constat est le même pour l’Italien Pasquale Tridico (La Gauche, extrême gauche) : « Ce sujet revient beaucoup parmi les eurodéputés. Son absence et celle d’Ursula von der Leyen sont un vrai problème pour nous ».

Pour autant, la Haute représentante n’a pas été inactive durant cette semaine : entrevue avec le pape et conférence sur les Balkans à Rome, sommet sur l’Intelligence Artificielle à Paris, conférence sur la sécurité à Munich. La représentante de la Commission est soumise à un calendrier particulièrement chargé, d’après Valérie Hayer, présidente du groupe Renew dont le parti estonien de Mme Kallas est membre au Parlement européen.

Plusieurs options sont sur la table de la Commission, seule compétente en la matière : imposer des droits de douane identiques, réduire la dépendance envers les États-Unis… En 2023, l’UE a également adopté un instrument anti-coercition, conçu pour défendre ses intérêts commerciaux face à des attaques politiques. De nombreux parlementaires pressent la Commission d’utiliser cet instrument. Pour Daniel Gros, économiste à l’université Bocconi de Milan, "si Donald Trump appliquait des droits de douane au Danemark pour récupérer le Groenland, l’instrument anti-coercition serait utilisable". Pour l’instant, cette mesure semble inapplicable puisque l’objectif du locataire de la Maison Blanche est perçu comme économique : réduire le déficit de la balance commerciale américaine avec l’Union.

Les droits de douane pourraient durement affecter l’industrie sidérurgique du continent : un quart des exportations européennes d’acier sont destinées aux États-Unis. En 2023, plus de 503 milliards d’euros de biens ont été exportés de l’autre côté de l’Atlantique, ce qui en fait le principal partenaire commercial de l’Union. La Commission se livre donc à un jeu d’équilibriste entre le maintien de négociations diplomatiques et la mise en place de “contre-mesures fermes, ciblées et proportionnées [...] contre ces droits de douane injustifiés”, comme le clame Maroš Šefčovič.

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