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Gaz : face à un marché tendu, comment éviter la flambée des prix à l’hiver ?
Les députés européens ont voté ce jeudi pour prolonger jusqu’en 2027 l’assouplissement des minimas des stocks de gaz, en vigueur depuis l’invasion de l’Ukraine. En fin d’année, les États membres n’auront plus qu’à remplir leurs stocks de gaz à 83 % au lieu de 90 %, avec une marge d’appréciation selon les difficultés rencontrées. “Il faut savoir réagir, nos Etats membres et nos citoyens peuvent connaître des difficultés”, affirme Borys Budka (PPE, droite), rapporteur du texte, devant le Parlement mercredi.
Cette plus grande souplesse pendant la période de remplissage des réserves permet d’éviter les oscillations des prix. Cet hiver encore, les Etats achetaient leur gaz à un tarif qui dépassait 50 € le Mwh. Début mai, ils l'achetaient 31 € le Mwh, ce qui illustre bien la volatilité des prix sur le marché du gaz.
Une nouvelle dépendance ?
Pour atteindre son but, l’Europe cherche de nouveaux pays exportateurs. Depuis 2022, l’UE s’est déjà tournée vers d’autres producteurs de gaz comme la Norvège, mais aussi les Etats-Unis et leur GNL, dont la liquéfaction et le transport polluent. En 2024, 46% du GNL européen provenait des Etats-Unis. Une énergie fossile sur laquelle Bas Eickhout, vice-président du groupe des Verts, alerte : “Les politiques climatiques sont aussi des politiques énergétiques, le GNL ne doit être qu’une solution temporaire”.
D’autres députés du groupe saluent la fin des importations russes mais s’inquiètent pour la suite : “Nous ne devons pas échanger notre dépendance à Poutine pour une nouvelle dépendance à Trump.” Pour eux, une seule solution, “la sortie complète des énergies fossiles”.
Laurent Offerlé-Guillotin et Emilien Martin
Une série d’actions annoncée
Production d’énergie renouvelable, sobriété et diversification de l’approvisionnement sont au cœur de la feuille de route. Parmi les mesures qui seront proposées en juin : l’interdiction dès 2027 de tout renouvellement ou création de contrat d’achat concernant les gazoducs et le gaz naturel liquéfié. Des achats communs sont prévus pour les pays les plus dépendants, comme la Grèce ou la Hongrie. “Quand on est sur le point d’abandonner le gaz russe, il faut faire preuve de solidarité”, explique l’eurodéputé roumain Virgil-Daniel Popescu (PPE, droite).
Un objectif ambitieux pour Ugnė Keliauskaitė, chercheuse au think tank économique européen Bruegel, qui nécessite “des mesures juridiques et politiques claires et un engagement fort de la part des 27 États membres”. Selon l’analyste, elles doivent être contraignantes pour que cet objectif soit atteint.
Or le sujet divise déjà les 27 : Robert Fico, président de la Slovaquie, juge la fin des importations russes “absolument inacceptable” et redoute une augmentation des prix. Avec l’assentiment du Premier ministre hongrois Viktor Orbán, il s’est dit prêt à mettre son veto sur ces futures propositions. La chercheuse Ugnė Keliauskaitė confirme cette probable hausse des prix en Slovaquie et en Hongrie. Des pays “qui n'ont pas réussi à diversifier leur bouquet énergétique et qui dépendent du pétrole, du gaz et de l'énergie nucléaire russe”.
Marius Laffont et Anouk Seveno
“Nous voulons être complètement indépendants de la Russie fin 2027.” Mardi 6 mai au Parlement européen, Dan Jørgensen, commissaire à l'Énergie et au Logement, a donné la feuille de route de REPowerEU, le programme de l’Union européenne pour se séparer des combustibles fossiles russes.
Objectif principal : ne plus importer d’énergies russes d’ici 2027 et notamment du gaz. Un acte primordial pour le commissaire européen, “par solidarité avec l’Ukraine”, alors qu’une partie de l’énergie européenne provient encore de la Russie. “Depuis le début de la guerre en Ukraine, nous avons importé des énergies russes pour un montant plus important que l’aide versée à l’Ukraine.” déplore Dan Jørgensen. Ce montant s’élevait à 23 milliards d’euros pour l’année 2024. Malgré la baisse des importations depuis le début de la guerre il y a trois ans, encore 3% du pétrole et 18% du gaz européen proviennent de Russie, contre 45% pour le gaz avant 2022.
Des inquiétudes émergent quant à un éventuel effet boule de neige. Pour l’extrême gauche et les écologistes, modifier la directive “Habitats” pour changer le statut de protection du loup pourrait remettre en cause la protection des autres espèces. “On ouvre la boîte de Pandore aux déclassements d’autres espèces, comme le lynx ou encore l’ours”, affirme Emma Fourreau, députée The Left (extrême gauche). Elle indique, comme le groupe des Verts (écologistes), penser à d’éventuelles voies de recours juridiques.
À gauche de l'hémicycle, les Verts et l’extrême-gauche ont exprimé unanimement leur désaccord en votant contre le texte. “Comment peut-on signer dans les COP biodiversité des lois de restauration de la nature et soutenir le déclassement du loup ? Il y a pour moi une incohérence des lois européennes”, explique Tilly Metz, députée écologiste.
Les Verts et The Left, unis contre le texte
En obtenant une majorité en faveur du déclassement du statut du loup au Parlement européen, les conservateurs poursuivent une stratégie politique en portant la voix des éleveurs, pour qui le loup représente une menace. “Plus de 160 000 animaux sont attaqués par des loups chaque année, c’est un vote de bon sens pour l’avenir des espaces ruraux en Europe”, explique la députée espagnole du PPE Esther Herranz García. Cette victoire permet au PPE d’afficher sa position sur les sujets agricoles, dans une dynamique de remise en cause des avancées écologiques. Dans un hémicycle plus à droite que la précédente législature, l’écologie est la cible du PPE et des partis d’extrême droite. Une ambition affirmée récemment avec le détricotage du Pacte Vert européen, qui planifie la transition écologique de l’UE. La victoire politique du PPE est d’autant plus importante que le parti a réussi à convaincre, à la suite de négociations, une partie du groupe Socialistes et Démocrates (S&D, gauche) de voter en faveur du texte.