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Retard dans la course technologique, concurrence de la Chine et des États-Unis, énergie trop chère. C’est dans ce contexte économique tendu que la Commission est venue présenter sa feuille de route pour l’année 2025 : un programme timide de simplification et d’investissement pour relancer la compétitivité.
L’appel tous azimuts à la déréglementation séduit cependant les groupes d’extrême droite, sortis en position de force des dernières élections. Nicola Proaccini, le vice-président du parti des Conservateurs et Réformistes Européens (ECR, extrême-droite, conservateurs), dont le parti Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni est membre, a affirmé devant l’hémicycle : "Le programme de travail de la commission comprend des thèmes avec lesquels nous sommes tout à fait d’accord : relancer la compétitivité, exiger une simplification, porter attention à la sécurité". Ce programme de l'exécutif européen risque ainsi d'ouvrir la voie à une entente entre l'extrême droite et le Parti populaire européen (PPE, droite), majoritaire dans l'hémicycle.
C’est aussi parce qu’elle interprète autrement le rapport Draghi : pour elle, la compétitivité résulte d’un soutien à la réindustrialisation et à l’innovation - et non pas d’une dérégulation.
Pour Thomas Pellerin-Carlin, député Social et Démocrate (S&D, gauche) proche du dossier, "on dé-réglemente en 2025 ce qui a été mis en place en 2023, ça ne fait pas sens". En opérant autant de va-et-vient législatifs, la Commission abandonne un avantage compétitif : celui d’être prévisible et constant dans sa réglementation selon l’eurodéputé. Même si l’exécutif européen n’a pas abandonné ses grands objectifs de neutralité carbone en 2050, "[elle] n’a plus de vision", selon David Cormand (député du groupe Les Verts/Alliance Libre Européenne, gauche). Les groupes S&D et La Gauche regrettent aussi l’impasse de la Commission sur les thématiques sociales comme le logement digne, le bien-être social ou les services publics. Pour Aurore Lalucq (S&D, gauche), la Commission européenne est déconnectée des préoccupations des entreprises : les petits changements de texte sont des débats propres à la "bulle bruxelloise", mais s’il n’y a pas de projets innovants, d'investissements publics ou une baisse du prix de l’énergie, "l’épargne reviendra toujours aux États Unis".
Une réponse, également, aux "doléances des entrepreneurs" selon les mots de M. Šefčovič, et à celles des agriculteurs, vent debout contre la charge administrative imposée par la PAC. L’initiative questionne les différents partis d’opposition, qui voient derrière la "simplification" un moyen de revenir sur les acquis. C’est "un mot qui cache des divergences de vues", selon Karel Lannoo, du think thank Centre for European Policy Studies (CEPS).
Autre priorité, relancer l'investissement privé, en soutenant les petites et moyennes entreprises (PME) et en maintenant les objectifs de neutralité carbone pour 2050. La Commission s’appuie sur l'objectif fixé par les chefs d’États européens de réduire de 25% les "obligations de déclaration" des entreprises et sur le rapport Draghi de septembre 2024, qui considère la simplification des lois européennes comme un moteur de croissance.
Pour 2025, Bruxelles souhaite avant tout retirer les obligations administratives imposées aux entreprises, au nom de la compétitivité. "Nous devons privilégier l’esprit d’entreprise, faire en sorte que les règlements européens ne créent pas de surcoût inutile ni de millefeuille administratif", a martelé la Commission. Le plan de "simplification" touchera plusieurs textes importants du Pacte Vert dès le premier trimestre 2025. Le règlement REACH (central dans la régulation de l’industrie chimique), la Politique Agricole Commune (PAC) ou encore des textes sur la cybersécurité seront modifiés plus tard dans l’année.
C’est la présidente Ursula von der Leyen qui devait présenter le programme de la Commission européenne devant les députés européens ce mercredi 12 février. Elle a envoyé pour cela Maroš Šefčovič, commissaire européen chargé des relations internes. "On est très nombreux ici à se demander pourquoi la présidente de la Commission n’est pas là aujourd'hui", a lancé Valérie Hayer, cheffe de groupe centriste. "Peut-être rougit-elle ?" s’est demandé Martin Schirdewan, porte-parole du groupe des partis d’extrême gauche (La Gauche, extrême-gauche). La Commission a justifié qu’elle avait "des impératifs à Bruxelles", mais ça n’a pas convaincu les parlementaires qui se sont divisés sur les annonces de l’exécutif européen.
Lundi 3 février, la campagne des élections universitaires bat son plein sur le campus de l’université de Strasbourg. Trois organisations syndicales se disputent les places au conseil d’administration et à la commission universitaire : l’UNI (Union nationale inter-universitaire), l’AES (Alternative étudiante Strasbourg) et l’Afges (Association fédérative générale des étudiants de Strasbourg). “Le premier jour s’est bien passé, relate Samy Amokrane, président de l’UNI. Nous avons reçu un accueil plutôt favorable des étudiants, et les gens sont toujours très heureux de poser des questions sur notre programme.”
Mais rapidement, la tension monte. La présence du syndicat d’extrême droite au sein des locaux de l’université en crispe plus d’un. Dans un communiqué publié le 4 février, trois organisations de gauche et d’extrême gauche appellent au rassemblement contre l’UNI. L’AES, la Fédération syndicale étudiante (FSE) et l’association Solidaires dénoncent la proximité de ses adhérents avec “les partis politiques d’extrême droite pour lesquels ils militent ou avec lesquels ils collaborent : Action Française, Rassemblement National, Reconquête.” Les militants de l’UNI sont notamment accusés de porter des idées “racistes et islamophobes”, et d’avoir proféré des insultes “sexistes et homophobes” à l’encontre de militants d’extrême gauche. Sollicitée sur ce point, l’UNI n’a pas souhaité commenter.
À lire aussi : les explications de nos collègues Yanis Drouin et Tristan Vanuxem.
La police intervient dès mardi sur le campus
Dans la matinée du mardi, des militants de la FSE interpellent des membres de l’UNI alors qu’ils tractent dans le bâtiment du Patio sur le campus. “Vers 9 heures, des camarades sont allés les confronter au Patio pour leur dire de partir de la fac, raconte une membre de la FSE. L’UNI a appelé la police, qui a pris les identités de trois étudiants du FSE. Elle est restée toute la matinée sur le campus.”
La direction de l’université et le syndicat d’extrême droite n'ont pas souhaité nous en dire plus. La présence des forces de l’ordre au sein du campus ne pouvant être autorisée qu’avec l’aval de la direction, les militants des organisations d’extrême gauche reprochent au président de l’université, Michel Deneken, de “protéger les étudiants de l’UNI”.
Une opération pour expulser les étudiants de l’UNI
Mercredi, la tension monte encore d’un cran. La FSE, l’AES, Solidaires, mais aussi le Nouveau parti anticapitaliste (NPA), la Jeune garde antifasciste et Révolution permanente organisent un rassemblement avec une centaine de personnes devant le Patio “contre l’UNI et le fichage des étudiants”.
“Suite à ce blocage justifié par une soi-disant connivence de l’université avec l’extrême droite, nous avons subi une véritable chasse à l’homme au sein du campus”, dénonce Samy Amokrane. Une partie des militants d’extrême gauche se déplace en effet à l’Institut Le Bel pour “courser” les membres de l’UNI et “les dégager du campus”, explique une membre de la FSE.
“Ils ont pris d’assaut notre bureau où certains de nos militants étaient présents, et ont essayé de rentrer de force à l’intérieur, poursuit Samy Amokrane. Lorsque d’autres militants de l’UNI sont venus faire diversion, un couteau a été brandi et des menaces ont été proférées. L’un de nos membres a été blessé à la tête après avoir été fracassé contre le mur.” Une version que le président de l’UNI soutient le jeudi soir lors d’une interview sur CNews. Après s’être réfugiés dans les cantines du Crous, les militants d’extrême droite ont pu quitter l’établissement par des portes dérobées.
Un agent de sécurité et une étudiante blessés
Si elle ne dément pas les pressions exercées sur l’UNI, la FSE réfute l’usage d’une arme blanche et les faits de violence physique : “L’un de nos camarades a commencé à pousser des gens de l’UNI mais on lui a dit de ne pas faire ça. L’agent de sécurité incendie protégeait clairement les étudiants de l’UNI. Il a plaqué un de nos camarades par terre.”
D’après l’UNI, l’agent de sécurité a été blessé lors de son intervention et a fini à l’hôpital. Le syndicat d’extrême droite affirme avoir porté plainte pour coups, blessures, menaces de mort et dégradation de matériel. Contacté, le parquet de Strasbourg n’a pas souhaité confirmer l’information.
Parmi les militants d’extrême gauche présents sur les lieux, une jeune femme aurait été blessée à l’épaule alors qu’elle quittait l’Institut Le Bel : “Au moment de sortir, la sécurité qui tenait la porte la referme deux fois sur moi, raconte l’étudiante qui souhaite rester anonyme. J’ai réussi à passer mais j’en ressors avec une contusion à l’épaule et deux jours d’ITT.”
Webex a pu consulter le certificat attestant de ses blessures. “J’ai porté mon témoignage à la présidence, poursuit-elle. On m’a demandé le contexte sans prendre en considération mon certificat médical et en oubliant qu'un membre du personnel venait d'exercer des violences sur une étudiante.”
Des étudiants de l’UNI barricadés dans les locaux de la présidence
Jeudi 6 février, dernier jour des élections. Une cinquantaine de militants d’extrême gauche se rassemble à midi pour une manifestation sur le campus, en traversant successivement le Patio, la fac de droit et l’Institut Le Bel. La sécurité intervient à nouveau pour empêcher le cortège de pénétrer dans les locaux de l’UNI. La manifestation s’achève vers 13 heures devant la présidence de l’université fermée à clé par la direction, car des militants de l’UNI y sont présents. Sollicitée, la présidence de l’Université de Strasbourg n’a pas encore souhaité s’exprimer publiquement sur le sujet.
Anna Chabaud
Édité par Gustave Pinard