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Jeanne Paumier et Jade Santerre
L’année dernière, les députés européens avaient adopté une résolution qui tenait la Russie de Vladimir Poutine responsable de la mort d’Alexeï Navalny et avaient reçu la veuve de l’opposant, Ioula Navalnaïa, dite "la Première Dame de l’opposition russe".
Depuis sa mort, selon Raphaël Glucksmann (groupe Social et Démocrate, membre de la commission Soutien à l’Ukraine), "la répression s’est accentuée, accentuée, accentuée". En témoignent les récentes condamnations de trois anciens avocats de Navalny (Alexeï Gorinov, Igor Sergounine et Vadim Kobzev) dont les peines de 3 à 5 ans d’emprisonnement ont été prononcées le 17 janvier dernier.
Les eurodéputés ont commémoré ce mercredi 12 février le premier anniversaire de la mort du dissident russe Alexeï Navalny. Saluant ses combats, sa liberté d’esprit et reprenant les mots qu’il écrivait avant de mourir : "Vous n’avez pas le droit d’abandonner". Assassiné le 16 février 2024 dans les secrets de la colonie pénitentiaire de Kharp dans l’Arctique russe, Alexeï Navalny purgeait une peine de dix-neuf ans. Il était le plus fervent opposant à la Russie, à son président Vladimir Poutine et à la corruption, honoré par le prix Sakharov pour la liberté d’esprit en 2021, délivré par le Parlement européen.
Les élections européennes ont vu le poids de l’extrême droite se renforcer. Occuper 25 % de sièges dans l’hémicycle favorise son influence et pousse le PPE à collaborer avec elle. Une situation sur laquelle alertent les sociaux-démocrates et écologistes.
Si cette influence continue de grandir, certains espèrent que les prochaines élections fédérales allemandes changent la donne. "On peut espérer qu’avoir un chancelier CDU calme le PPE et qu’il se dise qu’il ne faut pas faire de coalition avec les droites extrêmes mais une coalition avec le centre, la gauche et les écolos", souhaite l’eurodéputé S&D Raphaël Glucksmann.
Soutien traditionnel des libéraux et des sociaux-démocrates, le PPE est désormais enclin à voter avec les groupes d’extrême droite et à s’approprier certains de leurs thèmes. "Comme ceux-ci sont plus nombreux, ils ont une influence politique et ça déborde. On le voit en Allemagne, l’AfD explose et les partis à côté reprennent les idées", déclare Yves Bertoncini, consultant en affaires étrangères. Cette alliance nouvelle des droites au Parlement européen a permis, en octobre dernier, l’adoption d’une résolution sur le budget demandant à l’UE de financer la construction de murs à ses frontières extérieures pour endiguer l’immigration. "Le PPE c’est le groupe pivot, soit il pivote vers le centre et la gauche, soit vers la droite ou l’extrême-droite", poursuit-il.
Un PPE en position de pivot
Pour Estelle Delaine, maîtresse de conférence en science politique, le cordon sanitaire est remodelé à mesure que l’extrême droite grossit dans l'hémicycle. Un constat établi depuis 2019. "Le système politique européen facilite les échanges avec des groupes d’intérêts [et] pose aussi la question de [se] connecter ou non avec le groupe conservateur ou le PPE", précisait-elle dans un séminaire de l’Ecole Normale Supérieure (ENS) en janvier. Cette situation permet l’accès à des positions clés. En décembre, Sarah Knafo, eurodéputée de Reconquête, est nommée rapporteure d’un texte sur la souveraineté numérique européenne. Un rôle qui questionne : le PPE votera-t-il les conclusions de cette législation, risquant à nouveau de rompre le cordon sanitaire ? "Ce n’est pas l’auteur de la requête qui importe mais le contenu", a justifié le député autrichien Lukas Mandl (PPE) au Parlement.
Une extrême droite qui rebat les cartes