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Un an après l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne, ses coutures craquent sous l’effet de la crise. Les élus nationaux, pour y avoir beaucoup perdu, s’y voyaient reconnaître de nouveaux droits. Ils s’y étaient préparé. Mais à peine engagés dans l'exercice, leurs prérogatives budgétaires s’étrécissent sous l’effet du semestre européen. La discipline commune de la gouvernance économique élargit son périmètre à même leurs circonscriptions. Leurs électeurs, à l’entrée du tunnel d’une austérité sans débouché visible, grondent. La question des raisons de vivre à 27, et même à 17, fait retour sur la scène politique nationale. Pour retrouver prise, les parlements nationaux ont une option : jouer collectif. Cette perspective donne le vertige, tant ils diffèrent, surtout quand il faut fixer les règles de concert avec le Parlement européen.

Cliquez-ici pour accéder au dossier réalisé par les étudiants du CUEJ en décembre 2010.

Deux immeubles du quartier de la Montagne Verte vont être démolis en juin 2012. Depuis plusieurs années, ceux-ci sont laissés à l'abandon par le bailleur, CUS habitat. Des habitantes témoignent. 

 

Des portes d'entrée fracassées, des carreaux cassés, des murs défoncés, des escaliers squattés où l'odeur d'urine prend à la gorge, des appartements humides, mal isolés, pourris par la moisissure. C'est ici, dans les deux immeubles de la rue Elmerforst, à côté de l'arrêt de tram, en bordure de la Montagne Verte, que vivent encore une vingtaine de familles.

Propriété de Cus Habitat, ces blocs sont voués à la démolition, prévue pour juin 2012. En attendant, le bailleur laisse les communs de ces immeubles à l'abandon.

 

Si 40 familles ont été relogées sur les 60 appartements des deux bâtiments, les autres attendent encore des propositions de relogement censées répondre à leurs désidératas et aux possibilités du bailleur social. Rencontre avec quatre mamans isolées, démunies face à cette situation. Angela, deux enfants, sans emploi et Julia, sa cousine, cinq enfants, sans emploi. Magnolia, deux enfants, sans emploi et Cynthia, sa soeur, deux enfants, femme de ménage à temps partiel.

 


 

 Angela sort de l'immeuble, pour faire prendre l'air à son fils. Elle habite à l'avant-dernier étage ; comme les carreaux des fenêtres de la cage d'escalier sont cassés, les pigeons entrent, et meurent au quatrième étage. Genaro, sont fils, est né grand prématuré. « Lorsque les médecins ont vu les conditions dans lesquelles il vivait, ils ont préféré le garder à l'hôpital. Récemment, il avait des vers dans les scelles, car il met ses mains dans sa bouche après avoir tenu la rampe de l'escalier», explique Angela.

 

 

L'étage au-dessus de l'appartement d'Angela est envahi par les pigeons. (Photo Cuej - Elsa Sabado)

 

Julia, la cousine d'Angela, est passée par trois logements de la cité Elmerforst. Elle a quitté le second à cause d'une invasion de cafards. Aujourd'hui, elle a obtenu un bail, mais les murs sont rongés par la moisissure. Son dernier enfant est lui aussi prématuré. Toutes celles qui habitent, ou ont habité là, témoignent de phases de déprime provoquées par leurs conditions de vie. L'une a arrêté de travailler, car elle « n'avait pas la tête à ça », l'autre a des calculs dans la vésicule biliaire, « à cause du stress ». Une autre encore évoque « l'envie » qu'elle ressent lorsqu'elle entre dans des logements « normaux ».

 

Les murs de l'appartement de Julia sont rongés par la moisissure. (Photo Cuej - Marjorie Lenhardt)

 

 

Côté budget, si elles paient des loyers très faibles, leurs factures sont abracadabrantesques : elles se chauffent à l'électricité dans des appartements mal isolés. Alors, comme elles vivent quasiment exclusivement grâce aux allocations sociales, elles s'endettent.

 

Toutes les femmes de la cité saluent l'action de Maude, du service orientation, insertion, prévention. C'est grâce à elle que deux sœurs de Magnolia ont été relogées. « C'est quand Maude est intervenue, que Cus Habitat nous a écoutées. A partir de là, j'ai été relogée en trois mois », explique Sabrina, qui habite aujourd'hui aux Hirondelles. La plupart des habitantes craignent de s'éloigner d'Elmerforst. Elles ont grandi là, ne travaillent pas, et la cité, la solidarité entre sœurs ou cousines est tout ce qu'il leur reste.

 


 

Cus Habitat reconnaît que la situation est préoccupante pour ces locataires. Mais l'office public de la Ville ne veut pas agir « dans la précipitation pour reloger les dernières familles, qui sont des cas difficiles », avoue un agent du bailleur social. Une maîtrise d'oeuvre urbaine et sociale (MOUS) a démarré il y a deux ans. Elle se poursuit avec les derniers occupants de la rue Elmerforst. Cette MOUS vise à mettre en adéquation les souhaits des familles et les possibilités de relogement. « Cus habitat rencontre deux obstacles : la baisse des subventions étatiques d'une part, la pénurie de logements de l'autre », explique Christelle Charvais, responsable de la communication du bailleur social.

 


 

Le souhait des mères d'Elmerforst ? Être relogées dans le secteur. Un rêve qui semble difficile à réaliser. L'agent de Cus habitat affirme que « même si ces locataires sont prioritaires pour être relogés là où ils demandent, il n'y a pas suffisamment de places dans le quartier. Mais nous sommes en relation avec d'autres bailleurs pour voir ce que nous pouvons faire ».

L'idéal pour Cynthia, Angela et les autres... être relogées rue Elmerforst, dans les nouveaux bâtiments, dont la reconstruction est programmée en 2013. Mais qui dit nouveaux bâtiments, dit nouveaux loyers...Et il serait surprenant qu'elles continuent à payer entre 30 et 40 euros mensuels (une fois les allocations déduites).

Elsa Sabado et Marjorie Lenhardt

Une trentaine d'enfants a participé au goûter presque parfait organisé par le centre socio-culturel du Neufeld, mercredi 19 octobre dans l'après-midi. Chacune des quatre équipes était encadrée par un senior. Elles devaient réaliser une ou deux recettes tirées au sort, dans un délai d'une heure et demi.

Jessica Trochet et François Régnier

Maxime pratique le catch depuis un an à l'académie européenne Michel Gass. A 15 ans, il est déjà semi-professionnel et rêve d'en faire son métier. Portrait d'un passionné.

 


Floriane Leclerc

Six mois après l'incendie du centre commercial situé place de Hautefort. Les habitants, qui ont bataillé pour la réouverture d'un magasin d'alimentation discount dans le quartier, sont sur le point d'obtenir gain de cause. La municipalité et l'enseigne Norma assurent tout mettre en œuvre pour la réouverture d'un magasin d'ici mars 2012.

Sur la place de Hautefort, en plein cœur de la Zus du Neuhof, les vestiges de l'ancien centre commercial offrent un triste spectacle. Il y a six mois, un incendie a ravagé l'ensemble des commerces installés là : un snack, un tabac-presse, un coiffeur, et surtout... un Norma. Devant le bloc de béton laissé à l'abandon, les riverains pleurent leur discount. Car les autres supermarchés du quartier ne satisfont pas à leur budget, souvent très modeste.

Isabelle Kuntz et Christine Devin, qui travaillent à la pharmacie du Polygone, juste en face de la dalle, entendent leur plaintes.

Bien avant l'incendie, le centre commercial était déjà condamné à la démolition, la place de Hautefort devant faire peau neuve. Selon le calendrier des travaux, un nouveau Norma ouvrira ses portes en 2015, sur l'emplacement de la tour située 11, rue de Clairvivre. Mais d'ici là ? Les habitants refusent d'attendre leur Norma jusqu'à 2015. Ils l'ont fait savoir en signant une pétition "pour un commerce de proximité à la hauteur de [leur] budget" qui a récolté près de 1500 signatures.

Julien Mattei, directeur de projet pour la rénovation du Neuhof, assure que la Cus a entendu les Neuhofois et qu'une solution provisoire est sur le point d'aboutir.

Prévenir le retour de la délinquance

Maintenant que la réouverture d'un Norma est sur les rails, les riverains s'inquiètent d'un autre problème : le retour de la délinquance. En effet, avant l'incendie, des dealers avaient établis leur QG sur la dalle et aux alentours, faisant du centre commercial un endroit "lugubre" selon Khalifa, un voisin.

Annick Neff, l'adjointe de quartier, assure que la Cus mettra en place des infrastructures destinées à prévenir les nuisances aux abords du centre commercial. L'installation de barrières est notamment prévue pour empêcher les scooters de tourner. En revanche, la sécurité aux abords du Norma relève de la responsabilité de l'enseigne. Or, selon le directeur expansion, Thierry Pfister, "le problème avait déjà été résolu et les gens pouvaient faire leur course tranquillement".

Même Leclerc réclame la réouverture de Norma

On aurait pu penser que le supermarche Leclerc, établi Allée Reuss, bénéficierait de la fermeture de son concurrent Norma. Mais à la direction, on assure que le magasin ne se satisfait pas de sa nouvelle clientèle. "La hausse du chiffre d'affaire est négligeable car ils achètent par petites sommes", assure un membre du personnel. D'autre part, le responsable de la sécurité du magasin déplore une forte augmentation du vol et des incivilités qui obligent l'enseigne prendre des mesures.

Anne-Claire Poirier

Au Port'Unes mise sur le déneigement

Principale structure d'insertion du Port du Rhin, « Au Port'Unes » s'équipe cette année pour développer son activité déneigement. Mais la croissance d'entreprise n'est pas chose aisée dans ce quartier. Rencontre avec Marie-Pia Meyer, directrice de la société.

L'entreprise, fondée en 1993, est située à l'entrée du quartier Port du Rhin. (Photo CUEJ - Laure Siegel)

Structure d'insertion basée au Port du Rhin, « Au Port'Unes » fournit environ une cinquantaine de postes par an à 300 personnes, essentiellement dans les domaines de la propreté et des chantiers (balayage, espaces verts, manutention, déconstruction). Avant l'hiver, l'entreprise a choisi d'investir dans le déneigement avec un achat important de machines. Les journées « déneigement » à « Au Port'Unes » commencent à 6 heures du matin, avec des marchés institutionnels : Cus Habitat, et une partie des rues Neudorf-Musau-Esplanade-Port du Rhin, que la Cus sous-traite à l'entreprise. Pour Marie-Pia Meyer, gérante de la structure, la mécanisation devrait lui permettre d'être plus efficace, de libérer de la main-d'oeuvre pour d'autres postes. Et attirer d'autres clients, à partir de 9 heures :

Cette activité pourrait néanmoins intéresser le centre de conduite de la Musau, qui ne démarre pas aussi tôt que les sociétés privées. Les débouchés pour la structure d'insertion sont relativement limités. Actuellement, le climat n'est pas forcément au beau fixe au Port du Rhin. D'autant que les obstacles au développement sont nombreux : accès routier, développement de l'habitat etc.

Autre problème de taille à la sortie du parcours d'insertion des travailleurs, outre le faible niveau de formation : la mauvaise desserte dans le coin.

Un café à la main et le sourire aux lèvres, Marie-Pia Meyer conclut : « Je pense quand même qu'il y a un sacré potentiel ici ».

Laure Siegel

Rachida Hadri a décidé de mettre ses compétences au service du quartier du Neuhof, où elle vit depuis l'enfance. Son projet d'aide à la réinsertion professionnelle, Solidicée, a remporté le prix régional Talents des cités 2011 en Alsace.


(Photo Cuej - Thomas Richard)

Aînée d'une famille de cinq enfants, Rachida Hadri s'est très vite imposée dans la fratrie « comme un chef qui pousse chacun vers le haut en lui montrant ses points positifs », affirme sa sœur Soumia Gouia. « Elle a toujours voulu aider les gens, on l'appelait Wonder Woman », se souvient sa cadette.

Elancée, elle porte un voile noir rehaussé de rouge, qu'elle arrangera soigneusement pour la photo. Depuis quatre ans, l'islam a pris une nouvelle place dans sa vie. « Quand on a la foi, on a le cœur ouvert. » Et tendre la main pour aider les autres, c'est la raison de vivre de cette femme de 39 ans, une volonté récompensée par le prix Talents des cités reçu cette année pour son projet de réinsertion par l'aide à la personne.

Née au Maroc, Rachida Hadri habite le Neuhof depuis l'enfance. Elle y a grandi, fait ses études et travaillé. De son père, elle a hérité la détermination. « Il avait sa propre société de marchand ambulant sans savoir ni lire ni écrire, explique Soumia Gouia. Il savait gérer, manager et donner de sa personne. Avec lui on a tous appris les bases du travail. »

Après un BEP administration commerciale et comptabilité, le grande soeur débute loin du secteur social, comme attachée commerciale dans une entreprise proche du centre-ville de Strasbourg.

Sur sa vie familiale, elle restera discrète. Mariée à un Marocain, elle a eu quatre filles. Aujourd'hui divorcée, elle révèle mettre de côté sa vie sentimentale pour se tourner vers les autres. « C'est une femme très prudente , décrit Bernard Ruck, son référent à la Maison de l'emploi où elle suit une formation. Elle tâte le terrain avant de s'aventurer. »

Au milieu de ses enfants âgés de 13 à 21 ans, Rachida Hadri mène une vie bien réglée. « J'ai toujours cherché à travailler, même après la naissance de mes enfants. »

Un « grand frère »

Elle retrouve un emploi chez un tour-opérateur dans le Stockfeld en 1999. Elle y reste deux ans, avant de connaître une période de chômage. C'est le tournant qui va rapprocher la trentenaire de l'aide à la personne. Elle se présente aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS) où elle devient agent de service en 2002. Il faut apporter les repas aux patients, s'occuper de l'entretien.

Germe alors l'idée de monter sa propre entreprise d'aide à la réinsertion. En 2010, Rachida Hadri devient chef d'équipe en gériatrie aux HUS. Ce nouveau travail lui plaît. On apprécie son sens du management. « Dans le quartier, Rachida avait le rôle de grand frère. Elle avait cette influence et cette fonction de conseil », décrit sa sœur.

Mais pour garder le poste, elle doit passer le concours d'agent de maîtrise. Après plusieurs mois de préparation, elle n'obtient pas le précieux sésame. Elle redevient agent de service et vit cela comme « un retour à la case départ. »

« J'avais fait le tour du métier. J'ai eu envie de mettre en avant mon potentiel », clame-t-elle. Tout en gardant son poste, elle réfléchit à un projet. Son nom, Solidicée.

Tous les mois, elle suit des sessions de formation à la Maison de l'emploi, sous les conseils de Bernard Ruck. Son projet a été récompensé par le prix régional Talents des cités. « C'est très valorisant. J'avais déjà confiance en moi, mais là encore plus ».

Battante, Rachida Hadri veut montrer que la femme doit s'affirmer pour se faire une place dans la société. Mais elle se donne du temps avant de créer sa propre entreprise. « C'est une personne patiente, assure Bernard Ruck. Elle est comptable de formation. C'est son atout, elle ne se lancera pas à corps perdu dans l'aventure. Le jour où elle ouvrira, je suis sûr qu'elle n'aura oublié aucun détail. »

La Neuhofoise s'est fixée une échéance pour concrétiser son projet, au plus tard en 2012. Il lui faut encore trouver des financements pour Solidicée. Elle mesure le chemin qui lui reste à parcourir.

Samedi 22 octobre, Rachida Hadri a reçu son prix, un chèque de 1500 euros, lors d'une cérémonie au Sénat. Un tout petit coup de pouce, mais Rome ne s'est pas faite en un jour.

Thomas Richard

A la date du 18 octobre, des caravanes vides étaient déjà installées sur la nouvelle aire d'accueil, située derrière la gare, pour accueillir les familles de Roms (Photo CUEJ - Marion Garreau)

 

 

Dans un billet publié le lundi 17 octobre, nous présentions comme imminent le déménagement des Roms de la place Saint-Exupéry. C'est finalement mercredi 26 octobre qu'il a commencé. Entre temps, les ouvriers se sont attelés à terminer les travaux de la nouvelle aire d'accueil, située rue du Rempart dans le quartier de la gare. Horizon Amitié, l'association gestionnaire du nouveau lieu, en avait fait un point d'honneur : « Aucun déménagement n'aura lieu tant que le site n'est pas opérationnel. »

 

Le déménagement ne concerne pas seulement les familles de la place Saint-Exupéry mais aussi celles venues d'un autre camp de fortune, au Chemin Long à Koenigshoffen. La nouvelle aire accueille en tout une centaine de Roms. Leur point commun : sédentaires et installés depuis plusieurs années déjà à Strasbourg, ils acceptent de s'engager dans un processus d'intégration, en étant par exemple accompagnés de travailleurs sociaux et de médecins. Cette nouvelle aire d'accueil reste une réponse provisoire, une transition vers une solution plus pérenne qui reste à trouver.

 

 

Marion Garreau

A 61 ans, Henry Arlet est une mémoire vivante du quartier. Facteur au Neuhof vingt-six ans durant, il a surtout sillonné les rues du Marschallhof et du Ballerdsorf. Au fil des années, des liens se sont noués avec les habitants et Henry Arlet s'est pris d'un attachement particulier pour le quartier. Habitant près de la gare, à la retraite depuis janvier dernier, il continue d'y passer ces après-midi. Il s'est notamment engagé auprès du centre socio-culturel en tant que bénévole et membre du conseil d'administration.

 

Marion Garreau et Thomas Richard

Dernière journée portes ouvertes de l'Association Cafe con Leche 21, mercredi 19 octobre à la cité Universitaire de la Robertsau: l'occasion pour ses habitants de s'initier gratuitement à la salsa. Une trentaine d'étudiants se sont rassemblés dans la salle de ping pong du Pavillon 3 de la cité U. Ambiance.

Fabien Piégay et Marion Kremp

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