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La cité universitaire Gallia de Strasbourg est reconstituée dans une résidence rue Rabanesse, à Clermont-Ferrand. Les étudiants alsaciens y sont logés. Le 25 juin 1943, les soldats allemands investissent les lieux. La rafle de la Gallia est la conséquence directe de l'assassinat, deux jours plus tôt, de deux gestapistes au domicile du professeur Flandin, membre de Combat. Georges Raynaud, un résistant surnommé « Fernoël », est l'auteur de cette élimination. L'étudiant voulait rencontrer le professeur Flandin à son domicile. Il était tombé sur les deux membres de la Gestapo qui attendaient Flandin pour l'arrêter. Les 37 étudiants présents le 25 juin à la Gallia seront arrêtés, déportés à Compiègne, puis en Allemagne.
Du costume nazi à celui d'étudiant libre. Armand Utz, à droite,en costume allemand du Reicharbeitdienst. Plus tard, à gauche, en compagnie de Jean Salomon à Clermont-Ferrand. Crédit photos : Armand Utz
« Lorsqu'un étudiant évadé d'Alsace arrive à Clermont, il faut qu'il change d'état civil. Il en est de même, à plus forte raison, pour ceux qui se sont compromis et ont été repérés. (…)
Il est recommandé, au moment où on signe ses faux papiers, de se souvenir de son faux nom et de ne pas employer le vrai. Il vaut mieux ne pas coller une photo trop récente sur des pièces antidatées. Il convient de se faire teindre les cheveux avant de rédiger son faux signalement. Les lunettes noires sont à déconseiller. Elles attirent l'attention. (…) Et il vaut mieux savoir par cœur sa fausse identité avec tous les détails – quitte à oublier l'autre. Si on doit la décliner, il y aura danger, à quelque degré que ce soit. Et peut-être n'aura-t-on pas tout son sang-froid. (…)
Et il faut s'entraîner à ne jamais se retourner dans la rue, si quelqu'un vous appelle par votre vrai nom. »
Jean Lassus, Souvenirs d'un cobaye, éditions Alsatia, 1973.
• Aux témoins qui nous ont consacré du temps, qui nous ont ouvert leur mémoire, leurs archives et leurs albums photos :
François Amoudruz
Pierre Feuerstein
Paul Joanny
André et Yvonne Lobstein
Gaston Mariotte
Jean et Yvette Salomon
Armand Utz
Madeleine Wurm
• Aux historiens :
Marie-Pierre Aubert
Jean-Noël Grandhomme
Léon Strauss
Freddy Wahl
• A tous ceux qui nous ont aidés dans cette enquête :
Le personnel des archives de la Ville de Strasbourg
Le personnel des archives départementales du Bas-Rhin
Le personnel des archives départementales du Puy-de-Dôme
Le Lieutenant-colonel Philippe Fauvergue Barcha Bauer, réalisateur de L’Université résistante
Les éditions de la Nuée bleue
Le musée de la Résistance, de l’internement et de la déportation (AMRID) de Clermont Communauté
Le musée de la Résistance, de la Déportation et de la Seconde Guerre mondiale Joseph
Lhomenède de Frugières-le-Pin et Maurice Capelani, son conservateur
Les Archives nationales, notamment Patricia Gillet
L’établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense
Le Mémorial de la Shoah à Paris
Les étudiants des universités de Strasbourg et de Clermont-Ferrand que nous avons interrogés
La Montagne, notamment Rémi Bouquet des Chaux
Benoît Luc et l’Office national des anciens combattants à Clermont-Ferrand
Claudine Volmer
Jean-Marie Mariotte
• A ceux qui nous ont prêté leur voix :
Yann Bonnefon
Philippe Breton
Xavier Delcourt
Mais les informations sont parcellaires et de nombreuses personnes restent encore sans nouvelles de leurs proches. La guerre a dispersé certaines familles. De Montignac, en Dordogne, la mère de Gaston Mariotte écrit au recteur d'université de Strasbourg le 13 avril 1945.
A la Libération de la France succède celle des camps de concentration en Allemagne, de janvier à juin 1945. Certains déportés strasbourgeois libérés préviennent par courrier de leur retour prochain et tentent d'informer au mieux du sort de tous. Georges Straka était lecteur à la faculté des lettres de Strasbourg. Raflé le 25 novembre 1943 et déporté à Buchenwald, il écrit en avril 1945 au doyen pour annoncer la libération du camp et donner des nouvelles des quelques professeurs et étudiants qui s'y trouvent.
Sur le plateau de Gergovie, au dessus de Clermont-Ferrand, une maison est construite avec l'aide des troupes du général de Lattre de Tassigny pour accueillir les jeunes Alsaciens qui y effectuent des fouilles archéologiques. Très vite, le chalet devient un refuge communautaire pour les jeunes isolés à Clermont.
Les étudiants alsaciens s'approprient ce chalet, au pied duquel, chaque jour, ils hissent les couleurs de la France en chantant « Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine ». Ils passent Noël 1940 entre eux, avec Paul Valéry en invité d'honneur. Les autorités allemandes, mais aussi françaises, voient d'un mauvais œil la communauté naissante. Et pour cause : elle constituera un des centres de la résistance auvergnate.