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« Au printemps de 1942, André Lévy, Julien Freund et des complices entreprirent un travail d'intimidation. Sur la machine de la faculté, ils tapèrent des lettres de menaces aux libraires qui mettaient en devanture des livres allemands ou des ouvrages prônant la collaboration. Exécutant leurs menaces, si les ouvrages n'étaient pas retirés, ils allaient de nuit briser les vitrines à coup de pavés. »
Jean Lassus, Souvenirs d'un cobaye, éditions Alsatia, 1973
Après un trajet souvent long et périlleux, les étudiants alsaciens reçoivent un accueil bienveillant à Clermont-Ferrand. Ils sont logés dans des familles, en foyer, ou dans de modestes appartements.
Rapidement, une communauté soudée se construit. A Clermont, ils perçoivent une aide financière spéciale de la part du régime de Vichy. Ils se retrouvent pour partager leurs repas. Ils passent leur temps libre entre le cinéma, les balades en ville et les promenades en Auvergne.
Yvonne Lobstein, étudiante en médecine.
La légèreté de leurs jeunes années est entachée de peurs, de plus en plus souvent. À Strasbourg, l'Allemagne ouvre la Reichuniversität en novembre 1941. La pression sur l'Université de Strasbourg repliée en Auvergne se fait plus forte. En 1942, la France est occupée et Clermont tombe aux mains des Allemands. Venue de la Creuse, celle qui s'appelle encore Yvonne Henry se rapproche des Strasbourgeois. La future épouse de l'Alsacien André Lobstein se souvient d'une bande de jeunes très soudés. « On récitait des poèmes, on chantait ''Vous avez eu l'Alsace et la Lorraine, mais notre cœur vous ne l'aurez jamais''. »
La campagne a été un refuge pour les jeunes étudiants. Non seulement ils pouvaient s'y replier en cas de danger, mais il s'agissait aussi d'un véritable garde-manger. Nombreux étaient ceux qui réalisaient des expéditions dans les fermes afin de se ravitailler en œufs, en fromage ou en légumes.