Le module est validé, il peut être inséré dans un article pour être consulté par les internautes.
Post-communistes, réformateurs, orthodoxes, eurocommunistes... toutes les tendances marxistes se retrouvent au sein du parti de la gauche européenne (PGE). Cet éclatement idéologique ne favorise pas l’unité du parti en vue des prochaines élections européennes.
Trente formations politiques éclatées dans 22 pays composent le Parti de la gauche européenne. Une impression de mosaïque renforcée par la présence de deux partis membres du PGE dans quatre pays: l’Allemagne, la Belgique, la République Tchèque, l’Italie. L’Espagne y compte même trois forces politiques : le parti communiste, la Gauche unie et le parti régional catalan Unité et alternative de gauche.
Cette diversité met en relief les divergences dans la pensée marxiste européenne, vingt ans après la chute du mur de Berlin.
Premier exemple en Allemagne, où les communistes du DKP accusent Die Linke d’abandonner la révolution prolétarienne pour une tiédeur social-libérale. «Nous sommes un parti révolutionnaire, insiste Heinz Stehr, président du DKP. Nous voulons abolir le capitalisme. Pour cela nous nous référons au communisme scientifique décrit par Karl Marx avec notamment la nationalisation totale de tous les moyens de production». Die Linke, né en 2007, est issu d’une scission du SPD mené par Oskar Lafontaine à laquelle se sont ajoutés les anciens communistes de la RDA.
Des «staliniens grecs»
En République Tchèque, le parti communiste de Bohême-Moravie (KSCM) refuse toute compromission avec le capitalisme. Il fustige l’attitude du parti du socialisme démocratique (SDS) et le pragmatisme de son président, Milan Neubeurt. Celui-ci explique : «Je suis un communiste orthodoxe. Mais l’UE est d’essence capitaliste, c’est un fait. Maintenant, c’est à nous d’être prêts pour un changement; car l’histoire nous montre que chaque système est voué à disparaître.» Son homologue du KSCM, Filip Vojtech, milite pour la «création de passerelles avec les partis communistes totalement absents du PGE, comme le PC grec et portugais.» Ces deux partis, aux convictions idéologiques ultra-orthodoxes en matière économiques et sociales, refusent de siéger dans une organisation dont certains membres se sont alliés au niveau national pour former un gouvernement.
Pour le représentant grec du PGE, Synaspismos, alliance de plusieurs mouvements de la gauche radicale, pas question de rejoindre la position extrême du parti communiste grec : «C'est le seul parti européen à vouloir remettre le stalinisme au goût du jour ! s’étrangle le jeune chef de parti, Alexis Tsipras. L’ennemi c’est la politique néo-libérale. Alors s’il faut faire des alliances avec les sociaux-démocrates pour peser dans le débat, pourquoi pas...»
Les Italiens se déchirent sur le rôle de l’Etat
Côté italien, les membres du parti des communistes italiens (PdCI) et du parti de la refondation communiste (PCR) on ne refuse pas la discussion mais de là à fusionner, il y a un pas de géant. La raison de cette méfiance ? La place à donner à la construction européenne. Le PdCI, créé en 1998 après une scission au sein du parti de la refondation communiste, veut d’abord renforcer le poids communiste en Italie avant de songer à l’échelle européenne: «Nous n’avons plus de députés de gauche au Parlement, socialistes ou communistes, souligne Cinzia Plazzolo, responsable des questions européennes dans le PdCI. Une union avec nos partenaires de Rifondazione (PRC) est donc primordiale à l’intérieur des frontières italiennes».
Pour Fabio Amato, du bureau exécutif du PCR, l’Etat n’est plus la base pertinente pour lutter contre l’économie de marché. «Chaque pays a sa spécificité mais l’ultra-libéralisme sévit partout en Europe avec la même force. Ce premier programme commun est un grand pas en avant. Ce qu’il faut c’est construire l’Europe depuis l’intérieur des institutions de l’UE. Pour cela, le PGE doit devenir une vraie force politique et pas seulement une simple coordination de partis.»
Les réformistes majoritaires au PGE
En France, les couleurs du PGE sont portées aujourd’hui par le PCF. Le Parti de la gauche de Jean-Luc Mélenchon et de Marc Dolez s’est déclaré favorable à une liste commune avec le parti de Marie-George Buffet pour les prochaines échéances européennes. Mais la LCR ne veut pas entendre parler du PGE: «Nous n’avons rien à faire avec une organisation composée de partis qui passent des alliances pour obtenir le pouvoir», explique l’ancien dirigeant trotskiste, Alain Krivine.
Le 29 novembre dernier, toutes les sensibilités du parti de la gauche européenne se sont retrouvées au cinéma Babylon, dans la partie est de Berlin, pour rendre publique leur plateforme électorale. Ce programme «a minima», selon Milan Neubert, porte le sceau des mouvements réformistes, majoritaires au sein de l’europarti (18 députés sur 29), menés par Die Linke.
La dénonciation de la crise financière, qui a dominé les débats ce jour-là, a servi de ciment à la gauche radicale sans régler pour autant les aspérités idéologiques. Malgré ces dissensions fortes, les délégués du PGE ont repris en chœur l’Internationale à la fin de leur conférence sur les élections européennes. Mais il s’en est fallu de peu. Au moment d’enfiler les manteaux pour quitter le cinéma Babylon, un permanent du parti se saisit du micro : «Attendez, attendez! nous avons oublié quelque chose». Quelques instants plus tard retentit l’hymne des communistes.
Mathieu Galtier, à Berlin
Certains le voyaient déjà mort après l'éclatement de l'UDF. Mais lors de son congrès, début décembre, le parti démocrate européen a confirmé l’alliance franco-italienne qui a inspiré ses origines. Il a de plus la quasi-certitude d’être présent dans la future commission européenne.
Près de 600 000 euros de budget en 2008. Moins de 400 000 euros dépensés au 31 novembre, en majorité en frais de déplacement et de représentation. Comme tous les ans depuis sa création en 2004, le parti démocrate européen (PDE) n’a pas réussi à dépenser tout son budget. «Comme tous les ans, nous devons en rendre une partie au Parlement», se désole l’Italien Luigi Lusi, le trésorier.
Le problème est sans mystère : le parti n’existe que sur le papier. Pas de permanents, un site internet jamais actualisé, un numéro de téléphone que tout le monde a oublié. Difficile dans ces conditions de dépenser un budget, nourri à 85% par les subventions du Parlement européen.
À la tête du frêle esquif, deux présidents. François et Francesco. Bayrou, le Français du Modem, et Rutelli l’Italien, ancien chef de la Margherita, parti de centre-gauche italien. Dans sa quatrième année d’existence, le parti européen a connu deux crises majeures, provoquées par les louvoiements nationaux de ses deux grands partis fondateurs. L’UDF s’est disloquée à la création du MoDem, en mai 2007. Certains eurodéputés de l’UDF ont quitté les rangs des démocrates européens en quittant ceux du MoDem, comme Jean-Marie Cavada. L’ancien président de la commission des libertés -poste dont il a démissionné depuis- est aujourd’hui rallié au parti européen des libéraux, démocrates et réformateurs pour l’Europe (ELDR), associé au PDE dans le même groupe du centre, l’ADLE!
Les Italiens éclatés
Côté italien, la Margherita s’est alliée en octobre 2007 aux Démocrates de gauche, pour former le grand Partido Democratico. Ce rapprochement a bien failli coûter la vie au PDE. L'ancrage européen du nouveau parti italien, regroupant la gauche et le centre sous un même toit, posait problème : devait-il s’allier avec les socialistes européens, ou avec les centristes du PDE ?
Pour Sandro Gozi, vice-secrétaire -italien- du PDE, «la question n’est pas encore tranchée officiellement. Mais il est sûr que nous restons au PDE». En pratique, le grand parti italien devrait se dégrouper en deux europartis, le parti socialiste européen et le PDE, comme c’est déjà le cas dans les faits depuis 2007.
Pour la députée lituanienne Ona Jukneviciene, la cause principale de la faiblesse du PDE ne fait aucun doute. «Les problèmes rencontrés au niveau national nous ont handicapé au niveau européen. Chez les Français, les Italiens, et même dans mon propre parti en Lituanie : lors des dernières élections, nous sommes passés de 30 sièges à 10 sièges dans notre parlement national.»
En état végétatif pratiquement depuis sa création, le PDE s’est donc réveillé à son congrès des 4 et 5 décembre 2008. Toujours pas de structures, mais un programme commun: une résolution, autour de laquelle les Français, les Italiens et leurs partenaires entendent enfin démarrer la machine. «C’est difficile de construire un parti en partant de rien, affirme Sandro Gozi. Mais je pense que nous réussirons à nous organiser.»
Un nouveau groupe ?
Parmi leurs propositions, les démocrates européens plaident notamment pour pour une plus grande intégration du budget militaire, ou pour rendre le programme Erasmus obligatoire. «Nous voulons bâtir l’Europe en nous fondant sur ses succès, explique le vice-secrétaire. Nous voulons aussi qu’il y ait un référendum à l’échelle de l’Union pour chaque modification du traité.» Des propositions qu’ils veulent démarquées de celles des autres partis, «car il y a un créneau pour nos idées politiques, affirme la députée lituanienne. Nous ne devons pas rater cette occasion.»
Le parti n’exclut pas, à terme, de créer son propre groupe au Parlement. L’idée circule en tout cas parmi ses membres. «Il y aura un nouveau congrès en juin après les élections européennes, c’est là seulement que nous prendrons la décision», tempère Francesco Rutelli. Le parti espère aussi pouvoir prendre pied dans les autres institutions de l’Union : Milan Urbani, membre du parti slovaque HZDS, affilié au PDE, serait déjà assuré d’être le commissaire Tchèque. «Avoir un commissaire est essentiel pour nous, estime Yannick Laude, responsable de la communication du parti. Ne serait-ce que pour savoir ce qui s’y passe.»
Un intérêt national
Les démocrates européens verraient bien rejaillir leur nouvelle influence sur leurs scènes politiques nationales. «L’échec du socialisme conduit à penser qu’il faut un nouveau modèle, le modèle démocrate pour le monde», estime François Bayrou. Pour le monde et pourquoi pas pour la France. Le président du MoDem est d’ailleurs soutenu par ses collègues, qui le voient volontiers président de la République française en 2012. «Nous voulons présenter un candidat à la présidence de la commission, mais ça ne sera pas Bayrou. Il est plus important pour nous d’avoir un Président français PDE, c’est à dire d’avoir un membre du conseil européen», confirme Sandro Gozi.
Olivier Devos, à Bruxelles
Simon Hix, professeur de politique européenne comparée à la London School of Economics and Political Sciences explique à quels signes on reconnaît la politisation des institutions qui est en cours.
«Ces dernières décennies voient la politisation progressive des institutions européennes. C'est très évident au Parlement européen où les votes se font clairement selon des divisions idéologiques. Mais c'est aussi vrai au Conseil et dans les relations entre le Parlement, le Conseil et la Commission.
Ce que les recherches sur les votes au Conseil ont commencé à montrer, c'est que les divisions entre ses membres obéissent de plus en plus à un clivage gauche / droite et plus seulement à la géométrie des positions nationales. Cela ne veut pas dire que les Britanniques ne défendent plus les intérêts britanniques ou que les Français ne défendent plus les intérêts français. Cela veut dire qu'un gouvernement socialiste français se comporte différemment au Conseil d'un gouvernement conservateur français ou un qu'un gouvernement travailliste anglais se comporte autrement que ne le ferait un gouvernement conservateur anglais. Ce n'est pas si surprenant quand on y réfléchit.
Maintenant que l'Union européenne est construite, les grands choix portent sur la réglementation ou la déréglementation du marché unique, la politique monétaire, le commerce, les migrations ou la justice et les affaires intérieures. La majorité de ces sujets divise sur des lignes partisanes autant que nationales. Ainsi, naturellement, un homme politique siégeant au Conseil et appartenant à un certain pays, un certain parti politique, aura les mêmes positions que quelqu'un d'un autre pays mais du même bord politique.
L'élargissement de l'Union a accentué ce processus de politisation
La politisation de la Commission commence, elle, clairement avec la Commission Santer. Il a été le premier président de la Commission a faire l'objet d'un vote d'investiture par le Parlement européen en juillet 1994. Et là, on a vu une fracture nette. Les socialistes et les libéraux ont voté massivement contre lui. C'est une coalition de centre-droit qui l'a élu avec le soutien de deux partis socialistes au pouvoir à l'époque : les Danois et les Espagnols.
Dès le départ, Santer a donc été vu comme un politique. C'était la première fois qu'un président de la Commission était appréhendé comme issu d'un choix politique de la majorité au Conseil. Au cours de cette mandature, les socialistes, les Verts et la gauche radicale s'érigent progressivement en quasi-opposition à la Commission. Et quand le Parlement européen a l'opportunité de mettre en cause la Commission pour des soupçons de corruption, l'attaque est menée par la gauche. Finalement, la Commission Santer démissionne la veille d'un vote de confiance du Parlement qui aurait clairement montré l'existence d'une majorité de centre-gauche en faveur d'une motion de censure face à une minorité de droite tentant de protéger la Commission.
L'inverse se produit avec Prodi. Pour la première fois, la Commission est majoritairement de centre-gauche, en terme d'affiliation des Commissaires. Le groupe socialiste commence à se comporter comme un parti de gouvernement en position minoritaire au Parlement. Presque tout ce que la Commission propose, les socialistes le soutiennent et le PPE s'y oppose.
Aujourd'hui, avec Barroso, c'est le contraire. La Commission, dominée par le centre-droit, est appuyée par le centre-droit du Parlement et c'est la gauche qui ne l'aime pas.
L'élargissement de l'Union a accentué ce processus de politisation car plus il y a d'euro-députés, plus il y a de gouvernements au sein du Conseil et plus il y a de commissaires, plus les institutions se mettent à fonctionner comme des institutions politiques normales plutôt que comme des organes intergouvernementaux.»
Propos recueillis par Clarisse Briot
Retour sur le parcours du président, entre positionnement pro-européen à Bruxelles et souverainisme au pays.
2004
Tout nouveau ministre de l’Economie, Nicolas Sarkozy piétine des règles de la concurrence européenne et parvient à faire plier la Commission : l’État français achète 21% d’Alstom, le constructeur du TGV. Plus tard, Sarkozy raconte: « Pour sauver Alstom, j'ai dû me rendre à quatre reprises devant la commission européenne. Elle aurait dû m'aider, pas me combattre. » Les partenaires européens apprécient peu. Mario Monti, alors commissaire à la Concurrence, écrit en 2007 : « L'Europe n'est pas une entité sadique, qui demande des sacrifices inutiles et arbitraires. Aucun État membre n'a besoin de héros pour le sauver des agressions de la Commission ».
8 septembre 2006
À Bruxelles, Nicolas Sarkozy discourt devant la Fondation des Amis de l’Europe et la Fondation Robert Schuman. Conseillé par le député européen Alain Lamassoure et l'ancien commissaire européen Michel Barnier (PPE), le candidat officieux à la présidence de la France étonne: « Pourquoi ne pas avoir l’audace de réfléchir à une sorte de saut conceptuel, consistant à confier la composition de la Commission à son président ? », suggère-t-il. Autrement dit, il propose de désaisir les chefs de gouvernement de leur prérogatives. Il se déclare par ailleurs favorable à la mise en place d’un impôt européen.
2006-2007
Nicolas Sarkozy se rapproche du souverainiste Henri Guaino, qui devient après la présidentielle son conseiller spécial. Ce dernier a soutenu Charles Pasqua en 1992 dans son combat pour le « non » au traité de Maastricht. « Avec l’arrivée de cette "plume", Nicolas Sarkozy changea de style et de propos », estime Florence Autret dans le livre Sarkozy à Bruxelles.
18 décembre 2006
Dans un discours de campagne, le candidat de l’UMP affirme : « L’Europe était une volonté politique. La volonté politique s’est diluée dans la bureaucratie. L’Europe était une exigence. L’exigence s’est dissoute dans la gestion. L’Europe était un projet. C’est devenu une machine. » Il ajoute : « Il n’y a pas un pays au monde où la Banque centrale ne dialogue pas avec le gouvernement. L'indépendance est une chose. Le refus du dialogue en est une autre. On ne peut pas continuer comme cela ! »
Juillet 2007
François Fillon, Premier ministre fraîchement nommé, annonce le report de 2010 à 2012 de l’objectif d'équilibrer le budget français. Les partenaires européens, au premier rang desquels le ministre allemand des Finances, s’insurgent.
13 novembre 2007
« J’ai toujours préféré la règle de la majorité à la règle de l’unanimité, explique Nicolas Sarkozy devant le Parlement européen. Et ce n’est pas un petit engagement de la part d’un Président français. » Il propose la création d’un « comité des sages » pour réfléchir à l’avenir de l’Europe.
19 janvier 2008
Devant les pêcheurs de Boulogne-sur-Mer, le président Sarkozy déclare : « La première chose [pour aider la pêche], c'est l'affaire des quotas : il faut qu'on en sorte ». L'accord sur les quotas a été signé par les 27, dont Michel Barnier, un mois plus tôt jour pour jour. Le ministre français de l’Agriculture et de la pêche avait annoncé qu'il serait appliqué avec une « totale intransigeance ».
10 juillet 2008
Premier adresse très politique de Nicolas Sarkozy, président du Conseil, au Parlement européen en session à Bruxelles. Il vient présenter les priorités de la présidence française : pacte énergie-climat, immigration, défense, etc. Son discours est apprécié dans les rangs de l’hémicycle; certains de ses positionnements, contre l’adhésion de la Turquie par exemple, ne font en revanche pas l’unanimité.
12 août 2008
Sans demander aucun mandat à ses homologues européens, Nicolas Sarkozy se rend à Moscou et Tbilissi après l’invasion de la Géorgie par la Russie. Il obtient un accord de cessez-le-feu au nom de l'Union. Son volontarisme est apprécié. La méthode est critiquée.
4 octobre 2008
Un sommet du G4 - les quatre pays européens du G8 - est convoqué à Paris par Nicolas Sarkozy. Objectif: définir une position commune face à la crise du crédit. Les vingt-trois autres pays de l'Union se sentent oubliés. Un responsable gouvernemental espagnol estime que le sommet est une « perte totale de temps ». Par la suite, Nicolas Sarkozy prend soin d'associer les 27 à son action. Le chef de l'Etat s'inspire du plan de sauvetage du premier ministre britannique Gordon Brown, définit avec les 27 la position de l'Union pour le G20 de Washington. Il propose aux gouvernements européens de coordonner leur action contre la récession, ce qu'ils acceptent sans aller jusqu'à adopter un plan commun.
12 décembre 2008
Adoption du pacte énergie-climat, plan contre la crise économique, relance du traité de Lisbonne avec l'organisation d'un nouveau référendum irlandais: le bilan du dernier Conseil européen sous présidence française est jugé positif. « La présidence française est un succès », admet Martin Schultz, le président du groupe socialiste au Parlement européen. S'adressant à Nicolas Sarkozy, il déclare: « Vous avez fait votre coming-out en vous révélant pro-européen ».
Christophe Zoia
Catherine Guy-Quint est coordinatrice de la commission des budgets et membre suppléante de la Commission des affaires économiques et monétaires. Elle a voté "oui" au référendum sur le traité constitutionnel.
«Ça a été un moment très douloureux. Pervenche Bérès et moi étions des complices au sens politique, bien qu'elle soit fabiusienne et moi rocardienne à l'époque. J'ai très mal vécu sa volte-face. On a réussi à conserver notre amitié parce que je lui ai dit : "on va faire des jokers et on ne reparlera jamais de ça". Lorsqu'on déjeunait, je faisais joker (elle lève la main d'un air jovial) ! On n'en a jamais parlé parce qu'on allait s'engueuler, et peut-être même se battre. Au PSE, le "non" nous a mis à l'écart au sein du groupe. Ça a été une perte de confiance évidente pour la délégation socialiste française. Et c'est dommage, parce que nous sommes 31 : c'est un groupe énorme. Le "non" a beaucoup pesé car à chaque fois que l'on se rencontrait, on ne pouvait pas parler de l'essentiel, sinon, on se tuait.»
Pervenche Bérès est présidente de la Commission des affaires économiques et monétaires. Elle a voté «non» au référendum sur le traité constitutionnel.
«La question du "oui" et du "non" au traité constitutionnel a divisé la délégation et a pesé dans notre capacité à exercer toute notre influence. Ça a été un moment difficile à vivre. Au sein de ma Commission des affaires économiques et monétaires, certains membres, socialistes ou non, ont trouvé malin de faire état dans les débats de ma prise de position. Ça ne m'a pas empêché d'exercer mes fonctions, quel que soit le dossier traité. Étant noniste, je n'avais pas la position la plus facile au sein de groupe parce qu'on était minoritaires et qu'il fallait résister. Je souhaite aux autres partis européens de faire l'exercice de conscience et de vérité qu'on a fait vis-à-vis de la construction européenne à l'occasion du référendum. Mais je ne dis pas que je le referai tous les jours...»
Pierre Manière et Anaëlle Penche, à Bruxelles
Qui est le plus influent en Europe? Sur le podium des meilleurs élèves, l’Allemand - quand il fait de l’Europe sa carrière- est sur la plus haute marche, suivi du Britannique et de l'Espagnol.
Au Parlement européen, l’influence d’une nationalité est d’abord déterminée par le nombre de ses représentants et leur concentration dans les groupes politiques qui comptent. Les Allemands, les plus nombreux au Parlement européen avec 99 députés, se repartissent entre cinq groupes politiques mais surtout chez les deux majoritaires, PPE-DE (49 députés) et PSE (23) et les Verts (13). «Ils sont très nombreux, mieux organisés donc présents partout et plus influents», remarque Nicolas Briec, conseiller politique au PPE. «Un eurodéputé allemand reste dix, voire vingt ans donc il s’investit énormément. Pour lui, c’est une carrière comme une autre, renchérit la Française Martine Roure, vice-présidente (PSE) du Parlement. Ce sont de vrais techniciens.»
Les Britanniques arrivent bons deuxièmes avec 78 députés dont une majorité au PPE-DE (28) et au PSE (19). Enfin, le gros des 54 Espagnols se répartit entre le PPE-DE et le PSE (24 chacun).
Pour une délégation nationale comme pour un groupe, le temps de parole, le droit d’initiative politique et la disposition de moyens techniques dépendent du nombre.«On ne peut pas s’organiser si on n’est pas assez nombreux, si on n’a pas assez de députés pour obtenir des fonds ou encore du personnel», confirme Timothy Kirkhope, député (PPE) anglais.
La guerre des premiers rangs en session plénière
L’autre enjeu du poids numérique est la répartition des postes-clés. Des postes qui donnent, symboliquement, à ceux qui les occupent l’accès aux premiers rangs en session plénière. Dans les 22 commissions et sous-commissions, les Allemands détiennent 5 postes de président et 27 coordinateurs, des rouages essentiels puisqu’ils suivent tous les dossiers d’une commission au nom de leur groupe. Les britanniques ont 2 postes de président et 23 de coordinateurs. Les Espagnols ont également 2 présidents de commission. «Les grosses délégations bien organisées comme les Allemands ou les Espagnols obtiennent presque tous les coordinateurs. Nous n’en avons aucun», regrette un député letton.
L'Allemagne discrète dans les europartis
Si l’Allemagne préside le Parlement et domine trois ses groupes clés, elle se fait plus discrète à la tête des europartis. Elle préside le PGE mais se contente de deux secrétaires généraux (PVE et AED), tout comme les Espagnols (ALE et PPE). Rien pour les Britanniques.
Le sens de l’organisation joue aussi. «A la SPD, notre interlocuteur est très efficace, explique Sandrine Bertin, chargée de coordonner les pays membres du parti PSE. Les Allemands sont très disponibles» et contribuent au bon fonctionnement du parti. Moins disponibles, les Britanniques, mais tout aussi efficaces. Peut-être parce qu’ils tirent profit de leur culture parlementaire, «semblable au parlementarisme européen, notamment en termes de stratégie, de négociation, d’influence, de lobbying», note Timothy Kirkhope, député (PPE) anglais. «Les Anglais sont un cran au-dessus, reconnaît un haut fonctionnaire du secrétariat général des Affaires européennes à Matignon (SGAE). IIs anticipent plus. Ce que l’on fait bien, eux le font très bien».
La culture fédérale et parlementaire
La structure fédérale de l'Allemagne est sans doute l'une des raisons pour laquelle les eurodéputés allemands se sentent plus à l’aise dans l’Union. Fédéralisme aussi chez les Espagnols. Dans les deux cas, la valorisation de la culture parlementaire est vécue comme un rempart contre le totalitarisme de sombre mémoire. Même valorisation du côté du Royaume-uni, mais sur fond d’une autre histoire : celle du service de la Reine. A l’inverse des premiers qui cherchent à peser sur chaque composante de la machine communautaire, les Britanniques font bloc autour de leur représentation permanente. De l’homme politique au fonctionnaire, ils défendent l’intérêt national.
Alexandra du Boucheron, à Bruxelles
Du MPF de de Gaulle à l'UMP de Sarkozy, en passant par Chirac, la droite conservatrice a mis 40 ans pour jeter pièce à pièce ses habits souverainistes aux orties.
De Gaulle côté pile, tel qu'on le connaît: un souverainiste. Son action la plus symbolique est la «politique de la chaise vide». Pendant six longs mois de 1965, les Français sont absents de la table européenne. Objectif: conserver l'unanimité dans les décisions européennes. Car pour le général, «il ne peut pas y avoir d'autre Europe que celle des Etats». Autrement dit, la construction européenne ne doit pas empiéter sur la souveraineté française. La France est plus influente dans l’Europe, mais la France ne doit pas perdre ses capacités de décision.
De Gaulle, côté face, c'est un européen convaincu. L'Europe facilite, à ses yeux, la réconciliation franco-allemande. La mise en place d’un marché commun doit aussi permettre à l’industrie française de se moderniser, selon le général. La politique agricole commune ne peut que profiter aux paysans français. Le président espère aussi que l’Europe devienne une « troisième force », dans ce monde polarisé entre les Etats-Unis et l’URSS. De Gaulle veut une « Europe européenne », c’est-à-dire indépendante des Américains. D'où son veto à l’entrée des Britanniques dans le marché commun, le président estimant que le Royaume-Uni est trop lié aux Etats-Unis. Il faudra attendre l'élection de Georges Pompidou pour voir le Royaume-Uni adhérer à la CEE.
La mutation de Jacques Chirac
Le président libéral et pro-européen Valéry Giscard d’Estaing nomme Jacques Chirac Premier ministre en 1974. Deux ans après, le torchon brûle entre les deux leaders. Chirac démissionne et crée le Rassemblement pour la République (RPR). Il revendique l’héritage de de Gaulle et lance en 1978, à la veille des premières élections au suffrage universel direct, l’appel de Cochin, violemment anti-européen. « Tout nous conduit à penser que, derrière le masque des mots et le jargon des technocrates, on prépare l'inféodation de la France », estime celui qui était alors Maire de Paris. L’UDF est dénoncé comme « le parti de l’étranger ».
« L’appel de Cochin est un acte de politique intérieure », explique Jean-Claude Gaudin. Chirac utilise la question européenne pour se différencier de l’UDF. Gaudin poursuit : « Et c’est un flop ». Aux élections européennes de 1979 la liste de Chirac arrive en quatrième position, avec 16% des voix. Au Parlement européen, ses 15 élus forment le noyau dur du très nationaliste Groupe des Démocrates Européens de Progrès (DEP).
Derrière Mitterrand et Giscard à la présidentielle de 1981, Chirac change alors de stratégie. Le positionnement eurosceptique du RPR n’est pas payant électoralement. En plus, UDF et RPR ont désormais un adversaire commun : le pouvoir socialiste. Aux européennes de 1984, les « meilleurs ennemis » présentent une liste commune, conduite par Simone Veil, qui obtient 42,9% des voix. Chirac a lissé son discours sur l’Europe. Mais à Strasbourg, UDF et RPR font bande à part. Les premiers rejoignent les libéraux de l'ELDR; les seconds restent dans leur bastion nationaliste, rebaptisé Rassemblement des Démocrates européens (RDE).
En 1986, après les élections législatives remportée par son parti, Chirac est nommé Premier ministre de Mitterrand. Le député UMP Hervé Mariton relève: « La responsabilité assumée par le RPR l'oblige à se convertir à l'idée européenne. Quand vous êtes au pouvoir, vous êtes obligés de jouer le jeu européen.»
Maastricht s’invite
1988 : c’est la deuxième défaite de Chirac à l’élection présidentielle (avec 46% des voix au deuxième tour). Les dissensions se font jour au RPR. Avec comme point d’orgue les discussions sur le traité de Maastricht en 1992. Après une longue hésitation, le président du RPR choisit un « oui sans enthousiasme mais sans état d’âme ». Mais le RPR ne donne pas de consigne de vote. Alain Juppé et Edouard Balladur choisissent le Oui. Philippe Séguin et Charles Pasqua se lancent dans la campagne contre le traité. La moitié des militants du RPR glissent dans l'urne un bulletin « non ». Après une campagne rude, le traité est adopté avec 51% des voix.
Une date clé, selon le député UMP Thierry Mariani:
«Certains disent que Chirac est devenu pro-européen par conviction, d’autres parce que c’était indispensable pour devenir président», souligne le député du Nouveau Centre Charles de Courson. Chirac est élu à l'Elysée en 1995. La même année à Strasbourg, le RDE, où siègent les élus du RPR, fusionne avec Forza Italia et devient le groupe Union pour l'Europe (UPE). L’influence des souverainistes Pasqua et Séguin reste forte. Ce dernier arrache même la présidence du RPR en 1997. On est alors en plein débat sur le traité d'Amsterdam. Séguin ne se prononce pas sur le traité; Pasqua demande un référendum : « Que serait le RPR, issu du gaullisme, s'il ne défendait pas la souveraineté nationale? »
De la débâcle à l'Union
Pasqua n'obtient pas gain de cause et quitte le RPR. Aux élections européennes de 1999, il se présente avec Philippe de Villiers contre la liste de l'Union pour l'Europe menée par Nicolas Sarkozy, regroupant RPR et Démocratie Libérale. Ils la devancent. Pour Pasqua, c'est une victoire, mais à l'extérieur du RPR.
C'est le dernier coup d'éclat des eurosceptiques, largement aidés par la défection de la tête de liste RPR Philippe Séguin. «A partir de ce moment-là, Pasqua et Séguin ne jouent plus des rôles de premier plan dans le parti», souligne Thierry Mariani. Les souverainistes ont perdu la bataille au sein du mouvement néo-gaulliste.
D'autant plus que le débat s’engage pour former un parti rassemblant toutes les forces de la droite, des centristes aux conservateurs. La coalition électorale des européennes 1999 montre la voie: à Strasbourg, UDF et RPR se regroupent au sein du Parti Populaire européen (PPE).
L’Union pour la majorité présidentielle, qui deviendra l’Union pour un mouvement populaire, est créée en 2002. UDF et RPR, qui s’opposaient sur la construction européenne, sont désormais ensemble au sein de l’UMP. Une coalition hétéroclite, rappelle Thierry Mariani.
Restent au sein de l'UMP quelques voix dissonnantes. Nicolas Dupont-Aignan, ancien de l'UDF qui se veut l'héritier des valeurs du Général, se présente à la présidence de l'UMP contre Alain Juppé. Battu (avec 15% des voix), il crée son courant «Debout la République» en 2003 et quitte l'UMP début 2007. «Il y a encore quelques archéos anti-européens à l’UMP, mais notre parti est avant tout pro-européen», assure le député Claude Goasguen. L'UMP s'ancre dans le PPE. Depuis 2004, à Strasbourg, la droite souverainiste n'est plus représentée que par Philippe de Villiers.
Christophe Zoia, à Paris
L’année européenne 2009 sera politique. Elle sera partisane et concurrentielle.
« La politique doit être de retour en Europe. Et faire de la politique c’est proposer des choix », déclarait Nicolas Sarkozy (PPE) le 16 décembre dernier aux parlementaires européens, lors du discours de clôture de sa présidence hyper-active du Conseil. Dix europartis, fédérations de partis nationaux, s'activent déjà à le prendre au mot. Leur objectif immédiat est d’affermir leurs prises sur les ressources institutionnelles de l'Union par le scrutin parlementaire de juin. Ensuite, charge à eux de délivrer aux électeurs les politiques qu'ils ont choisies. Dans leur ligne de mire : janvier 2010 et la présentation par le nouveau président de la Commission européenne de son programme législatif pour cinq ans. Entre ces deux moments clefs, un écueil, dressé par le Conseil européen du 12 décembre : le deuxième référendum irlandais sur le traité de Lisbonne, prévu pour l’automne prochain, auquel l'avenir institutionnel de l'Union est suspendu.
Des europartis en quête de légitimité
Apparue discrètement sur la scène officielle de l'Union en 2004, cette nouvelle génération de machines politiques entend réconcilier les citoyens avec l'Europe, en leur parlant un langage qu'ils connaissent depuis cent cinquante ans, celui des clivages qui font s'affronter les grandes familles dans un combat démocratique d'où sortent périodiquement des vainqueurs et des vaincus.
Désormais, les clivages seront transnationaux, pour autant que les partis nationaux acceptent de jouer le jeu. La dynamique de politisation bouscule l’idée selon laquelle l’Union européenne fonctionne avant tout au consensus. Mais les temps ont changé. Le projet du marché unique, sur lequel la Communauté s’est édifiée, est désormais achevé. L'architecture est là, couronnée par une monnaie. Comment l'habiter? Les choix qui attendent l’Union s’appellent désormais sécurité énergétique, réforme des marchés financiers, défense, immigration, nouvelle donne économique et sociale. Le cœur même de ce qui relevait, hier, de la politique nationale.
Une politisation sur fond de crise
Sur toutes ces questions, ouvertes aux vents d’une mondialisation en crise, l’année 2009 sera décisive. Dès le 21 janvier prochain, les rapports avec les Etats-Unis seront à réinventer. Le 2 avril, la réunion du G20 à Londres sera une première étape vers un nouvel ordre financier mondial. Le lendemain, au sommet du soixantenaire de l’Otan, à Strasbourg et à Kehl, l'UE réévaluera son rôle dans la sécurité internationale. Et le 18 décembre à Copenhague, 20 ans après la chute du mur de Berlin, le sommet de l’après Kyoto nous dira si une troisième révolution industrielle est en marche. Le tout sur fond d'une récession aux effets imprévisibles, qui ébranle les fondations sur lesquelles le consensus européen s'est construit: toujours plus de libéralisme économique a cessé d'être la formule du compromis acceptable. Le pari d'une refondation politique dans la tempête n’est pas gagné pour les europartis, qui cumulent les handicaps. Dépourvus de visage, ils vont devoir se déployer et manifester leur présence au Parlement, à la Commission, et au sein même du Conseil européen face à des citoyens qui ignorent jusqu'à leur nom. Il est pourtant trop tard pour reculer. Les europartis sont en mouvement.
Emilie Salvaing
Votewatch.eu, le site de référence sur l'activité des parlementaires européens
Simon Hix, professeur de politique européenne comparée à la London School of Economics and Political Sciences est notamment l'auteur du livre « What's wrong with the European Union and how to fix it » (Polity Press, 2008). Il revient sur les grandes étapes de la formation des partis politiques européens.
« La première étape remonte au milieu des années 50, quand le Parlement européen se réunit pour la première fois dans ce qui s'appelle à l'époque l'Assemblée des communautés européennes. Les premiers députés décident de se rassembler par groupes politiques transnationaux plutôt que par délégations nationales. C'est un événement historique : ils affirment ainsi leur volonté de siéger en tant que groupes politiques traversant les lignes nationales plutôt qu'en tant que députés français, allemands, italiens, etc. Voilà le point de départ. Ces formations s'établissent ensuite comme des organisations parlementaires avec chefs, groupes de travail, administrations, bref, tout ce qui accompagne la formation d'un groupe politique parlementaire.
Se rassembler en familles politiques paneuropéennes
Étape suivante: la décision de tenir des élections au suffrage universel pour le Parlement européen. Auparavant, les eurodéputés étaient des délégués des parlements nationaux, nommés par eux. Les premières élections européennes se déroulent en 1979. Pendant leur préparation, les partis politiques nationaux décident de se rassembler en familles politiques paneuropéennes pour coordonner leur campagne électorale. Certains attendent de ces élections qu'elles marquent le début de la démocratie à grande échelle en Europe. Les groupes politiques du Parlement deviennent alors les branches parlementaires de ces partis transnationaux. A cette époque, il en existe trois : les libéraux, les socialistes et le Parti populaire européen qui est une coalition de nombreux partis démocrates-chrétiens. Mais après les élections de 1979 et de 1984, il apparaît très clairement que l'on n'aboutira pas spontanément à la création de partis politiques européens d'envergure. Et cela parce que les partis nationaux, bien qu'ils aient fondé ces organisations transnationales ou ces familles politiques, décident de ne pas mener campagne au plan européen. La tentation, pour eux, est trop forte de traiter ces élections comme un scrutin national à mi-parcours, donc de second ordre. Si bien que dans les années 80, les familles politiques entrent progressivement en stagnation. Plus rien ne se passe.
Naissance des sommets des leaders de partis
La fin des années 80 et le début des années 90, au moment du traité de Maastricht, marquent une troisième étape : la naissance des sommets des leaders de partis. Leur émergence se fonde sur l'idée que ces organisations transnationales peuvent fournir une enceinte utile aux chefs des partis nationaux pour peser sur l'agenda politique européen. A cette époque les chefs de gouvernement siégeant au Conseil européen ont mis la main sur cet agenda, qui comporte la réforme des traités, l'Union économique et monétaire, bref, tous les changements décisifs du début des années 90. Ces sommets de leaders deviennent pour eux le moyen de se rassembler en famille juste avant les réunions du Conseil européen, de discuter entre eux – leaders socialistes d'un côté, leaders du PPE de l'autre - et d'essayer de coordonner leurs positions.
Résumons : d'abord des partis au sein du Parlement, ensuite les familles politiques qui se rassemblent pour mener la campagne des élections européennes et enfin ces sommets de leaders de partis. Ce à quoi nous assistons aujourd'hui ressemble à une séparation entre les groupes politiques du Parlement européen, très puissants, et les partis transnationaux, qui se coordonnent vraiment autour des sommets de leaders. »
Propos recueillis par Clarisse Briot
Dès janvier, un nouveau parti, crée dans la foulée du "non" au traité de Lisbonne exprimé par l'Irlande le 12 juin 2008, devrait se voir reconnu par l'Union. L'Alliance des démocrates indépendants européens (Adie), elle, disparaîtra le 31 décembre.
Declan Ganley a décidé de voir les choses en grand. Cet homme d'affaires irlandais a largement financé et mené la campagne contre l'adoption du traité de Lisbonne sur son île natale. Fort de sa victoire, il a déposé fin octobre une demande de subvention auprès de la direction générale (DG) des finances du Parlement européen pour faire reconnaître Libertas, jusqu'ici simple bannière nationale, comme nouvelle force politique au niveau européen. Au même moment, l'Adie, créé par des euro-députés souverainistes et labellisé europarti en décembre 2006, choisissait de jeter l'éponge. Il était dirigé par les élus européens du MPF (Mouvement Pour la France).
De Villiers, figure de proue de Libertas
Selon sa secrétaire générale, Virginie Filippazzo, l'Adie n'avait plus les moyens de conserver son statut après le refus des partis nationaux membres de déléguer leurs pouvoirs à un organe supranational. Concrètement, il ne respectait plus la règle selon laquelle un parti européen doit compter des partis membres affiliés dans au moins sept pays de l'Union. Il sera donc dissous le 31 décembre. Parmi ses anciens chefs, Philippe De Villiers, qui mènera la campagne européenne de Libertas en France. Chaque année,les europartis qui souhaitent être reconnus par l'Union et bénéficier ainsi de ses subventions doivent répondre à un appel d'offre du Parlement. La date limite de dépôt des dossiers était fixée au 1er novembre 2008. Dix candidats y ont participé, le même nombre que l'année précédente. Neuf sollicitaient leur renouvellement. Libertas est le seul nouveau postulant enregistré par la DG finances. L'organisation pourra prétendre officiellement au titre d’europarti lorsque le Bureau du Parlement aura vérifié la conformité de son dossier aux critères établis par le règlement de 2003. Verdict le 2 février 2009.
Pauline Ringenbach
Pour aller plus loin : le règlement du 18 décembre 2007 relatif au statut et au financement des partis politiques au niveau européen
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit. Nulla sit amet tortor quis metus suscipit blandit sed in dolor. Etiam porttitor at magna ac dapibus. Nam cursus est et porta aliquam. Aliquam erat volutpat. Ut et ipsum eleifend, ultricies lacus et, semper arcu.
Quisque tincidunt, diam in mollis adipiscing, tellus arcu consectetur massa, eget vulputate ipsum tellus volutpat sem. Sed et massa quam. Aenean a magna iaculis, fermentum quam sed, hendrerit lorem. Nam tincidunt, neque quis ultricies eleifend, dui nibh suscipit dui, eu consequat magna leo eu neque. Nullam ac metus ac nulla tempus porta a a turpis. Aliquam erat volutpat. Pellentesque sodales lacus a est commodo, vitae semper erat accumsan. Praesent pellentesque mauris vitae convallis tristique. Cras hendrerit urna ac aliquet ultrices
Quisque tincidunt, diam in mollis adipiscing, tellus arcu consectetur massa, eget vulputate ipsum tellus volutpat sem. Sed et massa quam. Aenean a magna iaculis, fermentum quam sed, hendrerit lorem. Nam tincidunt, neque quis ultricies eleifend, dui nibh suscipit dui, eu consequat magna leo eu neque. Nullam ac metus ac nulla tempus porta a a turpis. Aliquam erat volutpat. Pellentesque sodales lacus a est commodo, vitae semper erat accumsan. Praesent pellentesque mauris vitae convallis tristique. Cras hendrerit urna ac aliqu
Quisque tincidunt, diam in mollis adipiscing, tellus arcu consectetur massa, eget vulputate ipsum tellus volutpat sem. Sed et massa quam. Aenean a magna iaculis, fermentum quam sed, hendrerit lorem. Nam tincidunt, neque quis ultricies eleifend, dui nibh suscipit dui, eu consequat magna leo eu neque. Nullam ac metus ac nulla tempus porta a a turpis. Aliquam erat volutpat. Pellentesque sodales lacus a est commodo, vitae semper erat accumsan. Praesent pellentesque mauris vitae convallis tristique. Cras hendrerit urna ac aliqu
Alain Juppé: "Bachar El Assad tombera"Page suivante