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Saliou Faye

Le traité de Lisbonne portait le projet d'un affrontement des candidats à la présidence de la Commission, brandissant chacun la bannière d'un europarti tout au long de la campagne. Démotivés, les partis hésitent à adouber leur candidat.

Des panneaux électoraux qui affichent en gros plan le visage de José Manuel Barroso dans les 27 pays de l’Union. Et le slogan : « Si vous soutenez le PPE, vous soutenez aussi la candidature de Barroso à la tête de la Commission ». A côté, une affiche du PSE montrant le danois Rasmussen, ou encore Daniel Cohn-Bendit sur le panneau des Verts européens. Voilà à quoi pourrait ressembler la campagne pour les législatives européennes de juin 2009. 
L’idée que chaque famille politique présente un candidat pour le poste de Président de la Commission pendant la campagne législative a été pour la première fois formulée par Jacques Delors en 1998. Son objectif était de proposer aux Européens des personnalités qui incarnent des choix politiques clairs sur les enjeux de l’Union, et d’asseoir la légitimité de la nouvelle Commission par un choix des électeurs entre plusieurs concurrents.

Le Conseil européen dépossédé de son monopole

Tout, depuis 2004, est en réalité en place pour que ce scénario soit réalisable en 2009. Le Conseil européen, depuis l'entrée en vigueur du traité de Nice, arrête la désignation du président de la Commission à la majorité qualifiée avant de le soumettre au vote du Parlement. Or en 2004 le PPE, arrivé en tête, avait exigé que ce candidat soit issu de ses rangs. Cette condition préalable avait conduit les chefs d'Etat et de gouvernement à proposer José Manuel Barroso (PPE) aux suffrages du Parlement.

L'alibi irlandais

Le traité de Lisbonne ne fait que codifier cette pratique qui rend visible la couleur politique du président de la Commission, et le rôle déterminant des élections européennes dans sa désignation. Il précise désormais que le président de la Commission est "élu" (et non plus "approuvé") par le Parlement. Du coup, il incite ouvertement à faire de son élection l'enjeu central de la campagne électorale, ce qui revient à déposséder le Conseil européen de son droit de nomination au profit des europartis, et à donner aux électeurs celui de trancher.

Depuis des mois, les partis politiques européens sont donc à la recherche de candidats potentiels pour ce poste clé de l’Union, mais le « non » irlandais a douché leur enthousiasme. 
Les états-majors des europartis hésitent devant un geste dont ils font valoir qu'ils pourrait être perçu comme une provocation par les opposants au traité. Derrière cette excuse officielle, des préoccupation plus boutiquières.

Pour le PPE, la position officielle est simple: "Il y a un consensus sur la candidature Barroso dans le parti", explique Wilfried Martens, président du PPE. Si elle n'est pas encore formalisée, c'est parce que l’intéressé hésite encore.
 En réalité, admet-on au siège du parti, si l'ancien premier ministre portugais prend son temps, c’est que sa réelection à la tête de la Commission est loin d’être assurée. "Barroso est confiant de passer l’étape du Conseil européen : le PPE y détient la majorité qualifiée et les chefs d’Etat apprécient l’action du président sortant qui ne leur a pas fait d’ombre", confie un proche de la direction de l'europarti. "Mais la majorité absolue du Parlement européen n’est pas acquise. Il a un bilan très moyen, et selon moi, il rassemblerait à peine 40% des voix s’il se représentait devant les députés. Le problème c’est que le PPE n’a pas beaucoup d’autres options". Alain Lamassoure, eurodéputé PPE ajoute de son côté "le seul qui pourrait concurrencer Barroso au PPE c’est Jean-Claude Juncker, le premier ministre luxembourgeois et président de l’Eurogroupe, mais il n’est pas intéressé".



La gauche divisée sur son choix



Les autres partis, PSE (parti socialiste européen) en tête, tardent à décider d'une position. Pour Martine Roure, députée socialiste européenne et vice-présidente du Parlement, "les élus socialistes seraient prêts à lancer un candidat, mais il faut se mettre d’accord sur un nom". Le seul "présidentiable" semblerait être le danois Rasmussen, actuel président du parti. Mais il aurait refusé l’offre pour ne pas sacrifier son avenir politique au Danemark.

Autre problème du PSE: les socialistes se positionnent différemment sur ce sujet selon la situation politique qu’ils occupent dans leur pays. Les Allemands, au pouvoir dans une coalition avec la CDU, sont réticents à voir un affrontement entre un candidat de gauche et un candidat du PPE, qui attiserait les tensions entre socialistes et CDU en Allemagne.

Le parti des Verts européens lui, choisit de faire profil bas. "Nous sommes la quatrième force du parlement, et nous ne sommes pas vraiment légitimes à présenter un candidat car on sait très bien qu’il ne sera pas élu", justifie Juan Behrend, secrétaire général du parti.



L'annonce qui pourrait changer la donne



Face à la réticence générale, les militants de l’Union des Fédéralistes Européens (UEF), reboublent l'intensité de leur campagne "Who’s your candidate ?"(Qui est votre candidat?), lancée il y a un an, afin de faire pression sur les europartis pour qu’ils nomment dès maintenant un candidat.

"Si les partis décident de présenter un candidat, c’est un pas de plus vers la supranationalité", argumente Henrik Kroner, président du Mouvement Européen, partenaire de la campagne. "C’est le moyen de politiser davantage les élections, et de rendre visible les clivages politiques." 
Au-delà des distributions de tracts aux abords des réunions des partis, les organisations pro-européennes ont cependant peu de moyen de pression sur les acteurs politiques. Et elles peinent à se faire entendre. 
Le PDE (Parti Démocrate Européen) de François Bayrou et Francesco Rutelli pourrait bien bousculer la donne. "Nous allons présenter la candidature d’une personnalité crédible, car nous sommes insatisfaits de la Commission sortante, et nous n’acceptons pas l’idée d’une reconduction automatique de son président", ont déclaré début décembre les deux co-présidents de l'europarti. 
Une annonce qui pourrait bien forcer la main des hésitants. Il suffit qu'un europarti se lance, pour que les autres soient soumis à une pression accrue pour présenter un candidat. Le président du groupe PSE, Martin Schultz, a déclaré que la décision de son parti serait définitivement arrêtée en février à l'issue de son Conseil.

Marie Regnier, à Bruxelles

 

 

Simon Hix est professeur de politique européenne comparée à la London School of Economics and Political Sciences. Il décrit les principales familles politiques dans l'Union européenne.

Le Parlement européen permet d'identifier cinq grandes familles politiques transnationales et des forces politiques atypiques. 
Le plus grand groupe au Parlement est le Parti populaire européen, qui est une coalition de démocrates chrétiens et de conservateurs. Le principal parti de centre-droit de la plupart des pays européens siège au sein de cette famille.

Au centre gauche on trouve les socialistes ou les sociaux-démocrates – les termes sont interchangeables. Ils sont plus cohérents que le PPE car ils forment une alliance moins lâche. Chaque pays en Europe, sauf peut-être en Europe centrale et orientale, a un parti qui s'y intègre bien.

Entre les deux, on trouve l'Alliance des libéraux et des démocrates pour l'Europe, qui est en gros une coalition de libéraux sur le plan social et économique. Certains de ses membres se situent à gauche, comme les libéraux démocrates britanniques, d'autres se positionnent à droite comme les libéraux scandinaves, les libéraux néerlandais et les libéraux belges, d'autres encore au centre comme le parti italien (La Margherita, aujourd'hui intégré au Partito Democratico) et le parti français (le Modem) qui siègent maintenant dans ce groupe. Ils constituent donc une sorte de bouquet mélangé. Cela leur permet de former tantôt une coalition avec les sociaux-démocrates sur les questions environnementales par exemple, tantôt avec le PPE sur les questions de régulation économique du marché.

A gauche nous avons ensuite les Verts. C'est une coalition de partis présents dans un nombre surprenant de pays. Presque chaque pays en Europe possède maintenant un parti Vert. Ils sont membres du parti transnational et beaucoup ont un siège au Parlement. Enfin, à gauche de la gauche on trouve une famille radicale composée d'anciens communistes ou de socialistes tels que le parti danois.

Il y a deux autres forces politiques au Parlement européen qui ne me paraissent pas correspondre à des partis transnationaux.

Nous avons une sorte de groupement anti européen, une alliance sacrée de divers groupes eurosceptiques de gauche et de droite, aux traditions plus religieuses, comme les communistes danois, la Ligue des familles polonaises, ou encore un parti orthodoxe grec.
 Puis nous avons une coalition de partis conservateurs, la droite traditionnelle, qui ont choisi de ne pas rejoindre la famille PPE. Certains d'entre eux aimeraient le faire mais n'y ont pas été autorisés, comme Alliance nationale, en Italie ou le Fianna Fail irlandais qui s'interdit de rejoindre le PPE parce que son adversaire national, Fine Gael, y siège.
Enfin, il y a d'autres eurodéputés, issus principalement de la droite radicale comme le Front national français, le Vlaams Belang flamand, le Parti de la liberté autrichien mais aussi de divers partis protestataires, nationalistes et anti européens. Ils ont des difficultés à former une alliance transnationale parce que par définition ils ne croient pas en un projet transnational.

Clarisse Briot, à Strasbourg

 

 

 

 

Depuis le printemps 2006, le Parti socialiste européen (PSE) s’est doté d’une base militante de plus de 12 000 adhérents. Ceux-ci n’ont cependant que peu d'influence.

Pas de passage par les urnes pour désigner leur leader, ni d'ailleurs de cotisation supplémentaire à verser. Ils sont Allemands, Anglais ou Français, encartés au SPD, au Labour ou au Parti socialiste, et militent au sein du Parti socialiste européen (PSE). Depuis mai 2006, les adhérents des 33 partis membres du PSE peuvent se muer en euro-militants. Au total, plus de 12 000 socialistes, travaillistes et socio-démocrates des 27 pays de l'Union ont été recensés comme militants PSE, dont 4000 Français.

"L'objectif est avant tout de pouvoir rencontrer et échanger avec d'autres militants européens, témoigne Benjamin Lanier, militant PSE des Hauts-de-Seine. Nous faisons venir des camarades en France et vice-versa. Récemment, nous avons organisé un jumelage avec les militants PSE de Bruxelles, et nous avons été actifs lors de la dernière campagne des législatives à Dublin."

Ces euro-militants privilégient ainsi les rencontres, à défaut d'avoir de réelles prérogatives, comme la possibilité d'élire leurs responsables au niveau européen. En effet, le PSE est une fédération de partis nationaux dont les leaders prennent les décisions de manière collégiale.

Treize contributions au Manifesto

Les militants du PSE ont participé à l'élaboration du Manifesto. Lequel constitue le programme du parti pour les élections européennes de juin 2009. "En terme de démocratie participative au niveau européen, c'est une première, souligne Benjamin Lanier. Pour notre contribution, on a organisé deux réunions à Sceaux et à Fontenay-aux-Roses. On a aussi fait venir Pervenche Bérès (députée PSE, présidente de la commission économique et monétaire au Parlement)."

Seules treize contributions de groupes de militants ont été enregistrées. "C'est déjà beaucoup, vu que ces contributions constituent un travail de longue haleine, le fruit de débats et de consultations", juge Cécilia Gondard, qui participe à la gestion des militants au secrétariat du PSE.

Le parti invite régulièrement les militants lors des congrès et conseils - comme celui de Madrid pour l’adoption du Manifesto, début décembre. "On épaule les groupes de militants pour leurs campagnes européennes – en leur faisant parvenir tee-shirts ou flyers par exemple, détaille Cécilia Gondard. Mais le but est qu'ils lancent eux-mêmes leurs actions." Parmi les initiatives dont les militants sont le plus fiers : le blog des adhérents de Paris, ou encore le groupe Facebook (plus de 600 inscrits) de Gabriel Richard-Molard, de la fédération du Bas-Rhin.

Ne pas court-circuiter les partis nationaux



Pour s’inscrire au PSE, un seul critère à remplir : être encarté dans un parti affilié au PSE. Ensuite, il faut s'inscrire sur le site du PSE, en précisant le nom de sa fédération. "On ne cherche pas à court-circuiter les partis en créant une structure parallèle. Le but est de créer des réseaux entre les militants des partis – pour coordonner des actions de campagne, par exemple", souligne Cécilia Gondard.
 De Lisbonne à Bucarest, de Paris à Berlin, une cinquantaine de "city groups" de militants PSE a ainsi vu le jour. "Les modalités de création de cellules de militants PSE peuvent varier en fonction des pays et de la structure de leurs partis. Au Parti socialiste francais, par exemple, il existe des commissions Europe dans les fédérations qui peuvent choisir de créer, ou pas, un city group", précise Cécilia Gondard.
Concrètement, tout militant du Parti socialiste peut fonder un city group, sous réserve que la fédération socialiste locale donne son aval.

Pierre Manière, à Bruxelles

 

L'Irlandais Declan Ganley lance son parti souverainiste. Objectif : faire des élections européennes un référendum sur le traité de Lisbonne.

« Pour ceux qui n'ont pas eu la chance de voter sur le traité de Lisbonne, ce sera leur référendum. » Declan Ganley, leader du non en Irlande, a lancé officiellement son parti «Libertas.eu» le jeudi 11 décembre. Le message est clair : le traité de Lisbonne sera le principal cheval de bataille du parti lors de la campagne des européennes.
L'homme d'affaire irlandais a choisi de réunir les journalistes à quelques centaines de mètres seulement du Conseil européen chargé d'examiner les solutions au problème irlandais. Le lendemain de son annonce, les dirigeants de l'U.E. suspendent l'avenir de l'Europe au référendum irlandais et le premier ministre irlandais, Brian Cowen, confirme l'organisation d'un nouveau référendum à l'automne. C'est une occasion en or pour Declan Ganley qui veut faire du traité de Lisbonne l'enjeu central des élections européennes.



Anciens de l'ADIE et amis de Bonde



Declan Ganley affiche l'ambition de « présenter des candidats dans les 27 pays de l'Union ». Ses partenaires restent plus mesurés. « Libertas aura des listes dans au moins une quinzaine de pays », estime Paul-Marie Couteaux. Le député européen soutenu par le MPF, assure par ailleurs que Philippe De Villiers « est le représentant de Libertas en France. » Suite à la dissolution de leur parti, les souverainistes de l'ADIE pourraient suivre les Français du MPF et grossir les rangs de Libertas.
Le danois Jens-Peter Bonde, qui a quitté sa fonction de député au Parlement européen en mai dernier, est conseiller politique auprès de Declan Ganley. Toujours président d'EUDemocrats, Bonde souhaite une alliance entre les deux partis opposés au traité de Lisbonne. Plusieurs membres d'EUD, étaient d'ailleurs présents à Dublin à la mi-novembre. Le milliardaire irlandais avait alors réuni une cinquantaine de personnalités européennes pour un repas en l'honneur du président tchèque Vaclav Klaus. Le député européen non-inscrit, Hans-Peter Martin, avait lui aussi trouvé place auprès d'entrepreneurs et de personnalités des médias.
L'Allemagne, l'Italie et l'Espagne, où le créneau pour un parti souverainiste n'est pas encore investi, feraient partie des pays cibles de Libertas. Declan Ganley s'appuie aussi sur ses relations en Europe de l'Est, en Pologne et dans les Pays Baltes. En République tchèque, le président Vaclav Klaus a récemment évoqué la possibilité de soutenir un nouveau parti national qui pourrait s'appeler «libertas.cz». Son pays, qui prend la présidence de l'Europe au 1er janvier 2009, n'a toujours pas ratifié le Traité.



« Nous allons nous occuper de Libertas »



Le retour du traité de Lisbonne sur le devant de la scène ne plaît pas à la plupart des grands partis européens, même si aucun ne se sent réellement menacé. « Si les élections deviennent un débat pour ou contre le traité, explique le député européen PPE Alain Lamassoure, c'est évidemment très dangereux. »
« Libertas veut s'occuper de l'Europe. Nous allons nous occuper de Libertas », clamait Olivier Ubéda, délégué aux affaires européennes de l'UMP, lors du bureau politique du PPE à la mi-novembre.
 Du côté des Verts, Alain Lipietz estime qu'en créant un parti, Libertas s'isole. « Le non irlandais a gagné en disant : je ne suis pas le patronat et je représente l'avis de tout le monde. (...) Or la position de Ganley est celle du grand patronat irlandais qui a extrêmement peur de l'harmonisation fiscale. Libertas, on va leur faire la publicité qu'il faut sur ce qu'ils représentent, les intérêts qu'ils défendent et la question de leur financement. »



Polémique sur le financement du parti



Les très importants fonds mobilisés par Libertas dans la campagne du non en Irlande intriguent autant que la personnalité de son fondateur. Declan Ganley a fait fortune dans la vente d'aluminium en Europe de l'Est et dans les télécommunications. Sa société américaine, Rivada Networks, vend des services de communication à l'armée et à la garde nationale américaines.
 « On ne sait pas où Ganley a obtenu ses fonds. La presse irlandaise a parlé d'organisations américaines », rappelle le secrétaire général des Verts, Juan Behrend. Aucune enquête sur le financement de la campagne du non en Irlande n'a été mandatée par le Parlement qui déclare se fier aux autorités irlandaises. « Si Libertas crée un parti, cela lui imposera de clarifier son financement », estime Antonio Lopez-Isturiz, secrétaire général du PPE.
Face aux critiques dont il est l'objet, Declan Ganley affirme que « Libertas n'est pas un mouvement eurosceptique mais résolument pro-européen ». Il souhaite maintenant réunir un groupe de travail et élaborer un texte d'une vingtaine de pages, simple et lisible, plus conforme à ses ambitions pour une Europe « plus démocratique ».

Julie Bienvenu, à Bruxelles

De Villiers se rallie à Ganley...

Philippe De Villiers n’en fait plus un secret, il sera la tête de liste française de Libertas pour les élections européennes. "Je suis à la disposition de Declan Ganley pour permettre à ce grand mouvement pan-européen d’être présent en France", affirme le président du Mouvement pour la France (MPF).
La surprise n’est pas grande car après sa victoire contre le traité de Lisbonne, Declan Ganley a passé une partie de ses vacances en terre vendéenne, fief de M. De Villiers. Quelques mois plus tard, l’homme d’affaires était reçu aux universités d’été du MPF en île-de-France, où il a été acclamé par plus de 700 militants.
Le 11 novembre dernier, Philippe De Villiers était au diner organisé par Declan Ganley à Dublin. Ce rendez-vous a permis au milliardaire irlandais, de réunir les leaders "euroréalistes" de différents pays européens.
Cette association entre le leader souverainiste français et Declan Ganley ne fait pas l’affaire de l’Elysée. En 1999, une liste souverainiste rassemblant Philippe De Villiers et Charles Pasqua avait recueilli 13,1% des voix, devant la liste conduite par Nicolas Sarkozy qui avait obtenu 12,8 %. Le président de la République a rencontré Philippe De Villiers, le 27 octobre dernier, dans la plus grande discrétion à l’Elysée. Selon Patrick Louis, secrétaire général du MPF, L'UMP espère que De Viliers renoncera à se présenter dans les régions où il n'est pas certain d'avoir des élus, comme en île-de-France.

Pauline Ringenbach, à Strasbourg

... Nicolas Dupont-Aignan s'y refuse

Le président de Debout la République, le député-maire de Yerres (91) Nicolas Dupont-Aignan, ne souhaite pas se rallier au mouvement Libertas.

 

Des imprévus dans le menu

La crise financière et le traité de Lisbonne s'invitent dans les thèmes de campagne.

Tout était calé. Prospérité économique, climat, sécurité, défense et politique étrangère devaient être au cœur de la campagne européenne. Mais l'encre des programmes était à peine sèche que les europartis ont dû revoir leurs plans. En cause, l'arrivée totalement imprévue de deux gros dossiers: la crise financière et le traité de Lisbonne.
D’abord, la crise. Difficile de parler de clivage ici. Les partis sont plongés dans la même incertitude et tentent d’adapter leurs discours aux soubresauts des marchés financiers. Tous sont d’accord sur une chose: il faut désormais repenser le modèle économique européen. Reste à savoir comment.
Ensuite, le traité de Lisbonne. L’émergence du mouvement souverainiste "Libertas", associée à la décision de faire revoter les Irlandais à l’automne 2009, pourrait transformer la campagne en référendum pour ou contre le texte.
Concernant le climat, la défense et la politique étrangère les discussions s’annoncent là aussi complexes. Car sur chacun de ces dossiers, les clivages changent. Droite contre gauche, extrêmes contre partis de gouvernement, divisions au sein d’un même europarti... Les machines politiques doivent régler leurs positions au millimètre pour, à chaque fois, dégager de nouvelles alliances.

Jordan Guéant, à Bruxelles

Crise économique : les partis dans l'inconnu

Personne ne l'attendait. La crise financière a débarqué dans le calendrier en invitée surprise, prenant les partis au dépourvu. Les Verts, par exemple, ont dû ajouter en urgence un paragraphe à leur manifeste, en octobre dernier.
PGE et PVE. Bastion de la gauche anti-libérale européenne, le PGE n'a pas eu besoin de réadapter son discours. Ses positions sont claires: taxe sur les transactions monétaires pour dissuader les spéculateurs (taxe Tobin), hausse des impôts sur le revenu et mise en place d'un contrôle de l'État sur le système bancaire. Dans la même lignée, les Verts (PVE) militent eux-aussi pour des lois anti-monopoles, pour une suppression des donations publiques aux entreprises et pour la taxe Tobin.

PSE. Dès 2006, les socialistes ont évoqué les menaces pesant sur le système financier. Mais faute d'avoir une majorité politique, leurs propositions sont restées sans suite. Elles n'ont même pas été relayées dans les pays dirigés par des gouvernements socialistes. Aujourd'hui, le PSE les reprend dans son "Manifesto". La mesure phare concerne la réforme des fonds spéculatifs et des capitaux d'investissement, que le parti souhaite rendre plus transparents. Les socialistes envisagent de taxer ces
fonds qui agglomèrent des sommes colossales. Suppression des
parachutes dorés et des paradis fiscaux, renforcement de la régulation et réforme du FMI font aussi partie des propositions avancées.

PDE. Les troupes de François Bayrou et Francisco Rutelli souhaitent un renforcement des compétences politiques de l'Union afin d'avoir plus de poids pour contrer la crise. Favorables à une relance, ils entendent revoir à la hausse le budget communautaire. Ils veulent également renforcer la BCE, notamment pour lui confier une mission de surveillance des banques européennes.

ELDR. Difficile d'assumer l'affiliation au libéralisme par les temps qui courent. L'ELDR a donc mis un peu d'eau dans son vin en réclamant un renforcement du FMI. Mais il ne renie pas ses fondamentaux et réfute toute idée de nationalisation, de protectionnisme ou de "sur-réglementation".
Pour Daniel Tanahatoe, le parti "reste plus proche du PPE sur les questions économiques". Et de préciser: "Le problème, c'est qu'il y a deux visions au PPE. Celle de Sarkozy, interventionniste, et celle de Merkel, plus en retrait mais que nous approuvons davantage".
PPE. Changement de ton au sein du parti de droite. Il y a quelques mois, une écrasante majorité de ses membres prônaient le libéralisme, dans la lignée de l'ELDR. Avec la crise, une deuxième voie est apparue. Suivant les
positions françaises, certains ne sont plus hostiles à une dose d'interventionnisme et de régulation : "Ce sont des éléments peu contrôlés de l'économie de marché qui sont à l'origine de la crise. Il faut un arbitre. Pas un intervenant mais un contrôleur. Et sur ce point, je ne vois aucune différence avec le PSE", explique Antonio Lopez-Isturiz, secrétaire général. Mais en terme de programme, la droite reste floue, se contentant de réclamer une réforme du FMI.

A plus long terme, que faut-il faire de la très libérale stratégie de Lisbonne?
Voté en 2000 par les 15 pays membres d'alors, elle a servi depuis de colonne vertébrale à tous les programmes politiques.
Cette stratégie mise tout sur la recherche de la compétitivité dans un contexte de mondialisation galopante. Le retour de l'interventionnisme et de la régulation pourrait définitivement la mettre à mal.

Jordan Guéant, à Bruxelles

Toutes nouvelles nées, les fondations partisanes s'activent à déjà aligner les idées en ordre de bataille, entre deux séances d'aménagement de leurs locaux.

Pas de nom sur l’interphone. La fondation des Verts européens, la «Green European Institute», a son siège au 15, rue d’Arlon à Bruxelles. Mais, au premier abord, difficile de s’en apercevoir. En réalité, il faut sonner à Heinrich Böll Foundation, la fondation proche des écologistes allemands. La fondation des Verts européens se résume pour l'instant à un simple bureau, encombré de cartons, où s'affairent deux permanentes: Heidi Hautala, la présidente, épaulée par une directrice de programme Leonora Gewessler. Le site Internet de l'Institut doit voir le jour en janvier.
«Cela ne fait que quatre mois qu’on travaille réellement, même si la fondation a officiellement vu le jour en novembre 2007», confesse Leonora Gewessler. L’Autrichienne doit s’interrompre pour recevoir les agents de Belga Com qui installent le téléphone.
Même son de cloche au Center for European Studies, la fondation du Parti populaire européen (PPE). Leurs locaux sont indépendants. Des postes restent encore à pourvoir. Un bureau sert à stocker les publications: «C’est le bureau de notre futur administrateur général qu’on est en train de recruter», explique Tomi Huhtanen, le directeur.

Les fondations: puissantes en Allemagne, peu connues en France

Il faut dire que les fondations européennes en sont à leurs balbutiements. En 2007, le Parlement modifie la réglementation sur le financement des partis politiques européens, et octroie des fonds communautaires destinés à la création de fondations européennes.
Un sujet d'étonnement pour un Français, beaucoup moins pour un Allemand. Outre-Rhin, les fondations politiques sont puissantes et leurs budgets se chiffrent en centaines de millions d’euros. Sur ce modèle, les fondations européennes sont des laboratoires d'idées et des partenaires politiques pour les partis. «L'Europe s'est dotée d’institutions, ensuite on a eu les partis politiques européens, et il était normal que ces partis aient leurs fondations», juge Tomi Huhtanen. Indépendantes, les fondations ne peuvent soutenir les partis politiques lors des campagnes européennes.
Le directeur de la fondation du PPE assume ce rôle de «cerveau» du parti populaire. En témoigne ce sondage récent mené par la CES sur l'insécurité de l'emploi en Europe: «On a constaté que les gens sont moins inquiets de perdre leur emploi dans des pays où le marché de l'emploi est plus souple, insiste Tomi Huhtanen. Ce genre d'étude, ça apporte du grain à moudre à notre famille politique.»

Objectif: participer à la formation d'une conscience collective

«Pour 2009-2010, nous avons pour l'heure deux axes principaux de travail : la thématique de l'éducation et l'élaboration d'un vrai corpus théorique d'économie politique de gauche», explique François Isserel-Savary, conseiller politique de la FEPS, la fondation du Parti socialiste européen (PSE). En novembre dernier, la FEPS a ainsi publié des travaux sur la régulation des marchés financiers, en collaboration avec l'université américaine Columbia.
«La fonction des fondations est de rapprocher l'Europe des citoyens en reconnectant les agendas nationaux et européens», poursuit François Isserel-Savary. Pour ce faire, les fondations européennes ont développé leur réseau national. La FEPS s'appuie ainsi sur une «plate-forme» de 29 fondations nationales, dont deux françaises (les fondations Jean Jaurès et Europartenaires). Pensées comme des relais partout en Europe, les fondations souhaitent participer à la formation d'une conscience politique. «On a besoin de politiser l’Europe, analyse Heidi Hautala. Mais aussi d’écouter et de comprendre les citoyens européens.» Séminaires en Pologne ou en République tchèque, congrès, colloques et stages dans les Etats baltes. La plupart du temps, l’objectif est tout simplement de faire découvrir l’Europe aux citoyens.

Pierre Manière, à Bruxelles

 

Transform, une longueur d'avance

La fondation du Parti de la gauche européenne fait preuve d’une activité sans équivalent comparée aux fondations des autres forces politiques au sein de l’UE. Cette originalité s’explique par sa genèse liée à l’explosion des mouvements sociaux au début des années 2000.

Transform, fondation du PGE ? « Attention, nous sommes avant tout un réseau d’organismes, d’instituts, de think tanks de la gauche radicale qui existe depuis 2001, explique Elisabeth Gauthier, responsable de l’association Espace Marx, membre fondateur de Transform. Nos racines ne se trouvent pas dans le monde politique mais dans les mouvements sociaux. » Formulée au troisième étage du siège du parti communiste, place colonel Fabien à Paris, la précision émane d’une membre du bureau national.
Transform englobe plus de 90 composantes. Un rapide coup d’oeil au sommaire de l’épais magazine éponyme, près de 200 pages, suffit pour se rendre compte de la diversité des collaborateurs. Les écrits de chercheurs de la fondation Gabriel Péri, directement affilié au PCF, côtoient le plaidoyer d’un syndicaliste indien pour la régulation du travail dans les mines. Seule contrainte - non écrite - pour chacun : expliquer les enjeux sociaux actuels (précarisation des salariés, contestation sociale...) à travers une analyse marxiste.

PGE-Transform : une union libre

L’année de création, 2001, correspond au premier forum altermondialiste à Porto Alegre au Brésil. C’est au cours de cette rencontre que les réseaux anticapitalistes européens décident de mettre en commun leurs recherches dans le domaine social.
« Espace Marx s’est constitué aussi après un mouvement populaire : les grandes grèves de 1995, précise la responsable du think tank français. L’intérêt principal est de rencontrer des acteurs très différents : syndicalistes, associatifs, politiques, intellectuels, etc. Nous avons voulu recréer cette synergie au niveau européen. » L’équipe de direction de Transform compte trois personnes : Elisabeth Gauthier, Ruurik Holm (Left Forum, Finlande) et Haris Golemis (Nicos Poulantzas Institute, Grèce). Le réseau compte aussi un coordinateur, l’Autrichien Walter Baier.
En 2007, le PGE demande à Transform de devenir sa fondation politique au sein de l’Union européenne. La Portugaise Carmen Hilario, représentante de l’europarti, se joint deux fois par an aux réunions. Mais Transform ne veut pas être assimilé au parti.
Le PC de Bohême-Moravie (République tchèque), qui appartient au PGE et compte six députés européens, n’y est pas représenté. La LCR, qui refuse d’adhérer au PGE, participe elle régulièrement à ses débats. « Pour continuer à fonctionner correctement, nous devons séparer au maximum le domaine du politique et celui de la recherche, insiste Walter Baier, coordinateur de Transform et ancien président du PC autrichien. Le mélange des genres n’est jamais bon. »
L’activité se manifeste par l’utilisation importante du web, outil roi des altermondialistes. Elisabeth Gauthier déclare recevoir jusqu’à 150 courriels par jour provenant du la mailing liste du Forum social européen.
Sur la toile, en ce moment, le débat d’idées s’intensifie en vue du prochain forum social mondial de Bélem, au Brésil, en janvier 2009. A l’ordre du jour : la crise financière.

Mathieu Galtier

 

 

Le PPE, le PSE et l'ELDR réunissent régulièrement leurs membres les plus influents pour préparer les temps forts de l’agenda européen. Conseil européen, Conseil des ministres, Commission, Parlement européen, ils veulent donner une dimension politique à toutes les institutions européennes.

Jeudi 11 décembre, jour de Conseil européen, 13 heures. Dans le décor clinquant du Palais Egmont à Bruxelles, les journalistes s’impatientent. Dans la pièce d’à-côté, les dirigeants de l’ELDR achèvent leur sommet. Bientôt, ils prennent place sur les fauteuils qui portent leurs noms pour la photo de famille. Autour de la présidente de l’europarti, Annemie Neyts-Uyttebroeck (Belgique), les Premiers ministres estonien, danois, lituanien, roumain et finlandais, cinq commissaires européens et les dirigeants libéraux d’opposition. Au même moment, à l’Académie royale de Belgique, le PPE organise un rassemblement semblable. Les chefs de partis PSE se sont retrouvés lors du congrès du parti à Madrid, la semaine précédente.
Pour les trois gros partis (PPE, PSE et ELDR), l’objectif est de préparer le Conseil européen, moment stratégique de la vie de l’Union. Il s’agit lors de ces "sommets des leaders" de rassembler les têtes qui comptent : chefs d’état et de gouvernement et dirigeants des partis d’opposition affiliés. On discute, on arrondit les angles et on harmonise les points de vues au sein de sa propre famille politique. L’ordre du jour de ces réunions est calqué sur celui du Conseil européen. Pour ce dernier sommet de la présidence française: paquet énergie-climat, plan de relance économique et Traité de Lisbonne.

Politiser les conseils des ministres

Au PPE, on a pris l’habitude d’inviter à ces sommets des partis ou gouvernements non membres de l’Union. Mais quand les sujets deviennent délicats, on restreint la liste des participants pour coller au plus près de la composition des 27. «Plus on est nombreux, plus c’est compliqué à gérer», commente Nicolas Briec, conseiller politique au PPE. A l’avenir, l’europarti s’oriente vers deux formes de sommets: restreints (avec des délégations réduites) et élargis.
Ces réunions de dirigeants sont nées à l’occasion des discussions sur le traité de Maastricht. A l’origine, on y discutait uniquement des réformes des institutions. Petit à petit, leur ordre du jour s’est élargi.
Pour les questions plus techniques, les ministres des 27 se réunissent par domaines d’activité, ce sont les Conseils des ministres de l’Union. Les europartis ont décidé de politiser les plus importants en rassemblant les membres du Conseil de leurs familles en amont de la session officielle. Le but : défricher les questions délicates.
Au PPE, ces réunions sont systématiques depuis février 2007 pour les questions d’économie et de finances et depuis décembre 2007 pour les Affaires étrangères. Le parti envisage de faire la même chose pour les questions de défense et de justice-affaires intérieures. Au PSE, la fréquence de ces réunions varie en fonction de l’ordre du jour des conseils des ministres. Les socialistes européens organisent ainsi deux ou trois fois par an des réunions des ministres des Affaires étrangères, de l’emploi et des affaires sociales ; et ils le font au coup par coup pour les formations économie et finances, développement ou défense.

Peser sur les institutions

Ces pré-réunions de ministres restent l’apanage des deux plus grands partis. Daniel Tanahatoe, conseiller politique à l’ELDR, s’y résout : «On a l’idée de le faire mais il faut être réalistes : on n’en a pas les moyens. Nos ministres ne sont concentrés que dans quelques pays».
Les europartis n’entendent pas s’arrêter là : ils tissent des liens plus étroits entre le Parlement, la Commission et le Conseil. Ainsi, le PPE rassemble une fois par mois les commissaires, le président du groupe PPE-DE au Parlement et le président de l’europarti. Au PSE, les présidents socialistes de commissions parlementaires sont invités aux pré-conseils des ministres de leurs domaines de compétence. Concrètement, l’action des europartis vise à rendre la politique omniprésente à tous les échelons de l’Union pour la rendre plus visible et plus compréhensible au quotidien.

Anaëlle Penche et Chloé Fabre, à Bruxelles

Les commissaires, de plus en plus politiques

Avant d’être investi, ou non, par le Parlement, chaque candidat-commissaire est désigné par le Conseil européen en concertation avec le président de la Commission. La composition d’une Commission à 27 reflète la couleur politique des gouvernements nationaux au moment de cette désignation.
Le temps des fonctionnaires est bel et bien révolu. «Quand j'étais à la Commission, sur 20 commissaires, seuls deux n'avaient jamais été élus, se souvient Michel Barnier (PPE), ancien commissaire à la politique régionale (1999-2004). Nous avions une Commission à la fois très compétente et très politique». Un bilan qui semble le satisfaire : «Il est très important, par les temps qui viennent, que les commissaires assument cette dimension de responsabilité politique», assure le ministre de l'agriculture.

Des réunions informelles

Aujourd'hui, sur les 27 commissaires, sept sont socialistes (PSE), neuf conservateurs (PPE) et neuf libéraux (ELDR). «Nous avons pour mission d’être des politiques, donc d’appartenir à un courant de pensée, admet Jacques Barrot, commissaire français de la justice et affaires intérieures depuis avril dernier. J’appartiens au parti PPE et à ce titre j’ai des contacts plus étroits avec le groupe PPE-DE. Nous nous rencontrons régulièrement avec le président et les principaux responsables du groupe et les commissaires d’esprit PPE. Tout cela est assez informel.»
Les commissaires conservateurs se retrouvent également au sommet des leaders des europartis aux côtés des membres du Conseil européen et du Parlement de même obédience politique. L’exercice était récurrent chez les socialistes de la Commission Prodi (1999-2004) et perdure aujourd’hui.

Socialiste avant d'être tchèque

Une politisation de la Commission que confirme Vladimír Špidla, commissaire tchèque à l'emploi, aux affaires sociales et à l'égalité des chances. «Bien entendu, notre rôle n’est pas que technique, c'est aussi politique. Je suis socialiste avant même d'être tchèque.» Son portefeuille lui a été attribué notamment parce qu’il fut ministre aux Affaires sociales et directeur de l’agence de l’emploi en République tchèque. «J’ai un certain concept socialiste de la politique et mes propositions en sont issues. Par exemple, ma directive sur les comités d'entreprise était liée à mes convictions. Elle a pourtant été votée presque à l’unanimité.»
«Nous ne travaillons pas comme un gouvernement», tempère-t-il cependant. Tout d’abord, pas de sectorisation des décisions. Elles se prennent, «presque en totalité par consensus bien que le principe soit celui d’un vote à la majorité simple». Pour Jacques Barrot, les commissaires ne peuvent pas être aussi partisans qu'un gouvernement national. «Nous sommes obligés de faire passer l’intérêt général européen et de rassembler des majorités y compris avec les socialistes», affirme l’ancien centriste devenu président du groupe UMP à l’Assemblée nationale avant d’aller à Bruxelles.
Favorable aux auditions personnelles des commissaires -prévues dans la réforme du règlement du Parlement adopté en juin dernier mais déjà pratiquées-, Vladimir Špidla s’inquiète néanmoins des empiétements de la politique partisane sur l'autonomie du Collège. «Les Assemblées ne doivent pas détenir le pouvoir exécutif. De plus, la Commission européenne est un phénomène à part dans la construction européenne. Elle a une tâche très spécifique d'initiative dont les sources ne se trouvent ni dans l'intérêt des partis ni dans l'intérêt national.»
Pour Michel Barnier, «il est tout à fait imaginable que, pour gagner en légitimité, de futurs commissaires soient issus du Parlement européen». Justement, il prendra sans doute la tête de la liste UMP dans le sud-est aux européennes de juin 2009.

Alexandra du Boucheron, à Bruxelles

 

 

 

 

 

L’UMP place ses pions au sein de la droite européenne

Longtemps sous l’influence du souverainisme gaulliste, la droite française a délaissé l’Europe jusqu’à l’entrée des élus RPR au sein du groupe PPE-DE, lors des élections européennes de 1999. Son installation dans le parti est plus tardive encore. L’UMP met désormais les bouchées doubles pour se tailler une place aux côtés des Allemands de la CDU, des Espagnols du PP et des sociaux-chrétiens belges.
«L’intérêt pour l’europarti date de l’arrivée d’Alain Juppé, en 2002, à la présidence de l’UMP. Il a été le premier à venir assister aux sommets des leaders du PPE, raconte l’eurodéputé français, Alain Lamassoure. L’arrivée de Nicolas Sarkozy à la présidence de l’UMP en 2004 a marqué un coup d’accélérateur.»
Désormais, la stratégie est tous azimuts : investir la permanence de l’appareil, ses sommets de dirigeants, son bureau politique, ses groupes de travail et son congrès. «Nous avons décroché une vice-présidence, occupée par Michel Barnier, la présidence du groupe PPE-DE au Parlement européen tenue par Joseph Daul et un conseiller politique au siège du parti, Nicolas Briec.»

Michel Barnier, l’homme clé de l’UMP au PPE

Tête de pont de l’UMP au PPE : Michel Barnier. Aujourd’hui ministre de l’agriculture du gouvernement Fillon, il a un parcours d’europhile. Ministre délégué aux affaires européennes de 1995 à 1997, commissaire à la réforme des institutions et à la politique régionale de 1999 à 2004, et ministre des affaires étrangères en 2004 et 2005, il est l’un des dix vice-présidents de l’europarti. Lors du sommet des dirigeants PPE, il «représente personnellement Nicolas Sarkozy», tandis que François Fillon a mené la délégation UMP pendant la présidence française de l’Union.
Lors des pré-réunions PPE du Conseil des ministres des affaires étrangères de l’Union, Michel Barnier porte également la casquette de Bernard Kouchner, qui n’est pas membre de l’UMP. Une déception : Christine Lagarde s’est obstinément refusée à occuper son siège lors des pré-réunions PPE du Conseil Ecofin.
C’est encore Michel Barnier qui a estimé nécessaire de consolider la présence française au siège du PPE et qui a longuement négocié un poste de permanent. Trois ou quatre fois par an, il copréside les réunions du bureau politique. Le 13 novembre dernier, quatre membres de la délégation française s’y pressaient sous sa houlette. «C’est comme cela que l’on montre qu’on a de l’influence : en étant présent en nombre et en intervenant souvent», assure Olivier Ubéda, le délégué aux affaires européennes de l’UMP.
Deuxième personnage clé : l’UMP Jacques Barrot, le commissaire à la justice et aux affaires intérieures. Une fois par mois, il rencontre le président du groupe PPE-DE, Joseph Daul, le président du parti, Wilfried Martens, et les commissaires PPE. «Il a une très grande expérience politique. Il contribue beaucoup à la recherche des consensus et c’est très utile», dit Françoise Grossetête, eurodéputée UMP.

Le chemin est encore long

Troisième poids lourd : Joseph Daul, président du groupe PPE-DE au Parlement européen. Il peut compter sur le travail d’Alain Lamassoure qui fait le lien entre la délégation des eurodéputés UMP et l’europarti. «C’est un personnage important, dit de ce dernier le secrétaire général du parti, Antonio Lopez Isturiz. Son adhésion européenne est connue et reconnue. Il est très actif au sein du PPE.» Membre du bureau politique du PPE, Alain Lamassoure est rapporteur de son groupe de travail, chargé d’élaborer un programme commun pour les élections européennes. Il veille à l’assiduité des délégués de l’UMP : Jacques Toubon, Françoise Grossetête, Thierry Mariani et Fabienne Keller. Enfin, il assure la coordination avec les groupes du Parlement français via Hubert Haenel et Pierre Lequiller, respectivement présidents de la délégation des affaires européennes au Sénat et à l’Assemblée nationale, eux aussi membres du bureau politique. Depuis Paris, Olivier Ubeda, assure la logistique de la machine.
Le chemin à parcourir pour asseoir l’influence de l’UMP dans l’europarti est encore long. Selon Thierry Mariani, délégué aux relations internationales à l’UMP, «quand la CDU allemande affiche une dizaine de permanents dévoués aux affaires européennes depuis plusieurs années, l’UMP n’en a que deux, qui doivent se partager entre les relations internationales et les affaires européennes, et encore, depuis 2007». Un conseiller UMP regrette, lui, que la France «ne joue qu’au coup par coup, alors que les Allemands et les Espagnols jouent un billard à deux bandes». Autrement dit, les Allemands et les Espagnols ont toujours deux coups d’avance.

Chloé Fabre, à Bruxelles

L'engagement européen en dents de scie du Parti socialiste

Alors que le Parti socialiste n’avait pas encore réuni ses troupes, le Manifeste, programme électoral du Parti socialiste européen, a été adopté à Madrid, le 1er décembre. Martine Aubry a été élue une semaine avant le lancement de la campagne socialiste européenne. Même si sa présence à Madrid a rassuré ses camarades européens, le PS éprouve quelques difficultés à s’identifier au PSE.
«Vamos a gañar, compañeros» (nous allons gagner, camarades). A Madrid, Martine Aubry a témoigné de son attachement à l’Europe et à la grande famille du PSE. La nouvelle première secrétaire du PS a été ovationnée durant ce grand meeting européen, entre autres par Poul Nyrup Rasmussen et José Luis Zapatero, chef du gouvernement espagnol.

L'Europe absente des débats

Le congrès du PSE était la première sortie de Martine Aubry après son élection. Un moyen de prouver que le Parti socialiste français a toute sa place chez les socialistes européens. Durant ce congrès, les Français se sont clairement exprimés en faveur d’un président de la Commission issu de la mouvance socialiste. Mais c’est à l’intérieur du Parti socialiste français que l’engagement européen connaît quelques limites. Au lendemain du congrès de Madrid, le responsable de l’Europe vient de changer. Martine Aubry a nommé Jean-Christophe Cambadélis à ce poste laissé vacant par Pierre Moscovici depuis le 6 décembre 2007.
Bernard Poignant, président des socialistes français au Parlement européen, déplore que le Congrès de Madrid n’ait pas été davantage préparé par ses camarades français.

Il faut se rappeler de la campagne référendaire de 2004 sur le traité pour une constitution européenne qui avait scindé le parti en deux camps : ouistes et nonistes. Depuis,l’Europe est quasi-absente des débats socialistes et n’a même pas été évoquée lors du dernier congrès de Reims. L’adoption par le PS du "traité simplifié" devait mettre fin aux querelles mais les divisions demeurent.

Des listes en stand-by pour les élections de juin

A six mois des élections européennes, les socialistes français n’ont pas encore constitué de listes. Du côté du parti, on évoque comme explication les échéances de ces derniers mois. Mais la vérité est que les liens entre le parti socialiste français et son frère européen ne paraissent pas si naturels à bon nombre de socialistes. Jean-Louis Bianco, ancien co-directeur de campagne de Ségolène Royal, le reconnaît avec philosophie.

Beaucoup plus critique, Benoît Hamon, ancien chargé d'Europe du PS, estime que les relations entre le parti et le PSE ne vont pas de soi. Il a démissionné en 2007 de son poste de secrétaire chargé aux affaires européennes du PS après la décision du Parti de soutenir l’adoption par voie parlementaire du traité simplifié.

Mais la nouvelle direction affirme que les choses bougent. Le 6 décembre dernier, pour faire taire les mauvaises langues, Martine Aubry a nommé Zita Gurmai, députée européenne socialiste hongroise et présidente du PSE femmes, secrétaire nationale aux droits des femmes. Une nomination qu’elle juge symbolique «de l’engagement européen du PS».

Mariam Pirzadeh, à Madrid

 

A Bruxelles, les secrétariats des partis européens servent de courroie de transmission entre les partis nationaux. Du Parti socialiste européen (PSE) aux eurosceptiques de l’UED en passant par les Verts, ces machines politiques disposent de moyens et d'effectifs variables.

Elle pianote sur son clavier d'ordinateur, téléphone sur l'épaule. Sandrine Bertin, 29 ans, est depuis mars assistante administrative au secrétariat du Parti socialiste européen (PSE). Elle occupe un bureau au deuxième étage du 98, rue du Trône à Bruxelles.
Au total, une vingtaine de secrétaires, communicants et conseillers politiques arpentent les couloirs. Ils sont Belges, Anglais, Portugais, ou Français. Tous appartiennent aux partis sociaux-démocrates, travaillistes et socialistes affiliés au PSE et assistent le secrétaire général du parti, le Français Philip Cordery. Cette semaine-là, il est en voyage en Chine après s’être rendu aux Etats-Unis pour rencontrer l’équipe du président Obama.

Réunir les positions des 33 partis affiliés au PSE

«On est une équipe très jeune car il faut avoir la santé ! Etre en contact avec les 27 pays de l'Union, les 33 partis, les ONG, les syndicats, etc. Ce n'est pas de tout repos...», s'exclame Sandrine, qui est notamment chargée des relations entre les partis membres.
La Française assiste le département politique, qui regroupe sept conseillers spécialistes de la crise financière, de l'égalité hommes-femmes ou encore du dialogue transatlantique. «On tient des réunions les lundis avec toute l'équipe administrative pour faire le point, et les mardis avec les membres du département politique, sous la houlette du secrétaire général», précise-t-elle.
Des rendez-vous qui vont conditionner son travail pour le reste de la semaine. «A l'issue de ces réunions, je fais l'inventaire des informations dont les conseillers politiques auront besoin, détaille Sandrine. J'appelle les partis nationaux concernés pour centraliser leurs positions.» Des synthèses sont ensuite transmises au secrétaire général, ainsi qu'au président Poul Nyrup Rasmussen.

Les pays de l'Est, demandeurs des synthèses du secrétariat

«On n'adopte aucune position politique sans l'aval de nos partis, insiste Sandrine. Lors de la rédaction du Manifesto (le programme de campagne pour les élections européennes de juin 2009, NDLR), le secrétariat était en contact permanent avec les partis nationaux pour trouver des compromis.» Au final, les décisions au sein du PSE se prennent entre patrons de partis nationaux, à l'unanimité. «Ils gardent la main sur notre agenda.»
Sandrine rédige aussi des notes d'information en fonction de l'actualité dans les pays de l'Union. Ce matin-là, elle termine un compte-rendu sur les élections en Roumanie et sur le problème des minorités hongroises en Slovaquie et en Hongrie. «Ce sont surtout les pays de l'Europe de l'Est qui sont demandeurs de nos travaux de synthèse», souligne-t-elle. «Leurs structures ont besoin de la machine européenne pour avancer.»
Fondé en 1992, le PSE a doublé ses effectifs entre 2007 et 2008. «On cherche encore notre fonctionnement et nos procédures. Mais surtout on s'interroge sur ce qu'on veut faire du parti», achève Sandrine.

Les Verts : devenir une force au niveau européen

Situé dans la rue qui court entre les deux bâtiments bruxellois du Parlement européen, le siège du parti vert européen (PVE) attire peu les regards. Une maisonnette d'un étage blottie dans une cour. Pas de plaque voyante, seulement une étiquette sur la sonnette. Et juste une petite affiche estampillée du logo du parti dans l’entrée de l’immeuble. Une discrétion qui contraste avec l’idée qu’on pourrait se faire d’un parti européen.
Les apparences ne sont pas trompeuses. Le PVE est encore très jeune et évolue dans l’ombre du groupe Verts/ALE au Parlement. «Le parti a peu de moyens contrairement au groupe qui est très riche», explique Helmut Weixler, chef du service de presse des Verts/ALE. Marie-Anne Isler Béguin, eurodéputée verte du grand Est, confirme ce déséquilibre : «Ce qui est visible, c’est le groupe vert, avec Daniel Cohn-Bendit. Je n’ai jamais vu une seule fois une intervention forte du parti sur quoi que ce soit.»
La jeunesse du PVE explique cette modestie. La reconnaissance du parti date seulement de 2004. Il remplace les coordinations et fédérations qui regroupaient les partis verts nationaux jusque-là. «L’ambition de devenir une force politique présente et active au niveau européen est récente», explique Juan Behrend, secrétaire général du parti vert européen dans l’une des quatre pièces du siège du parti, près du coin cuisine.

« Les leaders ne disent plus : Ça, c’est Bruxelles, on s’en fout »

La quatrième force politique européenne s’organise. Les maigres effectifs ont doublé. Le parti emploie aujourd’hui cinq personnes dont un attaché de presse et s’est même offert les services d’un directeur de campagne.
Les Conseils organisés deux fois par an, au printemps et à l’automne, ont pris une autre ampleur. Depuis mai 2006, ces espaces de discussion et de rencontres sont devenus des lieux de débats politiques et de prises de décision. C’est notamment là que les orientations et le contenu du programme commun, ont été adoptés.
Conséquence directe, les leaders ne boudent plus ces Conseils. «Ces réunions sont de plus en plus importantes pour les partis nationaux. Ils sont moins en mesure de se dire : Ça c’est Bruxelles, on s’en fout», constate-t-il.
«Avant, le seul critère pour participer à ces réunions était de savoir parler anglais, explique Juan Behrend. Aujourd’hui, ce sont les leaders des partis nationaux, les porte-paroles ou des membres de l’exécutif des partis nationaux qui se déplacent.» Parmi eux : Reinhard Bütikofer, ancien président des Verts outre-Rhin, Dominique Voynet ou encore Cécile Duflot, secrétaire générale des verts français.
«Ils sont aussi peut-être obligés de venir pour éviter qu’on n'adopte des positions qui puissent être gênantes pour eux au niveau national, précise le secrétaire du PVE. Ce n’est pas toujours pour mener les choses plus avant. Mais de toute façon c’est positif.»
Des groupes de travail et d’experts ont également vu le jour, qui ont permis d’élaborer le manifeste en vue des prochaines élections. Les groupes «économie» et «politique sociale» se sont formés au cours des deux dernières années. «Nous voudrions que ces groupes de travail deviennent des structures de fonctionnement permanentes du parti.» C'est déjà chose faite pour le groupe «politique étrangère et de sécurité» et le groupe «égalité des sexes». Celui en charge du réseau des militants est, lui, en passe de le devenir confie de son côté Ann Verheyen, secrétaire au bureau des verts.
Dans l’ombre du son puissant groupe, le parti cherche aujourd’hui à s’affirmer. Il espère une campagne réellement européenne en 2014 (nomination de candidats par les partis politiques européens, etc), seule capable, avec la politisation des institutions, de faire sortir les partis de leur relative confidentialité.

Sur la piste des eurocritiques

Rien de plus simple, en apparence, que de joindre l'Alliance européenne des démocrates (UED). Certes, l'adresse du siège du parti au Danemark a disparu du site internet lors de sa refonte début décembre, mais le téléphone de son bureau bruxellois y figure. Pourtant au bout du fil, personne ne peut donner de renseignements sur le parti. Il faut appeler directement le secrétaire général… à un autre numéro.
Sur place, au 113 de la rue du Trône, à Bruxelles, le numéro et la rue sont écrits au marqueur sur un papier scotché à la vitre. Pas d’erreur possible : une autre feuille, format A4, indique que nous sommes bien au bureau bruxellois de l’UED. Franchir le seuil demande de la détermination : la porte vitrée racle péniblement le sol avant de consentir à s’ouvrir.
A l’intérieur, on remarque les pancartes colorées d’une exposition organisée par l’UED à Berlin en 2007. Pourtant les trois personnes présentes ici ne travaillent pas pour le parti mais pour la «campagne européenne du non» au traité de Lisbonne qui loue les locaux. Une cohabitation qui n’étonne guère, vu l’engagement de l’UED contre le Traité. Le jeune homme qui nous encourageait à pousser la porte avec plus de force s’excuse, «il n’y a personne de l’UED, Juan n’est pas là».

« Des membres n'ont pas les moyens de venir à Bruxelles »

Juan Manuel Ghersinich est le secrétaire général de ce petit parti eurocritique créé par le Danois Jens-Peter Bonde. Il est aujourd’hui le seul apte à fournir des informations sur le parti. Mais comme il est aussi le seul permanent à travailler pour l'UED, il est quasiment injoignable.
Retour au Parlement européen, pour interroger les députés qui y sont affiliés. «Le principe est que chaque pays membre ait un vice-président pour que toutes les délégations soient représentées au bureau», explique la Suédoise Hélène Goudin, elle-même co-présidente de l'UED. Selon les statuts du parti, le bureau doit se réunir deux fois par an. «Tous les membres n'ont pas toujours les moyens de venir à Bruxelles, admet la députée, donc nous ne nous connaissons pas vraiment.» Elle ajoute qu'au dernier congrès de l'UED, les membres slovènes avaient dû faire le déplacement en voiture, par souci d’économie.
Même s'ils comptent six élus au Parlement européen, les partis qui composent l'UED ont peu de poids sur leur scène nationale. En Suède par exemple, «la liste de juin», parti d'Hélène Goudin, qui avait atteint 14,6% aux européennes de 2004, n'a recueilli que 0,5% des voix aux législatives suivantes. Paradoxalement, l'Europe est la condition de l'existence politique de ces souverainistes. Raison de plus pour se fédérer dans un europarti «pour présenter des listes dans tous les pays, mais aussi dans un but financier», reconnaît Hélène Goudin.

Pierre Manière, Anaëlle Penche, Gautier Demouveaux, Florent Godard, Julie Bienvenu

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