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Le temps des enchères

Entre les élections et la session inaugurale du Parlement : la répartition des postes de la machine parlementaire. Les négociations de couloir ont commencé. Les partis britanniques et allemands, qui ont déjà constitué leurs listes, partent avec un temps politique d’avance.

« Le 15 juillet, le nouveau Parlement s’installe mais on ne sait pas qui va où... », explique Chantal Rigaud, secrétaire général de la délégation française au PSE. Surtout si on ne s’est pas préoccupé de régler la question avant. Viser un poste clé ne suffit pas, il faut s’y prendre tôt et s’assurer le soutien de ses camarades de groupe. Catherine Trautmann en a fait les frais en 2004. Elle n’a pas obtenu un rôle de coordinateur du groupe PSE dans sa commission. Un accord de vote entre les petits partis de l'est et scandinaves avait été conclu bien avant, derrière son dos. Une mésaventure révélatrice de l'importance d'anticiper.

Première étape : unir ses forces au sein des groupes

Après les résultats du 7 juin 2009 suivra la formation des groupes politiques de la septième législature, car un député sans groupe est condamné à l’inefficacité pour cinq ans. Les délégations nationales se rassemblent selon leurs affinités politiques. Il s'agit tout d'abord de penser “alliance”. Plus le groupe sera gros, plus il obtiendra des moyens humains, financiers, techniques (voir Les fonctionnaires, soutiers de la machine) et pourra prétendre aux postes les plus influents au Parlement. La formule de répartition en vigueur au Parlement y veille (voir ci-dessous la vidéo de Bernard Poignant).
Dans ces manœuvres d’approche, un enjeu de taille : à qui la présidence du groupe ? Elle n’assure pas seulement la maîtrise de l’agenda et des négociations avec les autres. Elle donne automatiquement accès à la conférence des présidents. C’est elle qui répartit les rapports entre les commissions, fixe l’ordre du jour des sessions, distribue les temps de parole. En cas de désaccord, la conférence des présidents tranche ses différends à la majorité pondérée.
Les délégations nationales une fois réunies au sein d'un même groupe devront donc transiger sur un nom. En janvier 2007, après plusieurs tours au sein du PPE, Joseph Daul avait été soutenu par la délégation allemande, la plus nombreuse. Mais, obtenir cette présidence s’est révélé coûteux pour la délégation française qui n’a obtenu aucun autre poste clé de l’appareil du groupe ou de la machine parlementaire.

Deuxième étape : négocier la présidence du Parlement

Débutent ensuite les négociations intergroupes sur les postes clés du Parlement. Celui de président du Parlement est le trophée le plus convoité. Sa candidature doit être présentée par un groupe politique ou par au moins quarante députés. Selon le règlement, “il convient de tenir compte de façon globale d’une représentation équitable des États membres et des tendances politiques”. Il faudra ensuite, le 15 juillet à Strasbourg, réunir une majorité sur son nom, soit 369 voix.
Dans la pratique, il est presque constant que les deux groupes majoritaires passent un ”accord technique” pour présider chacun la moitié de la législature. Mis à part l’intermède de 1999, quand les libéraux et le PPE-DE ont formé une majorité, cette alternance a toujours concerné le PSE et le PPE-DE. La première présidence va naturellement à celui des deux qui est arrivé devant l’autre aux élections.

Rumeurs d’alliances

Dans les couloirs du Parlement, on parle déjà d’une première moitié de législature 2009-2011 sous la présidence de Jerzy Buzek , PPE-DE et ancien Premier ministre polonais. La seconde moitié, 2012-2014, serait assurée par Martin Schultz, l’Allemand qui préside le groupe PSE.
Mais déjà, de son côté, l’ELDR est en campagne. "Graham Watson -le président du groupe, qui rêve du perchoir suprême-, a entamé les négociations avec certains PPE-DE voire le PSE, confirme Daniel Tanahatoe, conseiller politique du groupe. Si tout le monde se met d’accord pour avancer, on pourrait se répartir 75% des postes qui comptent au Parlement”.
Les socialistes ne semblent pas favorables à un accord avec l’ELDR. Pas favorables non plus à une alliance avec les Verts, pourtant insistants sur le sujet. Pour Juan Behrend, secrétaire général du parti écologiste, les convergences avec le PSE seraient suffisantes pour s'entendre sur un partage de la présidence entre Martin Schulz et Daniel Cohn-Bendit.
Pour l’instant, le PPE-DE se dit ouvert à une grande coalition avec les libéraux. Quant à une alliance avec les Verts, l'idée est envisagée par Angela Merkel, également désireuse de conclure ce genre d'alliance chez elle. Or, cette fois, ce sont les écologistes qui freinent : pas question de gouverner avec les troupes de Nicolas Sarkozy et de Silvio Berlusconi.
Après l’entente sur le nom et la couleur politique du président, il restera à composer le Bureau, qui assurera la gestion politique des moyens du Parlement avec ses lots de consolation : dix-sept vice-présidents et six questeurs.

Troisième étape : se partager les commissions parlementaires

Mais c’est avec les postes de présidents de commission qu’on pénètre au cœur des rouages du Parlement européen. L’essentiel du travail des députés se déroule dans les commissions parlementaires, dont les équilibres politiques sont un modèle réduit de ceux de l’hémicycle.
Obtenir la présidence de l'une des 22 commissions est un enjeu majeur. Là encore, c’est d’abord la proportionnelle entre les groupes qui est de règle. Les plus prisées, outre les affaires étrangères pour le prestige, sont les commissions législatives -celle de l’environnement, ou du marché intérieur. Les moins courues : celles des droits de la femme et des droits de l'homme où les pouvoirs du Parlement sont essentiellement tribuniciens.

Priorité à la délégation la plus nombreuse

La grande redistribution des postes à l’intérieur des groupes commence alors. Les chefs de délégation se retrouvent autour de la table et négocient en fonction de leur poids. Priorité à la délégation la plus nombreuse. "En 2004, avec 31 élus, nous étions la première délégation du groupe PSE. Nous sommes passés en premier, raconte Chantal Rigaud. Le PS a demandé la présidence de la commission économique et monétaire, l’une des plus importantes”. Chaque poste coût un certain nombre de points. “En 2004, les négociations ont duré une semaine. Chaque jour, les chefs de délégations rendent comptent à leurs compatriotes de ce qu’ils ont obtenu".
Une fois la répartition établie, ce sont capitales nationales, et leurs dirigeants de partis, qui conservent la haute main sur les nominations de chacun. “Nous avons eu une réunion dans le bureau de François Hollande avec Bernard Poignant, le président de notre délégation, se souvient Pervenche Berès. Il y avait là les cinq personnes qui pouvaient prétendre à des postes. On a regardé les meilleurs solutions possibles et il y a eu un accord sur les candidats pour chaque poste”. C’est elle qui, pour sa part, a décroché la présidence de la Commission économique et monétaire.

Coordinateur, un rôle qui compte

Dernier rôle qui compte au sein des commissions, celui de coordinateur. "Un poste politique capital. C’est lui qui négocie la répartition des rapports entre les groupes représentés dans une commission. Il doit connaître tous les rapports de sa commission, répartir les temps de parole, décider des amendements. En bref, il coordonne son groupe au sein de la commission", précise Chantal Rigaud.
“On est plus importants que les vice-présidents de commission qui ne servent à rien, assure la socialiste française Catherine Guy-Quint, l'une des huit Français qui occupent ce poste. Plus le groupe est grand et homogène, plus le coordinateur est important. Si je suis d’accord sur un vote, les 220 membres du PSE suivent".
Là, pas de formule mathématique. Pour être coordinateur, il faut convaincre et être élu par les membres de son groupe au sein d’une commission. “J’avais contre moi la Britannique mais j’avais réussi à convaincre les Allemands, les Espagnols, l’Italien, le Grec. Bref, j’avais fait mon lobby, explique Catherine Guy-Quint. Ca n’a pas demandé beaucoup de temps mais ça nécessite d’être connu dans la commission et d’être fiable. C'est vraiment un vote de reconnaissance des membres du groupe sur des qualités techniques et politiques. En ce moment les lobby sont déjà en train de se structurer", confie-t-elle. Pour ce job, il faut avoir fait ses preuves européennes. “Je ne connais pas de coordinateur qui soient blanc-becs”.
Aujourd'hui, les eurodéputés français, incertains de leur avenir, restent à l’écart de ces grandes manoeuvres. Les Britanniques, eux, sont prêts depuis décembre 2007, les Allemands depuis décembre dernier. Les Espagnols le seront certainement en janvier.

Alexandra du Boucheron, à Bruxelles

En vertu d’un règlement de 2007, les partis européens pourront financer la campagne électorale de 2009, mais en aucun cas les partis nationaux. Ils se sont mutuellement engagés à respecter un certain nombre de règles.

Lorsqu’un règlement du 18 décembre 2007 les autorise à recourir à leur subvention du budget communautaire lors des européennes, mais à condition de respecter 27 lois nationales sur le financement des campagnes, les partis européens comprennent qu’il est de leur intérêt de collaborer. Le 9 octobre 2008, PPE, PSE, ELDR et Verts paraphent une série d’engagements insérés dans un code de bonne conduite.
Certes, les formations politiques entendent se conformer aux bonnes moeurs. Mais elles limitent ainsi implicitement les motifs pour lesquels elles pourraient mutuellement s'accuser d’éventuels écarts. Surtout, elles s'accordent pour éviter l'intervention directe du Parlement dans la formulation de règles contraignantes, assorties d'éventuelles sanctions.
Parmi les grands principes, plutôt vagues, que les europartis s’engagent à respecter, figurent notamment l’interdiction de donner un appui financier direct ou indirect aux partis nationaux et l’obligation de respecter les valeurs et les principes de l’Union européenne.
S’ils n’avaient pas agi, le bureau du Parlement européen l’aurait fait à leur place, en vertu du pouvoir que lui confère le règlement du 4 novembre 2003. «Les partis ont produit un document obligatoire dans lequel ils s’engagent à respecter des normes, notamment dans le domaine financier», explique Helmut Betz, chef d'unité à la DG finances. «Nous n’avons pas besoin d’aller au-delà, ça nous suffit.»

Amaury Prieur

 

L’internet participatif fait son entrée dans la vie des partis européens. Tous possèdent un site internet, et la majorité d’entre eux s'intéresse aujourd’hui aux réseaux sociaux du type Facebook, Myspace et autres blogs collaboratifs.

Le Parti socialiste européen a été le premier à avoir investi la toile. Le PSE a lancé son site de campagne pour les élections européennes de 2009 dès le 17 octobre 2007. Il a servi de lien entre les militants et le parti pour rédiger le Manifesto, le programme commun.
«L’idée de démocratie participative lancée par Ségolène Royal lors de la présidentielle de 2007 nous a plu. Nous souhaitions faire participer nos militants à la rédaction de notre programme, pour éviter ce qui s’est passé en 2004. A l’époque nous avions rédigé notre manifeste en moins de trois semaines, et aucun parti national ne s’en était servi pour sa campagne! Pour les élections de 2009, nous avons donc décidé d’impliquer nos militants via internet et les réseaux sociaux», explique Ghislaine Robinson, responsable de la communication du PSE. «Grâce à cela, nous avons réalisé ce qu’aucun parti n’a réussi à faire : une consultation dans toute l’Europe! Un petit regret cependant, par faute de moyen, nous ne pouvons traduire notre site qu’en anglais et en français», concède-t-elle.

L’exemple Obama...

Au Parti populaire européen, autre poids lourd, on essaie de rattraper le retard face au PSE. Gemma Slaymaker est employée à plein temps pour gérer la communication du PPE sur internet. Elle est en charge du web du parti et de son groupe Facebook, elle se prépare à lancer le support électronique de la campagne des élections européennes. Dialogue TV, la webTV du PPE deviendra le site officiel de la campagne dès janvier prochain. Selon Gemma Slaymaker, il sera un véritable lieu d’interaction entre les sympathisants et le parti. En plus des vidéos, les internautes pourront réagir et poster des commentaires. Ils pourront aussi «tchatter» avec des «stars» politiques du PPE comme José Manuel Barroso, François Fillon ou Wilfried Martens. D’où le slogan : «Without your voice, it will result as a monologue. Welcome to Dialogue TV» (Sans votre voix, cela ne sera qu’un monologue. Bienvenue sur Dialogue TV). En anglais seulement...
Prochaine étape, développer la présence du PPE sur les réseaux sociaux. Le groupe du parti sur Facebook ne compte encore que 900 membres, contre plus de 2000 pour celui du PSE.
Trois autres europartis, le PVE, le PGE et l’ELDR, présents sur Facebook, comptent plus de 500 membres chacun. Le but ? Sortir des schémas traditionnels de campagne et donner la parole à des «personnes authentiques», pas forcément encartées mais facilement identifiables dans ces réseaux sociaux, afin de donner une crédibilité au message véhiculé.
Les europartis sont jeunes, ils existent depuis moins de cinq ans et ne possèdent pas à proprement parler de militants. Leur visibilité est limitée, ils sont difficilement identifiables en Europe. En quête de légitimité, ils misent donc sur le web 2.0 pour se rendre plus visibles aux yeux de leurs sympathisants européens.
Un modèle pour eux, Barack Obama, sacré champion du net. Un slogan, celui de son conseiller Chris Hugues, un des fondateurs de Facebook : «Keep it real and keep it local» (rester réel et rester local).

Gautier Demouveaux, à Bruxelles

 

 

L'éclairage de l'expert : le nécessaire changement des règles électorales

Simon Hix est professeur de politique européenne comparée à la London School of Economics and Political Sciences. Il explique ce qu'il faut changer pour que les europartis aient les moyens de discipliner leurs troupes, comme le font les partis nationaux aujourd'hui.

«Il faudrait un changement des règles électorales. Les règles qui gouvernent le système électoral permettent aux partis nationaux de contrôler le fonctionnement des élections européennes. Ce sont eux qui décident de se présenter ou non, des positions qu'ils défendent et des modalités de la campagne. Le pouvoir ultime est celui de choisir un candidat. C'est le plus grand pouvoir qu'un parti puisse avoir. Tant que les partis nationaux contrôlent ces choix, jamais les partis européens ne seront plus puissants qu'eux.
Le seul moyen de changer cela est d'affaiblir le pouvoir de sélection des candidats qu'exercent les partis nationaux. C'est déjà le cas dans certains pays où existe un système de listes ouvertes. Mais en France comme au Royaume-Uni et en Allemagne, les partis prédéterminent la place d'un candidat sur la liste et les électeurs ne peuvent pas la modifier.
L'eurodéputé Andrew Duff et plusieurs autres députés ont proposé de changer le système pour faire en sorte que chaque pays européen ait un système de vote préférentiel, comme en Finlande, au Danemark ou en Irlande.
Cela entraînerait deux conséquences. D'abord, cela encouragerait le candidat aux élections à faire campagne directement devant les électeurs. Un candidat français numéro deux sur la liste socialiste ou UMP n'est pas incité à faire campagne car il sait qu'il va être réélu. Il peut s'asseoir et se tourner les pouces en attendant d'être élu et de retourner au Parlement. En Finlande où les électeurs peuvent voter pour des candidats individuellement, chaque candidat doit se présenter à eux et leur dire : votez pour mon parti et votez pour moi parce que je suis celui qui vous représentera le mieux au Parlement. Lorsque le vote est basé sur des candidatures individuelles, l'électeur connaît mieux ses députés et les députés font davantage campagne. La connexion est meilleure entre les électeurs et le Parlement européen.
Ensuite, le vote préférentiel affaiblirait également le pouvoir des partis nationaux parce que dans un tel système, ils n'ont plus le contrôle absolu de qui est élu. Les hommes politiques avec leur individualité font la différence. Et si le pouvoir des partis nationaux est affaibli, celui des europartis et des groupes au sein du Parlement européen serait automatiquement accru.»

Propos recueillis par Clarisse Briot

L’eurodéputé britannique Andrew Duff (ADLE) propose de dessaisir les partis nationaux de leur monopole absolu du choix des candidats. Principale mesure de son rapport sur la réforme électorale, en cours d’examen par la commission des affaires constitutionnelles : l’élection de 27 députés (un par Etat) choisis sur des listes transnationales, en plus des 751 députés élus sur les listes nationales ou régionales. L’établissement d’une liste paneuropéenne demanderait aux partis nationaux de se concerter dans le cadre des europartis pour désigner les candidats. L’électeur pourrait modifier leur ordre sur la liste.

Pour Andrew Duff, l’objectif de cette réforme est de « créer une conscience politique européenne et développer les partis politiques européens ». Le Parlement souhaite adopter cette mesure avant la fin de la législature, mais elle doit obtenir l’unanimité au Conseil des ministres. Or par le passé, celui-ci a bloqué deux initiatives similaires.
Par ailleurs, la modification du nombre de députés demande une révision du traité de Lisbonne. Le rapport nécessite donc l’approbation du Conseil européen, où siègent les dirigeants des partis nationaux qui ne voient pas forcément d’un bon oeil ce coup de canif dans leurs prérogatives. Une telle réforme électorale risque de prendre du temps. L’objectif des élections de 2014 que se fixe Andrew Duff pour l’entrée en vigueur de sa proposition sera difficile à tenir.

Antoine Husser

 

Dans le Grand Est comme ailleurs, c'est Paris qui choisit

Dans cette circonscription, les candidats aux élections européennes se disputeront neuf sièges, un de moins qu’à la précédente législature*. La composition des listes de candidats n’est pas encore finalisée mais ce sont les états-majors qui décideront tout depuis Paris. Dans la cuisine électorale des partis.

A droite, le Front National et l’UMP s’apprêtent à reconduire les têtes de liste sortantes. A gauche Catherine Trautmann se verrait bien mener l’attelage socialiste. Chez les Verts le rassemblement écologiste complique la tâche. Au Modem les eurodéputés sortants se seraient bien passés de l’arrivée impromptue de Jean-François Kahn.

PS : Trautmann espère la tête de liste

« En 2004, j’ai poussé la liste, en 2009 j’espère la tirer. » A six mois des élections européennes, Catherine Trautmann ne cache son ambition d’être tête de liste socialiste dans le Grand Est. En quatrième position derrière Pierre Moscovici, Adeline Hazan et Benoît Hamon, l’ancienne maire de Strasbourg a obtenu de justesse son siège au Parlement européen lors du dernier scrutin. « A cette époque, aucun des trois n’était très connu dans la circonscription, ils ont profité de son aura », rappelle son attaché parlementaire.
Parmi les quatre députés élus en 2004, elle est la seule à se présenter à nouveau. Pierre Moscovici et Adeline Hazan ont lâché leur mandat dès qu’ils ont pu obtenir un mandat national à la hauteur de leurs ambitions. Benoît Hamon cherche à se faire élire en Ile-de-France - il est conseiller municipal de Brétigny-sur-Orge, dans l’Essonne.
Malgré cela Mme Trautmann sait que sa place n’est pas acquise : « En 2004, la Lorraine n'avait aucun représentant éligible, donc cette année, elle doit être en position d’être élue. Mais il ne s’agit pas d’une équation mathématique, ce sera décidé au niveau national. »
Rassembler les différents courants du parti, équilibrer la présence des régions en respectant les règles de parité, la synthèse n’est pas facile à obtenir. « Pour certains candidats, un poste éligible sera une récompense », admet Catherine Boursier, remplaçante d’Adeline Hazan au Parlement européen. A charge pour d’autres d’attirer les électeurs.
Au parti socialiste la lutte interne devrait être musclée. En 2004 les socialistes avait récolté quatre sièges d’eurodéputés (28, 41% des voix). « En 2009 si nous obtenons trois sièges, ce sera une victoire inespérée », confie-t-on rue de Solférino. Fragilisé par un Congrès désastreux, le PS s’attend à perdre au moins un siège. Seul les deux premiers de la liste sont assurés d’être élus.

UMP : on prend les mêmes...

Le 24 janvier 2009, Joseph Daul devrait être investi par l’UMP pour conduire la liste du PPE dans l’Est. Président du groupe PPE-DE au Parlement européen, l’eurodéputé alsacien devrait garder son siège. Si aucune personnalité féminine ne se distingue d’ici là, la Vosgienne Véronique Mathieu pourrait garder sa place de numéro deux sur la liste. « Sa candidature a permis en 2004 de respecter la parité et d’assurer un certain équilibre géographique », explique Antoine Ripoll, porte-parole de Joseph Daul. Aux dernières élections, la liste conduite par Joseph Daul a rassemblé 17,62% des voix. Le parti compte conserver ses deux sièges.

Modem : Jean-François Kahn candidat

« Je revendique la tête de liste. Je suis sortante, je n'ai pas démérité, je suis profondément attachée au territoire que je représente. En 2004, j'avais obtenu 12,40% des voix, le deuxième meilleur score de l'UDF aux européennes. »
Le 13 décembre, à Besançon, Nathalie Griesbeck, députée européenne sortante, a annoncé sa candidature à la tête de la liste du Modem dans la circonscription. Une mise au point à l’attention de Jean-François Kahn. Fin octobre, l’ancien journaliste a annoncé qu’il serait candidat aux européennes sur la liste Modem du Grand Est.
Outre Nathalie Griesbeck, le Modem compte un autre député sortant, Jean-Marie Beaupuy, qui a également l’intention de se représenter. « Je ferai en sorte qu'il y ait trois élus, et si ce n’est pas le cas, je leur laisserai ma place », a assuré Jean-François Kahn. Une promesse qui ne rassure pas ses rivaux. Aux dernières élections l’UDF avait obtenu de justesse son deuxième siège. La nouvelle législature ne devrait pas être plus favorable au parti de François Bayrou qui a perdu une frange de son électorat traditionnel au profit du Nouveau Centre. Le comité exécutif investira officiellement les candidats le 8 février 2009 après la consultation des militants sur internet.

FN : Gollnish « souverain »

Pas de surprise au Front National, Bruno Gollnisch a été reconduit à la tête de la liste Grand Est au début du mois de décembre. En 2004, le vice-président du FN y avait déjà mené campagne. Conseiller régional de Rhône-Alpes, basé à Lyon, Bruno Gollnisch ne pouvait pas être tête de liste dans le Sud-Est, la circonscription étant réservée à Jean-Marie Le Pen.
Les noms de Sophie Montel et Bruno Subtil circulent depuis quelques semaines pour les deuxième et troisième places. Mais la direction du parti avoue avoir « peu de chance de placer un deuxième député dans l’Est ». Au scrutin précédent le FN avait rassemblé 12, 17% des voix et obtenu un siège. Si le parti peut compter sur un électorat fidèle dans l’Est, il craint de ne pas avoir surmonté les mauvais résultats de l’élection présidentielle de 2007. La composition de la liste sera validée par une commission nationale composée de dix membres du bureau politique, soit les cadres du parti. « Bruno Gollnisch décidera souverainement de la composition de sa liste », affirme son attachée parlementaire, Catherine Salagnac.

Verts : « Une usine à gaz »

Il n’y aura pas de liste Verte mais un rassemblement Europe Ecologie emmené par Daniel Cohn-Bendit au niveau national. «Europe Ecologie devra donner l’impression aux électeurs que Cohn-Bendit est tête de liste dans chaque circonscription », explique le secrétaire régional des Verts en Alsace, Jacques Fernique.
La fabrication des listes sera plus compliquée qu’en 2004 pour le parti écologiste. Les militants Verts ont jusqu’au 31 décembre pour désigner leurs six candidats préférés, 3 hommes et 3 femmes parmi les 15 candidats déclarés dans le Grand Est. Le reste de la liste sera composé de personnalités issues du monde associatif. La député sortante Marie-Anne Isler-Béguin n’est pas assurée de rester tête de liste. Elle pourrait être supplantée par Sandrine Bélier, issue de l’ONG France Nature Environnement ou par Yannick Jadot, l’ancien responsable des campagnes françaises de Greenpeace.
Dans les rangs du parti Vert ce processus ne fait pas l’unanimité. « C’est un sacré piège car les Verts en déduisent que Cohn-Bendit choisit seul. Il y a déjà des mécontents qui trouvent cela illégitime. C’est une vraie usine à gaz. » Le leader européen tranchera avec la secrétaire nationale Cécile Duflot, et Pascal Durand, un membre du comité de campagne.
Pour conserver un siège, la tête de liste d’Europe écologie devra faire mieux que les Verts en 2004. la liste de Marie-Anne Isler-Béguin avait rassemblé 6,69% des électeurs. La députée sortante avait finalement été élue à la plus forte moyenne après une soirée à suspense.

*Les élections de 2009 se dérouleront selon les règles du Traité de Nice. La France perd donc 6 sièges d’eurodéputés par rapport à le législature précédente, dont un dans la circonscription Grand Est. L’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne permettrait à la France de récupérer deux sièges supplémentaires, lors d'une élection partielle en 2010 ou 2011. Selon le ministère de l’Intérieur, l’un de ces deux sièges devrait être rendu au Grand Est qui récupérerait ainsi un dixième eurodéputé.

Marion Soullié, Clarisse Briot, Claire-Marie Kostmann, Isabelle Bertinet

Catherine Trautmann : « On est au début du processus de régionalisation »

La régionalisation des élections européennes de 2004 avait notamment pour but de rapprocher les citoyens de leurs députés. Dans le grand Est, dix parlementaires ont été élus. C’est surtout par leurs mandats locaux que les députés sont connus. Leur statut de parlementaire ne leur donne pas de pouvoir particulier pour défendre les intérêts de leur région.
Dans la permanence parlementaire de l’eurodéputée Catherine Trautmann, 6 rue des Orphelins à Strasbourg, pas de drapeau européen ou de photo du Parlement. Et encore moins de documentation pour informer les éventuels visiteurs du fonctionnement de l’Union.
Catherine Trautmann est présente dans son bureau en moyenne une demie journée par semaine. Elle y reçoit des citoyens dont les demandes n’ont pas forcément de rapport avec ses fonctions d’eurodéputée. « En tant qu'ancien maire de Strasbourg, des particuliers viennent lui demander un soutien pour un logement, des papiers, un emploi », explique Pernelle Richardot, une de ses attachées parlementaires.
Le constat est partagé par les équipes des autres députés. Dans les permanences se succèdent des particuliers, des maires, des syndicats ou des organisations professionnelles aux requêtes très variées: visites du Parlement européen, demandes de stages, d’aides régionales, de subvention, de parrainage. Certains viennent même chercher des conseils pour leur feuille d’impôts. « Je prends les doléances mais j’explique que je ne peux rien faire », admet Agnès Guillaumont, attachée parlementaire de la socialiste Catherine Boursier.

Une eurorégion trop grande, estiment les candidats

Sur les dix députés de la circonscription, seuls sept ont une permanence parlementaire. Joseph Daul, originaire de Pfettisheim près de Strasbourg, se contente de son bureau au Parlement. Benoît Hamon et Bruno Gollnisch ne disposent pas de bureau dans le Grand Est car ils n’habitent pas dans la région. Le nouveau porte-parole du PS réside à Brétigny-sur-Orge dans l’Essonne où il a une permanence en tant que conseiller municipal. En semaine turquoise, dédiée à la circonscription européenne, « il n’est pas particulièrement présent mais il se déplace selon les demandes dans le grand Est », affirme son attachée Marion Carré.
Cinq ans après la réforme du scrutin, la grande région n’a toujours pas trouvé de sens pour beaucoup de députés. Selon le FN, «ce sont des représentants de la France et des Français qui vont au Parlement européen. Les thèmes de sécurité et d'immigration que nous défendons particulièrement sont des problématiques nationales. » Le parti d’extrême-droite assume le parachutage du Lyonnais Bruno Gollnisch dans le Grand Est.
Les Verts se montrent également critiques. « Le système a été mis en place pour casser la dynamique du vote pour les écologistes», assure Jacques Fernique, secrétaire régional des Verts en Alsace. Selon tous les députés, l’eurorégion est trop grande. Ils n’ont pas le temps de se déplacer sur tout le territoire de la circonscription et n’arrivent pas à se faire connaître des habitants.

Cumul des mandats « compatible »

Exerçant différents mandats locaux, les députés arrivent en revanche à se faire connaître dans leur ville ou leur région. Ainsi Pierre Pribetich est vice-président du Grand Dijon, Catherine Boursier occupe la présidence du Pays du Val de Lorraine tandis que Nathalie Griesbeck est conseillère générale de Moselle. « On a intérêt à avoir les mains dans le cambouis et les pieds dans la glaise », assure Jean-Marie Beaupuy, conseiller municipal d’opposition à Reims. Selon Catherine Boursier, « certains mandats locaux sont compatibles avec celui de député européen ». Un avis qui n’est pas partagé par Marie-Anne Isler-Béguin pour qui «c’est un mandat à plein temps ».
Cette implantation locale des députés est aussi un moyen de relayer les préoccupations du terrain au niveau européen. « En Lorraine, le problème des effondrements miniers ne relève pas de la compétence de l’UE, poursuit Marie-Anne Isler-Béguin, installée à Metz. Mais on a pu le lier à la directive cadre sur l’eau et lancer une pétition. Cela peut concerner d’autres pays de l’UE.»
La grande mission des députés reste pédagogique. Il s'agit de parler de l'Europe face à des classes ou lors de forums avec des citoyens. Une activité qui s'est développée selon Catherine Trautmann. « Les fédérations ou les associations pensent davantage à m'associer à des conférences et des débats, y compris sur le plan politique. On est au début du processus de régionalisation. »

L'Union du peuple alsacien a l'esprit de groupe

En 1988, le parti autonomiste régional, Union du Peuple Alsacien (UPA), s’est rattaché à l’Alliance Libre Européenne (ALE), qui siège à Strasbourg avec le Parti Vert. Son but: gagner un peu plus de poids et de visibilité. Aujourd’hui l’objectif n’a toujours pas été atteint. Selon son président, Daniel Willmé, faire partie de l’ALE ne fait pas gagner des voix. Verbatim.

« Faire partie de l’ALE était pour l’UPA une opportunité de se faire un petit peu plus entendre. On milite pour que l’Alsace dispose d’un statut particulier d’autonomie régionale. La France est un des pays les plus centralisés d’Europe, tout se décide à Paris. On aimerait donc que l’Alsace ait le même statut que la Catalogne, le Tyrol du Sud, ou encore les Länder allemands.
Avec le temps nous avons compris que ce n’était pas l’Europe qui pourrait résoudre tous nos problèmes, c’est à nous d’agir sur le terrain. C’est tout de même bien de faire partie d’une grande structure. L’ALE lutte pour une Europe des peuples et pour la défense et la promotion de la diversité des langues et des cultures régionales au sein de l’Union. Nous soutenons ces idées et sommes heureux de pouvoir être représentés au Parlement Européen. Mais ça se limite à ça.
Vous savez, nous sommes un tout petit parti, nous n’avons pas de permanents, nous avons une centaine d’adhérents, la moitié âgée de plus de 60 ans… Nous ne sommes pas assez crédibles aux yeux de l’Etat pour obtenir ce que l’on veut.
Les autres partis membres de l’ALE, nous ne les voyons qu’une seule fois par an, lors de l’Assemblée Générale. C’est un moment convivial, on partage nos expériences. On discute du programme annuel du parti, mais nous n’avons pas le droit de voter, car nous ne sommes là qu’en tant que parti observateur.
Je suis président de l’UPA depuis quatre ans mais je ne suis allé à cette réunion qu’une seule fois. Sinon, tout le reste de l’année on échange avec l’ALE, entre deux et trois mails seulement. Pour être sincère, faire partie de l’ALE ne nous apporte rien.
On s’est posé plusieurs fois la question : mais pourquoi rester ? La cotisation nous coûte quand même 600 euros. C’est beaucoup pour un parti qui a un budget de 8 000 euros par an. Nous restons donc par amitié envers l’ALE, Nelly Maes, la présidente et Günther Dauwen, le directeur. Et aussi pour faire vivre ce parti qui est le seul régionaliste dans l’Union. Eux non plus n’ont pas beaucoup d’argent.
Je n’ai aucun contact avec les six eurodéputés de l’ALE. Je suis plus particulièrement proche de Gérard Onesta, eurodéputé vert. Pour la campagne des élections européennes de 2009, nous allons donc appeler à voter pour la liste de Daniel Cohn-Bendit. Il faut savoir que tous les partis autonomistes ont également une forte composante écologiste. Cette liste fera certainement plus de 10% et comme dans la région PACA (Provence-Alpes-Côte d’Azur), le numéro deux de la liste des verts est un autonomiste (François Alfonsi, membre du parti de la nation corse), on aura donc la chance d’avoir un élu qui nous représente bien au Parlement Européen. »

Isabelle Bertinet

Les électeurs de l'Est à la découverte de leurs élus

Vendredi 12 décembre, une cinquantaine de citoyens participait à un forum-citoyen sur le thème "Europe et développement durable" à Dijon. En face d'eux, sept des dix eurodéputés du Grand Est. L'occasion de découvrir leurs élus à quelques mois de la fin de leur mandat.

 

 

 

 

 

 

 

Dix ans après sa dernière campagne dans l’Hexagone, il revient sur la scène politique française. Après avoir été élu sur une liste verte allemande aux européennes de 2004, l’eurodéputé prend la tête d’Europe Ecologie, un mouvement rassemblant les écologistes français pour les élections européennes. Fédérateur ou dynamiteur, quel est réellement son rôle ?

Il a l’habitude des bons mots. Dès le lancement d’Europe Ecologie, le 20 octobre dernier à Paris, Daniel Cohn-Bendit promet «des larmes et des pleurs» aux verts français. Il prône alors un «nouvel espace politique ouvert et indépendant». Traduction: les places seront chères car il n’y aura pas de liste des Verts français lors de la prochaine campagne européenne. En tout cas pas à proprement parler. En effet, les Verts français ne sont qu’une des composantes du mouvement initié après l’élection présidentielle de 2007 par des proches de Nicolas Hulot et certains cadres du parti vert. Le rassemblement est hétéroclite, ouvert aux associatifs, de Hulot à Bové, en passant par des partis comme le MEI d’Antoine Waechter et les Verts.
Daniel Cohn-Bendit est une icône européenne et son expérience lui donne une légitimité. Pour autant, il n’a pas la main-mise sur les nominations. Il fait partie d’un trio exécutif chargé de présenter des candidats au comité de campagne en compagnie de Cécile Duflot, la secrétaire générale des Verts et Pascal Durand, bras droit de Nicolas Hulot. «Dany voulait nommer Eva Joly dans l’Ouest, nous avons simplement refusé, il n’impose pas ses choix», confirme l’eurodéputé vert français Alain Lipietz.

Oublier la déroute de Voynet en 2007

Selon lui, Daniel Cohn-Bendit est un «catalyseur». Il rassemble une liste de politiques et d’associatifs. C’est un chef qui ne dérange pas. «Paradoxalement, il ne fait d’ombre à personne, explique l’eurodéputé vert français qui prendra sa retraite cette année. Il n’est présent sur la scène politique française qu’au moment des campagnes européennes où il est tête de liste ... C’est-à-dire six mois tous les dix ans.» Un allié utile pour éviter les conflits de personnalité, et ménager les jalousies. «Supposez qu’il y ait eu une bataille pour la tête de liste en Ile-de-France, comme par exemple un duel Voynet/Cochet, ça se serait passé moins bien qu’avec Dany.» Pas de bataille en effet avec Daniel Cohn-Bendit, que personne ne soupçonne d’utiliser les élections européennes pour briguer un mandat national.
Mieux, les Verts comptent bien se servir de l’image de l’ex-soixante-huitard pour se relancer en France. Ces élections sont l’occasion de se remettre en selle après la déroute de Dominique Voynet à la présidentielle de 2007 (1,57% des suffrages exprimés, soit le plus mauvais score depuis la création du parti, en 1984). «Lors de l’assemblée générale de Lille, début décembre, la majorité à la tête du parti a été très claire : Europe Ecologie doit servir à faire un bon score pour lancer une dynamique pour 2012», explique Marie Anne Isler Béguin.
«Je ne sais pas si c’est bassement électoral mais ce qui est sûr c’est que les Verts français doivent rebondir s’ils veulent peser, même dans la perspective des régionales avant les élections présidentielles, déclare Daniel Cohn-Bendit. Ils doivent retrouver des couleurs avec les européennes, c’est vital pour l’écologie politique.»

Quelles perspectives après les européennes ?

Le rassemblement se poursuivra t-il après les élections européennes? La question était déjà au cœur des débats lors de l’assemblée générale des Verts à Lille début décembre. Certains craignaient qu’une trop grande ouverture ne débouche par exemple sur un rapprochement avec le Modem. La peur de revenir au «ni droite, ni gauche», à l’origine de la division des Verts en 1993 était dans tous les esprits. Cécile Duflot, après sa réélection à la tête du parti, a mis les choses au point : le mouvement doit permettre aux Verts de participer à une véritable alternative pour 2012, tout en réaffirmant leur ancrage à gauche.
En fait, la pérénnité du mouvement dépendra du score obtenu début juin. «Si c’est un fort résultat, ça secouera tout le monde, prévoit Daniel Cohn-Bendit. Si le résultat n’est pas au rendez-vous, je crois qu’on reviendra à la case départ...»

Florent Godard et Gautier Demouveaux, à Bruxelles

 

Nicolas Sarkozy veut des têtes d'affiches

Le chef de l'Etat souhaite des eurodéputés engagés et impliqués à Strasbourg. Le casting pour les élections de juin s’avère difficile : les éventuels candidats voient le Parlement européen comme une mise à l’écart.

Elles seront dévoilées le 24 janvier à l’UMP lors d’un conseil national. Elles ou ils, ce sont les huit têtes de listes pour les élections européennes*. Pour l’instant, «il n’y a rien de gravé dans le marbre, ça reste très ouvert», insiste Olivier Ubéda, délégué aux affaires européennes à l’UMP.
Les sortants sont sur la sellette. «Le problème de ces députés, c’est qu’ils n’ont pas une très grande notoriété», explique le président de la commission des investitures électorales, Jean-Claude Gaudin. «Nicolas Sarkozy a envie d’une délégation UMP pêchue», précise Olivier Ubéda. Des personnalités « qui accrochent la lumière, qui s'impliquent, qui siègent et qui s'occupent de choses un peu ingrates » seront envoyées à Strasbourg. Le chef de l’Etat souhaite que les élus investissent les commissions pour peser sur les textes présentés au Parlement. Ils devront prendre le mandat de député européen comme une responsabilité à part entière (comme en Allemagne) et non comme une mise à l’écart.

Lamassoure en danger face à Baudis ?

Avec Brice Hortefeux, secrétaire national aux élections, Jean-Claude Gaudin compose les listes en accord avec le chef de l’Etat et le Premier ministre François Fillon. Ces dernières semaines, il a reçu tous les députés sortants «pour voir la possibilité d’amélioration de notre positionnement politique à Strasbourg» avec des questions : «Est-ce que la France joue bien son rôle ? Est-ce qu'elle n'est pas trop écartée des instances de décision ? » et une réponse : « Peut mieux faire ». A Bruxelles, il se murmure que les députés ayant fait au moins deux mandats pourraient sauter. Suivant cette règle, près de 10 d’entre eux seraient menacés. L’UMP ne confirme pas cette information.
Au Parlement européen, la France disposera de 72 sièges après les élections de 2009. L’UMP devrait en prendre au moins deux dans chacune des huit circonscriptions. Aujourd’hui, le parti de la majorité compte 17 eurodéputés contre 31 aux socialistes.
Le cas d’Alain Lamassoure (Sud-Ouest) n’est «pas tranché» indique Jean-Claude Gaudin. Malgré ses compétences et son expérience, il ne devrait pas être tête de liste et pourrait même perdre son siège. Il reste pourtant très engagé dans la préparation de la campagne au parti populaire européen (PPE). Nicolas Sarkozy pourrait lui préférer Dominique Baudis, ancien député européen. En juin, le chef de l’Etat avait pensé à Alain Juppé qui a décliné l’offre. Le maire de Bordeaux préfère se consacrer à sa ville.

Daul et Barnier, têtes de liste dans l’Est et le Sud est

Mais à l’Elysée, où tout se décide, on a du mal à trouver des têtes de liste charismatiques et connues des Français. Le ministre de l’agriculture, Michel Barnier, quitterait le gouvernement en avril pour mener la liste Sud-Est. Dans cette circonscription, la situation de Françoise Grossetête est incertaine. Elle serait en concurrence avec Dominique Vlasto, elle aussi sortante et par ailleurs adjointe de Jean-Claude Gaudin à la mairie de Marseille.
La candidature du sortant Joseph Daul serait acquise dans l’Est. Dans le Nord, Valérie Létard, secrétaire d’Etat à la solidarité, serait sur les rangs. Pour l’Ouest, le nom du président de la FNSEA (Fédération nationale des exploitants agricoles), Jean-Michel Lemétayer, circule. Brice Hortefeux aurait été pressenti pour être tête de liste dans le Massif central-Centre mais il a démenti l’information. Le ministre de l’immigration devrait être candidat mais en position non éligible.
L’Ile-de-France n’a pas encore de candidat après le «non» de Rama Yade à Nicolas Sarkozy. La secrétaire d’Etat aux droits de l’Homme refuse de quitter le gouvernement pour Strasbourg. Le nom de Luc Ferry a été évoqué. Seule certitude : Nicole Fontaine ne se représentera pas. Cette circonscription illustre bien le problème posé au chef de l’Etat : trouver des personnalités et les convaincre de leur importance politique à Strasbourg.
Jean-Claude Gaudin et Brice Hortefeux doivent présenter leur travail au chef de la majorité, à savoir Nicolas Sarkozy. C’est lui qui aura le dernier mot.

*La France est divisée en huit eurocirconscriptions : Nord Ouest, Ile de France, Ouest, Est, Centre-Massif Central, Sud est, Sud ouest, Outre mer.

Matthieu Cotinat

Avant tout une élection nationale pour l'UMP

«Les européennes sont une élection nationale à thématique européenne», répète t-on à l’UMP. Comprenez que les candidats et les électeurs seront français et s’inscriront dans une «ambiance nationale» liée à la politique du gouvernement et du chef de l’Etat.
Le programme du PPE (Parti populaire européen) sera adapté aux niveaux national et régional selon une «version UMP». Sur les tracts et la profession de foi figureront les logos du PPE et de l’UMP. Pour sensibiliser les électeurs à la politique européenne, l’objectif est de leur montrer que «c’est du concret».
Dans chaque eurocirconscription, une personnalité politique est chargée de faire des propositions pour adapter la campagne à chaque territoire. Michel Barnier s’occupe du Sud-Est, Roselyne Bachelot de l’Ouest, Pierre Lequiller de l’Ile-de-France, Hubert Haenel de l’Est, Brice Hortefeux du Massif central-Centre, Alain Lamassoure du Sud-Ouest, François Baroin de l’Outre-Mer et Antoine Rufenacht du Nord-Ouest. Ces personnes ne seront pas forcément les têtes de liste. Leurs idées seront présentées en janvier. Chaque tête de liste se les appropriera en les faisant évoluer.

M. C.

Le Parti socialiste se prépare à un scrutin serré

La nouvelle première secrétaire, Martine Aubry a nommé Jean-Christophe Cambadélis, secrétaire national aux affaires internationales et européennes, et Christophe Borgel secrétaire aux élections. Les deux Strauss-Kahniens auront la tâche de préparer le scrutin de juin 2009.
Le PS se prépare à des élections serrées: début décembre, un sondage prédisait un score au coude-à-coude avec l’UMP, autour de 22%. Le score de 29% réalisé en 2004 sera difficile à égaler. Martine Aubry a décidé de ces nominations peu de temps après le Conseil du PSE de Madrid, auquel elle a assisté et après les recommandations de Bernard Poignant, un eurodéputé proche de François Hollande. Peu avant le Conseil national, celui-ci a remis une note à la nouvelle première secrétaire dans laquelle il appelle les élus à s’engager «à ne pas abandonner leur mandat européen pour un siège national».
Depuis 2004, six socialistes français ont délaissé leur siège européen pour devenir député ou sénateur. Bernard Poignant insiste: «Les socialistes français doivent être au niveau de leurs homologues européens. Cela suppose de prendre au sérieux cette fonction d’eurodéputé, ce n’est pas une présidence de conseil général.» Il souhaite «le moins de parachutages possibles et la meilleure prise en compte possible de la régionalisation du scrutin» mais aussi qu’on tienne compte de l’expérience «des sortants car l’expérience compte à Strasbourg». La campagne socialiste française sera lancée début janvier.

Mariam Pirzadeh

Les élections européennes de 2009 sur le site du Parlement européen...

... Et sur Toute l'Europe

 

 

 

 

Depuis sa naissance, Chloé a sa propre perception du monde qui l'entoure. La jeune femme de 20 ans est atteinte d'une maladie génétique rare qui a des conséquences sur sa vision périphérique et nocturne. Un handicap qui ne l'empêche ni d'aller en cours, à Science Po Strasbourg, ni de lire ou de danser la salsa comme n'importe quel étudiant. Munie de sa canne, elle considère que chaque obstacle qu'elle rencontre est fait pour être surmonté.

Luc Sorgius

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