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Son visage se tourne à nouveau vers l’écran. Les jockeys et leurs chevaux s’engouffrent dans les portes de la ligne de départ. Cheikh Diallo confie, malicieusement  : "Il faut regarder si un des chevaux chie avant le départ. Après, il est plus léger. Un ancien m’avait donné ce conseil." 

Les cavaliers s’élancent enfin. Les turfistes — parieurs— s’agitent et scandent le numéro de leurs ascots dans la cacophonie. Le numéro 7 sort vainqueur suivit du 12 et du 9. Jurons en tout genre et exclamations de joie fusent. 

Cheikh Diallo est plus mitigé. Il n’a pas gagné le gros lot mais a limité les pertes "là j’ai seulement récupéré une partie des 30 euros que j’avais misé car j’avais quand même le 12 et le 9 dans mon "Quinté". J’aurais pu gagner 600 euros si j’avais eu les 5. Mais je vais rester et ce que j’ai perdu je vais le récupérer dans la soirée". Confiant, il peut compter sur son expérience. 

Expérience, connaissance et beaucoup de chance

Habitant à Kœnigshoffen depuis six ans, il a commencé les paris hippiques depuis une dizaine d’années. Il expose alors les connaissances requises pour se lancer dans les paris hippiques : "Il y a différents types de courses. A plat, Attelée et les haies. Et plusieurs types de terrains : le gazon, le synthétique et le sable. Par exemple sur le sable, le poids est très important car la surface est lourde et donc très fatigante. Il faut donc des chevaux légers." Avant d’ajouter, "il faut regarder aussi si les chevaux sont ferrés ou non. Sans les fers, ils sont moins lourds". Tout est une question de poids ? Non, selon lui, savoir-parier est un savant mélange de différents ingrédients : expérience, connaissance et beaucoup de chance. 

Compte aussi les petites astuces personnelles. Espiègle, Cheikh Diallo confie : "Les femelles sont les plus rapides car derrière il peut y avoir des mâles qui les chassent." 
A chaque race et sexe de chevaux sa particularité. Les persans arabes sont des sprinteurs, performants sur des courtes distances ; les mâles sont eux plus endurants. 

Pressé de rejoindre ses camarades, Cheikh Diallo conclut : "En tout j'ai plus perdu que gagné. J'ai déjà eu les cinq premiers numéros plusieurs fois mais jamais dans l'ordre. Réussir à les avoir dans l'ordre, ça représente au minimum 2 000 euros. Mais parier c'est un loisir, une manière de passer le temps. Quand on gagne de l'argent on est content, très content."

Le Rituel est bien rodé. Avant chaque course, Cheikh Diallo, la quarantaine, les yeux rivés sur le journal Paris-Turf, prend soin de s’informer pendant de longues minutes. 
Forme des concurrents, qualité de l’entraîneur, baromètre des cotes ou encore palmarès des jockeys, rien n’échappe à ce parieur aguerri. 

Autour de lui, la salle du Café Koenig’s, 124 Route des Romains, est presque comble en ce vendredi 9 novembre.

Située après la ligne de chemin de fer depuis le centre de Strasbourg, la brasserie fait le bonheur des parieurs mais aussi des amateurs de cartes ou de football.  

La trentaine de clients présents, majoritairement des hommes d’âge mûr, sont de plus en plus bruyants. Les derniers parieurs valident leurs tickets du "Quinté" du jour à la machine, juste avant le début de la course : l’enjeu est de trouver les cinq chevaux qui franchiront la ligne d’arrivée en premier. Quelques minutes plus tard, les montures s’élancent sur la piste de l’hippodrome de Vincennes. 

Assis auprès de ses camarades de jeu, face à la télévision, Cheikh Diallo, pantalon beige, pull gris et lunettes vertes vissées sur le nez, attend le début de la course. Tout en entourant le nom de ses favoris au marqueur noir, il explique : "Aujourd’hui la course est en nocturne, à 20h15. Je suis venu pour valider mes tickets, pour voir le "Quinté" et passer du temps avec des amis." Avant de poursuivre : "J’étais là aussi à 13 heures. Je viens tous les jours presque. Le matin tôt et les soirs, ou après le travail."

Une vie marquée par le sport 

Originaire de Dakar au Sénégal, Cheikh Diallo, travaille en France depuis 22 ans comme employé polyvalent dans le bâtiment, "c’est le sport qui m’a amené en France. J’ai joué pendant 12 ans au handball en contrat semi-professionnel. Maintenant je travaille juste au chantier à cause d’une blessure que j’ai eue ". 
Le handball est une véritable passion dans la famille, "avec mes frères, on étaient sept internationaux pour l’équipe du Sénégal". Lui même à fréquenté des clubs hexagonaux comme le SMEC à Metz, dissout en 2009, ou encore l’AS Haguenau. 

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Avant chaque course, Cheikh Diallo se renseigne sur les cotes les plus intéressantes. © Nicolas Robertson

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Trois enfants jouent en bordure de route en dépit des voitures qui traversent fréquemment le triangle Herrade, parfois à vive allure. © Clara Guichon

Une montagne de bâtonnets de bois est posée sur son tapis de circuit de petites voitures. Il doit lire pour l’école mais il ne s’en contente pas. Le nombre de pages ne semble pas l’inquiéter, il a déjà fini quatre tomes de Harry Potter. L’aspirant astronaute a aussi dévoré toute la saga Cabane magique. Son livre favori ? L’encyclopédie des animaux. Tout comme sa sœur, il est scolarisé en section bilingue germanophone dans le quartier de la gare de Strasbourg, ce qui explique la rangée entière de livre écrits en allemand, dans sa bibliothèque. La famille Naroura est elle aussi portée sur les langues étrangères. A la maison, on parle trois langues : le français, l’arabe et le polonais. Quand ils rentrent du bibliobus, les enfants peuvent passer des heures à lire. Ilyas, 8 ans, lit seul, son petit frère Rayane ne sait pas encore lire mais ses parents lui racontent une histoire chaque soir. “Il est très important que nos enfants aient envie de lire”, affirme Magda Naroura. Dès leur plus jeune âge, les parents disposaient une dizaine de livres sur leurs lits pour qu’ils commencent à les manipuler, comme pour établir un tout premier contact. Un rituel que Kenzi découvre à son tour. Les deux plus grands partagent leur chambre et un lit superposé, dans lequel est encastrée une petite bibliothèque. 

Pauline Dumortier, Héloïse Lévêque et Marie Pannetrat

 

Nicolas Massol et Nicolas Robertson 

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Elise présente un de ses livres préférés à son père, Fabien Romary. © Héloïse Lévêque 

David Grüber, le pharmacien devenu brasseur

C’est en 1825 que naît David Grüber à Phalsbourg dans la Meurthe. Pharmacien de profession, il rachète en 1855 la petite brasserie Clausing située à Koenigshoffen pour se lancer dans la fabrication de la bière. Elle deviendra la plus importante brasserie d'Alsace. Malgré les critiques dénonçant son produit comme la “bière du pharmacien”, sa réussite est due à sa capacité à tirer profit de ses connaissances et de la géographie du site. Il est ainsi le premier Strasbourgeois à construire de vastes caves réfrigérées par la glace récoltée en hiver sur les prés voisins (appartenant aujourd’hui au CREPS) pour favoriser la fermentation de la bière. Ses idées novatrices lui permirent également de développer son entreprise en reliant sa brasserie à la ligne de chemin de fer. Dès 1872, les premiers wagons sont spécialement conçus pour le ravitaillement de la bière. A l’apogée de son activité, la brasserie employait 150 personnes sur près de 2,9 hectares et écoulait 1,2 million de bouteilles hors d’Alsace. A la mort de son fondateur en 1880, la brasserie sera reprise par ses héritiers qui poursuivront la production jusqu’en 1959. Elle sera alors rachetée par Fischer suite à des difficultés financières. L’entreprise restera présente jusqu’en 1965, date à laquelle elle mettra définitivement fin aux activités brassicoles sur le site.
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Nefise Bezmem assiste inlassablement aux permanences pour dénoncer les détériorations de son appartement suite aux travaux.  ©Clara Guichon

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