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Divorce euro-africain


18 décembre 2007

Pas d'emphase sur les relations entre l'Union et l'Afrique. A l'aube de 2008, rien ne va plus. Le blocage majeur concerne les accords de partenariat économique.

Le commissaire européen au développement Louis Michel l'a admis le 17 décembre : le sommet Europe-Afrique de Lisbonne n’a pas permis d’avancer sur les accords de coopérations économiques. L’Union européenne n’arrive pas à convaincre les pays africains, signataires de l'accords de Cotonou, d’accepter un nouveau pacte économique. La première phase de cet accord, qui organise l’Afrique en quatre zones économiques (voir carte) pour négocier plus facilement avec l’Europe, arrive à terme. Les 27 estiment que les tarifs préférentiels accordés aux importations africaines ne correspondent plus aux règles de l’OMC (Organisation mondiale du commerce). Les pays africains sont divisés sur les nouvelles négociations commerciales au sein même de chaque zone.
Dès le 1° janvier , l’Union peut en effet être mise en accusation devant l'OMC pour discrimination positive en faveur de ses anciennes colonies. La Commission propose donc de libéraliser progressivement les échanges, afin d’intégrer l’Afrique dans la mondialisation.
Les pays en question sont loin d'accepter ce régime, qu'ils jugent moins favorable que les accords de Cotonou ne le promettaient et aucune des quatre régions africaines n’a signé ces nouveaux contrats. Les Etats africains sont inquiets pour leurs produits agricoles qui ne pourraient bientôt plus concurrencer les produits européens subventionnés. Ils craignent, en abaissant leurs taxes douanieres, de perdre l'essentiel des ressources qui alimentent leur budget.

Des pays africains divisés

Faute de consensus, la Commission a choisi de négocier avec les pays africains un par un. Les PMA (Pays les moins avancés) ne sont pas concernés. Ils pourront quoi qu'il arrive exporter vers l'Europe sans droit de douane ni quota dans le cadre du régime «tout sauf les armes». En revanche, les Etats à revenus intermédiaires, comme la Côte d’Ivoire et le Ghana, devront acquitter des droits de douane supplémentaires dès 2008, à moins de se mettre en conformité avec les règles de l'OMC qui s'appliquent à tous leurs homologues.
Cette mise en demeure vient de pousser ces deux pays à négocier des accords provisoires avec l’Union en urgence, afin de préserver leurs facilités d’exportation.
A ce jour à peine une dizaine de pays (étoiles sur la carte) sur les 52 membres de l’Union africaine ont signé un accord intérimaire de partenariat économique.
Tandis que les relations euro-africaines se tendent, la Chine pénètre à grande vitesse les marchés africains dont elle vise sans se cacher les matières premières.
Une situation qui explique la discrétion de Paris sur les nouvelles ambitions de l'Eurafrique.

Catherine Roussin

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