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Chez les soutiers, à toute vitesse


19 décembre 2007

 

Programmation, réservations, ventilation. Sans oublier, surtout, la mobilisation des collectivités territoriales et des composantes de la société civile organisée. Dans la panique quotidienne d'une présidence pas si tranquille. Régisseur en chef: Claude Blanchemaison.

Claude Blanchemaison, ou les anticipations rationnelles

Secrétaire général de la présidence française du Conseil de l’Union européenne, il programme depuis juin toute sa logistique. Un homme occupé.

Il est le régisseur en chef. Claude Blanchemaison est à la tête du secrétariat général pour la présidence française du Conseil de l’Union européenne (SGPFUE). Nommé en Conseil des ministres le 15 juin, il doit planifier toutes les manifestations qui auront lieu en France pendant six mois. Budget: 190 millions d’euros. Moyens humains: 22 personnes.
A lui la tenue de l’agenda des 4 sommets entre UE et pays tiers, comme de chacun des événements qui se dérouleront sur le territoire national: une vingtaine de réunions informelles entre ministres des 27, mais aussi des dizaines d'agitations culturelles, colloques, et autres assises. A chaque fois, il faut envisager la présence d’un ou plusieurs ministres du gouvernement, et ses conséquences en termes d'intendance. «Chaque ministre veut son conseil informel», explique-t-il. Et chaque village veut son ministre.

Partenariats privés-public

Depuis juin, mails, lettres et coups de fil affluent vers son bureau, en provenance de présidents de région, conseillers généraux, députés ou maires de toutes couleurs. Tous veulent le convaincre d’organiser un petit quelque chose chez eux. Mais le vrai casse-tête, ce sont les sommets. «Là, c’est encore plus compliqué. On doit consulter tous les pays tiers et attendre leur accord avant de valider le planning.»
Son équipe tient les cordons de la bourse. et exerce le monopole d'attribution du label «présidence française» à une quarantaine de manifestations publiques, dont certaines organisées par des ONG ou des grandes entreprises. Elle multiplie donc les rencontres avec les chefs d’entreprise pour les sensibiliser aux prestiges de la présidence... et conclure des partenariats financiers. Areva est prête à participer. Pour Accor en revanche, pas question de mettre gratuitement des chambres à disposition.

«Je ne sais pas comment on va faire»

Début décembre, ils étaient 16 à seconder Claude Blanchemaison. A terme, l’équipe devrait compter 22 personnes. Trop peu, comparé au secrétariat général portugais (1) qui emploie plus de 70 permanents? «Pas du tout, se défend Claude Blanchemaison. Ici, c’est un état-major. Nous, on n’a pas vocation à réserver des chambres d’hôtel et des salles pour les conférences. .» Cette tâche subalterne sera déléguée aux ministères.
Les collaborateurs du SGPFUE ont été répartis sur neuf pôles : questions financières, justice et immigration, société civile, éducation et recherche, collectivités territoriales, écologie et développement durable, culture, questions agricoles et questions sociales. Pendant la présidence, ils seront chargés de coordonner les rendez-vous thématiques. Dans l’idéal, ils devraient être présents partout sur le terrain. Difficile à imaginer lorsque l'on jette un oeil sur la programmation: 150 réunions en six mois à Angers, Avignon, Strasbourg, Paris, Annecy, Cannes, Bordeaux, Nice... ou Kourou. «Les Portugais ont sept coordinateurs mais la majorité des réunions se tenaient à Lisbonne», confesse un haut fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères. «Nous, je ne sais pas comment on va faire.»

Deux immeubles éloignés pour une même équipe

Et puis il y a les navettes quotidiennes entre les deux QG parisiens. L’un se situe rue La Pérouse, près de l’Etoile, l’autre rue de Lille, dans le quartier des ministères. Impossible de trouver 22 bureaux dans le même bâtiment à Paris. «Ça a été très difficile. A un moment, j’ai même failli recourir à des locaux privés, comme si je vendais des savonnettes !»
Le secrétaire général se dit serein. «Je ne suis pas un homme pressé. Tout est question d’organisation», assure-t-il. Avant de vous expédier courtoisement: « Pardon, on est un peu pressé ce matin. Ça sort et ça rentre sans cesse dans ce bureau. Un vrai moulin. » Car c’est l’homme d’un instant.
Le SGPFUE disparaîtra trois ou quatre mois après la fin de la présidence française. Le temps de quelques rapports d’exécution et de régler les dernières factures.

Loup Besmont, à Paris

(1) Le Portugal a exercé la présidence de l’Union européenne de juillet à décembre 2007.

 

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