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À Mulhouse, Maya craint que le passe sanitaire anéantisse l'ensemble des démarches qu'elle a entreprises pour sa transition. Crédits réservés

Obligatoire depuis le mois d'août, le passe sanitaire ne va pas sans poser problème : plusieurs personnes trans ont notamment vu éditer leur attestation au nom de leur « deadname », leur prénom de naissance. Avec pour conséquence, au-delà du risque encouru, le sentiment de ne toujours pas être considérées.

Scola Corsa est le petit nouveau des écoles immersives. ©DR

La première école Diwan a été créée à Ploudalmézeau en 1977. ©DR

Catalan : « Il va falloir s’adapter aux demandes de l'Éducation nationale »

Sandrine Flores, professeure et directrice de l’école Arrels Cassanyes, Perpignan (Pyrénées-Orientales)

Il existe également des écoles immersives publiques, à ne pas confondre avec les écoles associatives privées, les Bressolas. Les Catalans sont les seuls à introduire le français en CE2 en parité horaire, un an avant pour les autres régions.

« On est très inquiets de ce qui peut advenir de notre fonctionnement. Désormais, on est rassurés pour l’année scolaire mais on reste sur le qui-vive, on sait qu’il y aura des discussions dans les années à venir. Notre futur est incertain. J’espère qu’un simple cadre sera appliqué au contraire de mesures encore plus restrictives. En tant qu’école publique, il va falloir s’adapter aux demandes futures de l'Éducation nationale. »

Hadrien Hubert

Occitan : « On a des pistes de réflexion législatives »

Cristèla Simonato, coordinatrice de la Confédération Calandreta, Montpellier (Hérault).

L’occitan est pratiqué dans 19 départements pour 65 écoles primaires, quatre collèges et un lycée.

« La proposition de loi était vivement soutenue de notre part. Qu’importe son résultat, on continue l’immersion : on a de très bons résultats en français et en occitan. Désormais, on doit trouver une solution pour pouvoir continuer nos écoles immersives mais la menace de l’anti-constitutionnel plane. A priori, le gouvernement n’a, à cet instant, pas envie de faire appliquer la décision. Nous devons continuer à maintenir la pression pour ne pas revenir 50 ans en arrière. Pour continuer le combat, on a des pistes de réflexion législatives comme la modification de l’article 2 de la Constitution ou l’établissement d’une nouvelle loi. Mais à quelques mois de l’élection présidentielle, ça me semble compliqué. L’enseignement paritaire français-langue régionale comme compromis ? Non, ça ne suffirait pas, on n’en ferait pas des locuteurs mais seulement des personnes qui maitriseraient quelques notions de la langue régionale. »

Alsacien : « C’est plus un problème idéologique que pédagogique »

Pascale Lux, vice-présidente d’ABCM Zweisprachigkeit, réseau d’écoles associatives bilingues, Schweighouse sur Moder (Bas-Rhin).

1 200 élèves dans douze écoles maternelles et élémentaires en Alsace et en Moselle. Ce qui correspond à l’Alsacien-Allemand dans le langage courant est en réalité l’Elsasserditsch. Les écoles immersives d’ABCM ont débuté en 2017.

« Pour une fois qu’une loi était passée à l’Assemblée, on n’a pas compris la marche arrière. La France est l’un des rares pays en Europe a ne pas avoir signé la charte des langues régionales. On ne sait pas de quoi la République a peur. On a prouvé que les enfants maitrisent tout aussi bien voire mieux la langue française par l’enseignement immersif que dans un établissement monolingue. C’est plus un problème idéologique que pédagogique. Par exemple, un enfant qui parle l’allemand, le français et l’alsacien n’aucune difficulté à apprendre l’anglais. Quel est le problème à apprendre plusieurs langues ? »

Basque : « Les mentalités doivent se moderniser »

Hur Gorostiaga, directeur général de Seaska, fédération des écoles en langue basque, les Ikastola, à Cambo-les-Bains (Pyrénées-Atlantiques).

Il existe 38 Ikastola dans le Pays basque. 4 064 élèves sont répartis dans 33 écoles primaires, quatre collèges et un lycée polyvalent. La limite d’enseignement dispensé en français est de 20%.

« La décision du Conseil constitutionnel est tout simplement un anachronisme et un non-sens. Elle ne tient pas compte de nos traditions. Les Ikastola ont été les premières écoles à enseigner en immersion en 1969. Depuis, c’est un enseignement qui a fait ses preuves. Les résultats au baccalauréat sont au-dessus de la moyenne départementale et bien au-delà de la moyenne nationale. Cette décision va également à l’encontre du libre choix des parents de l’enseignement de leurs enfants. Il est temps que l’instruction d’une seconde langue soit considérée comme un pilier fort de l’enseignement en primaire. Les mentalités de ceux qui composent le Conseil constitutionnel doivent se moderniser. La langue française est majoritaire partout : dans l’administration, dans les médias, sur les réseaux sociaux... Notre objectif est que les enfants soient parfaitement bilingues. Si on faisait un enseignement paritaire, la langue régionale serait diluée par l’omniprésence du français. Car en dehors de l’école, la tendance s’inverse, le français prend quasiment intégralement le pas sur le basque. »

Corse : « On sabrerait un travail de 50 ans »

Ghjiseppu Turchini, président de l’association Scola Corsa, Bastia (Haute-Corse)

Scola Corsa est le dernier de la famille des langues régionales. Deux écoles associatives ont été inaugurées il y a quelques jours à Bastia et à Biguglia. Elles ambitionnent de recevoir l’agrément de l’Éducation Nationale dans un délai de un à trois ans.

« On nous affirme que les langues régionales mettent en cause la langue française, foutaise ! Personne ne songe à contester l’article 2 de la Constitution car il faut que la République et la nation s’unissent autour d’une langue de référence. Là où le problème se pose, c’est qu’elle ne doit pas pour autant être exclusive par rapport aux autres langues du territoire. En sachant que la même Constitution a reconnu les langues régionales comme patrimoine de la nation française, il faut donc les protéger. Si la décision du Conseil constitutionnel était appliquée dans sa forme la plus restrictive, alors, le démantèlement des langues régionales serait définitif. Pour l’instant il n’y a pas eu de passage à l’acte, mais pour combien de temps ? Dans deux, trois, quatre ans, il y a de fortes chances que ça devienne effectif. Alors, on sabrerait un travail de 50 ans. »

Plus qu’un dialecte ou un simple patois, les langues régionales sont sacrées dans certaines régions. Le rejet du Conseil constitutionnel de l’enseignement majoritaire du régional a créé une vague d’émoi, malgré une application pour l’instant retardée.

Laura Ayad

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