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Se stationner au Port du Rhin : place à la galère

18 octobre 2018

Depuis l’arrivée de la clinique Rhéna, se garer n’a jamais été aussi compliqué au Port du Rhin, entre parkings payants boudés, riverains privés de leur stationnement habituel et grands travaux en cours.  

« C'est le bordel. » Alors qu'elle vient enfin de se garer à quelques encablures de Rhéna, Agnès vient de résumer en quatre mots l'état du stationnement dans le quartier. Dix-neuf mois après l'ouverture de la clinique, trouver une place sans mettre la main au porte-monnaie au Port du Rhin relève du parcours du combattant. L’inauguration de l'établissement de santé s’était pourtant accompagnée de celle d’un parking privé et payant non loin de l’établissement, accessible depuis l’avenue Vitry-le-François, pouvant accueillir 571 véhicules.

Pour faciliter la vie de ses usagers, une navette gratuite passant toutes les 5 à 10 minutes a été mise en place entre l’aire de stationnement et la clinique, distante de 400 m. Un aménagement qui fonctionne selon Agathe, qui l'a longtemps utilisé au quotidien : « J’avais 50 km à faire tous les matins, donc pour moi c'était la solution de facilité. » Cette ancienne salariée de Rhéna, retraitée depuis un mois, payait un tarif réduit pour son abonnement au parking : 25 € par mois. « C’était le prix à payer pour la tranquillité, ça m’évitait le stress de chercher une place. Je prenais la navette si elle était là lorsque j’arrivais, sinon j’en avais pour 4 minutes à pied. »

Agathe Müller et Véronique Grosjean attendent la navette sur le parking payant de la clinique, la « solution de facilité ».

Problème : ce parking payant souffre des places gratuites des rues alentour. Gratuit la première demi-heure, 0,80 € pour une heure, puis une augmentation dégressive du tarif : sans être excessif, son prix décourage et son taux d’occupation n’est que de 33% en moyenne à 10h. Il est boudé par certains patients, mais aussi par une partie des 1100 professionnels travaillant quotidiennement à la clinique, comme Johann. « J’avais payé mon abonnement au début, les trois premiers mois, mais le parking est trop cher. Maintenant, j’arrive très, très en avance, 30 minutes avant le début de mon travail pour trouver une place, parce que je n’ai pas envie de payer. »

Comme beaucoup d’autres, elle utilise donc le « réservoir » de 360 places gratuites disponibles autour de la clinique, qui est par conséquent saturé. Cette trop forte demande handicape directement les habitants et habitués du quartier qui peinent à se garer en pleine journée. « On galère à trouver une place gratuite, il y a un vrai manque », analyse Houssein, qui a réussi à ranger sa voiture sur un parking sauvage.  

« Il n’y avait jamais eu de problèmes de stationnement ici avant. Mais depuis l’arrivée de Rhéna, les gens préfèrent se servir de la rue pour se garer, car c’est relativement facile de s’y mettre. » Anne-Véronique Auzet est membre du conseil citoyen du quartier. Elle a vu la situation y changer peu à peu et les protestations se multiplier. « Le soir, il y a plein de places, mais il y a des problèmes en journée. Ça crée des tensions. Les gens nous en parlent, râlent, et réclament des nouvelles possibilités de stationnement. »

Avec l’ouverture prochaine d’un Carrefour Express, rue de l'Abbé François-Xavier-Scherer, ces problèmes ne devraient pas se résorber. C’est en tous cas l’avis de Marie-Pia Meyer, gérante d’Au Port’Unes, structure historique du Port du Rhin, qui estime que le principal obstacle pour un commerce dans le quartier « reste le stationnement ».

 

Source : Rapport de Rhéna soumis au conseil citoyen

Pourtant, les alternatives ne manquent pas. À 700 m de la clinique, le parking du Jardin des Deux-Rives offre 400 places gratuites, mais peine à se remplir du fait de sa position excentrée. L’Eurométropole a également fait ouvrir un second parking de 800 places un peu plus distant, qui devrait être jalonné dans les prochains jours. De son côté, Rhéna avance sur le chantier de son parking en silo, dont la sortie est prévue pour la fin 2019, mais qui pourrait aussi pâtir de sa politique tarifaire. 

Pour Angélique Paulus, correspondante de quartier pour la Ville de Strasbourg, le Port du Rhin ne « manque pas de places. Il y en a même trop, mais elles ne sont pas à côté de la clinique. On a actuellement 1100 places de disponibles continuellement. » La question du stationnement fait donc actuellement l’objet d’une étude à l’Eurométropole, afin de « trouver une solution adéquate pour tout le monde ». Parmi les solutions envisagées, la mise en place de zones bleues avec disques de stationnement, comme c’est déjà le cas actuellement devant la pharmacie du quartier, ou d’un système de stationnement résidentiel avec un abonnement mensuel.

Florian Bouhot et Corentin Parbaud

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