Une récente déclaration du ministre de la Justice japonais, Toshio Ogawa, provoque un tollé à Strasbourg. Le ministre s'y indique prêt à signer de nouveau les ordres d'exécution de condamnés à mort. Les eurodéputés ont réagi vendredi en adoptant une résolution qui exhorte Toshio Ogawa " de n'approuver à l'avenir aucun ordre d'exécution. "
Les parlementaires souhaitent également l'application d'un moratoire et la mise en place d'un débat public au Japon sur la peine de mort. Il ne s'agit pas d'une première. Le Parlement appelle régulièrement ce pays à abolir la peine de mort. 130 condamnés à mort attendent actuellement dans les couloirs de la mort japonais. Depuis juillet 2010, aucune exécution n'a eu lieu dans ce pays.
Adriane Carroger, Anna Cuxac, Mathilde Cousin
Le Parlement européen a adopté à l'unanimité jeudi après-midi une nouvelle résolution à l'encontre de la Biélorussie. Les eurodéputés contestent l'application de la peine de mort à deux citoyens biélorusses qui ont, selon la justice, commis des actes de terrorisme à Vitebsk en 2005, à Minsk en 2008 et dans le métro de Minsk en 2011. "La culpabilité a t-elle été prouvée au delà de tout doute?" s'est interrogé le parlementaire européen E.Kukan (PPE). "Je ne sais pas si ces deux personnes sont coupables et ce n'est pas à nous de le dire. En revanche, ce que nous savons c'est que les déclarations obtenues l'ont été sous le coup de la torture, ce qui est inacceptable. Aujourd'hui, ils sont dans le couloir de la mort." a ajouté M.Migalski (ECR).
On l'appelle souvent la "dernière dictature d'Europe": le Bélarus ou la Biélorussie née en 1990 à la suite de l'effondrement de l'URSS reste à ce jour le seul pays du continent européen à ne pas appartenir au Conseil de l'Europe. Si celui-ci refuse de lui ouvrir ses portes, c'est d'abord parce qu'il continue d'appliquer la peine de mort. Une balle dans la nuque pour les condamnés à la sentence suprême.
Les eurodéputés, qui ont surenchéri dans la véhémence, demandent l'introduction d'un moratoire sur la peine de mort et la suspension de l'exécution des deux condamnés. Ils souhaitent que l'Union européenne prennent des sanctions économiques encore plus sévères à l'encontre de la Biélorussie. Ils demandent en outre à ce que le championnat du monde de hockey en 2014 ne se déroule pas en Biélorussie: "Alexandre Loukachenko [le Président de la République] ne doit pas disposer d'une vitrine internationale alors que son pays ne respecte pas les droits de l'Homme et les valeurs démocratiques" a déclaré R.Czarnecki.
A l'opposé, la députée néerlandaise Sophie in’t Veld (ADLE) a répliqué qu'une « vie de famille stable renforce l’intégration», tandis que sa compatriote Judith Sargentini (Verts) a plaidé en faveur d'une immigration assumée. «Il faut faciliter l'intégration des immigrés, et cela passe par la protection de la famille». Elle a rappelé que le droit des familles était inscrit dans les articles 7 à 9 de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne.
Michel Barnier, en clôture du débat, est convenu que les directives actuelles «n'étaient pas assez concrètes avec des marges de manœuvres trop importantes pour les Etats-membres» . Il a convié le Parlement européen a poursuivre sa réflexion sur la base du droit à la vie de famille. Mais pour Sylvie Guillaume (S&D) le temps est venu pour la Commission de prendre des mesures contre les pays qui se servent de la directive comme "un outil de gestion de l'immigration dans un sens de plus en plus restrictif".
Elisa Heidenreich
Débat sur le regroupement familial au Palement européen 16/02/2012. Source : European Parliament audiovisial
Comment peut-on assurer le droit à la vie de famille pour les immigrés en Union européenne? Le Parlement européen s'est penché jeudi, en consultation ouverte, sur l'application de la réglementation commune pour le regroupement familial, qui reste très divergente selon les pays.
La commissaire aux affaires intérieures Cecilia Malström (ADLE) avait lancé le débat public en novembre 2011 avec un livre vert sur les conditions d’entrée dans les territoires de l'UE pour les membres de la famille d'un immigré bénéficiant de cette réglementation, en vigueur depuis 2003.
En chiffres, cela représente un tiers de l'immigration légale, a d'emblée souligné le commissaire chargé du marché intérieur et des services, Michel Barnier (PPE). En 2010 500.000 personnes sont ainsi entrées en Union européenne, surtout en Italie, Grèce Roumanie et à Malte.
«Mais en réalité les conditions d'entrée posées par les pays membres sont trop différentes», a relevé l'euro députée, Véronique Mathieu (PPE). Monika Flasikova Benova (S&D) note que dans certains pays un immigré doit attendre au minimum deux ans pour demander le regroupement familial. «Il faut réduire ce délai», a-t-elle préconisé.
Les Pays-Bas, devenus parmi les plus restrictifs, ont suscité les critiques de plusieurs parlementaires, y compris néerlandais. Les immigrés qui demandent que leur famille les rejoigne doivent y attester d'un revenu minimum, et d'une bonne connaissance du néerlandais, désormais exigé pour pouvoir pénétrer dans le pays.
Une disposition qui ne choque pas la parlementaire allemande Monika Hohlmeier (PPE) pour qui la connaissance de la langue nationale mais aussi la «volonté d'intégration» doivent être des critères pour bénéficier du regroupement familial.
Des euro-députés conservateurs ou proches de l'extrême-droite sont intervenus pour réclamer un tour de vis anti-immigration. Pour Philip Claes (NI-Belgique), beaucoup d'immigrés n'ont pas de perspectives d'intégration en Europe, et abusent de cette disposition. Avis partagé par Andreas Mölzer (non-inscrit-Autriche) qui a accusé les immigrés de ne venir en Europe que pour «toucher des allocations familiales».