Brandi par l'eurodéputé l'italien Mario Borghezio (Ligue du Nord), le drapeau suisse a brièvement flotté mercredi dans l'hémicycle du Parlement Européen à Strasbourg. L'incident est intervenu durant un débat houleux qui a opposé la majorité des élus à la frange la plus droitière des eurodéputés à propos du référendum suisse de limitation de l'immigration adopté le 9 février.
La décision des autorités helvétiques de refuser d'étendre à la Croatie, nouvel entré dans l'Union, le libre accès au marché du travail suisse dont bénéficient les citoyens européens cristallise les oppositions.Considérée comme une discrimination et une violation des engagements diplomatiques, cette décision a déjà conduit le 17 février à une suspension de la participation suisse aux programmes européens de recherche scientifique "Horizon 2000" et d'échange étudiants "Erasmus".
Le commissaire a exhorté la Suisse à revenir sur son refus concernant la Croatie avant le mois d'avril. Le pays dispose constitutionnellement de 3 ans pour mettre en vigueur la politique de quotas d'immigration prévue par le référendum.
Dimitrios Kourkoulas, représentant de la présidence grecque du Conseil a souligné que cette votation suisse visant à rétablir des quotas d'immigrés allait à l'encontre du principe de liberté de circulation des personnes, une des quatre libertés fondamentales de l'Union. La Suisse avait signé en 2002 un traité avec l'UE garantissant cette libre circulation.
Une condamnation politique sans de nouvelles sanctions
Les principaux groupes politiques ont unanimement regretté le résultat du référendum suisse, sans pour autant qu'un consensus se dégage sur d'éventuelles nouvelles mesures de rétorsion.
"La Suisse nous dit que ses banques aident à l’évasion fiscale, prennent l’argent de tout le monde, mais qu’elle n’acceptent pas nos travailleurs, cela, en tant qu’Union Européenne, nous ne pouvons l’accepter" a dénoncé Hannes Swoboda, président du groupe des sociaux et démocrates.
SOCIAL Le Parlement européen a appelé hier les Etats membres à concrétiser plus rapidement la "garantie pour la jeunesse". Validé en avril par le Conseil, ce mécanisme permet à certains pays européens en difficulté de financer la modernisation de leur système d'éducation et de faciliter l'entrée des jeunes sur le marché du travail. L'Espagne, par exemple, a reçu en 2013 près de 88 millions d'euros destinés principalement aux jeunes sans emplois, études ni formations. Toutefois, certains députés déplorent le manque d'implication du Conseil sur le sujet. Celui-ci « a mis très très longtemps avant d'adopter cette décision », fustige la députée Vert Elisabeth Schroedter. Nadia Hirsch, chef de file des Libéraux et Démocrates souligne « qu'en 2009 déjà le chômage des jeunes était un problème structurel, que la Commission n'a pas apporté assez de soutien et de coordination et a fait perdre 5 ans à l'Europe ». Kinga Grônce (S&D) estime quant à elle « la mission accomplie ».
IMMIGRATION Les députés européens ont largement approuvé l'accord de réadmission des personnes en séjour irrégulier signé le 16 décembre dernier entre l'Union et la Turquie. Par ce texte, la Turquie, plaque tournante de l'immigration illégale, s'engage à renforcer la protection de ses frontières avec l'Union européenne et à reprendre les clandestins entrés en Europe par son territoire. En contrepartie, l'Union fournira une aide financière à la Turquie et des équipements nécessaires à la surveillance de ses frontières avec la Syrie, l'Irak et l'Iran. Si le parlement turc ratifie l'accord, l'Union permettra aux ressortissants turcs de circuler librement sur son territoire à l'horizon 2017 grâce à une libéralisation des visas.
REGLEMENT Les députés vont pouvoir se faire excuser pour leurs absences... par un mot de leurs enfants. Cette modification du règlement du Parlement, adoptée mardi, doit permettre de reconnaître les absences justifiées. Seront considérés comme motif légitime d'absence les congés de maternité, de paternité ou d'adoption. L'absentéisme des députés européens est régulièrement dénoncé, notamment par le site votewatch.eu, qui calcule le taux de participation aux plénières de chaque député.