Baqoura, terres retournées
Baqoura est une enclave agricole de six kilomètres carrés. Après 1967 et la guerre des Six jours, la Jordanie perd sa souveraineté sur la rive ouest du Jourdain et cette petite enclave de la rive est, au profit d'Israël. Dans le cadre des accords de paix de 1994, ces terres sont rendues à la Jordanie et un partage plus équitable de l’eau entre les deux nations est décidé. Les agriculteurs israéliens sont néanmoins autorisés à continuer leurs cultures.
En 1997, un soldat jordanien ouvre le feu et tue sept écolières israéliennes. À la surprise générale, le roi Hussein se rend en Israël pour formuler des excuses officielles. Mais en 2019, pour montrer son opposition au « plan de paix » que prévoyait Donald Trump dans la région, et face au risque croissant d’une annexion de la Cisjordanie, la concession, qui aura duré vingt-cinq ans, n’est pas renouvelée par le roi Abdallah II.
De la nappe phréatique d’Azraq, entre 40 et 60 millions de m3 d’eau sont prélevés par an. Or, c’est plus de trois fois ce qu’il faudrait pour qu’elle se recharge durablement. Plus de la moitié de cette eau pompée est dédiée à l’agriculture, 20 % est capté illégalement. « Nous prenons plus que nous n’avons », s’attriste Fyad Al-Zyoud, un agriculteur d’Azraq qui, de son côté, affirme ne pas posséder de puits illégalement creusés sur le terrain de son exploitation.
Cinq ans de prison pour les propriétaires
Quand Mohammed reprend le domaine familial, il récupère aussi le puits qu’avait creusé son père, bien avant que le gouvernement prenne en main la gestion de l’eau à partir des années 1980. Ce n’est qu’en 2002 que les puits non certifiés commencent à être surveillés. Aujourd’hui, les cavités sont remblayées et les propriétaires de puits illégaux encourent jusqu’à cinq ans de prison. Théoriquement. En fait, le remblayage est rare, comme l’établit la géographe jordanienne Majd Al Naber dans sa thèse dédiée au sujet. Par ailleurs, les autorités distribuent plutôt des amendes. Souvent, de plusieurs milliers de dinars jordaniens. À ce titre, ils ont réclamé à Mohammed 2 000 JOD (soit 2 600 euros) quand il a repris l’exploitation. « J’ai réussi à faire baisser la facture à 900 JOD. Chaque année, ça a été la même chose. Je leur ai dit que je ne paierai pas. Cette ferme était sur les terres de mon père et je ne faisais pas de bénéfices suffisants pour payer la somme qu’ils me demandaient. » Sous la pression, Mohammed a fini par vendre ses terres et le puits avec.