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Aujourd’hui, l’association peine à exister : “Nous avons des difficultés à coordonner l’activité commerciale”, avoue son président. Le nombre d’adhérents ne cesse de baisser depuis plusieurs années et les divers événements organisés sont pour la plupart à l’abandon. Le président explique que les commerçants ne trouvent plus d’intérêt à adhérer : “Certains ne cotisent que dans le but d'y trouver une rémunération commerciale".

Jérôme Flury, Marine Godelier, Robin Magnier

"Ici, c’est plus familial"

"Ils sont beaucoup mieux ces visages Chantal", encourage Laurence Bernecker, qui s’est désormais tournée vers la deuxième pièce. Ici, quatre femmes sont cachées derrière leur chevalet. Au fond à droite, Chantal Gaessler 62 ans, se concentre sur les visages de ses deux nièces. Cela fait déjà six mois qu’elle travaille ce tableau : "D’habitude je mets trois à cinq mois pour peindre un tableau. Mais celui-ci est particulier, j’ai la pression, je veux qu’il soit parfait", confie-t-elle, en esquissant un sourire. Passionnée de peinture depuis toujours, cette retraitée a déjà peint une cinquantaine de toiles et est inscrite à l’atelier depuis vingt ans. Durant  sa carrière au rectorat, un professeur de dessin lui a conseillé de prendre des cours à l’université populaire. "Ici c’est plus familial" confie-t-elle. Cet aspect chaleureux est très important pour les élèves. Dès son premier cours de peinture, Daniel est d’ailleurs soutenu par son camarade d’en face, qui lui prête son livre Le nuancier du peintre. Le novice en a besoin : "Je suis daltonien, et étant nouveau, j’ai du mal à créer des mélanges de couleurs." Il distingue les couleurs primaires, mais pas toujours les couleurs pâles. Aujourd’hui, cet habitant de Eckbolsheim a appris à peindre le fond de son tableau et à poser les lignes de fuite sur sa toile.

Les autres élèves se connaissent déjà depuis plusieurs mois ou années et aiment se retrouver le mardi ou le vendredi soir. Un rendez-vous primordial pour Béatrice, 70 ans passés. Ayant subit un accident, celle-ci a vu sa mobilité réduire et est sujette à des tremblements des mains. Laurence Bernecker lui a proposé de reproduire une toile abstraite, sans trop de détails. Béatrice peint sans chevalet, la toile posée sur la table afin de stabiliser sa main. A la fin de la leçon, une employée du CSC vient la chercher, et l’amène devant la voiture qui l’attend. Il est 16h15, tubes, toiles, et pinceaux retrouvent leur boîte jusqu’à la prochaine séance.

LEGENDE

Photo 1 : Un vélo cargo entièrement fait main : C’est le projet de Camille Metemberg, jeune papa de 33 ans, rendu possible grâce à La Fabrique.

 

Photo 2 : Camille Metemberg c’est d’abord un amoureux du vélo : monocycle, tandem, vélos des années 1970, c’est une petite collection que l’on découvre dans le bazarre de son garage. « J’aime bien  bricoler des vélos. C’est très libre et créatif. Et la mécanique est simple ce qui permet de faire pas mal de choses en peu de temps» confie-t-il. La première création de Camille Metemberg est couché la, au fond de son garage : un monocycle bi-place construit lorsqu’il était encore étudiant. Mais le vélo, c’est aussi un engagement : « Comme mode de déplacement, le vélo c’est le passé mais c’est aussi le futur ! »

 

Photo 3 : Avec sa compagne Xandra, Camille Metemberg a fait le choix de ne pas avoir de voiture : « Pour faire deux, trois courses, pas besoin d’avoir de bagnole. » En dehors des longs trajets pour lesquels il loue une voiture, les trajets du quotidien se font donc en vélo. Et en vélo cargo depuis la naissance de Milo, 9 mois. « J’avais déjà le projet de fabriquer un vélo cargo, pour pouvoir transporter plus de choses, mais le véritable élément déclencheur est la naissance de mon fils » dit-il en souriant.

 

Photo 4 : Chaque matin Camille Metemberg dépose Milo chez sa nounou, se rend au travail, passe faire quelques courses et repart chercher son fils. Le tout en vélo cargo. Il n’est d’ailleurs pas rare que femme et enfant s’installent dans le véhicule pour une promenade familiale ou pour participer à une des vélos parades de Strasbourg

 

Photo5 : Sans électricité dans son garage, impossible d’y installer un atelier. Après avoir longtemps cherché un petit local à louer, Camille Metemberg découvre La Fabrique. En juin 2018, il se rend aux portes ouvertes du jeudi soir pour «tater le terrain et parler aux gens ».Convaincu, il adhère à l’association et se plonge dans son projet de vélo cargo. Après 120 heures de travail, le plus gros est fait : le vélo cargo est sur pied.

 

Photo 6 : La Fabrique ne se trouve qu’à cinq minutes de la rue des Bornes où il réside.  Ce samedi 10 novembre il est 16h30 lorsque Camille Metemberg et son vélo cargo débarquent. Une arrivée immédiatement remarquée par Marianne Sichler. Cette bénévole, chargé aujourd’hui de l’ouverture de La Fabrique suit Camille depuis les débuts admire les dernières avancés : la toile qui protègera le petit de la pluie.

 

Photo 7 : Mais ce qui attire le regard des curieux, c’est avant tout les nouvelles couleurs du cargo : « C’est un pote tatoueur qui m’a fait le graph. Il ne reste plus qu’à le vernir», explique Camille Metemberg, visiblement fier du résultat.

 

Photo 8 : Avant de se mettre au travail, boire un petit coup est de rigueur à La Fabrique. Cocas, jus de fruits, chacun peu se servir en boissons dans le frigo collectif. Car ce que vient chercher Camille Metemberg ici c’est aussi une ambiance chaleureuse et conviviale.

 

Photo 9 : « J’ai acheté ce vélo en 2010 à Emmaüs. C’est au moins sa troisième vie », s’exclame Camille Metemberg en souriant.  Si le vélo-cargo semble presque terminé, il reste encore beaucoup de petites choses à fignoler. « Ca ne finis jamais » selon lui. Il lui faut encore installer un petit banc pour Xandra dans le cargo.

 

Photo 10 : Le programme du jour s’avère fastidieux : peinture, câbles de freins, finitions …  « Tout ces petits détails qu’on laisse pour la fin, c’est toujours ce qui prend le plus de temps ! », s’exclame Camille Metemberg.

 

Photo 11 : « Honnêtement tout est dur », assume-t-il en riant.  Ayant grandit avec un père bricoleur, qui travaillait le bois, Camille se débrouille plutôt bien dans la scierie. Mais le métal c’est autre chose. « Heureusement à La fabrique il y a toujours quelqu’un pour donner un coup de main si besoin. » rappelle il.

 

Photo 12 : Ingénieur en mécanique, Camille Metemberg travaille dans u bureau d’étude aux ateliers SNCF de Bischeim. Il est habitué à fabriquer des modèles calibrés au millimètre. Cette rigueur dans la réalisation n’est pas possible à La Fabrique . « Ici, même s’il y a quelques machines, je dois me débrouiller avec les moyens du bord. Cela me pousse à être inventif, à contourner les problèmes » explique-t-il. Et si une pièce lui manque, direction la réserve, située dans une des 9 travées de stockage de La fabrique. Une vrai caverne d’Ali Baba.

 

Photo 13 : Camille Metemberg est très sollicité par d’autres adhérents de La Fabrique : « Je profite de mon temps libre pour bricoler. C’est ce qui me manque dans mon travail. J’aimerais avoir plus de temps pour réaliser d’autres projets. » Voisins et amis ont déjà des commandes sous le coude pour lui. C’est certain, sa carrière de créateur de vélo ne fait que commencer.

 

Sophie Mercier

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© Benjamin Martinez

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© Pauline Boutin

La situation familiale du jeune homme ne fait pas exception dans le quartier : "C’était une des caractéristiques du Hohberg. Les gens étaient au courant que si tu cherchais une famille, elle vivait dans le même bloc, donc c’était pas difficile à repérer."

 

Savant mélange d'époques, de couleurs, de matériaux, de hauteurs, Koenigshoffen se caractérise par sa diversité architecturale. Sur fond de règles d'urbanisme, le quartier évolue en conservant l'empreinte de son histoire.

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© Benjamin Martinez

Il y a trois ans, des bâtiments résidentiels, plus modernes, ont été construits pour remplacer la vieille barre. "Ils nous ont divisés, regrette Karim. Maintenant, on est un peu dispersés dans la cité, mais on est toujours proches. On n’est jamais partis."

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