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Au chemin Haut, trois enseignes de loisirs privés ont pris quartier dans d’anciens entrepôts loués à la SNCF. L’Urban Soccer, le Crossfit et le Stride-Park visent une clientèle large, quitte à négliger la population locale.

Dans ce flou économique, la Ville, par la voix de son adjoint aux sports, Serge Oehler, se dit “intéressée par le rachat des locaux”. Mais pas dans l’immédiat : “Le pacte budgétaire entre les collectivités locales et l’État bloque l’investissement dans les loisirs.” Dans l’attente d’une éventuelle initiative de la Ville, Laurent Wintermantel cite la “mise en relation avec les scolaires” de plusieurs quartiers comme unique passerelle avec la municipalité. Aucune des trois structures implantées au chemin Haut ne bénéficie de subventions de la Ville. Seul le Stride-Park, lors de son installation, a touché une enveloppe de 150 000 euros du Conseil régional au titre de l’innovation touristique et de l’emploi.

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1200 personnes vivent dans l'écoquartier dont les derniers logements ont été livrés en 2018. © Julien Lecot

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Du haut de son salon au onzième étage, Hedwige Weber espère retrouver un logement d'où elle pourra admirer la cathédrale de Strasbourg depuis sa fenêtre. © Madeleine Le Page

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La toiture des nouveaux immeubles s'inspire des habitations situées au nord de la station de tram. © Juliette Jonas

Attirer les moins aisés, dont les jeunes de la Cité nucléaire, n’est pas la priorité des entreprises de loisirs. “30 à 40% de notre clientèle est allemande”, explique Laurent Wintermantel, directeur général du Stride-Park. Le gérant note aussi que “de plus en plus de personnes n’hésitent pas à venir d’autres régions en France”. Les locataires des lieux sont également confrontés à des impératifs financiers qui expliquent en partie les prix élevés. “Beaucoup de gens s’imaginent qu’on roule sur l’or mais on n’est pas encore à l’équilibre. La location des locaux auprès de la SNCF plombe notre résultat d’exploitation, c’est notre plus gros poste de dépenses”, détaille Laurent Wintermantel.

Entre rentabilité et insécurité 

La mésaventure de l’Académie européenne des arts martiaux, auparavant installée au croisement du chemin Haut et de la route de Hochfelden dans des locaux loués également par la SNCF, montre la difficulté à joindre les deux bouts. Placée en redressement judiciaire en mai dernier pour cessation de paiement, elle a dû plier bagage pour s’installer ailleurs. Sans céder à l’inquiétude, les entreprises basées dans l’ancienne gare de marchandises s’interrogent aussi sur leur avenir. “On ne sait pas combien de temps on va rester là, confie Yoann Kemlin. Notre sécurité, c’est un contrat de neuf ans.” Au-delà de 2023, date de l’échéance du bail, rien n’est vraiment clair pour les trois sociétés, du moins sur cet emplacement. 

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Sukran Kandemir (à gauche) accompagnée de sa sœur, habite un appartement dont l’intérieur immaculé détonne avec l’insalubrité des parties communes. © Madeleine Le Page

 

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Complémentaires et incontournables dans le quartier, les trois structures se distinguent par leur approche. Entre laïcité et religion, liberté et encadrement, les habitants ont le choix.

 

La zone du chemin Haut s’est développée pour accueillir un public divers. Entre une partie de football entre amis, une séance de renforcement musculaire ou des figures acrobatiques à deux-roues, les sportifs y trouvent leur compte. Parmi eux, Valentin Dolter, 13 ans, débarque sur son deux-roues les mercredis après-midi pour des séances “de trois à six heures”, au gré de ses envies. Passionné de BMX, l’adolescent n’a pas longtemps à pédaler : il habite Cronenbourg. S’il apprécie que le site soit “réservé uniquement aux vélos”, il se sent un peu seul : “Je ne connais vraiment personne d’autre du quartier qui s’y rend, les jeunes de mon âge vont beaucoup plus au skate-park de la Rotonde.” 

Des loisirs hors-sol

Bryan, 15 ans, déplore l’absence au Stride-Park d’une zone spécifique dédiée à la trottinette, son passe-temps favori. Les deux jeunes gens s’accordent pour dire que le prix du matériel rend difficile l’accès des jeunes au parc de vélo indoor. “Mon BMX, avec les améliorations, m’a coûté 800 euros, mais certains sont plus chers, témoigne Valentin. Ma mère me supporte à 200 % dans ma passion mais je pense que ce n’est pas le cas pour tout le monde.” Les acrobates en herbe doivent compter au minimum 14 euros pour une entrée en semaine, 24 euros en cas de location d’un BMX, à moins d’opter pour un abonnement mensuel de 70 euros. Pour le Crossfit, l’abonnement mensuel le moins cher s’élève à 65 euros.

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