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La démolition de la tour et de ses deux sœurs jumelles, situées aux n°8 et n°9 de la même rue, s’inscrit dans le cadre du Plan de renouvellement urbain (PRU), lancé en 2005 par l’Eurométropole de Strasbourg. Elle s’explique par des raisons de vétusté et d’insécurité. Paul Strassel, coordinateur de l’antenne Ophéa (ex-CUS Habitat) le constate : “Ces tours vivent mal, ce sont des zones extrêmement compliquées à gérer. On se rend compte qu’on n’arrive pas à répondre aux problèmes par une réhabilitation.”
Aujourd’hui, on traverse ce bloc emblématique de la Cité nucléaire de Cronenbourg sans croiser âme qui vive. La rue dans laquelle se trouvent les imposantes tours de 13 étages, construites entre 1969 et 1972, a un air fantomatique. Depuis 2015, le bailleur social Ophéa n'y loge plus de nouveaux arrivants. Les trois tours, dans leur ensemble, contenaient 188 logements sociaux. En novembre 2019, la n° 8 entame la phase finale de sa démolition, la n°9 est vidée depuis l’été ; seule la n°12 est toujours occupée par une quinzaine de familles dont la vie quotidienne est bouleversée.
Une attente source d'angoisses
Depuis qu’elle sait son déménagement inéluctable, Sukran Kandemir s’interroge : "C'est toujours l'angoisse du : Je vais déménager comment ? Je vais déménager quand ?'" Une appréhension renforcée par la longueur des procédures. Pour Paul Strassel, c’est un véritable "travail d'orfèvre". Le bailleur social doit faire une évaluation individuelle de la situation de chaque ménage puis lui proposer trois choix, en fonction des revenus de la famille et des vœux exprimés (surface, quartier…).
L’écoquartier de la Brasserie en chiffres:
Rue du Rieth au nord de Cronenbourg, une foule de jeunes garçons en crampons cavalent sur un terrain en synthétique flambant neuf. Plusieurs grappes de supporters entourent le terrain, essentiellement des mères avec des poussettes ou des groupes de jeunes venus passer le temps en observant les premiers exploits du petit frère. Le club fondé par et pour la communauté turque, a mué pour mieux s’ancrer dans le quartier avec le désir d’occuper une place privilégiée dans la vie de ses habitants.
Au départ, c’est l’histoire d’une bande de copains fâchés avec la direction de leur club. Décidés à mettre sur pied leur propre structure, ils ressuscitent l’Olympique Meinau dans les années 1990. "C’était une coquille vide puisqu’on n’avait même pas de stade. On jouait un peu partout à Strasbourg, raconte Omer Sahin, joueur de l’époque et récemment nommé président d’honneur du club. J’ai fini par repérer le stade qu’on occupe aujourd’hui alors que j'habitais le quartier." Après concertation avec la mairie, ils obtiennent le droit d’en faire leur terrain de jeux. L’Olympique Meinau devient l’Olympique Strasbourg.
Implanté depuis 1997, l’Olympique Strasbourg cherche à poursuivre son intégration dans le quartier. Sa politique d'ouverture se heurte à des infrastructures insuffisantes et reste tributaire du volontarisme des pouvoirs publics.
L’Aquarium, un lieu de liberté pour les jeunes
Au centre de la Cité nucléaire, le local de l’Aquarium – "ni annexe, ni rattachement mais pôle jeunesse du CSC", comme tient à le souligner Laurent Cécile – est accessible à tous, gratuitement. En semaine, de 16h à 21h, entre qui veut. Des petits groupes se forment, investissent le gymnase et la cafétéria. Ils restent quelques minutes, sortent, reviennent, se rassoient, entament un autre jeu. "Ici c’est gratuit et on s’amuse bien", résume Adam, 12 ans, assis sur un des fauteuils rouges de la cafétéria, l’œil curieux. Le manque d’encadrement n’enchante pas tous les parents. "Je ne laisse pas mes enfants fréquenter l’Aquarium à cause de l’insécurité et des mauvaises fréquentations", confie une mère de famille née à Cronenbourg. À ces craintes, Abdelkader Khellaf, animateur au pôle jeunesse, répond que "les enfants ont l’impression d’être libres mais, en réalité, on les encadre de manière discrète". Ces adolescents, presque tous des garçons, viennent principalement de la Cité nucléaire. Ping-Pong, baby-foot, jeux vidéo : ils ont fait de l’Aquarium leur point de rencontre.