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Attirer les moins aisés, dont les jeunes de la Cité nucléaire, n’est pas la priorité des entreprises de loisirs. “30 à 40% de notre clientèle est allemande”, explique Laurent Wintermantel, directeur général du Stride-Park. Le gérant note aussi que “de plus en plus de personnes n’hésitent pas à venir d’autres régions en France”. Les locataires des lieux sont également confrontés à des impératifs financiers qui expliquent en partie les prix élevés. “Beaucoup de gens s’imaginent qu’on roule sur l’or mais on n’est pas encore à l’équilibre. La location des locaux auprès de la SNCF plombe notre résultat d’exploitation, c’est notre plus gros poste de dépenses”, détaille Laurent Wintermantel.
Entre rentabilité et insécurité
La mésaventure de l’Académie européenne des arts martiaux, auparavant installée au croisement du chemin Haut et de la route de Hochfelden dans des locaux loués également par la SNCF, montre la difficulté à joindre les deux bouts. Placée en redressement judiciaire en mai dernier pour cessation de paiement, elle a dû plier bagage pour s’installer ailleurs. Sans céder à l’inquiétude, les entreprises basées dans l’ancienne gare de marchandises s’interrogent aussi sur leur avenir. “On ne sait pas combien de temps on va rester là, confie Yoann Kemlin. Notre sécurité, c’est un contrat de neuf ans.” Au-delà de 2023, date de l’échéance du bail, rien n’est vraiment clair pour les trois sociétés, du moins sur cet emplacement.
Complémentaires et incontournables dans le quartier, les trois structures se distinguent par leur approche. Entre laïcité et religion, liberté et encadrement, les habitants ont le choix.
La zone du chemin Haut s’est développée pour accueillir un public divers. Entre une partie de football entre amis, une séance de renforcement musculaire ou des figures acrobatiques à deux-roues, les sportifs y trouvent leur compte. Parmi eux, Valentin Dolter, 13 ans, débarque sur son deux-roues les mercredis après-midi pour des séances “de trois à six heures”, au gré de ses envies. Passionné de BMX, l’adolescent n’a pas longtemps à pédaler : il habite Cronenbourg. S’il apprécie que le site soit “réservé uniquement aux vélos”, il se sent un peu seul : “Je ne connais vraiment personne d’autre du quartier qui s’y rend, les jeunes de mon âge vont beaucoup plus au skate-park de la Rotonde.”
Des loisirs hors-sol
Bryan, 15 ans, déplore l’absence au Stride-Park d’une zone spécifique dédiée à la trottinette, son passe-temps favori. Les deux jeunes gens s’accordent pour dire que le prix du matériel rend difficile l’accès des jeunes au parc de vélo indoor. “Mon BMX, avec les améliorations, m’a coûté 800 euros, mais certains sont plus chers, témoigne Valentin. Ma mère me supporte à 200 % dans ma passion mais je pense que ce n’est pas le cas pour tout le monde.” Les acrobates en herbe doivent compter au minimum 14 euros pour une entrée en semaine, 24 euros en cas de location d’un BMX, à moins d’opter pour un abonnement mensuel de 70 euros. Pour le Crossfit, l’abonnement mensuel le moins cher s’élève à 65 euros.
Le complexe présente une silhouette particulière. Pour l’architecte Olivier Calvarese, “l’idée était de rompre avec l’échelle des immeubles collectifs habituels”, en donnant aux façades des premiers étages des aspects de maisons. Les habitations “ressemblent plus à des maisons aux colorations typiques de l’Alsace.”
Encerclée par des barrières métalliques, la Rotonde ressemble à un petit village fortifié à l’entrée de Cronenbourg. “C’est pour éviter que des gens viennent squatter dans des parties privées” explique David Bour. Selon Yusuf Demirel, résidant en colocation, “La Rotonde, c’est un quartier à part entière.”
Aux yeux des habitants, la Rotonde a des airs d’extension du centre-ville. Pour Anne Collet et sa famille, qui ont quitté le quartier de la gare afin d’accéder à la propriété, “on a encore l’impression d’être dans le centre-ville”. Ses enfants prennent le tram pour aller à l’école dans le centre, son fils aîné poursuit ses entraînements de football au Wacken, et son mari doit transiter par la gare centrale pour se rendre en train sur son lieu de travail à l’extérieur de Strasbourg.
Monique Grall et Noëlle Meiss ont vécu un demi-siècle dans la Cité nucléaire. Depuis le départ des enfants, elles gardent les souvenirs dans leurs appartements.
“C’est le seul parc de ce type en Europe, ça vaut vraiment le détour”, confie Dylan, 15 ans, au moment d’ôter son BMX de la fourgonnette familiale. Sur le parking du Stride-Park, structure indoor de 12 000m² pour VTT et BMX, le jeune homme attend depuis une heure l’ouverture en compagnie de son père Jean-Luc. “Il y a beaucoup de choses à faire entre le bac à mousse, la piste de cross-country, la résille, le Pumptrack”, récite à tue-tête le fiston pour justifier sa venue depuis Reims. Idéalement desservie par l’autoroute, le tram, ainsi que les pistes cyclables, la société fait partie d’une zone de loisirs privés de trois enseignes située dans des entrepôts vieillissants de la Sernam, ancienne filiale de la SNCF. Avec le Stride-Park, l’Urban Soccer et le Crossfit animent ces anciens hangars progressivement réhabilités entre 2013 et 2016.