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L’écoquartier de la Brasserie en chiffres:
Rue du Rieth au nord de Cronenbourg, une foule de jeunes garçons en crampons cavalent sur un terrain en synthétique flambant neuf. Plusieurs grappes de supporters entourent le terrain, essentiellement des mères avec des poussettes ou des groupes de jeunes venus passer le temps en observant les premiers exploits du petit frère. Le club fondé par et pour la communauté turque, a mué pour mieux s’ancrer dans le quartier avec le désir d’occuper une place privilégiée dans la vie de ses habitants.
Au départ, c’est l’histoire d’une bande de copains fâchés avec la direction de leur club. Décidés à mettre sur pied leur propre structure, ils ressuscitent l’Olympique Meinau dans les années 1990. "C’était une coquille vide puisqu’on n’avait même pas de stade. On jouait un peu partout à Strasbourg, raconte Omer Sahin, joueur de l’époque et récemment nommé président d’honneur du club. J’ai fini par repérer le stade qu’on occupe aujourd’hui alors que j'habitais le quartier." Après concertation avec la mairie, ils obtiennent le droit d’en faire leur terrain de jeux. L’Olympique Meinau devient l’Olympique Strasbourg.
Implanté depuis 1997, l’Olympique Strasbourg cherche à poursuivre son intégration dans le quartier. Sa politique d'ouverture se heurte à des infrastructures insuffisantes et reste tributaire du volontarisme des pouvoirs publics.
L’Aquarium, un lieu de liberté pour les jeunes
Au centre de la Cité nucléaire, le local de l’Aquarium – "ni annexe, ni rattachement mais pôle jeunesse du CSC", comme tient à le souligner Laurent Cécile – est accessible à tous, gratuitement. En semaine, de 16h à 21h, entre qui veut. Des petits groupes se forment, investissent le gymnase et la cafétéria. Ils restent quelques minutes, sortent, reviennent, se rassoient, entament un autre jeu. "Ici c’est gratuit et on s’amuse bien", résume Adam, 12 ans, assis sur un des fauteuils rouges de la cafétéria, l’œil curieux. Le manque d’encadrement n’enchante pas tous les parents. "Je ne laisse pas mes enfants fréquenter l’Aquarium à cause de l’insécurité et des mauvaises fréquentations", confie une mère de famille née à Cronenbourg. À ces craintes, Abdelkader Khellaf, animateur au pôle jeunesse, répond que "les enfants ont l’impression d’être libres mais, en réalité, on les encadre de manière discrète". Ces adolescents, presque tous des garçons, viennent principalement de la Cité nucléaire. Ping-Pong, baby-foot, jeux vidéo : ils ont fait de l’Aquarium leur point de rencontre.
Valérie Kulak explique avoir demandé à la mairie l’ouverture de places supplémentaires en accueil de loisirs : "En maternelle, nous avons 64 places aujourd’hui. Il nous en faudrait 80." Les enfants d’Abdellaziz Ramzi, arrivé dans le quartier il y a trois ans, ont fait les frais de ce manque de places. Pour faire garder ses fils, il a dû se tourner vers Les Disciples.
À quelques rues du CSC, pour 15 à 50 euros par an, l’association protestante accueille en majorité les enfants des familles de la cité. Les Disciples proposent des activités sportives, musicales ou créatives. Leurs tarifs très bas permettent aux familles plus défavorisées de profiter, elles aussi, d’un accès aux loisirs. Pour Marie-Louise Vernede, présidente de l’association du CSC, "la présence des Disciples dans le quartier est souhaitable. S'ils n'existaient pas, il faudrait les inventer".
Des loisirs pour toutes les bourses
"42 % de nos adhérents viennent de la Cité nucléaire, 40 % du Vieux-Cronenbourg, les autres de Schiltigheim et Hautepierre", détaille Laurent Cécile, directeur du CSC. À ses membres, le centre Schoelcher propose le mercredi et pendant les vacances scolaires un accueil de loisirs. "Cette année, nous organisons des défis inter-CSC. Dix enfants de primaire se déplacent pour participer à des épreuves sportives et artistiques pensées par les enfants des autres centres sociaux et culturels de la ville”, explique Valérie Kulak, responsable du pôle enfance. Les concurrents doivent être inscrits à l’accueil périscolaire. Pour les 6-12 ans, les familles déboursent annuellement entre 922,20 et 1966,20 euros.**
"Si vous ne connaissez pas Gérard, vous ne connaissez pas Cronenbourg", s’accordent à dire les habitants du quartier. Gérard Haehnel est, depuis 1981, à la tête d’une association protestante bien connue de Cronenbourg-cité : Les Disciples. Face au parc de la Bergerie, le Centre social et culturel (CSC) Victor-Schoelcher et l’Aquarium, son pôle jeunesse implanté au cœur de la Cité nucléaire, structurent également, depuis 50 ans, la vie des habitants. À chaque association son public dans la partie nord de Cronenbourg, où le taux de personnes vivant sous le seuil de pauvreté atteint 34,4 %.*
Les premiers rayons de soleil et la rosée du matin offrent au parc une fraîcheur agréable. L’occasion pour Julie de se balader avec sa fille Maya, âgée de huit mois. "La promenade dans le parc nous permet de prendre l’air, et ça fait du bien à la petite", confie la jeune maman d’une trentaine d’années. Sa fille n’a pas dormi ce matin. Elle l’a bercée dans toutes les pièces de la maison, mais rien n’a fonctionné : ce n’est qu’au parc, dans sa poussette et emmitouflée dans des vêtements chauds, que Maya a trouvé le calme. Julie est apaisée. Elle savoure un moment de sérénité avec sa fille.