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Aujourd’hui, les cours qu’a suivis Oana lui permettent d’aider son enfant dans ses débuts au collège. Elle a aussi fréquenté un temps l’Université populaire de Strasbourg : "c’était un cours intensif et un peu cher", se souvient-elle. Clubs, formation en ligne, devoirs avec son fils, elle pratique au maximum : "Je vais à beaucoup d’ateliers pour parler avec les gens." Pour le moment sans emploi, Oana aimerait exercer un métier dans le milieu de l’art. Actuellement, "beaucoup d’entreprises demandent au minimum le B1", indique-t-elle. Oana espère atteindre ce niveau en 2025.
"Les personnes sont bien intégrées quand elles comprennent tout. Elles sont indépendantes", confie Oana qui sort d’un rendez-vous médical, emmitouflée sous son manteau. Économiste en Roumanie, elle est arrivée de Bucarest il y a deux ans pour rejoindre son mari. "Au début, c’était difficile de comprendre les gens dans la rue. C’était très frustrant." Une amertune qu’elle subit dans de nombreux domaines. Avide de culture, là encore sa non-maîtrise du français la pénalise : "J’aime la culture. Mais quand tu veux aller au théâtre, au musée, c’est en français." C’est à l’école Erckmann-Chatrian, où était scolarisé son fils, qu’Oana a commencé son initiation. Comme dans les autres écoles du quartier, des cours y sont dispensés pour les parents d’élèves par le CSC.
© William Jean
Carol Burel, William Jean et Eva Lelièvre
Mais après son divorce, elle s’est retrouvée seule et a décidé de s’inscrire aux cours du CSC. "J’apprends surtout pour comprendre tout ce qui est administratif. Ce qu’on me dit à la préfecture, les rendez-vous à la banque…" Coupée de sa famille restée au Xinjiang, où réside encore son fils, elle tisse grâce à ses cours des liens avec des habitants de son quartier. "Je suis allée au CSC pour trouver de l’aide. C’est devenu ma famille", livre-t-elle. Le centre lui a conseillé de participer au jardin partagé.
Les joues un peu rouges, Maimaite, les mains gantées, bêche une petite parcelle de terre où elle travaille. Malgré son arthrose, cette Ouïghoure de 60 ans s’occupe d’un jardin partagé, quai de Traenheim, avec cinq autres femmes françaises du quartier. Elle profite ce jour-là de la présence de son fils, qui a grandi en France et parle parfaitement la langue. Dans ce jardin, elle travaille tout en exerçant son français un peu maladroit. "J’apprends le vocabulaire de l’horticulture. Je ne connais pas beaucoup de légumes d’ici", précise Maimaite. Elle est arrivée en France avec son mari et son fils cadet, il y a treize ans. Son mari chargé des démarches et de la communication, elle n'a au départ pas considéré le français comme essentiel.
Quoussai : "J'en ai besoin dans chaque petit détail de la vie"
Pressé de progresser, il déplore les difficultés d’accès à un enseignement de qualité : "La demande est très grande mais peu d’offres existent. J’ai besoin du français dans chaque petit détail de la vie." À plus long terme, il espère devenir un "membre actif dans la société". Pour le moment, l’anglais lui permet de se faire comprendre par les commerçants strasbourgeois habitués aux touristes. Le vrai problème pour lui, c’est la communication avec les administrations et organismes publics, où le français est indispensable. "J’ai beau préparer deux trois phrases, ça sonne toujours faux", regrette-t-il. Un interprète lui est souvent nécessaire.
Une mosquée en évolution
Le vendredi à l’heure de la grande prière, la place d’Ostwald habituellement passante, réunit près de 1000 hommes, dont beaucoup vêtus de djellaba. Une fréquentation importante qui oblige le lieu à organiser deux temps de prière pour que tout le monde puisse rentrer. Actuellement en travaux, le futur lieu de culte accueillera toutes les activités hébergées au 3 quai du Murhof, mais également une grande salle de prière pour les femmes ainsi que des logements étudiants. À travers toutes ces initiatives, Safir Boustil voit la possibilité de rendre à "la mosquée son sens littéral en arabe 'masjid' c’est-à-dire 'le lieu où l’on se rassemble'".