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[Mise à jour à 16h30] Dans un communiqué, le syndicat d’enseignants SUD Education Alsace a dénoncé « la répression et les arrestations » des trois manifestants devant le lycée Marie-Curie. Les deux lycéens, mineurs, ont été placés en garde à vue pour « vol de barrières sur un chantier voisin » - barrières qui ont servi au blocus. Le surveillant, majeur, a lui été placé en garde à vue pour « dissimulation de son visage et rébellion envers des personnes dépositaires de l'autorité publique ». Un rassemblement est prévu en fin de journée devant le commissariat de Strasbourg pour « exiger leur libération ».

Nicolas Arzur

C’est une action coup de poing qui s’est déroulée dès 6h45 au lycée Marie Curie, dans le quartier de l’Esplanade, à Strasbourg. 200 lycéens ont bloqués toutes les entrées du lycée avec des barrières et des poubelles, sous les yeux de leurs professeurs et de “Gilets jaunes”.

Ils souhaitent dénoncer les “E3C”, les nouvelles épreuves communes de contrôle continu du baccalauréat. La police a procédé à trois interpellations : un surveillant et deux lycéens.

Effet de bulle et confirmation d’hypothèse

Le code informatique opéré crée aussi une « bulle de filtrage », selon l’expression d’Eli Pariser, auteur de l’ouvrage « What The Internet is Hiding From You » [Ce qu’Internet vous cache, 2011]. L’utilisateur est conforté dans ses opinions, par l’exposition à des idées similaires. Les réseaux deviennent ainsi des « bastions thématiques et idéologiques, des outils de confirmation plutôt que d’information », explique la sociologue. Ce qui « conduit, in fine, à la négation du débat », développe Udrus Fassassi, professeur de droit public.

« Bien que je pense que la technologie “deep fake” pose une réelle menace, ce type de manipulation nécessitant une technologie basique montre qu’il existe une plus grande menace. Beaucoup d’entre nous sont prêts à croire le pire concernant les gens avec lesquels nous ne sommes pas d’accord », déclarait le professeur américain Hany Farid il y a quelques jours au micro de CNN. Des « cocons cognitifs » que formalisait déjà le juriste Cass Sustein, que le prisme déformant des réseaux sociaux entretient.

Marine Godelier

 

« Les images et vidéos satiriques risquent de nous donner du fil à retordre, admet Yoel Roth. Si nous nous trompons, il y aura une procédure d’appel. »

Sans compter que la censure de contenus a posteriori en partie par des intelligences artificielles pourrait créer des tensions supplémentaires. « L’anonymat, la non co-présence ou la modération affichée - mais éventuellement aléatoire dans son application, peuvent conduire à exacerber la charge conflictuelle des propos tenus par les participants », expliquent Fabienne Greffet et Stéphanie Wojcik dans le magazine Réseaux. Une mesure d’apaisement et de sécurité qui pourrait finalement nuire à une collectivité « homogène et pacifiée ».

Alors, pour repérer les contenus problématiques, des équipes du monde entier travailleront à leur identification. Et compteront notamment sur les signalements, « même si nous voulons réduire le fardeau des utilisateurs », a précisé Yoel Roth, cadre de Twitter responsable de l’intégrité du site. Seront ainsi combinées intelligence artificielle et ressources humaines, dans un seul objectif : lutter « contre la désinformation ».

L’automatisation de la modération pose problème

Ce changement de politique est un pas en avant dont il faut se réjouir. Mais qui soulève de nombreuses interrogations. Quels contenus passeront les tests ? La publication en octobre par Hillary Clinton d’une lettre parodique signée JFK par exemple, sera-t-elle désormais automatiquement reléguée ?

Un enjeu social majeur

Il faut dire que l’oiseau bleu était sous pression. Après les campagnes d’influence étrangère qui avaient marqué la campagne américaine de 2016 et à l’approche du prochain scrutin, prévu pour novembre 2020, la plateforme en ligne était sommée par les autorités de prendre ses responsabilités. Régulièrement accusé de colporter des propos haineux et autres “fake news”, le dirigeant de Twitter avait plusieurs fois été entendu par la commission des renseignements du Sénat. En octobre, le site avait finalement renoncé aux publicités politiques. Une rupture avec sa vision historique de défense de la liberté d’expression la plus poussée.

Désormais, sa crédibilité est en jeu. Alors que 68% des Américains estiment que les fausses informations affectent réellement la confiance de la population dans les institutions selon un sondage du centre de recherche Pew, l’enjeu social est majeur. La diffusion de fausses nouvelles est considérée comme un problème de société plus grave que le terrorisme, le racisme ou le sexisme.

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