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Enjeu primordial contre le réchauffement climatique, le végétal peine à se frayer un chemin le long de la bétonnée route de Bischwiller. Les communes de Schiltigheim, Bischheim et Hoenheim avancent à un rythme différencié, entre négociation des projets immobiliers, biodiversité dans l'espace public et implication citoyenne dans le jardinage.

 

Le long de la route de Bischwiller, échafaudages et avis de construction remplissent l’horizon de Schiltigheim, Bischheim et Hoenheim. À Schiltigheim, porte d’entrée de Strasbourg, difficile de ménager une place à la végétation et de répondre aux objectifs écologiques dans une ville animée par de grands chantiers immobiliers. Pourtant, c’est aussi la seule des trois voisines à s’être engagée dans le “Pacte penser, aménager et construire en transition écologique” de l’Eurométropole. Bien que le document n’ait pas de valeur juridique, il permet de créer un espace de discussion entre les acteurs de la construction et de l’urbanisme, les communes signataires et l’Eurométropole afin d’appliquer le plan climat au niveau local. 

Chantier d’ampleur, l’ancien site industriel Fischer deviendra un quartier à part entière. La question de sa végétalisation se pose. “Jusqu'à aujourd’hui, Fischer était un gros îlot de chaleur sur la carte, tout était en rouge. J’espère que demain ce ne sera plus rouge, mais au moins orange. Je ne me fais pas d'illusions, il y aura quand même 610 logements”, expose Danielle Dambach, maire de Schiltigheim. Pour l’instant, sur le chantier de la maison du Dinghof, rue d’Adelshoffen, c’est le projet de construction immobilière qui l’a emporté sur l’installation d’un verger communal promis aux habitants, dont la surface devrait considérablement rétrécir. 

Selon le plan local d’urbanisme (PLU) intercommunal de l’Eurométropole, les nouvelles constructions doivent intégrer 10 à 40% d’espace végétal. Un pourcentage qui varie en fonction de leur emplacement : zone urbaine, à urbaniser, agricole, naturelle. Après négociations entre la municipalité et Cogedim, le promoteur, en 2018, le site Fischer comprendra finalement 40% d’espaces verts, dont des jardins, des toitures végétalisées et un potager partagé. Pour Danielle Dambach, les surfaces en pleine terre et sur les logements sont complémentaires : “les toitures végétalisées sont importantes parce que ça permet de rafraîchir le bâtiment et d'absorber les eaux de pluie”.

Par le biais du PLU, les municipalités peuvent également inscrire des parcelles privées comme “espaces plantés à créer ou à conserver” (EPCC). Le long de la route de Bischwiller, on compte trois EPCC à Hoenheim, quatre à Bischheim et douze à Schiltigheim. Ce sont des parcs ou des ensembles de jardins de particuliers que les élus proposent d'inscrire au plan pour qu’aucune construction ne vienne les remplacer à l'avenir. Ce frein à la bétonisation n'est pas sans conséquence sur la valeur des biens, mais pour la maire schilikoise Danielle Dambach, “c'est l'intérêt général qui doit primer”. 

 

Entre politiques communes et projets individuels : différentes manières de végétaliser l’espace 

La route de Bischwiller, cet axe privilégié du trafic automobile, ne laisse que de rares interstices aux végétaux. À Hœnheim, seuls quelques tilleuls ont été plantés aux abords de l'église Saint-Joseph et il suffit de s'éloigner de quelques mètres pour qu'ils disparaissent du paysage, au profit du goudron. Pavé sur toute sa longueur, le parc Wodli, à Bischheim, ressemble plus à une place qu’à un espace vert. Mais les trois municipalités semblent faire des efforts dans ce sens : 1 000 arbres plantés annoncés à Schiltigheim durant le mandat en cours, 100 nouveaux installés l’hiver dernier à Hoenheim et deux plantés pour un abattu à Bischheim et à Schiltigheim.

Elles collaborent aussi pour la restauration de la Trame verte et bleue sur leurs territoires, en partenariat avec Alsace Nature et l’agence de l’eau Rhin Meuse. “L’objectif est de recréer des corridors écologiques pour lutter contre la fragmentation des milieux naturels et ramener de la nature en ville”, explique Delphine Lacuisse, chargée de mission pour Alsace Nature. La restauration de la biodiversité repose sur les projets proposés par les communes, comme la haie libre d’un kilomètre que la ville d’Hœnheim va planter rue de la Fontaine.

L’objectif de la végétalisation n’est pas simplement de planter en quantité, mais de créer des écosystèmes favorisant la biodiversité, avec des essences locales. Ainsi, dans le parc de la Résistance déjà arboré à Schiltigheim, les futurs projets consistent à “travailler sur des strates”, explique Danielle Dambach. “Les arbres à haute tige sont là, mais nous voulons aussi des strates moyennes avec des buissons, des haies, et des strates végétales basses que sont les fameux jardins partagés.”  

 

Une démarche participative 

Les deux extrémités de la route de Bischwiller, à Schiltigheim et à Hoenheim, accueillent des jardins familiaux. Mais les citoyens des trois communes sont aussi régulièrement conviés à jardiner dans l’espace public. Depuis deux ans, la municipalité de Schiltigheim propose des conventions de végétalisation qui permettent aux particuliers et aux associations de planter et d’entretenir une parcelle sur la voirie. 

Signe des temps, la création d’une forêt urbaine et la plantation d’arbres arrivent en tête des préoccupations citoyennes au budget participatif 2020 à Schiltigheim, remportant chacune une enveloppe municipale de 30 000 euros. Danielle Dambach, la maire écologique schilikoise, s’en réjouit : “ Si avec ça on n’a pas compris, c’est qu’on est sourd !”

 

Claire Blondiaux, Séverine Floch, Laura Remoué

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À 11h45, sur le parking de l’école maternelle Léo-Delibes, certaines voitures laissent leurs moteurs tourner alors que des enfants se faufilent entre les pots d’échappement© Loïc Gorbibus

Quand Friedrich Graffmann, résidant rue du Cimetière à Hoenheim, sort relever son courrier, il n'est jamais vraiment sûr de ce qu'il va trouver. Au printemps dernier, il a commencé à recevoir des lettres et des colis destinés à un habitant de la commune voisine de Bischheim. "Comme c'était devenu un peu compliqué, j’ai dû mettre un mot sur ma boîte aux lettres : 'Cher facteur, ici on est à Hoenheim PAS à Bischheim (même code postal). Merci de vérifier avant de déposer le courrier' ".

Les deux communes mitoyennes ont le même code postal (67800) et 19 noms de rue identiques. On imagine dès lors les possibilités d’erreurs… En témoigne cette autre résidente de Hoenheim, rue de l’Église cette fois, qui attendait un colis. Le transporteur lui a téléphoné pour lui dire qu’il ne pourrait pas livrer son paquet : une grue dans sa rue bloquait la circulation. Elle est immédiatement sortie de chez elle : pas de grue ni de livreur ! Ce dernier avait bien suivi son GPS, mais était bloqué dans la rue homonyme de Bischheim.

Une question d'habitude

C’est parce qu’elles partagent le même bureau distributeur de courrier que ces deux villes se sont vu attribuer le même code postal, en 1972, lorsque la direction des services postaux a instauré le code à cinq chiffres. "Le code postal a tellement bien marché qu'il fait maintenant partie de l'identité de chaque commune", souligne Benoît Coupechoux, ingénieur d'affaires territorial à La Poste. De sorte que l’on pense que chaque commune a nécessairement son propre code postal. Pas toujours !

C’est au bureau distributeur de Bischheim, situé rue des Magasins, que le facteur organise son courrier dans l'ordre de sa tournée. D’où l'importance de bien la connaître. "Quand il voit un nom qu’il ne connaît pas sur une lettre ou un colis, il va en conclure que celui-ci est sûrement adressé à l’autre commune. Ce sont les facteurs qui évitent ces problèmes", confie l’un d’entre eux.

Mais lorsqu’un agent distribue sur une tournée qui n'est pas la sienne ou qu’il connaît mal, les erreurs se multiplient inévitablement. Autre motif possible d’erreur, l’accélération des cadences de distribution. "Une tournée est séquencée à la seconde, explique un syndicaliste du secteur. Le facteur ne peut malheureusement pas respecter cette tournée virtuelle".

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À 16h30 sur le parking de l’école Exen, l’ASVP organise le stationnement des véhicules, sécurise la traversée des enfants. © Loïc Gorgibus

 

Un sentiment d’insécurité partagé à l’école Exen

 

À quelques centaines de mètres de là, l’école Exen subit aussi des inconvénients du fait de sa proximité avec la route de Bischwiller. Au niveau de la Poste, en attendant que le feu passe au vert, les piétons s’agglutinent sur un trottoir étroit, de surcroît encombré par des barrières en raison des travaux de toiture du magasin adjacent. Devant l’école, il y a bien un parking, mais certains parents le confondent avec un dépose-minute. Membre de l’association des parents d’élèves de l’école Exen, Raphaël Kleinklaus résume la situation : "Il n’y a pas de cheminement clairement tracé et sécurisé et le parking d'Exen est juste hyper dangereux parce qu’il y a de la circulation dans tous les sens." 

Sur les près de 3 000 enfants scolarisés à Schiltigheim, un millier se rendent à l’école primaire Exen et près de 250 à l’école Léo-Delibes. Du fait de leur proximité avec la route de Bischwiller, les élèves de ces deux écoles sont plus exposés aux dangers de circulation que ceux d’autres établissements scolaires.

 

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Abdé (à gauche) et Khaldi (à droite) posent des poutres.  © Camille Bluteau

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Le squelette de la Nouvelle salle de brassage pendant sa démolition. © Abdé, assistant chef de chantier

 

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Okkés, 37 ans, chauffagiste arrivé de Turquie en 2007. © Julie Brault

Le supermarché Auchan a été implanté dans la galerie commerciale en 2014.

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