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“La crainte, c’était que des choses tombent”, ajoute-t-il en élevant la voix pour couvrir le bruit d’une perceuse qui pénètre dans le béton. Parce qu’il y a le bruit, aussi. “C’est difficile de rester concentré toute la journée malgré le boucan du chantier”, concède Abdé. Il y a les sifflements assourdissants des perceuses, les coups de marteau, les frottements métalliques des scieuses, le fracas des matériaux démolis lorsqu’ils touchent le sol. Le bruit des échelles, des parpaings, des pièces de métal et de bois que les travailleurs déplacent. Le bruit des sacs de béton et des rouleaux d’isover qu’ils déchargent avant de les déposer sur le sol. “Parfois, à la fin de la journée, on a la tête qui va exploser”, confie-t-il.
Holiday, le tube de Madonna, s’échappe d’une petite radio sans fil. À côté, des ouvriers s’affairent. Certains travaillent à plusieurs, d’autres seuls. La crise sanitaire actuelle et le confinement du printemps ont retardé le chantier. Mais même en temps normal, c’est la course. “Aujourd’hui dans le BTP, on n’a même pas encore commencé un chantier qu’on est déjà en retard”, balance Abdé. Il faut construire toujours plus vite pour rentabiliser le coût de l’opération. Un planning serré que les travailleurs devraient pouvoir tenir : la fin des travaux est prévue pour juin 2021.
La convivialité, c’est ce qu’aspirent à recréer depuis 2017 les Halles du Scilt en réunissant café, marché, salle d’exposition et événements festifs. Habitant rue des Barrages depuis un an avec sa famille, Mathis, 17 ans, préfère Strasbourg : “Aux Halles, j’y vais surtout avec mes parents, pas du tout avec mes potes. Ma mère aime bien y aller, par contre, moi, c’est pas mon délire.”
Pierre Frasiak et Quentin Gilles
Le futur groupe scolaire Simone-Veil, dont le projet est mené par Eiffage Construction Alsace, devrait accueillir six classes de maternelle et neuf classes d’élémentaire pour la rentrée scolaire de 2021. Un chantier à 13 millions d’euros qui comporte une difficulté technique : une partie de la structure du bâtiment est protégée au titre des monuments historiques depuis le 3 décembre 2018.
Alfred Lehmann, habitant de 67 ans né rue d’Adelshoffen et bon connaisseur du Vieux Schilick, regrette les fêtes d’antan. “On allait dans la rue pendant six jours. On avait l’orchestre Fischer qui jouait de la musique folk. Nous, on était derrière avec cinq qui sautaient à droite, cinq qui sautaient à gauche et ainsi de suite”, raconte-t-il avec nostalgie.
Rendez-vous au bistrot
À quelques mètres du vacarme de la route de Bischwiller, Alfred Lehmann apprécie déambuler tranquillement entre les maisons à colombages et se rendre à la Couronne, un bistrot traditionnel à l’intersection des rues Principale et d’Adelshoffen où il a ses habitudes. Le retraité se rappelle aussi l’ambiance fraternelle de l’ancienne ville ouvrière : “Le matin avant d’aller au travail et après, j’allais prendre une bière. Maintenant, ça ne se fait plus.”