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Claire Blondiaux, Séverine Floch et Laura Remoué
“J’ai envie de croire que Schiltigheim peut relancer son activité brassicole”
Schiltigheim se retrouve aujourd’hui au milieu du gué. Arrivera-t-elle à tirer profit de son passé brassicole afin de susciter un nouvel intérêt pour ce secteur ?
L’actuelle municipalité fonde ses espoirs sur un projet en particulier. Elle souhaiterait remettre l’identité brassicole au cœur de la réhabilitation du site Schutzenberger. La mairie y voit l’opportunité de conserver la brasserie pour en faire un porte-étendard de son patrimoine historique, et, à terme, la possibilité d’y créer une micro-brasserie susceptible d’attirer le tourisme. Cependant, les élus se heurtent pour l’instant à l’opposition du principal actionnaire de la brasserie, Denis Oussadon.
“Monsieur Oussadon avait de bonnes volontés mais surtout l’idée de construire des logements pour faire des bénéfices dessus”, note le premier adjoint Patrick Maciejewski. Les ambitions affichées par la ville ne suffisent pas à convaincre Patrick Gauger : “Il y aura des logements, un hôtel probablement, cet investisseur ne veut pas créer une nouvelle brasserie. J’ai envie de croire que Schiltigheim peut relancer son activité brassicole grâce à la bière artisanale, sauf que la réalité est tout autre, les investissements prioritaires n’iront pas dans le secteur brassicole.”
Emilien Hertement et Mathilde Iehl
Khaldi, Okkés et Abdélatif viennent d’Algérie, de Turquie et de Syrie. Ils ont quitté leur pays pour diverses raisons : se marier, fuir le système politique ou échapper à Daesh. Arrivés dans les années 90 ou plus récemment, aucun d’entre eux ne savait parler français. Malgré les difficultés d’intégration, ils n’ont pas eu de problème pour trouver du travail. Rapidement, ils ont été embauchés en tant qu'ouvriers sur des chantiers dans le Bas-Rhin. Il y a une vingtaine d'années, lors de son recrutement comme salarié chez Eiffage, Khaldi raconte qu’un chef de chantier lui a dit : “Toi, tu ne connais pas le français, mais tu connais ton travail. Le français, ça viendra plus tard.” Aujourd’hui, ce maçon de 55 ans aux yeux pétillants est fier de son parcours et de la valeur du travail qu’il a transmise à ses enfants. Les trois hommes ont suivi quelques cours de français, mais c’est en travaillant qu’ils ont le plus vite appris la langue.
À Hoenheim, l'écoquartier l'Île-aux-Jardins porte bien son nom. Au pied des résidences, les habitants cultivent légumes et relations de voisinage.
Une grosse courge butternut, des carottes, des poireaux et du persil : Mélissa vient de faire sa dernière récolte de l’année, un après-midi de la fin octobre, en contrebas de la résidence Calliandre de l’Île-aux-Jardins à Hoenheim. “Les jardins m’ont permis de rencontrer mes voisins de parcelle et de parler avec eux. Je ne les aurais peut-être jamais connus autrement”, raconte l’aide-soignante de 30 ans, installée dans cet écoquartier depuis un an. Elle apprécie l’esprit d’entraide qui y règne : “Ils me demandent d’arroser et de récolter leurs légumes quand ils sont en vacances. Je sais qu’ils le feront si je pars aussi.”
Quelques parcelles plus loin, derrière la palissade en bois qui entoure les espaces de culture, Sylviane, une retraitée de 73 ans, désherbe son jardin où elle fait pousser tomates, courges, blettes, romarin et persil. Elle a également cultivé des pensées jaunes et violettes qui ont été mises dans un grand pot gris et placées devant son immeuble en guise de décoration.
Pour elle, le jardinage a une vraie fonction sociale dans le quartier. “L’esprit jardin c’est le partage de méthodes, de graines, d’outils…”, résume-t-elle. Lorsque les pompes à bras ont cessé de fonctionner il y a quelques mois à cause d’une panne, le jeune couple qui cultive à côté d’elle lui a apporté de l’eau dans des bouteilles pour qu’elle n’ait pas à trop se déplacer.
Camille Bluteau et Julie Brault
Les deux extrémités de la route de Bischwiller, à Schiltigheim et à Hoenheim, accueillent des jardins familiaux. Mais les citoyens des trois communes sont aussi régulièrement conviés à jardiner dans l’espace public. Depuis deux ans, la municipalité de Schiltigheim propose des conventions de végétalisation qui permettent aux particuliers et aux associations de planter et d’entretenir une parcelle sur la voirie.
Signe des temps, la création d’une forêt urbaine et la plantation d’arbres arrivent en tête des préoccupations citoyennes au budget participatif 2020 à Schiltigheim, remportant chacune une enveloppe municipale de 30 000 euros. La maire Danielle Dambach s’en réjouit : “Si avec ça on n’a pas compris, c’est qu’on est sourd !”
Les habitants au coeur du projet
Elles collaborent aussi pour la restauration de la Trame verte et bleue sur leurs territoires, en partenariat avec Alsace Nature et l’agence de l’eau Rhin-Meuse. “L’objectif est de recréer des corridors écologiques pour lutter contre la fragmentation des milieux naturels et ramener de la nature en ville”, explique Delphine Lacuisse, chargée de mission pour Alsace Nature. La restauration de la biodiversité repose sur les projets proposés par les communes, comme la haie libre d’un kilomètre que la ville d’Hoenheim va planter rue de la Fontaine.
L’objectif de la végétalisation n’est pas simplement de planter en quantité, mais de créer des écosystèmes favorisant la biodiversité, avec des essences locales. Ainsi, dans le parc de la Résistance déjà arboré à Schiltigheim, les futurs projets consistent à “travailler sur des strates”, explique Danielle Dambach. “Les arbres à haute tige sont là, mais nous voulons aussi des strates moyennes avec des buissons, des haies, et des strates végétales basses que sont les fameux jardins partagés.”