Vous êtes ici

Le module est validé, il peut être inséré dans un article pour être consulté par les internautes.

D'importantes charges à venir

Chez Terre d'Est aussi, les locaux sont bien calmes. Cette coopérative de tourisme, qui propose des séjours de groupe dans le Grand Est, a perdu 95% de son chiffre d'affaires. "Personne ne veut signer un devis sans savoir si son voyage va pouvoir avoir lieu. On a quelques demandes, car les gens ont envie de voyager, mais rien ne se concrétise", explique Emeline Le Floc'h, assistante commerciale et administrative. L'ordonnance du 25 mars 2020 a permis aux agences de voyage de ne pas rembourser leurs clients mais d'avoir la possibilité de leur fournir des avoirs valables 18 mois, pour les voyages prévus entre le 15 mars et le 15 septembre 2020. "Si on avait dû rembourser, nous n'aurions plus de trésorerie", révèle Emeline Le Floc'h. 

Mais l'échéance se rapproche, les premières annulations remontent à bientôt un an. Le chômage partiel, auquel beaucoup d'agences ont recours, est aussi pris en charge à 100% par l'Etat, mais uniquement jusqu'à fin mars. De quoi générer beaucoup de stress pour les professionnels du secteur. Certains se sont regroupés au sein du collectif de défense des métiers du voyage et tentent d'alerter les pouvoirs publics sur leur situation. Sur leur groupe Facebook, ils échangent des conseils et tentent de s'entraider. Audrey Peri essaie également de diversifier son activité, en proposant des produits du Maroc, comme de l'huile d'argan dans son agence. "Je me dis que ça fait voyager autrement. Le problème, c'est que ce n'est pas 10 euros par ci qui vont me permettre de vivre. Clairement, je vais devoir trouver un autre travail à côté le temps que la situation s'améliore", concède-t-elle. Elle envisage aussi de se séparer de son local, une charge dont elle ne peut "plus se permettre" aujourd'hui. La morosité l'emporte peu à peu sur la volonté de rester optimiste.

Cyrielle Thevenin

Pas un appel ne résonne ce jeudi 18 février dans les locaux de l'agence de voyage My Trav'ELS, rue Oberlin, à Strasbourg. La gérante, Audrey Peri, a encore les yeux rougis. Ce matin, elle a appris que ses aides financières étaient revues à la baisse et a encore dû annuler des voyages. "Ça devient très compliqué, soupire-t-elle. Je suis triste parce que cette agence, c'est mon bébé, j'ai bossé jour et nuit pour la lancer. Là, on est vraiment en détresse totale, on ne sait plus comment s'en sortir". La fermeture des frontières hors Union européenne, annoncée le 29 janvier par le Premier ministre, a été un vrai "coup de grâce" pour les agences de voyage, déjà à la peine depuis le premier confinement. My Trav'ELS, qui propose essentiellement des voyages à l'international, a aussi perdu au moins 90% de son chiffre d'affaires, "97% certains mois", détaille la gérante. 

Tout le secteur du voyage touristique souffre. Le tourisme mondial a perdu 1300 milliards de dollars en 2020, selon l'OMC.  En France, selon le président des entreprises du voyage, 20 milliards d'euros ont été perdus en 2020. À Strasbourg, la plupart des agences travaillent à horaires et effectifs réduits. Et dans les boutiques, il est rare d'y voir encore des clients. Terra Nobilis, agence spécialisée dans le voyage culturel principalement en Europe et en Russie, n'a enregistré aucun départ depuis octobre. Le directeur, Laurent Lanfranchi garde toutefois espoir : "On a la certitude que l'activité va reprendre, mais la question c'est quand. Chez nous, les gens réservent quatre à six mois à l'avance. L'enjeu, c'est de parvenir à anticiper la reprise et là c'est très difficile, car on a aucune visibilité." En attendant, l'agence, dont la clientèle est exclusivement senior, propose des conférences culturelles en ligne. "Elles nous permettent de garder contact avec la clientèle et ça marche plutôt bien", indique Nathalie Wabnitz, agent de voyage, avant de s'interrompre pour répondre à un client qui souhaite tenter l'expérience.

Les voyagistes voient leur trésorerie fondre et leurs séjours s'annuler les uns après les autres. Avec la fermeture des frontières, aucune perspective d'amélioration ne se dessine.

Les médecins devaient choisir une pharmacie de référence entre le 15 et le 17 février au soir et s’enregistrer auprès d’elle pour recevoir un flacon de dix doses du vaccin. Cinq, six, dix docteurs... Certaines pharmacies n’ont pas fait bonne pêche. "Les médecins sont hésitants parce qu’ils doivent refaire tout leur planning de consultation", explique Christine alors que les clients affluent dans sa pharmacie de l’Europe pendant leur pause déjeuner.  

En effet, une fois ouvert, le doses ne restent viables que 48 heures pendant lesquelles les médecins doivent s’arranger pour recevoir tous les patients. Ils doivent viser en priorité ceux atteints de comorbidités : cancers, diabètes ou encore maladies respiratoires, dans la tranche d’âge de 50 à 64 ans. Or, les plannings de consultations, souvent préparés plusieurs semaines à l’avance, représentent un frein pour nombre de médecins. 

Lenteurs et confusions

D’après les  informations qu’a reçues Christine, les commandes passées en début de semaine devraient arriver le vendredi et le cycle devrait se répéter de manière hebdomadaire. Les praticiens devraient aussi recevoir plus de doses dans les prochaines semaines.

Mais les renseignements varient et dans les officines règne une confusion devenue habituelle. "On n’a pas les informations, elles arrivent au jour le jour", décrit Marine de la pharmacie Saint-Maurice. Elle espère une livraison entre le 22 ou le 24 février, mais rien n’est sûr. Même son de cloche à la pharmacie de l’Esplanade où les titulaires ne savent pas quand ils vont recevoir les doses, répond Stéphanie d’une voix rapide entre deux clients.

La question de la vaccination en pharmacie se pose aussi parmi les professionnels. "Les gens nous demandent, mais on ne peut pas. Les médecins commencent et après ce sera notre tour", explique Christine, qui estime d’après les annonces reçues qu’ils pourront commencer courant mars. Elle s’attend à une ruée sur les officines comme en 2019, quand fut accordé aux pharmaciens le droit de vacciner leurs clients contre la grippe saisonnière. Ce qui amènerait davantage de souplesse, estime Stéphanie : "En pharmacie on vaccine plus rapidement parce que c’est sans rendez-vous alors que pour les médecins, c’est plus compliqué."

La Haute autorité de santé (HAS) demande cette facilité mais le Ministère de la santé n’a pas encore donné son aval.

Claudia Lacave

Jeudi 18 février, Mohamed B. comparaissait pour avoir tenté de fausser compagnie aux forces de l’ordre.

[ Plein écran ]

Les pharmacies jouent le rôle de plaque-tournantes entre les médecins et les vaccins. © Claudia Lacave

Le tribunal judiciaire de Strasbourg ce jeudi 18 février. © Julien Lecot

Pages