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Adapter le domicile des personnes âgées
Pour vieillir à la maison, des aménagements spécifiques s’imposent. Les points fondamentaux consistent à faciliter les déplacements entre chaque pièce et à éliminer les éléments pouvant présenter un danger. Pour y faire face, la salle de bains est une pièce stratégique. Il est impératif d’y ajouter des barres de maintien et de changer la baignoire en douche. Des aménagements qui représentent un coût important. Les personnes âgées peuvent bénéficier de subventions comme l’Aide personnalisée d’autonomie dont le montant varie en fonction de leur état de dépendance.
Au bout du quai, le port aux pétroles a recours à des fauches régulières pour se prémunir des incendies. Elles ont lieu trois fois dans l’année : “une au printemps, la coupe de sécurité, une fin juin-début juillet, la fauche de propreté, et enfin la fauche hivernale”, regrette Marie-Madeleine Leroy. Animaux pris au piège, perte de fleurs pour les insectes pollinisateurs : la coupe “nuit à la biodiversité”, justifie la militante.
“Je passe énormément de temps à écouter les gens”, déclare Chantal Acker Marx, souriante. Pendant treize ans, elle s’occupait de planifier des voyages d’affaires pour le compte d’American Express. En 2013, elle quitte l’entreprise dans le cadre d’un plan de départ volontaire. Elle imagine d’abord une reconversion en tant qu’auxiliaire de puériculture. Réalisant que le métier ne correspond pas à sa vision du soin, elle commence une formation de naturopathe à l’école Plantasanté en 2018. “Ce que je fais maintenant, pour moi, ça a du sens”, confie celle pour qui le naturopathe est un “éducateur de santé”. Son rôle consiste à redonner les bases du bien-être grâce à l’alimentation, la gestion des émotions ou l’activité physique. La thérapeute explique avoir une préférence pour les techniques du toucher comme la réflexologie, le magnétisme ou la massothérapie.
Un portrait socio-économique défavorable à la Cité de l’Ill
Quartier à la population de 22 000 habitants, la Robertsau abrite un hôpital spécialisé en gériatrie, une clinique (Sainte-Anne) et des dizaines de cabinets médicaux et d’infirmerie. Dans les rues calmes de ce secteur résidentiel, une économie florissante consacrée à la santé s’est développée au cours des années: pharmacies, laboratoires d’analyses, opticiens, boutiques de prothèses auditives.
Mais ces services ne sont pas répartis uniformément, loin de là. Avec ses 106 professionnels de santé, la rue Boecklin, principale artère du Vieux Robertsau, concentre la majeure partie de l’offre libérale de santé du quartier. À l'inverse, la Cité de l’Ill est sous-dotée: la Maison urbaine de santé (MUS), inaugurée en janvier 2021, dispose d’un panel sommaire. À part cette structure, ce Quartier prioritaire de la ville (QPV) ne compte que deux cabinets de médecine généraliste, un cabinet d'infirmerie libérale et une pharmacie.
Pour la géographe Wahida Kihal, du Laboratoire image ville et environnement (LIVE) de l’Université de Strasbourg, “quand on parle de santé libérale, la première chose à prendre en compte est que les médecins libéraux, et plus généralement tous les services associés à la santé, s’installent là où ils le souhaitent”. Il s'agit de choix conscients, fruit d’une stratégie des praticiens, qui ont des effets concrets sur la population des territoires délaissés.
La chercheuse distingue les notions de “disparité” et d’“inégalité” dans la répartition des professionnels de santé. Le premier terme désigne une absence d’offre de soins justifiée par un manque de demande. Par exemple, dans un territoire vieillissant, on trouve moins de pédiatres. Le terme d’“inégalité”, en revanche, renvoie à un vide médical lorsque la demande existe.
C’est le profil socio-économique du quartier qui entraîne ces inégalités: dans les zones les plus défavorisées, les professionnels hésitent à s’installer, alors même que les besoins en matière de santé sont importants. La Complémentaire santé solidaire (CSS) permet le remboursement des soins pour les plus démunis, mais certains médecins refusent de prendre en charge les bénéficiaires de cette aide. La géographe souligne le paradoxe de la situation: “Un dispositif censé garantir l’accès égal aux soins pour tous devient un frein à l’accès au soin pour les personnes vulnérables.”
Cartographier l’accès inégal à la santé
Pour cartographier les inégalités de santé, Wahida Kihal utilise un “indicateur de défaveur socio-économique” qui met en lumière les caractéristiques des espaces fuis par les médecins et services de santé.
L’indicateur prend en compte plusieurs variables socio-économiques fournies par l’Insee: le taux de chômage, le revenu médian, le taux de familles monoparentales, la part des prestations sociales dans le revenu total, la part des enfants déscolarisés à partir de 15 ans, entre autres. L’objectif est de déterminer dans quel domaine les pouvoirs publics peuvent agir pour garantir l’égal accès aux soins.
En matière d’offre libérale, ces derniers sont impuissants: “On ne peut pas forcer la main aux médecins.” Cela explique l'aggravation du problème des déserts médicaux depuis plusieurs années. “Par contre, pour s’assurer de la prise en charge des patients bénéficiant de la Complémentaire santé solidaire (CSS), on peut imaginer la mise en place de contrôles pour vérifier le respect de la loi. Mais même cela est compliqué, parce que certains médecins ne jouent pas le jeu”, regrette l’universitaire.
Pierre-Mickaël Carniel et Matei Danes
Arrivée de constructions modernes
Depuis la démolition de “la Bleich”, les chantiers se sont succédé. Deux immeubles de deux étages sont sortis de terre rue Fischacker. Un nouveau projet de 76 logements sociaux et d’accession à la propriété dans la même rue laisse certains habitants perplexes. Bruno, père de famille, déplore la dénaturation du charme champêtre de la cité: “C’est dommage. C’était un peu une perle cachée ici.” D’autant plus que la proximité immédiate des chalets historiques avec des habitats sociaux peut faire chuter les prix à 2800 euros le mètre carré, contre un prix moyen de 3500 euros dans la cité, d’après Brice Boudra. Un parent d’élève exprime aussi ses inquiétudes quant à l’avenir des terrains municipaux en face de l’école: “Je suis venu ici pour le charme et le calme de la cité, mais rien ne me dit qu’il n’y aura pas d’immeubles dans quatre-cinq ans devant chez moi.”
Aucune plaque ni enseigne ne distingue la maison du 77, rue Mélanie de ses voisines. Ce n’est qu’une fois les escaliers menant vers le sous-sol descendus que le pavillon familial révèle un cabinet de naturopathie. Parquet, lambris jusqu’au plafond et cageots de bois faisant office d’étagères, la salle de soins évoque un chalet où trône une table de massage. Sous une lumière tamisée, deux fauteuils rouges capitonnés se font face au fond de la pièce: c’est confortablement assis que débutent toutes les séances.
Du côté des associations pour jeunes, la réponse à la question des drogues dans la cité est plus nuancée. Un éducateur confie que la situation de la Cité de l’Ill n’est pas pire qu’ailleurs. Selon lui, les consommateurs qui achètent des stupéfiants ne résident pas forcément dans le quartier. En matière de lutte contre les addictions, le docteur Pierre Tryleski était convaincu qu’il fallait proposer des soins spécifiques à la Cité de l’Ill.
En 1988, lorsqu’il s’installe dans le quartier, il prend cet enjeu à bras le corps. Il participe à la création de la microstructure. “On s’est dit que, pour un patient qui a des problèmes d’addiction, il y a bien un accompagnement médical à faire mais aussi psychologique et social”, précise-t-il. En 2014, lorsque la Maison de santé de la Cité de l’Ill voit le jour à son initiative, elle propose un accompagnement par des professionnels spécialisés dans la prévention et le traitement des addictions. Aujourd’hui encore, psychologues, infirmiers, médecins ou travailleurs sociaux se retrouvent au même endroit pour aider ceux qui ont décidé de remédier à leur dépendance.