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Après la chute du régime, alors qu'on commençait tout juste à installer les premières télécommunications en fibre optique en Europe, la Roumanie a saisi l'occasion pour s'équiper directement avec ces infrastructures dernier cri. Les pays d'Europe de l'Ouest devaient eux changer leurs câbles en cuivre, modifier tout leur modèle de télécommunication, ce qui a mis plus de temps que de partir de zéro. En 2000, toutes les villes roumaines étaient reliées à la fibre optique. Aujourd'hui encore, nous avons le meilleur internet filaire en matière de capacité et de débit, derrière Singapour et Hong-Kong.

Vasile Teodor Dădârlat est professeur en applications internet et réseaux informatiques à l'université technique de Cluj-Napoca. Auteur de plusieurs ouvrages sur les circuits et dispositifs numériques et les réseaux informatiques locaux. Il décrypte l'avènement du domaine des technologies d'information en Roumanie.

Sergiu Mișcoiu  © Archives personnelles

Élia Ducoulombier et Nils Sabin

Sergiu Mişcoiu est vice-président de l’université Babeș-Bolyai de Cluj-Napoca et chercheur en sciences politiques 

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Les quartiers de la ville traversés par notre journaliste, durant ses quelques jours passés à Cluj. © Camille Lowagie

« Les forêts de Roumanie sont surtout situées en montagne donc elles n’ont pas subi la même pression de l’agriculture que d’autres pays. La plupart sont établies aux mêmes endroits depuis des centaines d’années, il y a une forte biodiversité et des écosystèmes très stables. En général, elles sont en très bon état. De plus, après la Seconde Guerre mondiale, le choix a été fait d’avoir des forêts denses, avec de grands arbres coupés au bout de 100 ans. Donc les forêts fonctionnent, dans leur très grande majorité, sur la base de la régénération naturelle. 

L’important traitement médiatique et les nombreux signaux d’alarme actuels doivent être interprétés comme une forme de prise de conscience publique sur l’importance de la forêt. On parle beaucoup des coupes illégales alors que ce n’est pas ce qui menace réellement les forêts roumaines. À mes yeux, le réchauffement climatique et la mauvaise gestion des forêts sont des menaces bien plus importantes. En Roumanie, il y a énormément de corruption, de réglementations et de bureaucratie. On ne laisse quasiment pas de marge de manœuvre aux personnes qui gèrent les forêts sur le terrain : elles ne peuvent pas observer, essayer, apprendre de leurs erreurs. Par exemple, si un gestionnaire forestier choisit d’agir pour répondre à un changement brutal dans son bois, il entre dans l’illégalité.

Les accusations sur la mauvaise gestion de la forêt expriment aussi un mécontentement social. Il y a un décalage entre les attentes de la population vis-à-vis de cette ressource et son utilisation actuelle. Elle ne remplit pas bien ses rôles économique, de protection de la biodiversité ou même récréatif, alors qu’elle devrait être gérée en fonction de cela. Pendant des décennies, la politique a consisté à exclure physiquement les gens de la forêt mais ce n’est pas la bonne solution. Je pense que la forêt peut satisfaire tout le monde et répondre à tous nos besoins : nous chauffer, nous protéger, garder une forte biodiversité, produire de l’argent, être un lieu de détente. »

La fin d'un monde ?

À la fin de la période communiste en 1989, les unités de production héritées de la collectivisation disparaissent. Lors de la phase de « rétrocession », les terres sont distribuées à la population sous la forme de micro-exploitations de quelques hectares. Dans le même temps, la crise économique pousse une partie de la population à retourner cultiver son lopin de terre simplement pour subsister. Le retour à l’agriculture traditionnelle a ainsi servi de « tampon social » face aux conséquences économiques de la période post-Ceaușescu.
Mais depuis la période précédant l’entrée dans l’UE en 2007, la tendance marque une baisse des exploitations vivrières. La part des très petites exploitations (moins de 0,1 hectare) est passée de 10 % en 2010 à 4 % en 2020. Dans le même temps, la part de celles supérieures à 10 hectares a doublé. Ce processus vient d’une double volonté, d’abord celle du gouvernement roumain d’orienter les politiques publiques tout comme l’enseignement de l’aménagement de l’espace rural vers l’agro-industrie.
Sur le plan européen, une répartition inégale des subventions directes de la politique agricole commune avantage les « grandes » exploitations, tournées vers la production et l’exportation, notamment parce que les fonds passent dans la modernisation de l’outil de production qui favorise la rentabilité. En Roumanie, moins de 1 % des exploitations agricoles (de plus de 500 hectares) reçoivent 50 % des subventions. Enfin, le vieillissement de la population rurale, l’exode de la main-d’œuvre dans les autres pays, et l’écart de revenus avec les zones urbaines plus riches, expliquent également l’effritement de l’agriculture paysanne.

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Le 10 mai 2022, l'Universitatea Cluj reçoit le FC Hermannstadt pour une place en première division roumaine (défaite 1-2). © Elia Ducoulombier

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