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© Emma Steven

Par Emma Steven

Plus de la moitié des 18-25 ans se sentent tristes, anxieux ou impuissants face au réchauffement climatique*. Thomas** a 23 ans, il est étudiant et fait partie de ces jeunes qui remettent en cause leurs choix au nom de l'écologie. Un investissement quotidien qui est devenu source d'éco-anxiété, un sentiment d'angoisse provoqué par les menaces qui pèsent sur l'environnement.
* Source : Etude réalisée par la revue The Lancet en septembre 2021.
** Prénom modifié

Écolo KO

Accueillis dans le pays, les enfants ukrainiens taisent encore leurs souvenirs de guerre. Leurs dessins et leurs jeux disent pour eux les traumatismes qu'ils ont vécus.

Employé du centre communautaire Roua à Baia Mare en semaine et bénévole à la frontière le week-end, Ionut sait ce que signifie pour ces enfants de confier leurs dessins. Ses yeux rougissent sous le coup de l'émotion lorsqu'il se remémore cette petite fille de 5 ou 6 ans : « Elle tenait vraiment à nous donner son dessin. Elle était comme ça, les mains tendues devant elle. Quand mon collègue l'a pris et l'a accroché au tableau, elle lui a fait un câlin. Nous l'avons toujours ici, mais il était si sombre ! Une personne gisait au sol et perdait son sang. Il y avait une explosion et un avion qui lâchait une bombe. C'était rempli de noir et de rouge. »

« Les enfants expriment plus ou moins leurs traumas à travers leurs dessins et leurs constructions », observe Tudoz, de YMCA Roumanie. « Nous possédons un lieu pour les jeunes de 5 à 11 ans où ils peuvent jouer avec des cubes, des Lego, raconte Ionut. Vous savez ce qu'ils ont construit en premier ? Des armes. »

 

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Les enfants « s’approprient des reliques de l’événement (traumatique) comme autant de nouveaux jeux », selon la psychologue Hélène Romano. © Laura Remoué

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À la frontière, les bénévoles accueillent 20 à 50 réfugiés par jour. © Laura Remoué

Un événement traumatique devenu un jeu
                    
Souvent, c'est inconsciemment que les enfants transmettent leurs histoires, car « involontairement, ils adoptent des mécanismes d'imitation », analyse Tudoz. La chercheuse française Hélène Romano explique, dans un article pour le Journal des psychologues, que les enfants « s’approprient des reliques de l’événement (traumatique) comme autant de nouveaux jeux », avec pour particularité qu'ils n'y éprouvent aucun plaisir. Qui plus est, « contrairement aux autres jeux, celui-ci n’autorise aucune interaction avec ceux qui l’entourent, aucun partage, aucune règle : c’est un espace à sens unique ». Les deux membres du centre de Baia Mare se rappellent d'un comportement qui les avait alertés : « Un des enfants a commencé par construire un mur à partir de gros cubes. Avec des Legos, il s'est fait une arme. Chaque fois qu'un autre enfant s'approchait pour jouer avec lui, il lui tirait dessus. »
                    
Habitués à cotoyer des jeunes en difficulté, les éducateurs du centre d'intégration sont vigilants vis-à-vis de ce type de signes. Ce qui diffère le plus de son travail avec des enfants roumains est au final « la barrière de la langue », estime Tudoz. Google Traduction et des traducteurs l'aident à communiquer avec eux, en freinant inévitablement certains progrès : « Quand ils se confient à une personne, c'est une grande étape. Ils ne veulent pas avoir à passer par un tiers pour échanger avec nous. » Pour faciliter la discussion, il apprend alors à parler ukrainien. Le centre a également embauché des éducateurs et psychologues ukrainiens. Ce qui lui importe avant tout est « d'essayer de comprendre les enfants. Pas de les guérir, car ce processus sera très long. Il faut déjà bâtir de la confiance ».

Laura Remoué

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