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© Abdoulaye Guisse et Mélissa Le Roy

 

Louise Pointin et Elsa Rancel

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La fanzone accueillera jusqu'à 5000 personnes, 6000 les jours de match. © Populous

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Trois soirs par semaine, Hamed Ouanoufi donne aussi des cours de boxe au Cercle Fitness de la Canardière. Le public y est plus âgé qu'au CSC. © Marie Starecki

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Ce jeudi soir, Hamed Ouanoufi a coaché une dizaine de jeunes au cours de boxe du Cercle Fitness. Il fait preuve d’exigence et de fermeté. © Marie Starecki

Il se remémore avec amertume une grève qu’il avait initiée en tant qu’élu CFDT pour négocier les cadences et les salaires. Les menaces de la direction de ne pas verser les primes de Noël avaient mis un terme à la mobilisation au bout d’une journée. Il raconte aussi les industries qui "ont fermé les unes après les autres", l’apparition du chômage de masse et la disparition de commerces à la Canardière. Il cite le bar Tout pour la gueule, situé avenue de Normandie : "Je ne sais pas pourquoi ce désert, tout ce vide." Malgré ces fermetures, Saïd Kaneb continue à voir les avantages de la vie à la Meinau, "agréable à vivre, malgré ce que l’on raconte, il y a des parcs, le lac Baggersee…"

Cet ancien militant du Parti socialiste travaille chez Baco pendant 35 ans ; il termine sa carrière en 2003, à l’âge de 60 ans, avec "la retraite de Mitterrand". Après des années à militer au sein du parti à la rose, on lui propose une place éligible sur la liste de Catherine Trautmann pour les élections municipales de 1989. Mais sa place fait débat : "Quand j’ai posé ma candidature, le nom de Saïd Kaneb faisait peur." Le PS s’inquiète de perdre des voix en mettant un nom maghrébin sur sa liste et le rétrograde en position non-éligible. Mais il négocie, déterminé à "ne pas faire l’Arabe de service" car "je suis français". On le remonte finalement dans la liste et il reste élu au conseil municipal jusqu’en 1995, période au cours de laquelle il dit avoir "lancé l’idée" de construire la Grande mosquée de Strasbourg, inaugurée en 2011.

Aujourd’hui retiré de toute activité syndicale et politique, il suit quand même le réaménagement urbain porté par la municipalité depuis 2006. L’abattage de 70 platanes sur l’avenue de Normandie en 2018 l’a ému : "Je me suis battu pour les garder." Malgré cela, Saïd Kaneb ne se voit pas vivre ailleurs, d’autant plus que sa seconde femme Nadia rencontrée en Algérie, l'a rejoint en 2020.

 

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Les étapes du procédé R-Hynoca, transformant de la biomasse en hydrogène vert. © Lounès Aberkane

Faciles d’accès, peu chers voire gratuits, dans le quartier de la Meinau, les cours de boxe ont su convaincre les jeunes de la Canardière.

"Crochet, crochet, uppercut !" Dans le gymnase du Centre socioculturel (CSC) de la Meinau, ce mardi soir, ils sont une cinquantaine de jeunes de 6 à 20 ans à avoir enfilé protège-tibias et gants de boxe. Après quelques séries de talons-fesses et de pas chassés, des petits groupes de travail se forment. Les 18 "grands" se placent au fond de la salle, pendant que l’entraîneur leur explique les gestes techniques. "Ça me permet de me défouler", sourit Rihad, 20 ans. Le jeune homme travaille dans l'événementiel. Il joue aussi au foot de temps en temps, mais la boxe a sa préférence depuis trois ans.

À ses côtés, Emir, 20 ans, reprend son souffle. La boxe est l’une des seules activités qui lui plaisent à la Canardière. Pour lui, les jeunes du quartier n’ont "pas grand-chose à faire", sa génération est délaissée. Préparateur de commandes, il se sent souvent désœuvré après le travail. Alors il rentre chez lui ou se rend à Hautepierre. "Là-bas, il y a plus de [stades], plus de gymnases ouverts le soir."

Plus de femmes sur le ring

Pour Alexandre Besse, directeur du CSC depuis cinq ans, une partie des jeunes s’auto-exclut : "Ce n’est pas facile de trouver la façon de rentrer en contact, de les intéresser. " Il observe une contradiction de la part des jeunes, entre demande d’activités et refus d’un cadre et de l’autorité. Sur cette question, Rudi Wagner, ancien éducateur spécialisé, le rejoint : "Ils sont dans une démarche de révolte et de mise à distance. Mais au lieu de les vilipender, il faudrait travailler avec ces jeunes", en s’appuyant sur leurs centres d’intérêt.

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Des bombones d'hydrogène utilisées par R-GDS pour se familiariser avec ce gaz.

© Fanny Lardillier

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