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 Le groupe de prêt-à-porter IKKS a annoncé lundi 5 février un Plan de Sauvegarde de l’emploi (PSE) qui prévoit la fermeture de 77 enseignes et une réduction d’effectifs qui pourrait concerner 202 collaborateurs. À Strasbourg, les employés de l’entreprise sont dans le flou.   

« On a été prévenus hier par un mail de Ludovic Manzon, président du groupe IKKS. On est toujours prévenus à la dernière minute de toute façon. Les employés, on est le bas de l’échelle », regrette Catherine*, employée du magasin IKKS situé Grand’Rue, à Strasbourg. Derrière le comptoir ce mardi midi 6 février, Pedro n’a pas l’air plus avancé. « On n’a pas plus d’informations, mais ça m’étonnerait qu’on soit touchés ici, on est le deuxième ou troisième plus grand magasin IKKS en France après Paris » assure l’employé qui guette les rares clients venus profiter du dernier jour des soldes.

La veille, IKKS a annoncé un projet de Plan de sauvegarde de l’emploi, baptisé PhoeniKKS qui implique « une réorganisation des sociétés et un ajustement des effectifs » et qui devrait impliquer « 202 collaborateurs au plus sur un total de 1328 ». Ce sont 77 points de vente qui seraient concernés par une fermeture. Contacté, le service communication de l’entreprise préfère mettre un terme aux spéculations : « Hop hop hop, c’est seulement un projet qui a été présenté au comité social et économique hier, le chiffre de 77 n’est pas entériné. Il va y avoir trois mois de discussions pour connaître le nombre final d’établissements concernés », assure de son côté Alix Dollfus, chargée de communication à IKKS France.

« À Strasbourg, on est plutôt privilégiés »

Avec dix salariés et une surface de vente de 150 m2, le magasin strasbourgeois ne devrait pas être en première ligne. « Même si le secteur est en difficulté, on fait encore de bons chiffres. Je parierais davantage sur les boutiques de plus petites villes comme l’antenne de Dijon », déclare Catherine. Pour son collègue, occupé à repasser les dernières chemises, les premiers concernés, ce sont les « corners », ces rayons d’enseigne implantés dans les grands magasins.

Deux rues plus loin, à deux pas de la place Kleber, les Galeries Lafayette vivent elles aussi leur dernier jour de Soldes. « Vous pouvez continuer à vous faire plaisir jusqu’à ce soir avec une promotion encore de -20% sur une belle sélection d’articles ». L’annonce résonne dans les couloirs boudés du magasin. Au deuxième étage, au rayon IKKS, Nathalie est dans le flou. « Une collègue du rayon enfants IKKS m’a dit qu’il ne fallait pas compter sur le chiffre d’affaires, ce n’est pas un critère. Ils vont peut-être prendre en compte le coût des emplacements. » Des doutes et des suppositions, l’avenir est incertain. Mais la vendeuse relativise : « on va dire que sur Strasbourg, on est un plutôt privilégiés au niveau de la clientèle. On a pas mal de clients allemands qui viennent les week-ends et les lundis car tout est fermé à Kehl. »

Le vêtement se porte mal

Camaïeu, Sergent Major, Kookaï, Minelli, Gap France… avant IKKS, de nombreuses enseignes ont connu des redressements judiciaires ou des liquidations, symptomatique d’un secteur en grosses difficultés ces derniers mois. Le prêt-à-porter français va mal. De son côté, IKKS justifie cette restructuration par « une réalité économique complexe » due « à la conjonction de divers facteurs externes tels que la crise sanitaire mondiale due au Covid-19, les conséquences de la guerre en Ukraine où le groupe était fortement implanté ainsi qu’une inflation persistante ». Bref, un cocktail explosif. « Les ventes sont clairement moins bonnes que l’année dernière, les gens font bien plus d’économie et les achats plaisir passent en arrière-plan » reconnaît Noémie, employée de la boutique strasbourgeoise depuis le mois de septembre. Alors pour attirer la clientèle et surtout la « fidéliser », c’est promo une bonne partie de l’année. « Je peux compter sur les doigts de la main les semaines où on n’est pas en promo » sourit amèrement Catherine, qui dénonce « un épuisement psychologique » et « une pression » exercée sur les employés, confrontés à des objectifs chiffrés censés dépasser les années précédentes. « Les objectifs ne sont pas atteints, c’est clair. Mais ce n’est pas évident d’expliquer à sa direction que gonfler les ventes en permanence, ce n’est juste pas possible. On n’a pas six bras, on n’est pas des Shiva. » Au final, pour économiser de l’argent, ce sont les équipes qui trinquent. Les effectifs diminuent et les primes se font de plus en plus rare.

Témoins de la chute libre du secteur du prêt-à-porter, les employés d’IKKS craignent l’avenir. Si elle est concernée par cette restructuration, Catherine s’interroge sur une réorientation professionnelle : « il ne faut pas avoir d’œillères, on sait très bien que ça se porte mal. » Même constat pour Nathalie. Employée fidèle en poste depuis quatorze ans au rayon des Galeries’, elle réfléchit sérieusement à s’investir à plein temps dans la cause environnementale. « Usines, magasins, tout ferme ! déplore-t-elle. Alors, faut s’y préparer au licenciement. On ne fait jamais le même métier dans une seule vie. J’ai eu plein d’autres jobs avant et j’en aurai d’autres après. »

*Le prénom a été modifié à la demande de l’intéressée

Laura Beaudoin

Édité par Baptiste Huguet 

Le comptoir IKKS aux Galeries Lafayette de Strasbourg pourrait être victime du PSE de la marque. © Laura Beaudoin

Le groupe de prêt-à-porter IKKS a annoncé lundi 5 février la fermeture de 77 enseignes et une réduction d’effectifs qui pourrait concerner 202 collaborateurs. À Strasbourg, les employés espèrent être épargnés.    

Plan social chez IKKS : à Strasbourg les employés dans le flou

06 février 2024

Plan social chez IKKS : à Strasbourg les employés dans le flou

Le groupe de prêt-à-porter IKKS a annoncé lundi 5 février la fermeture de 77 enseignes. Rencontre avec les employés d'un magasin strasbourgeois.

Lina, 15 ans, disparaissait le samedi 23 septembre alors qu’elle se rendait à la gare de Saint-Blaise-la-Roche pour rejoindre son petit copain. Cinq mois plus tard, l'adolescente est toujours portée disparue malgré les battues et le travail des enquêteurs. L’affaire, qui a suscité un intérêt médiatique important, connait depuis ce vendredi 2 février un rebondissement : la réouverture, par le parquet de Strasbourg, d’une plainte pour viol déposée par Lina en 2022. Hervé Miclo, journaliste de terrain et chef d'agence à Molsheim, revient sur les coulisses de l’enquête, ses répercussions sur les habitants et sur lui-même. Rencontre.

Quelle était l’atmosphère lors des jours qui ont succédé la disparition de Lina ? 

Nous avions diffusé l’avis de recherche le dimanche et je suis arrivé sur place le lundi pour assister à la première battue. Beaucoup de personnes sont venues spontanément. C’était un mouvement assez large, il y avait une centaine de personnes le premier jour, et près de 400 le deuxième. Pour les habitants, il y a eu une longue période d’inquiétude, qui s’est révélée par une flambée d’achats de bombes au poivre et de lacrymogènes.

Et cinq mois après sa disparition, quelle est l’ambiance à Plaine ?

Ça se détend doucement et il y a une volonté de reprendre une vie normale. Ce qui a changé, c’est l’attention des gens sur ce qui se passe autour d’eux. Par exemple, quand une voiture passe, ils regardent de qui il s’agit. Des petits réflexes de ce type se sont mis en place. 

Qu’en a-t-il été de l’emballement médiatique ? Selon vous, des erreurs ont-elles été commises ? 

L’emballement médiatique a été très rapide, c’était impressionnant. Cette affaire a énormément passionné, c’est peut-être dû à un creux médiatique à cette période. On ne sait pas très bien ce qui fait qu’une affaire va créer un emballement. Peut-être parce que la jeune fille a disparu très vite… La montée en puissance médiatique a été très brutale pour les habitants aussi. Une certaine pression a été exercée sur l’entourage de Lina et des approches assez maladroites ont été commises de la part de certains confrères et consœurs. 

Face à cette pression médiatique, avez-vous réussi à créer et entretenir des liens avec la famille et les habitants ? 

Nous avons la chance d’avoir été sur place avant et d’avoir déjà des contacts dans le village. Ces contacts, on doit les protéger. On ne peut pas se permettre de récupérer une information sans penser aux conséquences sur les personnes dont on parle. Je sais que je vais continuer à vivre avec les acteurs de ce drame et je dois le prendre en compte. C’est un dossier sur lequel je travaille presque tous les jours. Le contact avec ces gens est quotidien. On a cette volonté de tisser un maximum de liens pour, s’il se passe quelque chose, pouvoir le raconter. D’ailleurs, on ne publie pas forcément tout ce que l’on recueille, il y a des choses que l’on garde pour nous, pour ne pas perturber l‘enquête. On y fait très attention et on évite le sensationnalisme. 

En tant que journaliste, est-ce que cette affaire vous touche personnellement ? Comment vous protégez-vous ? 

Il faut arriver à décrocher. Dans les premières semaines, je ne dormais quasiment plus, ça tournait en boucle dans ma tête. J’ai commencé ce métier à 17 ans et demi en tant que correspondant dans les Vosges et je travaillais avec une journaliste qui bossait sur l’affaire Grégory. J’ai vu un peu ce qu’était une dérive médiatique et judiciaire et les dégâts que cela pouvait causer. Ça m’a toujours accompagné et j’ai appris à faire exactement l’inverse. Au-delà de ça, il faut arriver à décrocher, faire du sport, se balader… Réussir à arrêter la machine à gamberger. Ce n’est pas facile. Il y a tellement de travail à faire sur le dossier de Lina que forcément, ça ne nous quitte plus, c’est très obsédant. 

Il y a encore un espoir pour Lina ?

Dans les premiers mois, les enquêteurs pensaient encore à la possibilité d’une fugue. Aujourd’hui, ils ne croient plus beaucoup à une fin relativement heureuse. Dans le meilleur des cas, Lina aurait été enlevée et plongée dans un milieu de proxénétisme à l’étranger, un truc un peu fou, mais c’est à peu près la seule hypothèse dans laquelle elle serait encore en vie. Les chances de la retrouver vivante sont minimes. 

Esther Suraud

Édité par Kilian Bigogne

 

L’homme de 32 ans, soupçonné d’avoir blessé trois personnes au couteau samedi 3 février en gare de Lyon à Paris, a été mis en examen ce mardi. L'enqûete montre que le Malien souhaitait « s’en prendre à des Français ».

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