Livre serré contre la poitrine, t-shirt et baskets noirs, les cheveux ébouriffés, un jeune homme avance solennellement vers le chœur de la cathédrale de la Dormition-de-la-Mère-de-Dieu de Cluj-Napoca. À l’instar des autres qui l’ont précédé, il se signe et embrasse l'icône centrale puis une relique et enfin une image de la Vierge à l’Enfant. Il s’isole ensuite discrètement dans la pénombre, debout et immobile pendant une dizaine de minutes. « Je viens ici pour m’adresser à Dieu et me déconnecter du reste du monde. Ça m'aide à me sentir mieux mentalement, à me détendre », explique Ovidiu, 18 ans.
Comme 87 % des jeunes Roumains, Ovidiu est chrétien orthodoxe. Avec ses 16 millions de fidèles sur 19 millions d’habitants, l’Église orthodoxe roumaine, dont la juridiction est indépendante, est omniprésente dans la société. « Elle a participé à la construction de la nation roumaine avant et après la période Ceaușescu et est donc fortement liée à l’identité nationale. Ce qui en fait l’un des pays avec le plus de personnes se déclarant religieuses », constate Dani Sandu, sociologue à l’Institut universitaire européen.
La Roumanie possède la deuxième plus grande communauté orthodoxe du monde et est l’un des pays les plus religieux en Europe. Mais à Cluj-Napoca, les influences occidentales et les scandales de corruption ont détourné une partie de la jeunesse de l’institution.