Vous êtes ici

La zone de la Plaine des Bouchers se transforme avec des chantiers de fabrication et d'expérimentation d’hydrogène vert. Un pari sur le futur séduisant pour les investisseurs… qui reste loin d’être gagné.

Le vendredi, jour de prière, de nombreux visiteurs poussent le petit portail marron du cimetière public musulman, non loin du lac du Baggersee. Certains arrivent seuls, des roses blanches à la main, d’autres viennent entre mères et filles. En sortant, quelques-uns vont prier à la Mosquée de la Fraternité sur le trottoir d’en face. Grâce à la particularité du droit local d’Alsace-Moselle, les musulmans strasbourgeois ont depuis 2012 un endroit qui leur est réservé pour se faire inhumer : le cimetière public musulman de la Meinau. 

Parmi ces visiteurs, Jalila Bekhouche, résidante du Neuhof, vient se recueillir sur la tombe de son père décédé en décembre 2022. Dans ses dernières volontés, ce dernier a laissé la décision à ses proches de rapatrier ou non son corps au Maroc. "On a toute notre famille ici. On a fait ce choix pour nous", justifie-t-elle. 

De l’autre côté de la rue du Général-Offenstein, le Rhin Tortu continue de s’écouler, entraînant poules d’eau et ragondins. Anne Muller, une quadragénaire de Neudorf, marche d’un pas rapide. Le maximum qu’elle s’autorise avec sa grippe du jour. Elle court chaque semaine sur les rives bordées de chênes, d’érables et de châtaigniers : c’est bien mieux que de transpirer sur le bitume. “L’été, je peux y aller après le travail vers 21 h. L’hiver, j’y vais plus tôt parce que je cours seule.” C’est aussi le cas d'Auriane Schmitt, une auto-entrepreneuse de 34 ans, qui parcourt les 6 km aller-retour jusqu’au Baggersee. En chemin, au niveau du parc Schulmeister, trois jeunes sont affalés sur un banc. Rap français en fond sonore, ils discutent les yeux tournés vers l’aire de jeux déserte.

Le laboratoire de l'hydrogène vert

23 novembre 2023

Le laboratoire de l'hydrogène vert

La zone de la Plaine des Bouchers se transforme avec des chantiers de fabrication et d'expérimentation d'hydrogène vert. Un pari sur le futur séduisant pour les investisseurs... qui reste loin d'être gagné.

...

Une communication difficile 

Au 1er étage du numéro 54, Monique peine à ouvrir la porte. Son déambulateur ne facilite pas la tâche tant le vestibule est étroit. Installée à la Canardière depuis 1988, elle déplore le départ de ses voisins. "On était depuis longtemps ensemble, c’est terrible." Mais Monique se montre optimiste. Elle pense qu'In’li lui attribuera un appartement aménagé, avec ascenseur, dans le quartier. Mieux encore : "On nous a promis d’avoir le même loyer avec la même superficie."

C’est pourtant loin d’être certain. Abdelkarim Ramdane, élu référent du quartier de la Meinau, affirme que la collectivité veut conserver les mêmes tarifs. "Mais on n'est pas le bailleur, on fait un travail avec lui pour essayer de reloger à la Canardière", ajoute t-il. Eric Chenderowsky reconnaît qu’une hausse des loyers aura bien lieu, mais qu’elle sera contrebalancée par une baisse des charges. Chauffage plus performant, logements mieux isolés : la collectivité promet que ces améliorations devraient alléger les factures des futurs locataires.

Lya Roisin--Pillot et Angellina Thieblemont 

[ Plein écran ]

Le cimetière public musulman ne cesse de s'agrandir. © Elsa Rancel

Créé en 2012, le cimetière public musulman situé dans le quartier de la Meinau ne cesse de s’agrandir. D’abord contraintes par la pandémie de Covid-19 puis par choix, de plus en plus de familles décident d’y inhumer leurs proches.

Prévus en 2025, les travaux doivent permettre de créer une piste bidirectionnelle de 3 à 3,5 mètres de largeur côté est en supprimant l’une des voies de circulation. La bande unidirectionnelle en direction d'Illkirch sera conservée. Avec une enveloppe de 5,7 millions d’euros de l’EMS et 520 000 euros de la Ville dédiée aux travaux de l’avenue de Colmar à la route de l'Hôpital, l'objectif affiché est de réduire le trafic, la vitesse des voitures et de favoriser les déplacements à vélo.

Des aménagements qui interrogent

Le projet est plutôt bien accueilli par les usagers. Pourtant le fait que les vélos se croisent sur la piste bidirectionnelle interroge. "Je ne suis pas trop pour les zones de contact, je trouve que c'est accidentogène", confie Nicolas, facteur à bicyclette depuis plus de quinze ans.

"Puisque la bande cyclable est dangereuse, les vélos se déportent sur le trottoir et là, ça devient gênant pour les piétons, surtout avec une poussette", regrette Agathe, une riveraine qui a l’habitude de promener sa fille dans le quartier.

"C’est une certitude, je ne roule pas avec des enfants sur l’avenue de Colmar. Les familles choisissent systématiquement de faire un détour", témoigne Somhack Limphakdy de l’association Strasbourg à vélo.

"Mes amis qui habitent à la Krutenau et qui veulent se rendre à Illkirch prennent le tram. Ils aimeraient venir à vélo mais c’est trop dangereux", renchérit Florian, alias J’trace à Stras. 

Pour réduire l'exposition des cyclistes, la Ville et l’Eurométropole de Strasbourg mènent un projet de réaménagement. Inscrit dans le plan vélo 2022-2026, il prévoit de sécuriser les itinéraires cyclables des grands axes sud de Strasbourg, dont l’avenue de Colmar.

Pages