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Les commerçants ont également trouvé des solutions telles que la mise en commun de la gestion des stands lors des jours creux de la semaine, le mercredi et le jeudi. Valentin Krebs, étudiant en baccalauréat professionnel Commerce en alternance, travaille ainsi pour l’Epicier Grand cru depuis un an, mais gère aussi le stand de la ferme Diemer. 

Animations à toutes saisons

La nouvelle municipalité, qui a hérité de ce lieu, a aussi cherché à redynamiser la programmation. « Nous avons insisté sur l’aspect culturel en instaurant des apéros concert les dimanches matin », résume Benoît Steffanus.

Tout comme la fête de la gastronomie, de gros événements ponctuent l’année, en même temps que les expositions de photographie qui se tiennent à l’étage. Gilles Occansey, responsable de l’événementiel depuis plusieurs années à la Ville, a été nommé coordinateur des Halles du Scilt en mai 2019. « Plusieurs animations sont programmées pour la période de l’avent et nous réaliserons deux marchés de la création en 2020, après le succès du premier qui s’est tenu en mai. »

En réalité, le tableau n’est pas si noir : certes, des commerces mobiles ont fréquemment quitté les lieux, mais d’autres les ont remplacés. En tout, ils sont au moins 37* à avoir séjourné dans les Halles au minimum un jour. Les commerces fixes n’ont quasiment pas évolué. Le stand de boucherie a changé d’enseigne en juin dernier, et trois poissonneries se sont succédé et, mais les trois autres commerces fixes, le café Scilt, la ferme Diemer et l’épicier Grand cru, installés en novembre 2017, sont toujours là. Loïc, dernier arrivé, a créé sa poissonnerie en juillet 2017 et se sent à sa place aux Halles : « Pour un début, je suis satisfait de mon chiffre d’affaire. J’ai hâte de voir la suite...» Comme l’affirme Stéphane, un client, « des Halles comme ça au centre de Strasbourg, cela n’existe pas ».

*Ce chiffre a été élaboré à partir du compte facebook des Halles du Scilt et peut ne pas être exhaustif.

Foie gras de canard croustillant à l’érable, confit de potiron au safran ou tartes flambées… Samedi 28 septembre, à l’occasion de la deuxième fête de la gastronomie de Schiltigheim, une dizaine d’artisans proposaient aux visiteurs de déguster leurs spécialités au sein des Halles du Scilt. Situé dans les rues du « vieux Schiltigheim », ce bâtiment singulier, mêlant commerces et expositions culturelles, a mis du temps à trouver sa place dans la commune.

Démarrage difficile

Les tables bien remplies durant la fête et l’ambiance excellente viennent faire oublier la déception qui régnait en avril 2018. Benoît Steffanus, conseiller délégué au commerce et à l’artisanat, se remémore la première réunion qui a suivi les municipales anticipées, à peine six mois après l’ouverture des Halles : « Nous devions faire face à cinq départs. La communication n’était pas suffisante selon moi. »

Des tarifs plus bas à la journée (30€) et un forfait pour le week-end (45€), de nouveaux horaires d’ouverture avec la fermeture complète du site le mardi : les responsables ont réagi pour relancer les Halles. « J’ai adapté mes horaires et je suis aujourd’hui très satisfait », explique Cédric Gantch, responsable du café Scilt, présent depuis novembre 2017 et qui « ne songe pas un seul instant à partir ».

Suma a été renommé Auchan ; quant à Prisunic, devenu Monoprix, il a baissé définitivement le rideau à la fin des années 2000. « Rien n’a ouvert à la place, c’est dommage, constate Sylvia, qui vit dans le quartier depuis trente ans. J’achète mon pain et mon journal tous les matins ici et, en voyant les propriétaires se faire vieux, je m’inquiète de savoir s’ils trouveront un repreneur ou si leurs locaux, comme d’autres, céderont la place à un énième kebab. » Elle, qui fréquente les lieux avec ses enfants, aimerait que les commerces se diversifient : elle rêve d’un glacier ou d’un bar à smoothie.

Loana Berbedj

« La population a évolué, les commerces se sont adaptés, remarque Nasir Demir, propriétaire du restaurant Mésopotamie. Quand je suis arrivé, en 2002, nous n’étions que trois restaurateurs. » Sous les arcades, une petite dizaine de restaurants présentent aux consommateurs une offre homogène où cuisines syrienne, libanaise et méditerranéenne se déclinent sur le principe du fast-food. « Les lycéens et les étudiants sont nos principaux clients le midi ; le soir on retrouve des habitués du quartier », détaille Ahmir, un autre restaurateur.

« Si l’offre s’est transformée en moins de vingt ans, c’est notamment à cause de la destruction du pont Churchill, qui reliait le quartier de Neudorf à l’Esplanade et constituait un axe de passage conséquent », analyse Simone. En 2004, la démolition est engagée et l’accès reste fermé pendant près de trois ans. « Les gens ont pris d’autres habitudes, sont partis faire leurs courses ailleurs, et à ce moment-là, les commerces ont changé », reprend l’aînée. 

Les rideaux métalliques tirés et les peintures grisâtres, défraîchies par le temps et l’humidité, n’empêchent pas le centre commercial, l’Espla, de conserver son public. « Je suis arrivé il y a vingt ans et déjà, j’entendais parler de la fin du centre commercial », s’exclame Marc Philibert, directeur de l’Association des résidents de l’Esplanade (Ares). D’après lui, cette galerie marchande, qui a poussé entre les barres d’immeubles dans les années 1970, a toujours eu du mal à s’imposer comme réel point d’attractivité au sein du quartier résidentiel composé à l’origine d’enseignants.

« Bien sûr, ce n’est pas comparable aux grosses structures comme Rivétoile et les Halles mais on avait de vrais commerces de proximité : un cordonnier, une couturière, une pédicure, un photographe et surtout une mairie de quartier… qui nous manque beaucoup », regrette Simone, qui a emménagé avenue du Général de Gaulle, épicentre du quartier de l’Esplanade, il y a quarante ans. Au fil des années, les primo-accédants à la propriété ont vieilli, les professeurs ont laissé place aux étudiants et les grandes enseignes ont déserté la galerie, remplacées, en majeure partie, par des services de restauration rapide. 

Il faut être attentif pour repérer la Scène de Strasbourg au milieu de la Plaine des Bouchers. L’extérieur du bâtiment, une ancienne usine à pâtes, peint de longues bandes blanches et rouges, ne ressemble pas à un théâtre classique. 

Après 1,5 million d’euros de travaux, l’ancien entrepôt a presque été entièrement rénové : « On a gardé l’esprit dépôt industriel en laissant le gros bloc de béton comme tel, et l’ancienne aération, explique Musah Recepovic, le directeur du théâtre, qui ajoute en rigolant : « Bon, on a quand même les sièges en velours rouge, là on ne peut pas faire plus classique », rigole-t-il. 500 places entourées d’immenses murs de briques repeints en rouge.

Des premiers mois positifs

Le directeur, âgé de 36 ans, a pris ses fonctions le 30 mars 2019, date de l’ouverture officielle de la salle. Auparavant, il gérait la billetterie des quatre théâtres parisiens de son oncle Alil Vardar, auteur de pièces à succès. C’est d’ailleurs avec Le clan des divorcés, écrit par son oncle, que la salle a été testée : une dizaine de dates et une affluence autour des 60 % de la jauge, qui convient à la direction qui n’en espérait pas tant. «A partir de ce taux de remplissage sur le long terme, le théâtre est viable.»

Un chiffre pas forcément facile à atteindre étant donné l’emplacement du lieu. « Il faut que les gens apprennent qu’il y a un théâtre à la Plaine des Bouchers.» La volonté est aussi de créer un théâtre populaire : «Je veux que tout le monde puisse venir ici. Notre public ce n’est pas seulement celui du centre de Strasbourg, c’est aussi celui de la Meinau et du Neuhof. »

« Un théâtre, ça crée de la vie »

Mais, pour l’instant, être à la Meinau est un frein. « C’est un quartier qui, aujourd’hui, ne fait pas rêver les gens.» Musah Recepovic espère voir le quartier se développer en même temps que son établissement. « J’ai envie de voir des restaurants, des commerces. Là, c’est un peu laissé pour compte. Un théâtre, ça crée de la vie », lance-t-il. Pour le moment il se trouve encore coincé entre l’autoroute et les entrepôts, loin des habitations. 

Mais Musah Recepovic se veut confiant : « On a 600 places de parking juste à côté, le tram à moins de dix minutes. On est accessible. Ce qui nous manque, c’est la notoriété, mais ça va venir. On se donne trois ans pour ça.»

La saison démarrera vraiment fin octobre et se prolongera jusqu’à mai. Des spectacles, de la musique, mais surtout des one-man show : Chris Esquerre,  le 26 octobre, ou Christophe Alévêque, en décembre. « Mais on n’a pas vocation à ne recevoir que des têtes d’affiche, indique Musah Recepovic. On fait venir, par exemple, la troupe Mohamed le Suédois en décembre. » L’objectif  du théâtre est d’ouvrir les vendredis, samedis et dimanches car il n’a pas encore la capacité de jouer tous les soirs. 

Victor Boutonnat

Dans le quartier de l’Esplanade, des habitants racontent le centre commercial et son évolution. Partagés entre regrets et craintes de voir disparaître les dernières boutiques.

Lancée en mars dernier, la Scène de Strasbourg entame cet automne sa première vraie saison. Premier défis de ce nouveau théâtre : se faire connaître du public à la Meinau, un quartier éloigné du centre-ville.

Pour habiller les murs du centre commercial, la Ville, propriétaire des murs, est à l'initiative des fresques réalisées par les élèves de l'école Jacques Sturm 1 et Léontine Soulier. / Photo Loana Berbedj

La mairie de quartier, située dans le centre commercial, a fermé en 2018 sans reprise des locaux. / Photo Loana Berbedj

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