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« On avait déjà les murs, un projet solide, des rendez-vous avec les architectes… Tout ça est aujourd’hui suspendu à une décision judiciaire… » Dépités, six habitants de Koenigshoffen se posent la même question, mercredi 2 octobre, lors d’une permanence du conseil citoyen du quartier. Verront-ils un jour sur pied la maison des services publics, projet qu’ils soutiennent à bras le corps depuis deux ans ? Avec l’installation le 22 juillet dernier de l’Hôtel de la rue, un squat de 160 personnes, dans l’ancien siège de la brasserie Gruber, le plan est aujourd’hui contrecarré.

Après l’enthousiasme, la résignation

Tout avait pourtant bien commencé. L’Eurométropole avait préempté le bâtiment, inoccupé depuis 2010 et racheté par la Ville de Strasbourg en 2018 pour un montant de 910 000 €, au RSI, le régime social des indépendants d’Alsace. Les architectes s’étaient déjà mis au travail et les travaux de rénovation devaient commencer d’ici un an.

De leur côté, plusieurs habitants de Koenigshoffen s’étaient montrés intéressés par la concentration de services administratifs. Le centre médico-social, la mairie de quartier, les locaux de la direction du territoire, une antenne de la CAF, de la CPAM, un pôle fracture numérique avec des ordinateurs, des accompagnateurs et une permanence Pôle emploi devaient être regroupés dans un même bâtiment, route des Romains. 

« Le dispositif entendait ramener de la proximité à Koenigshoffen, alors qu’on est l’un des seuls quartiers prioritaires de la ville à ne pas posséder, encore, de maison des services publics », témoigne Suzanne B., membre du conseil citoyen et bénévole à Par’Enchantement, l’association des parents du quartier. On n'est pas contre l’Hôtel de la rue, mais ce projet correspondait à nos attentes. Imaginez qu’aujourd’hui, on doit prendre une demi-journée pour aller à la CPAM ! »

« C’est pénible de savoir que c’était un beau projet et qu’un jour... paf ! C’est squatté », résume Mohamed Erramami. Le médiateur habitat à l’association Par’Enchantement se sent impuissant, « d’autant qu’il y a de grosses structures associatives qui soutiennent le squat Gruber… »

La Ville entre deux feux 

Pour ces bénévoles actifs dans le quartier, la mairie de Strasbourg pèche par son inaction. « Lorsqu’on l’a vue mettre à disposition des bennes pour les ordures, on s’est dit "c’est fini pour notre maison des services publics" », témoigne Sahid. En réalité, la Ville ne faisait qu’appliquer la loi. « Dans tous les cas, depuis l’Hôtel de la rue, il y a de moins en moins de monde aux réunions du conseil citoyen », constate-t-il. 

Sous le feu des critiques, la mairie a tenté de clarifier sa position, dans un communiqué publié le 31 août dernier. Faisant un pas vers les habitants mécontents, elle rappelle avoir déposé plainte dès le 24 juillet, pour « occupation illicite » du bâtiment. « Il s’agissait de signifier clairement qu’une telle occupation ne saurait être durable dans ce site, où la Ville avait déjà engagé un projet », précise-t-elle. Edson Laffaiteur, président de l’association La Roue Tourne, qui gère le squat, doit ainsi comparaître face au juge le 5 novembre prochain, à 8h45.

D’ici là, et le début des travaux de la maison des services publics, la municipalité indique qu’une « évolution positive et responsable de la situation (...) ne se fera pas sans un dialogue et la mise en place d’un projet structuré, avec des compétences reconnues en matière d’hébergement d’urgence et d’accompagnement sanitaire et social ».

Avec les municipales, une période d’expectative 

À l’Hôtel de la rue, on souhaite en tout cas faire perdurer le squat. Pour preuve, plusieurs bénévoles travaillent à l’élaboration d’une convention et souhaitent s’entourer de professionnels. « Des médecins, des psychologues, des assistants sociaux, des éducateurs… Il nous manque ces compétences, on sait qu’on ne peut pas tout faire », explique Edson Laffaiteur. 

Reste que dans les rues de Koenigshoffen, certains soutiennent l’Hôtel de la rue et mettent en avant la nécessité d'avoir un toit. D’autres ne se sentent pas concernés et beaucoup ignorent tout de ce qui se joue au parc Gruber. De son côté, la mairie entretient le flou sur les échéances de la maison des services publics. Sa position d’équilibriste, pour ne fermer le dialogue ni avec les uns, ni avec les autres, n’aide pas à y voir plus clair. Et Mohamed, l’une des six personnes présentes à la permanence citoyenne, d’avancer : « Sauf si la justice en décide autrement, la situation pourrait perdurer. A l’approche des municipales, je ne pense pas que des politiques se risqueront à chasser quiconque du squat. »

Nicolas Arzur et Thémïs Laporte

Lucas Fonck en train de contrôler la densité du vin de Dopff au Moulin à l'aide d'un densimètre./ Photo Lucas Fonck

Emmanuelle Staub vit depuis un mois dans un gîte à Olwisheim qu'elle paie 2 000€ le mois./ Crédits photos Benjamin Martinez

Comme tous les mercredis depuis un mois, Emmanuelle Staub se rend au Centre communal d’action sociale (CCAS) de la mairie de Schiltigheim. Comme tous les mercredis, après une heure d’attente, c’est le même refrain : pas de proposition de relogement. La femme de 50 ans habitait seule avec ses deux chats dans un F2 au premier étage du 47 rue Principale. Jusqu’à ce que son bâtiment soit ravagé par les flammes, dans la nuit du 3 au 4 septembre. L’incendie, qui a coûté la vie au jeune Maël, 11 ans, a détruit deux appartements. Sept autres logements avoisinants sont devenus inhabitables. 

Une situation qui a amené le bailleur social, Foyer moderne, à résilier le bail des occupants. Dans le dernier numéro de Schilick infos, la maire, Danielle Dambach, a assuré que « des solutions de relogementspérennes ont pu être proposées à l’ensemble des familles ». Mais ce n’est pas le cas d’Emmanuelle Staub. « J’ai réalisé toutes les démarches qui étaient en mon pouvoir. Malgré ça, aucun logement ne m’a été proposé, ni par la municipalité, ni par les autres bailleurs sociaux que j’ai contactés », confesse-t-elle. 

Un loyer temporaire à 2 000€ par mois

« Depuis l’incendie, je vis dans un gîte à Olwisheim [à 13km au nord de Schiltigheim, ndlr] à 455,40€ la semaine », explique-t-elle. Soit 2 000€ par mois, un loyer quatre fois supérieur à son ancien logement de la rue Principale. Les trois premières semaines lui ont été remboursées par son assurance à hauteur de 1 200€. Ce délai passé, elle doit dorénavant vivre sur ses propres deniers. Son salaire de 1 000€ en tant qu’auxiliaire de vie scolaire à mi-temps à Vendenheim ne lui permet pas de solliciter un logement classique. Les portes des hôtels lui sont également fermées, à cause de ses chats.  

« J’ai dû me débrouiller seule. Si j’avais attendu, je me serais retrouvée à dormir devant la mairie », raconte Emmanuelle Staub, toujours en quête d’un deux-pièces à Schilitigheim ou dans une commune du nord de Strasbourg. Benoît Steffanus, président de Foyer moderne, rappelle que, selon l’article 1722 du Code civil, suite à un incendie, « le bailleur social n’a aucune obligation de relogement. » 

De mystérieuses complexités

Il n’en reste pas moins qu’Emmanuelle Staub est la seule à ne pas avoir reçu de proposition de relogement. « Nous n’avons laissé tomber aucun dossier. Je ne souhaite pas répondre sur le cas de madame Staub, déclare Benoît Steffanus. Certaines complexités font que nous ne lui avons encore rien proposé. » Complexités que l’intéressée affirme ne pas connaître. « Heureusement que je suis résistante, mais je ne tolère pas la discrimination », confie-t-elle. 

Une situation anormale selon maitre Béatrice Frachet, avocate au barreau de Strasbourg, qui vient de s’atteler au dossier d’Emmanuelle Staub : « L’assurance du bailleur doit prendre en charge le relogement de la locataire. Je serai obligée de demander un référé au tribunal, si le Foyer moderne refuse de donner les coordonnées de son assureur à ma cliente », a-t-elle conclu. 

Vers un règlement au tribunal ?

Le service juridique de l’Agence départementale de l’information sur le logement (Adil 67) réfute les arguments de l’avocate : « Dans le cadre d’un incendie criminel, comme dans le cas présent, le bailleur et son assurance n’ont plus aucune obligation légale envers l’ancienne locataire. La seule personne juridiquement responsable est l’auteur des faits. » 

Pour l’instant, la bataille juridique ne peut pas avoir lieu tant qu’Emmanuelle Staub n’est pas en mesure de s’acquitter de ses frais de justice. « Je compte bien aller au bout à condition que mon assurance puisse me rembourser les honoraires de mon avocate », prévient-elle. 

De son côté, la maire, Danielle Dambach, a avoué ne pas être au courant de la situation, tout en assurant revenir rapidement vers l’intéressée. 

Benjamin Martinez et Pauline Boutin

Un mois après l’incendie au 47 rue Principale, à Schiltigheim, Emmanuelle Staub est la seule habitante de l’immeuble à n’avoir toujours pas reçu de proposition de relogement. 

Depuis septembre 2019, l'Association des résidents de l'Esplanade propose, tous les mercredis matin, un atelier de couture destiné exclusivement aux enfants. Animée par Caroline Mortiz, créatrice de vêtements, cette activité vise à développer la créativité des « apprentis couturiers ».

Mariella Hutt

Aider à la production et contrôler la densité du vin. Quand les autres étudiants sont en cours, Lucas Fonck, apprenti de 19 ans, travaille.

Laurie Correia

Mais en travaillant, les alternants acquièrent des compétences qu’ils n’auraient pas eu en dehors du cursus classique. Adrien Danton, tuteur d’un alternant au sein de l’entreprise Biotechno et Concept, est convaincu qu’avec cette formule « tout le monde est gagnant » : l’entreprise qui dispose d’une main d’œuvre supplémentaire et l’étudiant qui en sort avec plus d’expérience et un nouveau regard sur le monde de travail. Il regrette cependant le rythme du cursus : « L’alternant subit toujours des coupures dans ses projets en entreprise. »

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