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Roland, 17 ans de cité

17 octobre 2011

Depuis 17 ans, Roland Rieg est éducateur pour le Service de prévention spécialisée (SPS) de Cronenbourg. Trois soirs par semaine, il se promène à travers les îlots de tours de la Cité Nucléaire à la rencontre des jeunes du quartier.

             
              Au milieu des tours de Cronenbourg, Roland Rieg est
              devenu l'un des acteurs référents pour les jeunes du
              quartier.
(Photo Cuej - Marion Michel)

«Bonjour Roland», s'écrie une petite fille, plantée devant un passage-piétons un sachet de chips à la main. "Attends, on va traverser ensemble", lui répond dans un sourire Roland Rieg. Trois soirs par semaine, l'éducateur sort dans le quartier de Cronenbourg à la rencontre des jeunes. Il est 16h30, ce vendredi à la Cité Nucléaire, et Roland part de l'appartement du Service de pévention spécialisé (SPS) situé rue Gay-Lussac. Tout le long de son chemin, les «salut Roland», «comment ça va Roland?» ou «Ah Roland, il faut que je te vois!», fusent des groupes de garçons qui «tiennent les murs de la cité». En 17 ans, Roland a su se faire connaître et reconnaître.


Au milieu des hauts ensembles de la cité, l'homme à l'allure monacale se déplace d'un pas sûr mais jamais précipité. Comme pour laisser le temps aux jeunes de l'interpeller, pour discuter... ou pas. Alors qu'il traverse, les immeubles en arc de cercle de l'îlot Lavoisier, un homme crie depuis sa fenêtre: «Casse-toi Roland». L'éducateur ne répond pas à la provocation et trace son chemin. Un peu plus loin, un autre jeune lui lance: «T'as une sale barbe, Roland». Là encore, pas de réponse de l'éducateur, qui explique "avoir appris à vivre avec".


Roland Rieg s'aventure dans les îlots de tours sans crainte apparente. Ses années d'expérience lui ont fait apprivoiser la cité. Aujourd'hui, il connait les secteurs à risques où l'agression peut passer du verbal au physique. Et en 17 ans d'expérience, l'éducateur a déjà essuyé des coups.    

Autre problème: la suspicion face à l'action des éducateurs. Les jeunes craignent une connivence entre ces acteurs sociaux et la police. Pour Roland Rieg, ils ne comprennent pas que quelqu'un soit payé pour être avec eux sans contrepartie. En 17 ans, les grandes réussites ont été rares mais marquantes. Roland Rieg en dénombre une dizaine, dont celle d'un garçon rencontré à l'âge de treize ans à l'occasion de sorties à vélo.

Il est 18h00 quand Roland Rieg termine son circuit. Ce soir-là, rien à signaler.

Claire Gandanger/Marion Michel

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