L’Europe sans cap
La fin de l’Europe politique. Cette idée s’installe dans l’Union, alors que le déclenchement du Brexit a été validé mardi 14 mars par les parlementaires britanniques et que le sentiment eurosceptique semble gagner du terrain. Que les dirigeants européens ne s’y trompent pas, la victoire toute relative du libéral Mark Rutte aux législatives néerlandaises, au lendemain du vote britannique, ne met pas fin à la crise de confiance envers l’Union Européenne.
Pourtant, la machine législative communautaire fonctionne encore. Qu’il s’agisse de définir des règles plus strictes pour l’acquisition d’armes à feu, de renforcer les objectifs de réduction des déchets ou d’encourager la gouvernance responsable des entreprises, les eurodéputés, réunis en session plénière du 13 au 16 mars à Strasbourg, sont parvenus au consensus en surmontant les luttes intestines. La majorité des textes a été adoptée.
Mais légiférer ne suffit pas. Encore faut-il que l’horizon politique de l’UE s’éclaircisse. Pour cela, les Etats membres doivent se mobiliser ensemble. C’est le message adressé par Donald Tusk, le président du Conseil européen, aux eurodéputés. L’incapacité des dirigeants de l’Union à s’accorder sur les grands enjeux européens lors de leur dernière rencontre inquiète les parlementaires. Alors que certains parlent sans complexe d’une Europe à plusieurs vitesses, Donald Tusk prévient : « Seul, on va plus vite, mais ensemble, on va plus loin. » Reste à trouver un cap. Les chefs d’Etat et de gouvernement n’ont pas apporté de réponse claire et il y a urgence à s’entendre.
Laurent Rigaux
Le Parlement face à la crise existentielle de l’Europe
Dimanche 12 février, juste avant le début de la session plénière du Parlement européen, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a mis le feu aux poudres. Non seulement il a déclaré qu'il ne briguerait pas un deuxième mandat en 2019, mais il a aussi exprimé publiquement de sérieux doutes sur la capacité des Vingt-Huit à faire preuve de cohésion face aux problèmes qu’ils rencontrent. Des propos largement commentés par les eurodéputés, réunis à Strasbourg entre le 13 et le 16 février.
Symbole des divisions européennes pointées du doigt par Juncker : le CETA. Cet accord de libre-échange entre l'UE et le Canada, débattu et adopté cette semaine au Parlement s’est heurté à de nombreuses oppositions, qu’elles soient partisanes, nationales ou citoyennes. Mercredi 15 février, jour du vote, près de 700 opposants manifestaient devant le Parlement.
Paradoxalement, cette semaine, ce sont les invités du Parlement qui se sont montrés les plus optimistes quant à l'avenir de l’Europe. Le président autrichien Alexander Van der Bellen a appelé mardi à garder confiance en l'idée européenne qui est « unique et vaut toutes les peines ». Jeudi, au milieu de l’hémicycle, le Premier ministre canadien Justin Trudeau a rendu un vibrant hommage à « une Union européenne forte et vigoureuse ».
Forte et vigoureuse ? L'Europe ne l'est plus vraiment. Elle se cherche encore un, comme l’ont montré les débats sur l'avenir de l'UE qui ont occupé les eurodéputés mardi matin, et les discussions sur la Grèce qui attend un troisième plan d'aide financier. Faut-il renforcer les institutions européennes pour résoudre ces problèmes ? Les députés le croient. En attendant, une chose est sure : le Parlement paraît bien isolé pour relever les défis auxquels l’Europe fait face.
Timothée Loubière